Caractère
Horus, c’est un homme au grand coeur, prompt à aider son prochain. Quand il voit une personne en difficulté, il va avoir tendance à s’interposer pour lui venir en aide, après avoir calmement analysé la situation. On peut dire qu’il a des antennes intérieures qui jaugent les personnalités qui l’entourent. Il ne lit pas forcément tout le monde comme dans un livre, mais il sait assez rapidement s’ils sont animés de bonnes ou de mauvaises intentions. Il ne juge pas au premier regard et ne s’attarde pas aux apparences ; pour lui, seul le coeur et l’âme des autres comptent.
Horus, c’est un grand charmeur, mais aussi coeur d’artichaut. Il aime les gens, trop peut-être. Il tombe facilement sous le charme, et pourtant, il a peur de s’attacher. Peur qu’on ne voit que sa fortune, son héritage. Peur qu’on s’intéresse à sa position plus qu’à sa propre personne. Peur qu’on ne voit pas ce qu’il est vraiment. Il cache ces peurs derrière son excentricité, qui s’exprime ouvertement à travers son physique -des cheveux longs, c’est pas banal.
Horus, c’est un homme d’une grande sensibilité, derrière son air extraverti, depuis toujours. Quand il était jeune, ça lui a fait défaut, à maintes reprises. Mais son séjour au Brésil l’a beaucoup fait réfléchir, par les belles rencontres qu’il a pu y faire. Il a appris à ne plus se laisser atteindre. C’est lui qui décide qui peut l’approcher, qui peut le toucher, et qui doit rester à distance. C’est lui qui décide ce qu’on peut lui faire. Il arrive à cacher sa sensibilité derrière d’un air détaché et un sourire mystérieux, seulement parfois le masque tombe.
Horus, c’est quelqu’un de chaleureux, très tactile, qui adore le contact physique avec les autres -souvent à leur dépens d’ailleurs. Quand bien même il se fait repousser, il a tendance à recommencer. Il a un peu de mal parfois à assimiler le sens du mot “non”. Attention cependant à ne pas confondre avec du harcèlement. C’est quelqu’un qui respecte les autres avant tout et ne franchira jamais ces limites.
Horus, c’est l’homme prompt aux commérages. Il aime bien venir titiller les autres, découvrir les dernières nouvelles, si untel a une petite amie… Il fait sa commère, mais ce n’est pas pour autant qu’il aime les potins en tout genre. Uniquement ceux qui l’intéressent. Ce qui lui donne ce côté un peu paradoxal. Intéressé mais pas trop, et pas par n’importe quoi. Et puis, enquiquiner les autres, c’est son domaine. Pas pour leur rendre la vie plus difficile, justement ; pour les sortir de leur quotidien. Pour réussir à leur arracher, au bout du compte, un semblant de sourire. Il a un humour bien à lui ; tout le monde ne le comprend pas forcément, mais c’est surtout son comportement qui fait rire. Prompt à faire semblant, à imiter, à faire l’imbécile, il n’a pas peur du ridicule -car celui-ci ne tue pas. D’ailleurs c’est aussi un homme sans complexe ; il n’est donc pas susceptible et impossible à provoquer. Sauf si vous vous en prenez à ceux qu’il aime.
Seulement, Horus n’est pas parfait. Il a ses défauts, le premier étant la paresse. Il n’aime pas spécialement faire des efforts s’il les juge inutile. Il a ce côté oisif, qui peut énerver. Il a une fâcheuse tendance à procrastiner, remettant toujours au lendemain les tâches à effectuer, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se défiler et doive se presser pour respecter les délais. Il préfère largement dormir au lieu de travailler, si tout du moins le sujet ne le passionne pas.
Horus, c’est juste un être humain, finalement, avec ses qualités et ses défauts. D’un calme certes olympien, mais qui serait plutôt de type colère froide, s’il devait vraiment s’énerver. Personne ne l’a jamais vu sortir de ses gonds.
Mais ne dit-on pas que les plus calmes sont les plus dangereux ?...Histoire
- ça alors, c’est incroyable…La gynécologue fixait son écran avec des yeux fascinés, tandis qu’elle déplaçait son appareil sur le ventre arrondi de sa patiente. Jamais dans sa carrière elle n’avait vu ça. ça dépassait la simple malformation ou même mutation dont beaucoup pouvaient parler. Non, là, c’était juste… fascinant. Passionnant. Elle en oublierait presque qu’elle parlait d’un bébé. D’un foetus, même, toujours en développement dans le ventre de sa mère. Cette dernière fixait d’ailleurs son médecin avec un air inquiet. Que se passait-il ? Il y avait un problème avec son bébé ? Elle avait tellement eu de mal à le concevoir avec son mari, après des années de traitements hormonaux… Elle ne supporterait pas qu’il y ait le moindre problème pendant sa grossesse.
- Que se passe-t-il docteur ? Il y a un problème avec mon bébé ?- Non, je ne crois pas. Enfin, c’est difficile à dire, c’est la première fois de ma vie que je vois ça. Et je crois même que c’est absolument inédit.Les deux époux se consultèrent du regard, perdus. Eux n’avaient pas des yeux de médecin, ils ne voyaient pas ce qui clochait avec leur enfant. La gynécologue perçut leur trouble et se racla la gorge, embarrassée à l’idée de s’être laissée emporter par cette découverte. Elle les rassura d’un geste et attira leur attention sur l’écran.
- Là, vous avez la tête de votre enfant. Et vous voyez, ça ? Ces deux protubérances sur son dos ? Je pense que ce sont les prémices d’une paire d’ailes.Le couple se regarda d’un air effaré ; leur enfant tant désiré serait malformé de naissance ? C’était un cauchemar.. D’autant qu’Alison O'Hara n’était pas sûre de pouvoir supporter un nouveau cycle de traitement. Si elle devait avoir recours à une IVG parce qu’il n’était pas viable… Elle posa une main sur sa bouche, soudain angoissée.
- Ne vous inquiétez pas, votre bébé se porte très bien. Je n’ai noté aucune anomalie, enfin à part celle-ci, et son coeur bat très bien. Non, je ne pense pas que ce soit une malformation. A mon avis, nous avons plutôt affaire à un cas très… précoce de doté. Chez qui le pouvoir est inné et se manifeste vraiment physiquement. Vous devriez plutôt vous réjouir, votre fils sera vraiment unique en son genre !Loin de partager l'engouement du médecin, le père, Seán O’Hara, s’en trouva davantage préoccupé. Si son fils était effectivement un futur doté muni d’ailes… Dans son milieu, on ne lui ferait pas de cadeau. Car il fallait supporter le regard des autres, en particulier celui des journalistes, quand vous étiez destiné à hériter du royaume technologique que votre père et son père avant lui avaient bâti. Il jeta un oeil à sa femme, qui paraissait déjà plus rassurée. Celle-ci s’était même enfin décidé sur le prénom qu’elle lui donnerait, quoi qu’on en dise sur son originalité. Horus, ça lui irait parfaitement.
*** - Horus Nolan Gabriel O’Hara !L’enfant se stoppa net en entendant son patronyme complet. C’était le signe que son père était en colère contre lui, après l’une de ses nombreuses bêtises… Laquelle était-ce cette fois ? Avoir crayonné sur les murs de sa chambre ? Mais il avait besoin d’exprimer son âme d’artiste ! Le garçon se retourna, l’air penaud et la tête baissé, espérant amadouer son paternel avec sa mine de chien battu.
- Je t’ai déjà dit un millier de fois de ne pas glisser sur la rambarde de l’escalier. Tu vas finir par te casser un bras… ou une aile.Ah, ce n’était que ça ! Mais là il n’y pouvait rien. Il avait besoin de se dépenser, et il n’avait personne avec qui jouer. Il était fils unique -sa naissance avait été difficile, apparemment- et se sentait seul la plupart du temps. Il était surprotégé par ses parents, résultat il n’avait pas d’amis. Il n’allait pas encore à l’école, il était trop jeune. Et quand bien même, à cause de sa différence, il savait que ses premières années de scolarité se dérouleraient à la maison. Jusqu’à ce qu’il ait l’âge d’aller à l’Astrophel Academy, une étape incontournable dans la vie d’un doté.
- Mais papa je m’ennuie, j’ai personne avec qui jouer !Seán soupira devant les yeux embués de son fils. Ce gamin allait avoir raison de lui un jour ou l’autre. Il était fils unique, et heureusement ; il n’aurait pas pu gérer un deuxième comme lui. Il se redressa et son visage s’adoucit. Il ne pouvait lui en vouloir. Il savait qu’Horus se sentait seul. Il était isolé à cause de sa différence physique. ça lui faisait de la peine. C’est justement pour ça qu’il avait fait venir quelqu’un à la villa aujourd’hui.
- Je sais, mon ange. Justement, j’ai quelqu’un à te présenter. Tu te rappelles de Monsieur Sullivan, avec qui je travaille ? Il a une fille, Kazuko, qui a à peu près ton âge. Une petite fille entra, tenant la main de son père, l’air timide. Elle avait de beaux yeux bleus et des cheveux châtains et raides. Leurs regards se croisèrent, et cet instant scella leur éternelle amitié. Il se précipita vers elle pour lui faire un câlin -déjà très tactile si jeune- ravi d’avoir enfin une amie. Il l’emmena par la main pour aller jouer avec elle dans le jardin, riant aux éclats. A partir de cet instant, ils furent inséparables.
*** - Waaaaah sérieusement… Mais c’est trop cool ! Elles sont magnifiques en plus !Horus sautait sur place, tant il était heureux, si bien qu’il faillit donner un coup d’aile à Kazuko. Son amie venait de lui apprendre pour son pouvoir ; des ailes de fées, parées de rose et de violet. Il se sentait encore moins seul, maintenant qu’elle partageait sa différence. Bon, en l’occurrence, lui ne pouvait pas rétracter ses ailes d’anges -comme aimait dire sa mère-, contrairement à son amie. Mais c’était juste un détail. A présent, ils partageaient encore plus tous les deux. Elle allait pouvoir le rejoindre bientôt à l’Académie ! Bon, comme il était plus âgé, ils ne seraient pas dans la même classe. Mais tant pis, c’était déjà bien de pouvoir se retrouver entre deux cours ! Le garçon s’immobilisa, le regard brillant.
- Est-ce que ça veut dire qu’on pourra voler ensemble à l’avenir ?Il s’imaginait déjà dans le ciel, lui avait ses ailes d’ange qui ne cessaient de grandir, elle avec ses adorables ailes de fée, un duo inséparable jusque dans les cieux. Il avait souvent prié pour que son amie développe un pouvoir, pour qu’elle puisse étudier à l’Académie elle aussi, mais il n’en espérait pas tant. Peut-être même qu’un jour, ils seraient chez le même sponsor. A dire vrai, Horus n’avait jamais trop considéré cette option. Etant le fils unique de Seán O’Hara, il se savait promis à un avenir de chef d’entreprise. Ce qui ne lui convenait pas spécialement, cependant… il n’avait pas trouvé d’autre voie, jusqu’à présent. Et il savait que son père fondait ses espoirs sur lui. Il ne voulait pas le décevoir.
*** - Horus ! Kazuko ! Mais qu’est-ce que vous faites ?Horus ouvrit un oeil endormi, se demandant pourquoi sa mère lui criait dessus de si bon matin. A côté de lui, son amie de toujours fit de même. C’était samedi pourtant, il n’y avait pas besoin de se lever pour aller à l’Académie. âgé de quatorze ans, il y suivait sa scolarité depuis déjà trois années. Il se redressa sur un coude et fixa sa mère de ses yeux encore bouffis de sommeil.
- Keskya maman ?- Mais enfin, on ne dort plus dans le même lit à ton âge !- Je vois pas où est le problème…- … Un adolescent et une fille dans le même lit, à votre âge, ça ne se fait plus. Kazuko a une chambre d’ami ici.- Mais on fait rien de mal maman, on aime juste dormir ensemble c’est tout…- Je ne veux rien savoirn je croyais avoir été claire l’autre fois. A partir d’aujourd’hui, c’est terminé. Et je suis sûre que ses parents seront de mon avis !Horus poussa un soupir excédé. Toutes ces convenances de la société le gonflaient. Où était le mal à dormir dans le même lit que son amie d’enfance ? Ils l’avaient fait pendant des années, ses parents n’avaient jamais rien dit, alors pourquoi ça changerait aujourd’hui ? En plus, ils étaient en pyjama. Franchement, comment ses parents pouvaient s’imaginer autre chose ? ça le dépassait. Ils étaient conditionnés par les dogmes qu’on leur avait inculqué. Il se leva et prit Kazuko par la main.
- Viens, on va prendre le ptit dej.Il passa à côté de sa mère sans lui jeter un regard et ils se rendirent ensemble dans la cuisine. Franchement… il sortit un bol pour chacun avec le paquet de céréales et le lait de circonstance. Horus jeta un oeil à la chevelure de son amie, teinte en rose depuis la veille, l’air songeur.
- Tu fais encore plus fée comme ça. ça te va bien !Ils mangèrent tout en discutant, tandis qu’Horus lui racontait une fois de plus ses déboires amoureux. Le pauvre avait un vrai coeur d’artichaut, il tombait amoureux tous les quatre matins, mais il avait peur de s’engager, notamment parce qu’il craignait qu’on ne voit que son statut, et pas ce qu’il était vraiment. Certains s'imaginaient sans doute que c’était classe de sortir avec le fils de Seán O’Hara. Comme une médaille que l’on portait fièrement sur sa poitrine.
Mais surtout, une fois sur deux, il tombait sous le charme d’un garçon. Et ça, c’était problématique. Son père n’en savait rien, et il était terrifié à l’idée qu’il découvre sa bisexualité. Déjà qu’il critiquait sa façon de se coiffer -mais l’adolescent aimait bien trop porter les cheveux longs. Et il ne pouvait se résoudre d’en parler à sa mère alors que son père n’en saurait rien. Ses parents étaient trop complices pour se faire des cachotteries bien longtemps. Du coup, il n’y avait qu’à Kazuko qu’il pouvait parler librement. Heureusement qu’elle était là, sans quoi sa vie serait autrement plus compliquée.
*** - Horus, ouvre, s’il te plait…Mais l’adolescent restait campé sur ses positions. ça faisait une heure qu’il s’était enfermé dans sa chambre, inconsolable. Il n’accepterait de parler qu’avec Kazuko, sa mère le savait, mais elle avait tout de même tenté. L’adolescente était en chemin, alertée par les messages de son meilleur ami. Quand elle arriva, il resta un long moment à pleurer contre elle.
Il lui raconta toute l’histoire. Comment il était tombé amoureux de son premier copain, comment ils en étaient venu à sortir ensemble, comment ils avaient fini leur dernière soirée… Et comment tout avait dérapé. Horus avait surpris ce matin au réveil tout un débat sur les réseaux sociaux. Il avait découvert avec horreur une photo de lui embrassant un autre garçon. Malgré l’évolution des moeurs, autant dire que les médias s’en donnaient à coeur joie en ce moment. Son petit ami l’avait plaqué, incapable de supporter le regard des médias people. Et forcément, son père n’était pas passé à côté… Il avait vu de la honte dans ses yeux. ça l’avait brisé. Il avait surpris la dispute entre ses parents.
- Mon fils ne sera pas gay.
- Peu importent ses choix, c’est ton fils, arrête de dire ça !
- Les médias s’en donnent à coeur joie, comme si sa dégaine ne suffisait pas. ça va ruiner sa réputation. Dans notre milieu, on ne se fait pas de cadeau, tu le sais. Je n’ai pas besoin d’un fils gay ! C'était la première fois qu’il voyait sa mère gifler son père. Il ne supportait pas de les voir se disputer. Mais son père avait raison sur un point. Le monde des people était fait de vautours. Ils n’avaient pas de pitié lorsqu’il s’agissait de se battre pour son morceau de viande, à savoir une belle rumeur à se mettre sous le bec. Horus avait une grande sensibilité, il avait toujours considéré ça comme une qualité, mais aujourd’hui, ça lui faisait tellement mal…
*** Je m’en vais, je ne sais pas pour combien de temps mais j’ai besoin d’air. Ne vous inquiétez pas pour moi.Ce fut la petite note qu’il laissa sur son oreiller, une nuit, peu de temps après ses dix-huit ans révolus. Il ne partait pas par gaieté de cœur. Mais il avait besoin de voir du pays. Autre chose que ces grattes-ciels qui servaient de champs de bataille. Autre chose que ces réseaux sociaux qui se nourrissaient du malheur des gens. Autre chose que la pression qui courbait l’échine de son père. Ces derniers mois avait été trop difficiles pour un jeune homme aussi sensible qu’Horus. Il avait besoin de se ressourcer à travers un voyage. A présent qu’il avait son diplôme de l’Académie, il n’était pas obligé de poursuivre sa scolarité au
college. Il pouvait bien se prendre une année sabbatique.
Il passa bien évidemment par la case Kazuko Sullivan. C’était trop dur de dire au revoir à sa mère, qui chercherait à le retenir par tous les moyens. Mais il ne pouvait pas s’éclipser sans saluer sa meilleure amie. Elle le tuerait, sans ça. Il sourit à cette pensée. Oh, elle tenterait peut-être de le retenir. Mais elle le connaissait assez pour savoir ce dont il avait vraiment besoin. Et en l'occurrence, c’était de l’air.
Les séparations furent pourtant émouvantes. Il promit à Kazuko de lui donner des nouvelles régulièrement et même quelques photos si elle était sage. Puis il mit les voiles vers d’autres horizons. Il avait toujours voulu visiter l’Amérique du Sud.
*** - Salut ma petite fée ! s’exclama Horus lorsque Kazuko lui ouvrit sa porte.
Après plus d’un an d’absence, il était de retour au bercaille, grandi, plus assuré, mieux, tout simplement. Il avait bronzé, et un magnifique ara chloroptère trônait fièrement sur son épaule, visiblement décidé à y rester jusqu’à nouvel ordre. Il s’en suivit une longue minute d’accolade. Ils s’étaient terriblement manqués mutuellement, même si le jeune homme lui avait donné de ses nouvelles régulièrement. Ainsi, elle avait déjà eu vent de sa nouvelle situation : il était papa. Il avait rencontré une femme formidable au Brésil, autant excentrique que lui, sinon plus. Elle s’appelait Paloma et il l’avait ramenée avec lui à Astrophel.
- Kazuko, voici Paloma, et Luana !Il fit entrer les deux nouvelles femmes de sa vie, rayonnant. Paloma était une magnifique jeune brésilienne, avec de longs cheveux châtain foncé, la peau très mate, et de saisissant yeux bleus. La mine souriante, elle salua Kazuko par une embrassade chaleureuse. Elle était ravie de faire enfin sa connaissance ! Elle portait dans ses bras la petite Luana, âgée d’à peine un mois.
- Kazuko, j’aimerais que tu sois la marraine de Luana. Sa meilleure amie accepta avec joie, bien sûr. A présent, il ne lui restait plus qu’à rentrer à la maison. Il appréhendait déjà un peu plus. ça faisait plus d’un an qu’il n’avait pas vu ses parents, qu’il ne leur avait même pas parlé. S’il se doutait que sa mère l’accueillerait à bras ouverts, il redoutait plutôt la réaction de son père. Même si celui-ci serait ravi de constater que son fils aimait aussi les femmes… Il décida donc de tout miser sur l’effet de surprise.
- Bonjour Papa, bonjour Maman ! Il souriait, avec un perroquet sur l’épaule, un nourrisson dans les bras, et une magnifique brésilienne qui l’accompagnait. Ses parents en restèrent bouche-bée, totalement sous le choc. Sean frôla d'ailleurs de peu la crise cardiaque, tandis que son épouse, elle, fit une syncope.
*** - Papa, elle est où maman ?Le visage d’ordinaire souriant d’Horus, même en ces circonstances, se para d’un voile de tristesse. C’était la question qu’il redoutait le plus depuis quelques jours. Comment devait-il s’y prendre ? Jamais il n’avait été confronté à une situation aussi déchirante. Il posa sur sa fille un regard tendre, mais douloureux, et lui sourit.
- Maman est au ciel, avec les anges, ma luciole.Luana lui adressa une petite moue. Celle qu’elle affichait toujours lorsqu’elle n’était pas satisfaite de la réponse. En même temps, il pouvait la comprendre. Elle était trop jeune pour assimiler ce concept.
- Pourquoi elle est avec les anges et pas avec moi ?Il soupira et remit une mèche rebelle derrière l’oreille de la petite. Le coeur serré et la gorge noué, il se demanda pourquoi la vie se montrait parfois si cruelle avec de jeunes enfants. Comment était-il censé s’y prendre ? Pouvait-elle seulement comprendre aujourd’hui ? Horus fit un effort pour rester maître de ses émotions.
- Tu sais ma luciole, on ne peut pas toujours faire ce qu’on veut. Maman aurait bien aimé rester avec toi, mais les anges sont venus la chercher et elle n’avait pas le choix.Le menton de la petite Luana se mit à trembler. Bien évidemment, elle ne pouvait pas assimiler l’idée que sa mère n’avait jamais voulu l’abandonner. Elle ne comprenait même pas ce que signifiait tout ça. A cet âge là, elle avait juste besoin de sa maman. Soudain, son visage s’illumina et un grand sourire étira ses lèvres.
- Mais toi aussi tu es un ange papa ! Tu n’as qu’à t’envoler et aller la chercher au ciel !ça lui fit l’effet d’un coup de poignard. La logique des enfants était implacable. Il avait des ailes, il pouvait voler, donc il était un ange et pouvait rejoindre sa mère pour la ramener sur Terre. Si seulement c’était possible, que n’aurait-il pas donné pour lui rendre Paloma… Jamais il ne s’était senti aussi impuissant et démuni. Il n’avait pas été préparé à ça. Ce n’était indiqué nulle part dans la notice “avoir un enfant”... Il prit une inspiration douloureuse alors qu’une larme perlait sur le coin de ses yeux.
- Ma luciole… j’aimerais tellement, mais je ne peux pas…La lueur d’espoir dans le regard de Luana s’éteignit aussi soudainement qu’elle était apparu. Son menton recommença à trembler, et Horus sentit qu’il n’allait pas supporter la suite. Quelques jours auparavant, une terrifiante explosion avait touché la tour d’Eden, causant des dizaines de morts et une centaine de blessés. Paloma y travaillait, en tant que chargée de marketing. Il avait tout de suite su dans son coeur, ce jour-là, la finalité. Pourtant, quand la liste des victimes décédées était tombée, il s’était effondré. On avait beau se préparer, on n’était jamais prêt pour ça. Ils étaient séparés depuis quelques temps, mais ils étaient resté en très bon termes, et il avait encore des sentiments pour elle. Malgré toute sa peine, il ne parvenait pourtant pas à détester Mist, qui avait revendiqué l’attentat. Il en voulait aux révolutionnaires extrémistes d’avoir pris la vie de Paloma, surtout pour Luana, mais il avait toujours été incapable de haïr.
L’enterrement avait lieu le lendemain au Brésil, et il ne savait toujours pas s’il devait emmener Luana. L’enfant ne comprendrait pas de quoi il en retournait, et l’ambiance risquait de la traumatiser. Kazuko serait présente, au moins. Un sanglot déchirant secoua Luana et ses pleurs eurent tôt fait de chasser le silence qui s’installait. Horus voulut la prendre dans ses bras, le coeur lourd, mais elle se débattit, le frappant de ses petits poings.
- C’est pas juste ! Je te déteste !Il la retint fermement pour la coller contre lui et la calmer, par des mots, par des caresses, lui transmettant tout son amour pour la consoler, alors que lui même était inconsolable. Ses propres larmes roulaient sur ses joues pâles, sans qu’il puisse les retenir. Luana finit par se calmer et s’endormir dans ses bras, le laissant seul avec son propre chagrin.
*** ++ Aujourd’hui, Horus vit tantôt chez ses parents, tantôt dans un appartement qui appartient à son père, avec sa fille de 5 ans, son ara chloroptère et sa chatte.
Il a rejoint Persona il y a environ un an, à peu près à l’époque de sa séparation avec Paloma.
Il a ouvert un refuge pour animaux, financé par ses propres revenus, fortement influencé par sa fille qui adore les petites bêtes ; sa chatte était la première pensionnaire.
Il est actionnaire dans l’entreprise de son père, et se rend aux conseils d’administration -parfois, quand la flemme ne l’emporte pas. Il avait repris des études en Management à son retour du Brésil, pour satisfaire son père, mais il ne compte pas reprendre la direction de l’entreprise avant un bon moment.