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Le PDG de la X-TREM Factory entretiendrait une relation des plus intenses avec sa vice-présidente. On espère que ce n’est pas cette affaire qui a distrait l’ancien Phoenix de son travail et qui a entraîné un manque de sécurité lors de la dernière conférence de presse de l’entreprise où à eu lieu une explosion causant la mort d’un de ses haut-gradés...
Le mystérieux « Mist » dont l’apparition soudaine a récemment secoué la ville serait en fait une association de trolls désoeuvrés voulant profiter de la panique des récents attentats pour gagner plus de popularité sur les réseaux sociaux.
Il paraîtrait que le fondateur de la ville Edward Astrophel aurait été le descendant direct de Diogène, le philosophe grec qui vivait dans un tonneau. Incroyable !
les rumeurs


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ghost ❀ (romeo)
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super-banana
Meera J. Taylor
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super-banana
MessageSujet: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyJeu 31 Aoû 2017 - 19:13

» ghost
« STAY WOKE 'CAUSE THEY'RE CREEPING | ROMEO »
DISCLAIMER // TRIGGER WARNING:

« Tiens, tu peux garder la monnaie. »

Il avait un sourire narquois, l’air satisfait de sa bonne vanne tandis qu’il secouait la liasse de billets sous le nez de Meera. Sourire et le remercier de ce grand acte de générosité lui donna envie de gerber.

« Maintenant t’es mignonne et c’était sympa, mais ma femme rentre d’ici une demi-heure et si je suis pas à la maison avant son retour elle va vraiment finir par se poser des question, alors… »

Il fit un petit geste dédaigneux envers elle, comme si elle était un insecte indésirable qu’on chassait —ceci dit, son égo ne pouvait pas en prendre un gros coup, déjà trop sonné de ce qu’il venait de se passer dans la chambre d’hôtel ; pour changer.
Sa femme allait rentrer. Les mots lui tournaient en boucle dans la tête alors qu’elle achevait de se rhabiller. Sa femme allait rentrer, il allait l’embrasser, lui demander si elle avait passé une bonne journée, jouer son rôle de mari –peut-être de père– parfait sans jamais qu’on découvre l’hypocrisie, les mensonges et les infidélités qui pullulaient derrière les sourires trop blancs pour être vrai.
Elle quitta la pièce sans un mot ni un regard en arrière.
Parfois, Meera en avait marre des hommes.

Dans sa robe trop courte et ses talons trop hauts, elle s’efforçait de respirer lentement dans l’ascenseur de l’hôtel, par sessions de dix pour calmer et sa nausée et son anxiété. C’était fini, plus besoin de recommencer avant le mois prochain –elle allait pouvoir rentrer se mettre la misère chez elle pour oublier et reprendre sa vie en paix.
Sa vie faite de mensonges et de « tout va bien » qui hurlent l’inverse.
Elle n’était peut-être pas plus honnête que ceux qui la payaient finalement.

Dehors, l’air frais lui fit du bien. L’avantage à Nahuel, c’est qu’il n’y avait pas grand monde pour se retourner sur elle dans sa tenue, les gens y sont habitués à voir des filles en robes de soirées griffées, ils ne se posent pas plus de questions. Le problème était plutôt de rentrer sur Hiawatha sans se faire remarquer généralement. Quand elle le pouvait elle se changeait là où le « contrat » était conclu afin de pouvoir rentrer chez elle assez tranquillement mais il arrivait qu’on la fasse sortir un peu précipitamment –comme ce soir là– et qu’elle n’en ai pas le temps ; dans ces cas là, elle se débrouillait en se changeant dans les premières toilettes publiques du coin, ou au moins limitait-elle la casse en passant un pull large ou un gilet par-dessus sa robe ainsi qu’une paire de basket pour remplacer les talons vertigineux.
Mais même ça elle n’eut pas le temps de le faire.

À la sortie de l’hôtel, elle s’était éclipsée discrètement dans une ruelle un peu plus calme et moins éclairée pour défaire ses affaires et passer ne serait-ce qu’un sweat-shirt pour couvrir ses épaules offertes à la fraîcheur de la nuit d’automne. Mais avant qu’elle n’eu le temps de le faire, une ombre se faufila dans son dos et une poigne brutale se referma sur son poignet, ce qui la fit sursauter et lâcher son sac avant de se retourner.
C’était un homme, sûrement d’une vingtaine d’années –plus vieux qu’elle en tout cas. Il avait sur le visage un air vicieux et un sourire qui n’en disait rien qui vaille.

« C’est bon, t’es libre maintenant ?
Qu…Quoi ? elle articula, l’anxiété rendant sa voix plus aiguë que d’habitude.
T’as fini avec l’autre vieux là ? C’est bon, c’est mon tour ? »

Meera comprit qu’il l’avait vue avec le client précédent et qu’il la prenait pour une prostituée comme les autres –elle n’était pas vraiment en position pour lui expliquer les différences entre escort et trottoir malheureusement.
Sa poigne se serra un peu plus sur son poignet et il la ramena brusquement contre lui d’une main tandis que l’autre s’aventurait déjà sous sa robe. Meera se débattit, la peur la faisait trembler.

« Non, arrêtez ! 
C’est bon tu l’auras après ton fric. Calme-toi. »

Elle aurait voulu crier, mais d’une part, elle savait qu’attirer l’attention alors qu’elle avait une liasse de billet d’une valeur conséquente dans son sac à main n’était pas la meilleure des choses à faire, et d’une autre part, sa voix restait de toute façon comme coincée dans sa gorge.
Elle se débattit encore, planta ses ongles dans sa peau jusqu’au sang en priant pour qu’il la lâche. Pour toute réponse, il pesta, l’écarta violemment de lui pendant une seconde pour mieux la frapper au visage –un gémissement sourd lui échappa sous la douleur– puis profita de son étourdissement passager pour la plaquer contre une poubelle près du mur pour mieux la maintenir en place.
Elle se mordit la lèvre et sentit la chaleur et le goût du sang au bout de sa langue ; elle tenta de se défaire encore une fois de son emprise mais ce fut vain.

« N-Non, elle articula une dernière fois, la voix secouée de sanglots. »

Il fallait croire que ses larmes ne suffisaient pas pour émouvoir l’agresseur car il continuait de la toucher de manière toujours plus insistante.
Alors elle ferma les yeux, elle serra les dents, et pria pour que tout se passe le plus vite possible comme chaque fois qu’elle devait faire ça pour l’argent avec des gens qu’elle n’aimait pas.

Mais le rideau de ses paupières l’empêchèrent de voir qu’ils n’étaient plus seuls dans la ruelle.
Et de tous, il fallait que ce soit lui.
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Romeo R. Eastwood
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyVen 1 Sep 2017 - 2:05

Dans l’ombre d’une allée, j’allume une clope glissée entre mes lèvres, la main en coupe-vent autour de la flamme vacillante du briquet. Contact léger sur la poche intérieure de mon blouson, histoire de m’assurer qu’elle est bien là, que les billets n’ont pas juste flambé entre ses mains pour du vide, et je recrache la fumée dans l’air frais, nuage opaque d’un instant qui vient me piquer les yeux. Mon téléphone vibre contre ma cuisse, je le tire de ma poche, déverrouille, Olympe. L’art de l’à-propos, à croire qu’elle sait aussi bien que moi les dates fatidiques, les promesses d’une semaine ou deux de défonce supplémentaires.
Ce soir, et comme beaucoup d’autres, le chien s’en est allé bouffer dans la main de son maître,
le camé dans celle de son dealer.

Un bail qu’on n’a pas fait le mur avec le crew du bahut. Quand que tu ramènes ta belle gueule ?
invit ?
Y a un plan pour ce w-e
’k jte redis ça
Oublie pas

Je m’apprête à ranger mon téléphone, clope consumée et passage piéton de carrefour en vue, mais il vibre dans ma main, une nouvelle fois.

Fais gaffe à toi

Et j’ai ce sourire fantôme au bord des lèvres, une seconde ; un instant je suis désolé, je songe au sachet fin dans ma veste et j’ai l’envie de dire pardon, de dire trop tard. C’est qu’elle sait les mots anodins qu’il faut, mon Inséparable, et aussi ceux qui brûlent un peu — qu’importe.

bonne nuit

J’avise les bouches de métro, esquive les premières que je croise parce qu’elles me plaisent moins — trop ou mal fréquenté ; l’genre racaille incognito qui tente de faire les poches des bourges et de voler les Rollex au poignet des cinquantenaires, ou l’genre frotteur queutard qui met les midinettes mal à l’aise et que j’interdirais à ma fille d’emprunter, si j’en avais une. Faut pas croire les bien pensants, les médisants ; les mauvais penchants, les tordus et les désespérés n’appartiennent pas qu’à la classe défavorisée.

Finalement, après coup, je me dis que c’est peut-être l’instinct, peut-être cette petite voix qu’on a tous dans un coin de la tête, des actes manqués qu’il valait mieux faire — j’aime pas causer Destin et ça m’ferait flipper d’y croire, mais après coup, ouais, après coup je me dis que c’en était peut-être un bon tour de sa part — un écart nécessaire.

Ça commence par un fracas sourd, bruit de poubelles qu’on heurte ou qui s’entrechoquent — le même genre qu’on peut entendre quand un chien et un chat se coursent autour, en bas de chez moi la nuit —, et puis d’autres plus ténus, indistincts, incertains, cinq mètres de moi à tout casser, première ruelle à droite à trois pas de là.
Et puis c’est une voix — tremblante, une voix qui pleure, une voix qui supplie, une voix qui implore ; une voix que je ne me souviens pas avoir déjà entendue emprunter ces intonations-là, une voix que je reconnaîtrais pourtant entre mille.

J’saisis pas ; faut que je m’avance, faut que je me glisse dans l’embouchure de l’allée déserte, que j’approche encore, pour deviner les silhouettes dans l’obscurité, la sienne et celle d’un autre, un type ; me faut une seconde et demie de plus pour saisir les mains sous les vêtements et à même la peau, et la faim, et la peur, et les pleurs — je vois rouge.

« Lâche-la, et, parce qu’il ne s’écarte pas, encore, lâche-la j‘t’ai dit enculé ! »

C’est froid, c’est mauvais, c’est cassant ; je le tiens déjà, loin d’elle, un coup dans la gueule un autre dans le bide, il se plie c’est mon genou, il saigne et je frappe encore, j’essaie de le foutre par terre, non ? peu importe c’est contre le mur — y’a une douleur vive entre mes côtes, ça me coupe le souffle mais je balance encore mon poing vers sa tempe.

Je crois qu’il gueule, je crois qu’il crache pute.

« Y’a qu’une seule pute ici et c’est toi. »

D’autres coups, peut-être un en lâche, il cille sur ses jambes et ça m’fait kiffer, il perd le semblant de contrôle qu’il avait et ça m’fait marrer, rire venin, rire poison, j’cogne encore — j’crois qu’au bout d’un moment, j’oublie pourquoi.

Faut que ce soit sa voix, faut que ce soit ses mains, sa détresse qui me ramènent à elle ; comme au sortir d’un mauvais rêve qui me laisse pantelant, je recule en chancelant dans sa direction. Dans un ultime mépris je crache sur ses belles fringues, qu’il aille s’astiquer, et qu’il aille en taule aussi, qu’il aille se faire prendre et pendre aussi, qu’il — je me heurte à son regard.
Deux prunelles céruléennes assombries par la nuit et diluées dans ce qu’il y avait de larmes dans sa voix ; j’effleure ce visage ravagé dont on a ôté la lumière, ce soir, cherche du bout des doigts à rallumer les étoiles. A défaut d’y parvenir, j’ôte mon blouson et le lui pose sur les épaules, avant de saisir son poignet pour l’entraîner à ma suite, loin, dans les rues plus éclairées, plus fréquentées, son sac attrapé au vol par ma main libre ; l'adrénaline tamise la douleur ravivée de ma côte pas tout à fait remise encore — et les bruits du monde s’effondrent dans le silence.

Dans mon esprit la scène se rejoue ; sa robe m’en rappelle une autre, l’obscurité est similaire, les images que je croyais fantaisies alcoolisées se superposent à celles de ce soir, cherchent les similitudes tout en s’accrochant aux différences pour ne pas y croire, déni des pensées.
Dans ma main, son poignet tenu d’une main plus ferme encore, réflexe idiot, la peur qu’elle m’échappe, qu’elle s’efface ; la peur qu’à la seconde où je comprendrai, elle disparaisse.

Ça tourne en boucle, ça me file la gerbe, l’envie d’y retourner et de le finir, de frapper dans un mur, de gueuler, d’foutre en l’air tous les pauvres types de tous ces beaux quartiers qu'on prétend sans raclures, sans éraflures — foutage de gueule dans les règles de l’art.

J’ai peur de saisir, Meera
peur de saisir tous les non-dits dans ce que je viens de voir
dans ce qui n’en valait pas la peine d’après toi.

A quel point j’ai pu être con et aveugle, dis-moi ?
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Meera J. Taylor
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyVen 1 Sep 2017 - 4:45

» ghost
« STAY WOKE 'CAUSE THEY'RE CREEPING | ROMEO »
Il y avait ses mains sur sa peau, et le goût du sang dans sa bouche ; la brûlure des larmes qui roulaient sur ses joues, et celle mille fois plus intense de la peur, de l’impuissance, de la rage, de la honte –elle ne pouvaient rien faire, tétanisée par la terreur, clouée sur place par sa tenue gênante, et surtout maintenue en place par une poigne de fer.
Non, non, non, non, pitié non, non, ça tournait en boucle dans sa tête –peut-être même que les mots s’échappaient de sa bouche sans qu’elle ne s’en rende compte.
Pitié.
J’ai pas besoin de ce fardeau là en plus à cacher.

Meera n’avait jamais été du genre pieuse. Mais pour la première fois de sa vie, elle pria pour qu’un miracle arrive.

Elle n’aurait su dire si c’était Dieu qui avait de l’humour ou si le destin se foutait de sa gueule cependant.

«  Lâche-la –elle reconnu la voix mais ne comprit pas encore à qui elle appartenait– lâche-la j‘t’ai dit enculé ! »

Et soudain
la délivrance.
Elle fut soulagée en un instant de son poids qui l’écrasait, de ses mains sur sa peau, de son corps tendu contre sa hanche et dont elle ne voulait rien savoir davantage.
Meera prit une inspiration tremblante –ce fut comme si tout l’air du monde lui rentrait subitement dans les poumons tant sa respiration avait été malmenée. Vacillante, elle se laissa glisser jusqu’au sol, contre la poubelle, trois secondes à peine le temps de se calmer –rien qu’un peu.
Elle leva les yeux et son coeur loupa un battement dans sa poitrine.
Romeo.
Romeo.
Il était là, alors elle était sauve.

Romeo.
Pourquoi fallait-il que tu me voies comme ça ?

À la fois elle ne pouvait pas rêver mieux comme miracle.
À la fois il ne pouvait pas y avoir pire

L’inconnu cracha un juron, un râle de douleur, une phrase suintante de colère et de mépris –elle entendit vaguement le mot pute, encore sonnée, et ça ne lui fit pas mal jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il allait tout comprendre désormais.
Tout. Tout ce qu’elle s’efforçait de cacher.
Son fardeau, son secret.
Dieu comme elle tremblait de s’imaginer le dégoût dans ses yeux quand il la regardera et qu’il tiltera.

« Y’a qu’une seule pute ici et c’est toi. »

Il avait la voix rauque, bestiale –du genre qu’elle n’avait jamais entendu venant de sa gorge. Il y avait encore des coups, toujours le goût du sang sur ses lèvres, et des coups, toujours, un cri de douleur étranglé,
son rire
elle devait l’avouer : il lui faisait un peu peur à elle aussi.

Pourtant, et sans même qu’elle ne s’en aperçoive, Meera se releva tant bien que mal malgré ses jambes fébriles et tremblantes. Sa main s’agrippa à la manche de sa veste comme pour retenir le coup qu’il s’apprêtait à donner, ses lèvres formèrent des mots qu’elle n’avait pas l’impression de dicter.

« Romeo, arrête ! »

Sa voix se remit à trembler comme si de gros sanglots semblaient sur le point d’éclater dans sa gorge.

« S’il te plaît, Rom ! »

Il se détourna enfin vers elle –après un dernier crachat sur l’agresseur étalé au sol– et planta ses yeux d’ambres dans les siens.
Il avait le regard un peu fou –rage, fatigue, inquiétude peut-être, elle n’en savait rien. Pourtant ses doigts sur son visage étaient plus doux que jamais, et soudain la détresse dans ses yeux semblait être le miroir de la sienne.

« Rom’, elle bafouilla avec des trémolos dans la voix, je— »

Il ne la laissa pas finir, préféra lui passer sa propre veste sur le dos et l’entraîner loin des rues après avoir eu la bonne idée de récupérer de l’autre main son sac toujours gisant au sol –loin des poubelles ; loin de lui.

Et puis plus rien,
silence radio.

Les premiers pas, Meera fit de son mieux pour suivre les enjambées pressées de Romeo. Mais la fatigue et le choc, couplés à la douleur causée par ses talons ne l’aidèrent pas, et bientôt elle s’emmêlait les pieds et peinait à suivre son rythme. Elle sentit sa main se serrer plus fort sur son poignet, et une grimace de douleur lui passa sur le visage car il lui tenait celui que l’autre avait agrippé comme une brute au point de lui en laisser la marque.
La marque.
Les bleus des coups n’étaient pas les seules traces visibles sur son corps ce soir, et dans sa poitrine, son coeur s’emballa de peur à l’idée que Romeo, soit au courant dorénavant.
Dis quelque chose, par pitié.

Petit à petit, ses pas ralentirent –exténuée.
Les larmes s’étaient mises à couler toutes seules, silencieuses, le long de ses joues le temps de traverser les rues pavées ; et le chagrin secouait à présent tout son corps de tressautements et hoquets frénétiques.

Pitié dis-moi,
dis-moi que tu ne me déteste pas,
que je ne te dégoûte pas.
Dis-moi que peut importe comment, tu veux toujours de moi.

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Romeo R. Eastwood
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyVen 1 Sep 2017 - 12:26

A quel point j’ai pu être con et aveugle, dis-moi ?

Je me souviens la dernière fois, l’incertitude, rêve ou réalité, piégé entre les deux mon esprit a choisi la solution de facilité, celle qui protège, celle qui préserve, celle qui empêche de s’écorcher sur les rebords tranchants — j’ai fermé les yeux délibérément, j’aurais dû insister parce que c’était trop troublant, trop flagrant, j’aurais dû chercher, mais je n’ai pas voulu voir, pas voulu savoir.

Pourquoi m’as-tu laissé t’abandonner ?

Elle ralentit, trébuche, je sens les accrocs de ses pas et les miens vont decrescendo ; je m’immobilise et ferme les yeux, inspire pour me reprendre, me donner du courage — la force de l’affronter. Je ne sais pas si c’est elle ou bien moi — les masques tombés, ma violence ou sa vérité.
C’est de biais et par dessus mon épaule que je l’observe au début ; quand je vois ses larmes je me tourne tout entier vers elle en libérant son poignet de mon emprise — mon regard accroche les marques que mes doigts épousaient, je fronce les sourcils en les effleurant, rage contenue.

Puis ce sont les mèches de ses cheveux que je balaie de ses joues, glisse derrière ses oreilles, son visage que je prends en coupe entre mes mains pour essuyer les larmes qui l’ont creusé. Mon pouce effleure la contusion vive au bord de ses lèvres ; peu à peu la fièvre reflue pour laisser place à un grand vide — grand froid, plus intense et plus piquant que celui qui mord mes bras dénudés sans le blouson de cuir usé passé sur ses épaules à elle.

Je cède, me penche dans sa direction, et mes lèvres viennent se poser contre les siennes, légères, et puis caressent le début d’ecchymose à leur commissure, effleurent la tempe et puis le front, et mes bras l’entourent pour la ramener contre moi — et je m’en fous qu’elle porte l’odeur d’un parfum trop riche, trop entêtant qui fait tourner la tête, mélangé à l’eau de cologne d’un autre enculé, je m’en fous de ces fringues trop courtes et de ces talons trop hauts
je m’en fous, tant qu’elle est là, et qu’elle va bien.

« Je suis désolé, je souffle, presque inaudible. Si je t’ai fait peur… »

J’enfouis son visage contre mon épaule, pose un baiser sur sa pommette humide, et mes doigts caressent ses cheveux, dans une tendresse qui essaie de recoller les morceaux, de recomposer le tableau en des couleurs un peu plus vives, d’effacer la peur et les mains de l’autre, des autres, pour qu’il n’y ait plus que les miennes — cette douceur qu’elle me donne et m’inspire et que j’essaie de lui rendre un peu plus qu’à l’accoutumée, ce soir je ne te lâcherai pas, je ne te lâcherai plus.

« Il… Il t’a blessée ? »

Et mes doigts reviennent courir sur son poignet, doucement, comme si un peu d’amour pouvait effacer les empreintes et la douleur — comme si un peu d’amour pouvait suffire à lui faire oublier.
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptySam 2 Sep 2017 - 1:40

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Quand Romeo s’immobilisa, elle manqua de lui rentrer dedans à cause des larmes qui lui brouillaient la vue et de son équilibre instable. Elle avait l’impression de ne plus pouvoir tenir sur ses jambes, que son corps tout entier tremblait –le choc, le froid, la peur, les larmes ; c’était une chose exténuante que d’aller mal.
Meera, les yeux rivés au sol et se retenant de faire du bruit en pleurant, n’osait pas lever les yeux vers lui, terrifiée à l’idée de croiser son regard et de n’y voir plus que de la pitié dégoûtée –pire, du mépris, de la colère. Toute son enfance elle avait entendu la plupart des garçons de l’école et de l’orphelinat traiter les filles comme elle de tous les noms possibles et imaginable, dire d’elles qu’ils n’en voudrait jamais plus que pour une nuit parce qu’elles sont sales, et qu’un homme ne voudrait jamais d’une femme comme ça.
Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur qu’il pense pareil d’elle désormais.

Et pourtant.
Elle sentit une caresse sur ses joues humides, comme si on dégageait de son visage les mèches emmêlées de ses boucles bleues ; ce furent ensuite deux mains tièdes qui se posèrent de part et d’autre de sa figure, la forçant presque un peu à relever la tête mais avec une telle délicatesse qu’elle l’aurait fait d’elle-même de toute manière –elle croisa son regard, son coeur loupa un battement.
Il y avait de tout dans les yeux de Romeo –inquiétude, douceur, précaution, restes de colère peut-être, fatigue, tristesse presque ; mais jamais de mépris, jamais de dégoût.
Dans ses yeux à lui elle se sentait simplement petite fille blessée ; pas putain dégueulasse.

Alors elle céda. Quand il se pencha pour l’embrasser, le soulagement fut tel que les larmes redoublèrent, ruisselantes sur ses joues. Elle n’avait plus peur de pleurer pour de bon devant lui –ou peut-être qu’elle n’en pouvait tout bonnement plus de prétendre aller bien et nier l’évidence. Ça n’allait pas bien, ça ne l’avait jamais vraiment été mais depuis qu’on lui avait pris Saul c’était pire que tout, et jamais en bientôt plus de deux ans, elle n’avait osé pleurer de la sorte devant n’importe qui d’autre que lui.
C’était insupportable. Et c’était plus libérateur que tout que de se laisser aller dans les bras de Romeo, lui qui savait si bien apaiser son coeur sans même le vouloir, depuis quelques temps.

« Je suis désolé, si je t’ai fait peur… »

Meera renifla, ne se sentit pas la force de sortir le moindre mot, se contenta de secouer frénétiquement la tête de gauche à droite contre son épaule alors que ses mains se crispaient sur les plis de son tee-shirt. Oui tu m’as fait peur, rien qu’un peu, mais je m’en fous, j’m’en fous c’est tellement moins important que tes bras autour de moi, là, maintenant.
Ses lèvres sur sa joue et ses mains dans ses cheveux finirent par avoir raison des sanglots bruyants, et progressivement, ses hoquets s’espacèrent, sa respiration s’apaisa –ne restaient plus que des reniflements maladroits et des larmes encore capables de se faufiler sous les paupières.

« Il… Il t’a blessée ? »

Meera leva le nez vers lui, porta les doigts à son visage, là où l’ecchymose se formait déjà –une légère coupure s’était également formée à l’intérieur de sa lèvre du bas, morsure involontaire suite au choc du coup probablement, responsable du sang dans sa bouche.

« Pas trop, elle parvint à articuler d’une voix éteinte, j’ai… j’ai surtout eu peur, c’est tout. »

Romeo effleura encore une fois son poignet un peu bleui –un instant, elle se rappela de Noah et de la façon qu’il avait de lui laisser régulièrement des traces similaires sur les bras après l’amour, et un frisson glacé lui remonta le long du dos.

« Tu… elle prit son courage à deux mains pour oser le regarder dans les yeux une nouvelle fois, tu m’en veux pas ? Sa voix se brisa sur la fin de la phrase, alors elle toussa pour la préciser davantage. Tu… me trouves pas sale ? »

Elle avait beau connaître la réponse au fond de son coeur, elle ne sera pas tout à fait soulagée tant qu’il ne lui aura pas dit de vive voix.
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyDim 10 Sep 2017 - 18:00

Les quelques passants qui nous passent à côté nous jette des regards en biais, je les devine qui se posent sur nous, curiosité intrusive qui voudrait tout savoir de ceux dont ils ne connaissent ni le nom ni l’histoire — c’est que ça attire l’attention, une femme qui pleure entre les bras d’un homme, c’est qu’il y a l’hésitation de certains, à se demander si c’est à cause de moi, si j’suis pas un de ces enfoirés dont on entend parler dans les sphères un peu moins dorées ((parce que dans celles-là, c’est trop bien dissimulé)), et qu’j’ai sans doute la dégaine qu’il faut, façon type pas vraiment fréquentable, j’sais pas. On est un peu plus habitués aux costards qu’aux fringues débraillées ici, pas vrai ?
Mais la douceur apparente les fait s’éclipser, de toute façon ils se fondent dans le décor comme dans l’obscurité, et ne compte que Meera — et ses contusions sous mes mains, le sel de ses larmes sur ma bouche. Meera et sa chaleur entre mes bras.

« Tu… »

J’incline la tête en la regardant, me perd dans ses yeux lorsqu’elle ose enfin les lever vers moi, et les miens disent continue.

« Tu m’en veux pas ? »

Je fronce les sourcils, caresse du bout des doigts son dos, sous la veste.

« Tu… me trouves pas sale ?
Meera… »

Les mots se bousculent au barrage de mes lèvres, se fracassent au bord de mon esprit ; tous dressés les uns sur les autres, j’essaie d’en tirer certains pour les assembler en phrases correctes, celles qui sauraient dire les pensées, les sentiments, j’essaie de trouver les plus justes pour parler des émotions — de trouver ceux qui ne blessent pas mais se contentent d’être sincères.

« Comment je pourrais, tu… Bon sang, Meera, les seuls à qui j’en veux c’est eux. Pas toi… Surtout pas toi, c’est pas de ta faute, c’est… je m’interromps, cherche mes mots et ils se perdent et se confondent — j’abandonne. Ne pleure plus, sweetheart. »

Du pouce j’essuie les dernières perles qui ont roulé sur ses joues, rougies de froid et de larmes, de honte peut-être ?, mon regard qui ne se détache du sien qu’une seconde et pour mieux s’y replonger l’instant d’après — jusqu’à ce qu’un frisson remonte le long de mon échine, et que je relève le nez pour aviser les bâtiments qui nous entourent, trop beaux et trop riches, immeubles neufs et rutilants, hôtels aux balcons sculptés peinture or plaqué.
Rentrer à pied — même pas y penser.

« On a qu’à aller chez moi, d’accord ? je souffle dans sa direction, en remontant soigneusement le col de sa robe, chiffonné par la course hâtive et les embrassades. Métro ou taxi ? »

Fraction de seconde, éclat jaune vif saisi au bout de la rue et qui vient dans notre direction ; sans lui laisser le temps de répondre, je pose mon index contre ses lèvres, esquisse de sourire au bord des miennes.

« Taxi. »

L’instant d’après j’approche du bord du trottoir, hèle le taxi qui s’attarde sans doute au retour d’une dernière tournée à la recherche de clients comme nous, les tardifs, ceux qui font hausser les tarifs — heures de nuit obligent. Il ralentit, s’immobilise et baisse la vitre à laquelle je me penche.

« La rue Rockefeller, Hiawatha, vous faites ?
Grimpez, les jeunes, c’est sur ma route.
Merci. »

J’ouvre la portière pour Meera — élan de galanterie qui me saisissent, parfois, souvent ; plus régulièrement sous couvert de jeu, il faut l’avouer — puis me glisse sur l’autre flanc de la voiture pour m’installer sur le siège d’à-côté. Ceinture bouclée, ma main revient instinctivement saisir celle de Meera, mes doigts s’amusent avec les siens, s’agit juste de la toucher, de la tenir, et c’est suffisant.

« Alors, les jeunes, on revient d’une soirée VIP en amoureux ? »

Coup d’oeil dans le rétroviseur central, le chauffeur affiche le sourire taquin de ceux qui, du haut de leur expérience, vannent les générations suivantes sans arrière-pensée, le regard de ceux qui en ont vu et qui s’attendrissent encore de la candeur des autres — coup d’oeil en direction de Meera, la seconde d’après, et ma main qui s’enlace un peu plus fort à la sienne, c’est si flagrant ?

« On peut dire ça comme ça, en effet…, je ricane, mensonge éhonté — quel fou irait déblatérer la vérité, hein ? »

Je bascule sur le côté, repose ma tête sur l’épaule de Meera, le regard porté sur la route de l’autre côté du pare-brise — retarder la montée de la nausée, peut-être y échapper pour cette fois, du moins limiter la casse et le tournis à la descente. La ceinture me scie la carotide mais je m’en moque ; seule pensée à la belle près de moi, à son parfum d’été que je discerne encore sous l’eau de toilette factice.

— — — ✂️ — — —

« Bonne soirée les tourtereaux, ne vous couchez pas trop tard ! »

Un clin d’oeil plus tard et mes derniers billets en poche pour régler les kilomètres, le chauffeur embraye et disparaît au coin de la rue. Je prends le temps d’inspirer profondément l’air frais de la nuit qui m’arrache les poumons — le mal de la route aura fini par montrer le bout de son nez — et le froid succédant à la tiédeur chaleureuse de l’habitacle mord chaque parcelle de mon corps qui ne soit pas couverte et me fait frissonner.

Nos mains enlacées pour seul contact, je fais signe à Meera en m’engageant dans l’allée en descente légère qui serpente entre les immeubles sobres et vieillis du quartier — certains murs tagués, quelques typographies illisibles, des couleurs passées, des mots durs de révolte adolescente, tendance punk, fuck society et no future fréquents. Deux cent mètres et j’en ai vu passer trois de chaque — souvent saupoudrés de logo anarchistes.

Au couvert du hall de mon immeuble je presse le pas, tout en prenant soin que Meera ne trébuche pas dans les escaliers ; porte de mon appartement refermée dans mon dos je me sens mieux, presque bien, jamais plus en sécurité qu’ici — comme un avant-goût de bonheur, un chez soi certes exigu mais confortable, une boule de poils rousse qui miaule bienvenue depuis l’accoudoir du canapé, la femme que j’aime comme chaînon manquant enfin trouvé.

« Tu veux quelque chose ? je souffle en me tournant vers elle, après avoir déposé un baiser léger à la commissure violacée de ses lèvres. A boire, à manger ? Sucré, salé, chaud, froid, cuisiné ou tout fait ? Autre chose ? »

Tout ce que tu veux, ce soir ;
tout ce que tu veux pour dissiper son ombre
tout ce que tu veux pour effacer ses mains
sans t’écorcher avec les miennes.

Tout ce que tu veux, ce soir ;
tout ce que tu veux si c’est de moi pour toi.
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyDim 10 Sep 2017 - 23:38

» ghost
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« Meera… »

Son coeur s’emballa, il lui était impossible de ne pas imaginer le pire dans les mots qu’il s’apprêtait à dire –si elle-même se trouvait répugnante après tout, comment les autres ne pouvaient-ils pas penser de même ?

« Comment je pourrais, tu… Bon sang, Meera, les seuls à qui j’en veux c’est eux. Pas toi… Surtout pas toi, c’est pas de ta faute, c’est… »

Il s’interrompit, et dans ses yeux, elle y trouva tout ce qu’elle voulait y trouver –d’un coup ce fut comme si elle pouvait de nouveau respirer.

« Ne pleure plus, sweetheart. »

Meera eu comme un rire nerveux alors qu’il essuyait de nouveau les larmes qui lui restaient accrochées aux joues ; c’était peut-être ridicule mais elle arrivait à trouver du réconfort dans chacun de ses mots, et c’était la première fois qu’il l’appelait par ce genre de surnom tendre, et avec ce ton si doux –à croire qu’il savait parfaitement comment dompter ses peurs et son coeur.

« On a qu’à aller chez moi, d’accord ? –Meera acquiesça sans rien dire, comme une enfant fatiguée qui laisserait aux plus grands l’initiative des décisions– Métro ou taxi ? »

Elle s’apprêta à répondre « Métro » quand Romeo passa un doigt sur ses lèvres –son choix était fait. Trop fatiguée pour protester –et honnêtement trop pressée de rentrer au chaud également– elle s’installa dans le véhicule quand il lui ouvrit la porte sans ouvrir la bouche, se contentant d’un sourire poli pour saluer le chauffeur.
Il faisait plus chaud au couvert de l’habitacle, pourtant, Meera avait comme du mal à se laisser aller au repos le temps du trajet. C’était une drôle de sensation, comme si elle avait froid de l’intérieur, et elle se retenait presque de claquer des dents.
Heureusement, elle avait la chaleur de Romeo contre elle pour l’empêcher de grelotter.

Au sortir du taxi, tandis que le jeune homme s’occupait de payer le chauffeur, elle eu cette désagréable sensation de froid dans sa nuque, comme si on l’observait, et elle eu un frisson glacial le long de son dos ; la seconde d’après, quand Romeo revenait vers elle, le désagrément s’évanouissait et c’était comme si elle s’était tout imaginé –vu les événements de la soirée, ça ne l’étonnerait même pas que sa tête lui joue des tours.

« T’étais pas obligé de payer pour moi… elle murmura d’une voix éteinte en avisant la route par-dessus son épaule comme pour s’assurer qu’il n’y avait personne pour les observer derrière eux. C’était combien ? Pour que je te rembourse… »

Meera était de celles et ceux qui n’aimaient pas vraiment que l’on paye pour eux. Il fallait dire que très tôt elle avait été confrontée au coût de la vie, et depuis si longtemps qu’elle se débrouillait toute seule elle avait du mal à accepter l’aide des autres de peur d’avoir l’air d’un fardeau –pire d’un gouffre à fric. Instinctivement elle serra une main sur les lanières de son sac qu’elle avait récupéré, comme pour s’assurer qu’il était bien là, que son contenu ne s’était pas envolé.

❀ ❀ ❀ ❀ ❀

Quand elle passa le seuil de l’entrée de chez lui, Meera sentit comme une vague de soulagement la saisir ; elle avait enfin un peu moins froid, et surtout elle ne se sentait plus si vulnérable –à croire qu’au couvert de son appartement, elle pouvait être totalement nue qu’elle ne s’y sentirait jamais vraiment comme tel tant elle s’y sentait en sécurité ; peut-être à cause de son odeur qui régnait dans l’air.

Le miaulement qu’elle entendit depuis le salon la fit sourire, et le baiser au coin de ses lèvres lui donna un peu plus chaud à l’intérieur –petit à petit elle commençait à reprendre des couleurs, même si ce n’était pas encore tout à fait ça, c’était un début.

« Tu veux quelque chose ? À boire, à manger ? Sucré, salé, chaud, froid, cuisiné ou tout fait ? Autre chose ?
Juste de l’eau s’il te plaît, elle répondit avec un sourire fatigué ; elle ne se sentait pas capable d’avaler quoique ce soit, et elle doutait qu’il accepte de la laisser vider une bouteille de vodka comme elle avait l’habitude de le faire après une nuit de travail. »

Elle se déchaussa dans l’entrée, mais au moment de retirer la veste qu’il lui avait posé sur les épaules, elle eu une seconde d’hésitation. Si à l’ombre de la ruelle, il n’avait pas vu les traces dans son cou et sur ses épaules, à la lumière de l’appartement, il était évident qu’il ne pourrait pas les louper –ça la dérangeait, terriblement. Elle aurait voulu pouvoir se montrer belle et nouvelle devant lui, vierge de tout coup de rein n’ayant pour but ultime que l’argent et l’envie de tirer un coup entre des cuisses encore jeunes.
Honteuse, elle laissa la veste sur ses épaules, et le froid reprit aussitôt ses droits dans sa poitrine.

« Dis, fit-elle une fois avoir bu le verre d’eau qu’il lui avait tendu, j’pourrais prendre une douche et t’emprunter des vêtements…encore ? »

Si elle avait fini sa phrase sur un rire un peu nerveux, elle n’avait rien de drôle en tête –juste l’envie, encore une fois, de se passer la peau au karcher, de se frotter l’épiderme jusqu’au sang si ça pouvait retirer tout souvenir de leurs mains sur elle.
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyLun 1 Jan 2018 - 14:13

« Juste de l’eau s’il te plaît. »

J’acquiesce ; sur sa joue un dernier baiser, puis je m’écarte à contrecoeur. De l’autre côté du comptoir, au moins de la sens dans mon dos, côté salon ; presque l’impression de l’entendre respirer. Sa présence envahit tout l’espace, comble les vides laissés par toutes les nuits de solitude, à chercher le sommeil qui fuit, ou à le fuir moi-même, à m’enfiler des verres et des seringues ; les nuits de douleur, de peur, ou les nuits de rien — et comptent aussi celles passées à baiser, parce qu’elles aussi ne sont faites que de creux qui ne s’emboîtent pas.

De deux verres saisis, l’un rempli d’eau ; au dessus des bouteilles presque vides mes doigts hésitent. La conscience rattrape, un instant ; vague geste de recul. Mais je ne sais pas faire sans. L’alcool versé à mi-hauteur, je m’enfile la brûlure en trois gorgées qui me font tourner la tête — ça ne dure qu’une seconde, et puis le trouble se dissipe.
Hésitation, encore ; le corps et l’esprit en voudraient plus, se tuer et s’assommer, mais le coeur n’entend pas raison, lui s’éloigne vers une autre addiction — deux prunelles couleur ciel d’été qu’il voudrait voir de nouveau pétiller — et, bientôt, l’être tout entier se jette dans un même élan.
Je la rejoins, et mon verre est rempli d’eau.

Je lui tends le sien, en cherchant sur ses traits un reste d’éclat, rien qu’un débris de bonheur — mais l’autre a tout emporté ; laissée poupée brisée. Je voudrais l’entendre rire, dans mon esprit j’entends t’es pas assez ; dans ses yeux à elle, j’ai l’impression de l’être.
D’être capable — pour elle, d’être assez.
Tu pourrais être mieux.
Ce soir, je fais comme je peux.

« Dis, j’pourrais prendre une douche et t’emprunter des vêtements…encore ?
A condition que tu ne me demandes pas de te donner le montant que tu me dois sur la facture d’eau… Parce que ça non plus, tu ne le sauras jamais. »

Je dépose un baiser sur ses lèvres, clos la plaisanterie stupide — je ne sais plus quel est le ton juste, lequel il faudrait employer pour que rien ne sonne faux, que rien ne sonne vide.
Je fais comme je peux ; mais comme je peux c’est tellement peu — tellement rien, tellement bancal, la maladresse dans toutes les attentions.

« Je viens avec toi, je souffle, mon regard plongé dans le sien — je ne la laisse pas se dérober. C’est pas discutable. »

Tu ne seras jamais seule, ce soir.

Sa main dans la mienne, et nos pas jusqu’à la salle de bain ; dans notre dos la porte close, et sur ses épaules je fais glisser mon blouson pour les dénuder. Sous mes yeux, sur sa peau, des hématomes qui s’étendent sur le blanc laiteux de ses clavicules et de sa gorge. Du bout des doigts, j’effleure une épaule, et de ma bouche la seconde. En frôlements légers, je panse les contusions qui marquent son épiderme.

« T’es belle, Meera… »

Je m’en fous des bleus
je m’en fous de leurs mains ;
t’es belle sous mes yeux
t’es belle quand je t’aime.


Gestes lents et mille précautions, je défais les attaches de sa robe, qui cèdent sous mes doigts sans protester. Rien d’avide, rien d’indécent ; mes bras l’enlacent et contre sa tempe un baiser tendre.

« Tu me fais confiance ? »

Je n’attends qu’un signe d’approbation, vague ou plus assuré, et les fringues en bruits sourds s’éparpillent sur le carrelage de la pièce. Hors de portée du jet d’eau je tourne les robinets, et quand l’eau tiède, chaude juste comme il faut, coule sur mon bras, je m’y glisse tout entier puis attire la musicienne contre moi.
C’est cette même étreinte, encore ; douce et légère, qui retient sans emprisonner — la peur que le moindre de mes gestes lui rappelle ceux de l’autre, des autres. Et ce sont aussi ces mêmes baisers ; fugaces et volatiles, le temps d’un clignement de paupières — de mon goût à mesure effacer le leur, et la peur.

Dans l’esprit couleurs pastels, chaleur aimante — les questions viendront, les comment, les pourquoi ; je ne tiendrai pas au silence indéfiniment. Mais le temps d’un moment, havre de paix — pour elle, je voudrais, j’essaie ; je tamise les pensées parasites à l’arrière du décor, ne laisse au devant de la scène ce que je peux d’amour — de je suis là sans prétention.
Je fais au mieux ; et mon mieux ce soir, c’est ça.

Je suis là, et ce soir, cette nuit, je ne te lâche pas.
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptyDim 21 Jan 2018 - 1:42

» ghost
« STAY WOKE 'CAUSE THEY'RE CREEPING | ROMEO »
« À condition que tu ne me demandes pas de te donner le montant que tu me dois sur la facture d’eau… Parce que ça non plus, tu ne le sauras jamais. »

Un froncement de sourcil, parce que la vanne mit du temps à monter au cerveau, et un baiser fugace plus tard, Meera esquissa une risette. Elle aurait voulu lui dire « t’es bête » d’un ton attendrit mais les mots se refusaient à sortir de sa bouche –c’était comme si elle était sur le point de se remettre à pleurer, et qu’émettre le moindre son précipiterait les larmes.

« Je viens avec toi, son ton se fit plus sérieux subitement et elle eut une palpitation au cœur –non. C’est pas discutable. »

Elle voulait lui dire que non, qu’il ne fallait pas, qu’il ne devait pas la voir comme ça –elle voulait lui dire qu’elle ne voulait pas se montrer sous ses yeux dans toute sa misère et toute sa débauche, parce qu’elle haïssait tellement ce qu’elle était, là, maintenant, qu’elle préférerait se faire invisible et s’effacer de son regard. Pourtant pas un mot ne sortit de sa bouche et elle se laissa guider jusqu’à la salle de bain sans protester, sans émettre le moindre refus.
Est-ce qu’on ne laisserait pas les derniers barrages céder ce soir, Meera ?
L’adolescente détourna le regard quand la veste glissa de son son dos et que sa peau fut à découvert –elle avait honte, et elle avait peur de ce qu’elle pourrait lire dans ses yeux si elle se risquait à lever la tête. Elle ferma les paupières très fort pour empêcher les larmes de se faufiler en dessous et un frisson la secoua de la tête aux pieds lorsqu’elle sentit les caresses de ses lèvres et de ses doigts sur ses épaules –comme elle l’avait fait avec ses cicatrices la première fois qu’ils s’étaient abandonnés l’un à l’autre, il embrassait les bleus parsemés sur sa peau avec une tendresse et une douceur qui lui donnaient presque le tournis. Et au fur et à mesure que Romeo effleurait son épiderme, elle se sentait de plus en plus légère –comme si sa bouche et ses mains savaient laver la crasse invisible qui l’alourdissait mille fois mieux que l’eau brûlante qu’elle avait l’habitude de s’écorcher avec pour se sentir moins sale.

« T’es belle, Meera… »

Comment tu fais pour que j’arrive presque à te croire quand j’me déteste autant d’ordinaire, Romeo ? Comment tu fais pour que je parvienne à aimer mon prénom quand c’est ta voix qui le souffle à mon oreille et mon reflet quand c’est dans tes yeux que je le voie ?
Comment tu fais pour que j’arrive presque à m’aimer quand c’est toi que j’aime ?


« Tu me fais confiance ? »

Meera ne suivait plus, elle ne comprenait même pas de quoi il parlait, où il voulait en venir –elle acquiesça néanmoins, parce qu’elle avait tout de même saisi le sens de sa question et qu’elle avait finit par avoir une confiance presque aveugle en lui ces derniers temps ; même complètement déchiré et odieux il ne l’avait pas touchée la dernière fois, alors maintenant qu’il était à peu près sobre, l’idée ne lui effleurait même pas l’esprit.
Comme une enfant trop fatiguée pour faire le moindre geste, elle le laissa la déshabiller sans broncher, le regard toujours fixé par terre parce que sa propre nudité la gênait –il l’avait déjà vue nue, ils avaient fait bien plus que s’embrasser et s’observer, mais c’était différent, et il faisait nuit, et elle ne venait pas de se faire baiser par un autre pour du fric.
Elle frissonna lorsqu’il l’attira contre lui et que leurs peaux vinrent à se toucher –les souvenirs de l’autre fois émergèrent un instant dans son esprit avant d’être recouverts de nouveau par les idées sombres, définitivement bien dures à taire ce soir. L’eau chaude se mit à couler sur son corps, et les mains de Romeo en firent de même, toujours avec cette douceur qui la faisait frémir et lui redonnait chaud dans le ventre.
Dans ses baisers, elle voyait les jolies choses qu’il voulait lui montrer –et parce qu’elle ne voulait pas l’atteindre trop profondément avec ses propres démons, elle s’efforça petit à petit de les cacher sous le tapis.
Mais elle n’était pas assez forte pour ça ce soir, il suffisait d’un rien pour l’ébranler. Et cette fois ce fut la tendresse de Romeo qui fit céder le barrage de ses larmes une nouvelle fois.
Meera vint appuyer son front contre le cou du jeune homme et les mains crispées sur son torse, elle se mit à sangloter silencieusement, si bien qu’on n’entendait que le son de l’eau qui coulait, et ses respirations saccadées. Elle ne contrôlait plus rien ce soir, le masque fissuré avait volé en morceaux au moment où il était venu la défendre dans la ruelle.
Elle ne saurait dire combien de temps elle était restée là à lui pleurer dans les bras dans l’habitacle de la douche, à se caler progressivement sur le rythme de sa respiration et de ses gestes pour se calmer. Peut-être une minute, peut-être une heure –elle perdait toute notion du temps avec lui.

« Pardon, finit-elle enfin par murmurer quand les pleurs s’atténuèrent assez pour qu’elle puisse s’exprimer sans que la boule logée au fond de sa gorge ne lui fasse pas trop mal, je fais que pleurer… »

C’était qu’elle n’avait pas l’habitude de se laisser aller de la sorte devant quelqu’un d’autre que Saul. Longtemps, il avait été le seul témoin de ses larmes et de ses angoisses, si bien que se livrer à un autre avait encore quelque chose d’embarrassant, de perturbant –toujours cette peur au creux du ventre de décevoir ceux qu’elle aime vraiment.
Elle s’écarta légèrement, juste assez pour pouvoir lever la tête vers lui et rencontrer son regard, avant de revenir se fondre dans ses bras.

« Merci. »

Merci d’être là.
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MessageSujet: Re: ghost ❀ (romeo)   ghost ❀ (romeo) EmptySam 3 Fév 2018 - 15:45

Ce soir, cette nuit, je ne te lâche pas. Je te retiens du bout des doigts, au creux des bras ; je te retiens pour ne pas te perdre, que tu ne t’égares pas.
Je suis là, avec mes tocs, mes tics et mes travers ; je suis là, bancal et branlant, fragile mais ce soir solide, ce soir pilier — pour toi, juste pour toi, je tiens bon ; ne pas ciller.

Qu’importe comme t’essaies d’étouffer tes propres pensées, j’devine à chaque baiser les idées noires dans ton esprit — ça m’fait peur, ça m’terrifie, pourquoi t’as enduré ça toute seule, Meera ?
J’essaie de ne pas trembler — et c’est toi qui pleure, contre moi, sans un bruit ; et mes doigts dégagent ta tempe, mes lèvres y déposent un énième baiser, je caresse tes cheveux en gestes tendres, te berce presque. Silencieux, je resserre mon étreinte autour de son corps — et tu parais si frêle, ce soir ; t’ai-je jamais vue si désemparée ?

Les mains tremblent, et les coeurs à nu ;
j’voudrais avoir les mots — parle-moi, tu sais qu’tu peux tout m’dire
et si tu savais comme je t’aime
et si tu savais comme t’es belle —

Je perds le fil, c’est déroutant ; j’ai l’impression que tu te calmes, doucement. Les soubresauts de ton corps recroquevillé s’amoindrissent, ta respiration se dissout dans le tumulte clapotant de l’eau contre la céramique de la douche.
Ta voix, bientôt — et mon coeur qui s’emballe à l’instant.

« Pardon, je fais que pleurer…
On s’en fout… T’as le droit. »

T’as le droit de pleurer — t’as le droit de pas être si forte que t’aimerais, le droit de t’écrouler, le droit d’avoir mal ; t’as le droit d’être humaine et de ressentir, t’as le droit d’avoir tes failles, t’as le droit de tomber, de t’écorcher les genoux, si tu te relèves, si tu lâches pas.

Ouvre les vannes, casse-toi la gueule, j’m’en fous —
ce soir, quoiqu’il arrive, je te rattrape.

« Merci. »

J’ai pas les mots qu’il faut pour répondre ; me remercie pas, j’ai rien fait, rien de plus que t’aimer — et j’ai pas choisi, j’ai pas décidé que ce serait toi la prochaine à me faire tourner la tête, la première à m’faire ressentir un truc vrai, fort et qui m’fait du bien, du bien, pour de vrai. Me remercie pas, j’ai pas voulu, j’ai pas choisi — mais je regrette pas ; je regrette pas de t’avoir dans les bras, j’regrette pas la peur de te perdre, j’regrette pas l’inquiétude quand tu rentres seule le soir, j’regrette pas la rage contre les types qui te regardent, qui te touchent ;
j’regrette rien, et surtout pas le goût de ta peau sur mes lèvres, ton odeur de soleil et d’été dans mes draps, et le son de ton rire quand il se fracasse sur les murs de ma chambre, j’regrette pas tous ces moments où t’es là, et où tu rends ma vie un peu plus douce, et quand t’es dans mes pensées j’me dis qu’être dans ma tête c’est pas si mal dans le fond.

Ton visage en coupe entre mes mains, un baiser contre ta bouche et un sourire tendre pour étirer mes lèvres — pourquoi j’peux pas m’empêcher d’être heureux quand j’te regarde ?

« Tu vas être belle, demain, avec tout ce que t’as pleuré, tiens. »

Je ris, doucement ; j’essaie d’être le funambule maladroit qui saura faire oublier la peur, la douleur — rien qu’un moment, j’voudrais qu’ce soit toi et moi, et le monde en sourdine ; j’voudrais être capable — et te voir sourire.

D’un regard en biais, j’avise les bouteilles alignées contre le mur, me baisse pour attraper le shampoing ; une noisette au creux de la paume, puis tes cheveux mousseux entre mes doigts — du trop plein de nuage j’en dépose au bout de ton nez, embrasse tes lèvres sans étouffer le rire qui monte de ma gorge.

« Que tu es jolie, joli clown toute de bleu et de blanc faite. »

Que tu es jolie, Meera ; et ta peau de nacre et tes yeux d’éternité.
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