Mal mal mal mal mal ; j'ai mal et sommeil, et la colère qui me tient éveillée n'a plus le même effet - elle me ronge, c'est plus une source d'énergie, juste un putain de cancer, une tumeur qui s'étend encore et encore et me bouffe. J'vais tellement pas bien putain, j'suis pas habituée. Elle est passée où Junko, elle est passée où l'insouciante, la meuf débile mais qui (fait genre) s'en fout ? J'veux redevenir moi-même, j'veux me reposer un bon coup et tout ira mieux.
Tout ira mieux.
Quand ce poison sera loin de moi, que les échos de sa voix s'éteindront et que je pourrai oublier, juste oublier ; t'oublier.
(et puis un peu, aussi, m'oublier moi)
J'irai mieux quand tu seras loin, putain ; quand tu t'éloigneras et me laisseras tranquille. J'irai mieux dans ton silence, dans ton absence ; quand chaque molécule de mon être n'aura pas envie de pulvériser les tiennes. Quand la colère s'éteindra pour me laisser carcasse, quand je m'écroulerai enfin.
Oh que j'ai hâte.
Tu recules enfin et j'espères pendant un instant que tu vas continuer sur cette voie ; mais non, hein, t'es décidément trop con pour ça. T'es tellement trop con qu'après un pas en arrière vient un pas en avant, et que la colère vient de nouveau gonfler dans ma poitrine - et un peu de crainte aussi, de crainte d'un nouveau round que je ne suis pas capable de mener. Tu te baisses même légèrement et tous mes muscles sont en alerte (ou ils font ce qu'ils peuvent quoi), et ton contact fait office de décharge électrique ; j'essaie de me débattre, te repousser, alors que tu me redresses (qu'est-ce que tu fous ?) et me pousses doucement. J'essaies de me débattre, te pousser, te taper, mais c'est là que je constate bien tristement mes limites - jsuis molle et j'arrive à rien, c'est insupportable. Tu me pousses jusqu'au monde et pendant un moment, j'me dis que tu veux juste exposer ton trophée aux yeux de tous ; alors j'te lance un nouveau regard hargneux, colérique et - quoi ? Je reconnais pas ce regard. Je reconnais pas ce sourire non plus. Presque... Triste ?
Quoi, tu t'fous d'moi ?
“Allez, tu as qu’à rentrer chez toi et te dire que cette rencontre ce soir n’en valait pas la peine.”
Cette rencontre… n'en valait pas la peine ? Mais à quel putain de moment j'ai eu l'air de penser le contraire !? Tu sais quoi ?
“Ouais, c'est ça. Dégage.”