Dissimuler ses sentiments, c’est ce que Tenshi a appris dès son plus jeune âge. Dans le clan Miyazaki, les hommes ne sont pas autorisés à montrer ce qu’ils ressentent au reste du monde. Ils se doivent d’être forts, inébranlables et de dissimuler leurs émotions au plus profond d’eux-mêmes, comme dans un coffre-fort blindé. Autant dire qu’à l’époque, ce n’était pas facile pour le petit garçon qu’il était alors. Mais aujourd’hui, l’endoctrinement a fait son effet et il est bien difficile de lire une quelconque émotion chez lui. On se demande même parfois s’il ressent quelque chose, ne serait-ce qu’à l’intérieur de lui-même. Sans doute que oui, après tout les humains ne seront jamais des robots ou des zombies, mais il est vraiment difficile de le savoir ou même de le deviner au quotidien.

Il aime beaucoup ses élèves, mais ces derniers pensent sans doute le contraire à force de voir son visage fermé et de subir ce qui pourrait être qualifié de pur sadisme, bien que ce ne soit pas le cas en réalité. Les purs inconnus doutent encore plus et certains se demandent même s’il est humain. Même son entourage le plus proche, que ce soit ses collègues de boulot, ses amis ou sa famille ne savent pas toujours si quelque chose d’autre que purement physique se trouve à l’intérieur de ce corps qui semble si vide aux yeux d’autrui. Les personnes qui ne doutent jamais de ça se trouvent probablement sur les doigts d’une seule main. Alors nul doute que les hommes de son clan sont fiers de lui, aussi triste ce soit pour les personnes extérieures.  

Mais Tenshi ne souffre pas vraiment de cette situation. On peut même se demander s’il y a déjà réfléchi. Sans doute que oui, quand il était un gosse qui prenait tant de plaisir à ressentir des choses et qui trouvait ça étrange qu’on le lui interdise, surtout quand maman lui disait que c’était mal d’enfermer ses émotions. Mais cela fait tellement longtemps maintenant qu’il y est habitué, contraint qu’il a appris à vivre avec. Et peut-être même qu’il ne sait plus comment faire autrement. Les très rares fois où il se laisse aller, en compagnie de sa mère ou des quelques autres personnes qui comptent le plus pour lui, il en est comme déstabilisé, paumé, comme si esquisser un sourire, ressentir de la joie, de la tristesse, de la colère ou de la peur lui était inaccessible. Pourtant, nul doute qu’il ressent quelque chose et ces rares instants sont là pour le prouver.

Tout comme cacher leurs sentiments est important, la politesse est une valeur sûre des Miyazaki. Certains diraient même qu’ils sont coincés. Ainsi, Tenshi tutoie rarement les autres et les rares personnes qui ont droit à son « tu » sont ceux dont il est le plus proche, et ce plus dans un sens relationnel qu’un lien de sang. Il vouvoie par exemple son grand père paternel qui l’a pourtant élevé en même temps que ses parents, comme le veut la tradition familiale. Mais il tutoie sa mère dont il a toujours été très proche ainsi que ses amis les plus proches. Ses élèves ont droit au vouvoiement comme les collègues s’ils ne font pas parti de son cercle d’amis le plus intime et les inconnus, bien entendu. Ce n’est qu’une des nombreuses manières dont sa politesse japonaise s’exprime.

Il retire également ses chaussures avant d’entrer dans les maisons, qu’elles soient japonaises ou occidentales et préfère largement s’incliner ou incliner la tête devant quelqu’un pour le saluer que de lui serrer la main. Et encore moins lui faire la bise ou le prendre dans ses bras, à moins d’être très intime avec cette personne. Vous l’aurez compris, il existe des tas de règles qu’il respecte scrupuleusement comme on les lui a enseigné depuis sa plus tendre enfance. Ne soyez donc pas surpris s’il est un peu coincé et rigide devant vous ou qu’il vous vouvoie alors que vous n’avez pas vraiment l’âge. Les valeurs du clans sont toutes importantes à ses yeux, autant parce qu’elles sont ancrées en lui que parce qu’il y croit, du moins pour la plupart.

Il est donc très respectueux des traditions japonaises et du clan. Ainsi, il aime jouer au shogi, la version japonaise des échecs et pratique également le judo, un art martial japonais, ainsi que le tir à l’arc. Il aime également porter des kimonos et autres vêtements traditionnels, ne soyez donc pas surpris de le voir avec plutôt qu’avec des tenues plus modernes et occidentales. Il est même capable de venir en cours avec des sandales anciennes en bois plutôt qu’avec des baskets. De toute manière, ce n’est pas lui qui court le plus... Il possède également un faucon de compagnie dressé comme ceux des fauconniers en Mongolie.

Malgré son inexpressivité habituelle, on peut dire que Tenshi est un homme charismatique. Beaucoup de filles et même d’hommes se retournent sur son chemin, il faut dire qu’il est plutôt bel homme et qu’il a beaucoup d’allure. Son regard perçant bien qu’intimidant fascine beaucoup de monde, surtout quand il est rendu écarlate par des lentilles de contact. Une aura de mystère, de charisme et de force tranquille semble lui coller à la peau constamment. Sa grande confiance en lui et sa force tranquille ne font que renforcer cette impression. On peut sans conteste dire qu’il attire l’attention qu’il le veuille ou non. Pourtant, il sait également être discret et se faire oublier des uns et des autres quand il l’a décidé. Ce qui est assez pratique dans certaines circonstances.

Notre homme a également une grande confiance en lui. A un tel point que certains pourraient la confondre avec de l’arrogance. Tenshi connaît parfaitement ses limites tout comme ses qualités et ses défauts. Il sait donc avec précision ce dont il est capable et n’a pas peur de le dire. Alors, oui, parfois, on peut le qualifier d’arrogant et il vous prendra peut-être de haut s’il vous méprise pour une raison ou une autre, mais il ne se vantera jamais sans raison ou sans être sûr d’avoir raison justement. Si notre corbeau affirme quelque chose, c’est incontestablement vrai. Et tant pis si cela ne plaît pas à tout le monde, il ne fait que dire la vérité et c’est bien connu, la vérité blesse plus que les mensonges.

C’est quelqu’un d’assez solitaire à cause de sa froideur apparente qui ne pousse pas vraiment les gens à le fréquenter, mais également parce que la solitude ne le dérange pas le moins du monde. Ainsi, son cercle de véritables amis est assez petit, mais c’est plus parce qu’il considère qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. Il choisit donc ses proches avec soin, même si son réseau de connaissances est plus étendu en dehors du cercle d’intimes pour des raisons évidentes. Ne serait-ce que dans le cadre du travail ou de son clan. Malgré le fait qu’il apprécie la solitude ou à défaut la présence de peu de personnes autour de lui, il sait parfaitement travailler en équipe si cela s’avère nécessaire. Tout comme il sait apprécier la compagnie de sa mère et de ses proches à leur juste valeur. Néanmoins, ne vous étonnez pas si vous le voyez peu souvent ou peu de temps à chaque fois, c’est dans sa nature même d’être solitaire. D’ailleurs, il n’est pas vraiment à l’aise dans la foule ou des endroits bondés sans en être phobique pour autant.

On peut avoir du mal à le croire, mais Tenshi est quelqu’un qui peut se montrer particulièrement calculateur. Il a beau avoir des principes qu’il respectera toujours quand il le pourra, il aime également atteindre ses objectifs. Ainsi, s’il s’avère nécessaire qu’il manipule quelqu’un ou qu’il se montre retord et fourbe pour les atteindre, il n’hésitera pas longtemps avant de le faire. Son sens de l’honneur ne passe pas forcément avant la réussite de ses objectifs ou de ses missions, malheureusement. Néanmoins, rassurez-vous, il fera toujours en sorte de combiner les deux et les fois où il doit oublier complètement son sens de l’honneur sont bien rares. Il déteste mentir par exemple alors il fera tout pour ne pas avoir à le faire, même si ce n’est malheureusement pas toujours possible d’être honnête.

Particulièrement rusé et stratège, il est assez doué pour créer des plans qui réussissent au final. Notre Miyazaki est aussi un homme très réfléchi qui normalement ne foncera jamais tête baissée. Il prendra toujours le temps de réfléchir, ne serait-ce que quelques secondes si la situation est urgente, avant de prendre une décision ou de faire une action. Mais parfois son corps bouge avant qu’il ait pu réfléchir et il déteste tout particulièrement ce genre de situations. Tout comme il déteste quand quelqu’un d’autre agit avant de réfléchir, que ce soit ses élèves pendant les cours ou en dehors, ses collègues ou n’importe qui d’autre. Ne vous étonnez donc pas si vous avez droit à un sermon à ce sujet...

En parlant de superviser, il est assez doué pour ça en dépit des apparences. C’est un très bon professeur de sport, bien que très exigeant avec ses élèves qui sortent complètement épuisés de ses cours. Enfin, le sport c’est bon pour la santé et ils ne sortent pas non plus sur des civières. Il a une réputation de sadique au sein de l’Académie, mais ses élèves le considèrent quand même comme un bon prof. Très exigent avec eux, mais toujours juste et qui prend toujours en compte leurs capacités. Il ne forcera jamais l’un d’eux à faire quelque chose s’il ne l’en croit pas capable et cette confiance en eux les motive toujours beaucoup. Mais ce n’est pas le seul domaine dans lequel il est bon. Les rares fois où il supervise les retenues ou les cours de rattrapages et autres du même style, il se montre un très bon enseignant qui s’investit pour ses élèves ne serait-ce qu’en prenant le temps de leur expliquer sans les critiquer. Et peut-être que ses capacités de mentor se révéleront utiles pour d’autres choses que l’enseignement à l’Académie dans le futur...

D’ailleurs, s’il est très exigent avec les élèves il l’est également avec les autres comme avec lui-même. Depuis qu’il est tout petit, on l’a été avec lui et on lui a montré que c’était important d’avoir de la discipline. Il reproduit donc la chose avec lui-même et avec les autres. Il ne comprend pas quand on lui dit de relâcher prise ou de laisser quelqu’un tranquille. Car après tout ça part d’une bonne intention de sa part, en tout cas quand il l’est avec quelqu’un d’autre. Plus il est exigent avec vous, plus vous pouvez être convaincu qu’il vous aime bien. Même si c’est une étrange façon de montrer son affection, on est d’accord. Ne vous inquiétez pas, il le sera toujours plus avec lui-même. Et on peut même dire qu’il est strict quand il s’agit de sa personne...

Ceux qui le connaissent bien savent que Tenshi aime bien être sarcastique. Notamment, quand il est suffisamment à l’aise et détendu pour laisser tomber sa façade habituelle. En dehors des moments où il se retrouve avec ses proches, cela arrive à l’Académie avec ses élèves ou certains collègues. Vous risquez donc de vous prendre une remarque ou deux si vous faites parti de ces catégories de personnes, mais c’est presque une autre marque d’affection de sa part donc soyez tranquille. Avec les inconnus ou les personnes qu’il connaît moins bien, cela arrive plus rarement.

Notre ange est quelqu’un de très tenace. Que ce soit de part son excellente condition physique - en même temps c’est un prof de sport, vous vous attendiez à quoi – ou grâce à son mental d’acier. Il est très résistant à la douleur, à la fatigue aussi bien physique que mentale et si son mental résiste son corps en fera sûrement de même. Bien sûr, il n’est pas un surhomme pour autant, mais comme il est passé à travers les épreuves imposées par son clan à sa majorité on peut dire qu’il est sûrement meilleur que bon nombre d’humains dans le domaine de la ténacité.

Pour finir, comme je l’ai déjà évoqué, Tenshi a un très sens de l’honneur et de la justice. Autant vous dire que travailler  à l’Académie ne l’enchantait guère à l’origine tant il abhorre le système des sponsors. Entraîner de futurs super héros et même super vilains ne lui plaisait vraiment pas au début. Mais il faut bien gagner sa croûte. Et puis, à force, il s’est rendu compte qu’il s’était attaché à ces gamins et qu’il préférait leur donner une chance de survivre à ce système en les rendant plus forts et résistants, ne serait-ce qu’un peu que de les laisser se débrouiller seuls. Parfois, il faut savoir faire preuve de sacrifice pour atteindre ses objectifs et respecter ses convictions. Et ça, Tenshi l’a appris à ses dépends. Désormais, nul doute qu’il est prêt à se sacrifier pour une cause plus noble que sa simple vie...

Tenshi contemplait le paysage à travers la fenêtre de sa chambre. Il avait toujours eu une vue impeccable sur les jardins du manoir. Enfin, manoir... Cela ressemblait davantage à une maison traditionnelle japonaise qu’à un manoir anglais. La taille était probablement la seule ressemblance entre les deux. Le jeune homme se surprit à esquisser un sourire, chose suffisamment rare pour être soulignée.

Il aimait la sérénité des lieux, il s’y était toujours senti bien. Peut-être qu’il avait voulu fuir l’endroit quand il était plus jeune, il ne se rappelait pas vraiment, mais maintenant il s’y sentait suffisamment bien pour vouloir rester. Peut-être plus que parce que c’était ici qu’il vivait depuis toujours. Cette famille, sa famille était son pilier, la seule chose qui le rattachait à cette terre.

Et pourtant, au fond de lui, il désirait probablement autre chose. Il en avait peut-être marre de nier l’évidence, de nier la vérité, nier ce qui était nécessaire. Faire tomber le système. Celui des Miyazaki, celui d’Astrophel. Changer le monde en somme. Son monde.

Sans qu’il ne le contrôle vraiment, l’esprit de Tenshi dérapa et se plongea dans ses souvenirs, les souvenirs d’une vie décidée dans ses moindres détails ou presque par autrui. La mémoire de sa vie...

Sa mère était une ancienne actrice japonaise à la mode et son père l’héritier de la famille Miyazaki dont les membres étaient des forgerons et maîtres d’arme de renom depuis la nuit des temps. Leur rencontre avait été improbable et leur mariage l’était encore plus. Mais c’était arrivé et Tenshi était né de leur union.

Il avait vécu ses premières jeunes années avec eux deux, mais dès ses quatre ans on l’avait arraché à sa mère pour qu’il soit élevé par les hommes de la famille comme le voulait la tradition ancestrale des Miyazaki. On pensait que les enfants élevés par leurs mères et les femmes en général devenaient faibles et incapables à force d’être trop gâtés, trop choyés, trop aimés.

Yuki savait depuis longtemps que ça se passerait ainsi et elle l’avait accepté par amour pour Masato, mais la séparation fut déchirante pour la mère comme pour le fils. Heureusement, ils pouvaient se voir de temps en temps, mais certainement pas aussi souvent que ce qui était normal dans d’autres familles moins strictes et plus modernes.

Très vite, on apprit d’innombrables choses à Tenshi au fil des années. Sa langue bien sûr, mais également l'anglais, les mathématiques, l'histoire, la géographie et différentes formes d'art. On lui enseigna comment bien se comporter en société, à maîtriser ses émotions, à forger une arme et à se battre avec. Ce n'était cependant pas tout, il apprit le tir à l'arc, à jouer au shogi, à pratiquer les arts martiaux.

Les moments de liberté et de répit étaient très rares et les seuls moments que le garçon considérait vraiment comme tels étaient ceux qu’il passait avec sa mère. Ils étaient suffisamment rares pour en être infiniment précieux. Ensemble, ils aimaient partager le récit de leurs journées et de nombreuses petites anecdotes qu’ils regrettaient de ne pas pouvoir vivre ensemble. Mais Yuki l’incitait également à se confier, à parler de ses émotions, à les ressentir, ce qui devenait de plus en plus dur au fil des années.

Le conditionnement dans lequel on le mettait au quotidien portait malheureusement ses fruits et la mère désespérait de plus en plus de garder son fils tel qu’il était depuis le premier jour. Les sourires, les éclats de rire, l’étincelle dans son regard se firent de plus en plus rares. Son visage était de plus en plus fermé au fil des années. Oh, les émotions, il les ressentait toujours au fond de lui, mais il ne savait plus comment les exprimer et elles étaient de plus en plus enterrées au fond de son esprit.

Le jour où on inscrivit dans sa chair les tatouages du clan, il ne pleura pas une seconde et accepta la douleur sans crier, se contentant de serrer les dents à s'en faire saigner. Sa mère était contre cette tradition ancestrale qui prouvait l'appartenance de chaque Miyazaki au clan, mais nul n'y échappait et Tenshi se sentait fier quand son père décréta qu'il était l'un des leurs désormais.

Tenshi n’était pas malheureux. Il n’était pas battu même si les entraînements aux armes et aux arts martiaux étaient parfois un peu brutaux. Il mangeait à sa faim et avait un toit. Il ne voyait peut-être pas sa mère aussi souvent qu’ils l’auraient voulu tous les deux, mais il la voyait quand même.

Non, Tenshi n’avait pas encore vraiment conscience qu’on essayait de faire de lui quelqu’un d’autre que ce qu’il était vraiment. Malgré l’inquiétude qu’il lisait parfois dans le regard de sa mère quand elle le regardait et les discussions à voix basse entre son père et celui de ce dernier.

Un jour, cependant, il eut la première dispute de sa vie avec quelqu’un. On voulait le marier avec l’héritière d’un autre clan influent de la région pour enterrer un vieux conflit entre leurs deux familles. Mais Tenshi ne s’intéressait pas aux filles et il pensait avoir plus important à faire que de jouer les maris aimants et fidèles.

Heureusement, il était suffisamment calme pour qu’on écoute ses arguments. Il avait peut-être un peu élevé la voix au début, mais son ton était vite descendu devant le regard incandescent de son grand-père. Désormais, il était respectueux et s’efforçait de jouer avec la corde sensible du chef, à savoir les intérêts du clan.

S’il voulait un jour prendre sa succession et celle de son père, il devait continuer d’apprendre et n’avait pas de temps à perdre. Il pourrait toujours se marier plus tard, quand il serait temps. Même s’il ne le pensait pas vraiment car le mariage même arrangé ne l’intéressait vraiment pas.

Au final, un de ses cousins fut choisi pour le remplacer et tout finit bien. Mais il paya quand même son affront le soir-même et se retrouva enfermé dans sa chambre pendant trois jours sans nourriture, histoire de marquer le coup. Ce genre de rébellion ne devait pas se reproduire, après tout.

Mais malheureusement cela arriva quand même, bien que ce soit involontaire. Un jour alors qu'il se battait au corps à corps avec un cousin sous le regard vigilant de son père, Tenshi sentit une curieuse sensation dans ses mains. Il ne comprit pas ce qui se passait avant que l'autre ne hurle de douleur et que son père se précipite vers eux.

Effaré, le fils Miyazaki baissa les yeux sur ses paumes qui suintait une étrange substance violette qui se voyait également sur le torse de son cousin qui présentait désormais des brûlures conséquentes. Comme si quelque chose avait rongé sa peau comme un acide. Comme du poison. Son pouvoir venait de se manifester pour une raison connue de lui seul.

Un pouvoir bien embêtant à gérer et que Tenshi dut apprendre rapidement à contrôler. Ce ne fut pas facile et il fit fondre beaucoup de choses pendant son apprentissage, évitant tout contact physique pour éviter que d'autres se retrouvent avec des cicatrices comme son cousin. Heureusement qu'il avait eu le réflexe de retirer ses mains aussitôt...

Mais finalement, après de longs mois, il réussit à maîtriser sa faculté. Cependant, par mesure de précaution, il décida de porter des gants faits d'un matériau spécialement conçu pour résister à ce genre de substance qu'il fit créer à un prix de fou chez un artisan spécialisé en matériel de ce genre. Depuis lors, il les porta jour et nuit, refusant de se servir de ce don maudit à moins de ne pas en avoir le choix.

Quelques mois plus tard, le chef du clan décida pour une raison qui n’appartenait qu’à lui d’envoyer certains des siens aux Etats-Unis, dans une ville du nom d’Astrophel. Le père de Tenshi devait apparemment vendre des armes forgées de leurs mains là-bas et son fils unique fut choisi avec d’autres pour l’accompagner.

La séparation avec sa mère fut quelque peu dure, mais ils n’avaient pas vraiment le choix et comme d’habitude Tenshi ne montra pas aux autres qu’il en souffrait. Les émotions étaient complètement bannies maintenant qu’il n’était plus un enfant.

La ville d’Astrophel changeait beaucoup de Kyoto, mais c’était une belle ville à sa manière. Tenshi n’était cependant pas tant habitué au moderne et il en fut un peu déconcerté au début. Il se concentra à sa tâche, à savoir aider son père à trouver des acheteurs et cela lui permit d’éviter d’être trop distrait.

Les jours, les semaines et les mois passèrent. Bientôt, Tenshi demanda à rester à Astrophel plus longtemps et étonnamment sa demande fut acceptée. A croire que son bon comportement jouait en sa faveur. On lui donna même l’autorisation d’entreprendre des études dans une école, maintenant qu’il n’avait plus besoin de précepteur.

Il entreprit donc de faire des études pour devenir professeur d'éducation physique à l'Académie de la ville. Enseigner lui plaisait étrangement, à croire qu'il était plus pédagogue que ce qu'on aurait pu penser de lui. Sa famille aurait certainement voulu qu'il ait un job plus à la hauteur de son rang et de son nom, mais ne fit cependant pas de scandale pour autant.

Quelques années passèrent encore et finalement une partie de sa famille le rejoignit pour s’installer elle aussi à Astrophel. Même son grand-père avait fait le déplacement pour voir où vivait son petit-fils et surtout le voir recevoir son diplôme.

Les adultes Miyazaki obtenaient souvent plus de liberté au final que les enfants car on les estimait suffisamment conditionnés pour prendre le risque de les voir s’éloigner. Ils ne risquaient pas d’oublier leur clan et d’afficher leurs émotions après des années passées à leur répéter les vraies valeurs et les lois du clan.

Ainsi, Tenshi s’installa dans un appartement près du campus de l’Académie dans lequel il allait bientôt faire sa rentrée en tant que professeur. Son grand-père avait fait construire une maison en banlieue qui était presque la copie informe de celle de Kyoto pour avoir l’impression d’être chez lui. Bien sûr, son fils et sa belle-fille s’installèrent avec lui à sa demande. Et Tenshi était convié au moins une fois par semaine à leur rendre visite pour que le patriarche s’assure qu’il restait conforme à l’image de petit-fils parfait qu’il avait pour lui.

Le temps passa encore. Aujourd’hui, Tenshi a vingt-trois ans et est un professeur de sport à l’Académie. Il a toujours du mal à exprimer ses émotions, mais il savoure sa nouvelle liberté et est devenu conscient de l’erreur qu’est le système d’Astrophel qu’il méprise totalement. Et peut-être même qu’il prend petit à petit conscience de l’erreur qu’est également le système de son clan...