Il y avait le sourire qui poussait à vivre, les mains tachés du sang des morts.
Histoire;
La vie ? Dans le fond, c’est peut-être quelque chose d’horriblement instable. Il faut un rien parfois, juste un petit truc idiot, pour que tout bascule. Des fois, cela peut être positif c’est vrai. Mais la plupart du temps, la vie des gens basculent pour les faire sombrer. Dans mon cas ? Je me dis que j’ai de la chance, en vérité. Après tout, j’ai des gens que j’aime, une famille super avec une grande sœur sans laquelle je ne saurais vivre. Un toit bien chaud, une scolarité qui fait qu’un jour, j’aurais un avenir. C’est que j’en ai un, d’avenir, ça c’est certain. Mais j’ai beau avoir cette vie parfaite, « normale », à chaque fois que je regarde les gens autour de moi, je me dis que tout n’est qu’un horrible mensonge dissimulant ma vie teintée de rouge.
Je n’avais rien d’exceptionnel pourtant, avant. J’étais qu’une gamine insouciante comme la plupart, le genre de gamine qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui souvent se battait avec ses camarades un peu trop pénible. Le genre pourtant qui écoutait en cours, qui avait de bon résultat et faisait la fierté de ses parents. Une gosse de riche certes, mais on l’était tous dans notre école privée, alors il n’y avait aucune jalousie ni même inégalité dans cette école. J’aimais les cours, depuis toute petite, même si il fallait avouer que là où j’étais le plus douée était en sport, comparé à la science.
J’en restais pas moins la fierté de mes parents, et le modèle de mon petit frère. Je l’aimais beaucoup lui aussi, malgré nos 3 ans d’écarts. Je voulais être la soeur parfaite, qui si il avait des problèmes serait toujours là quand bien même j’étais une fille et lui un garçon. Bien qu’il soit vrai que malgré tout on se chamaillait souvent pour un oui ou pour un non. Mais je l’aimais, vraiment.
En vrai, la seule chose qui pourrait me rendre un peu près moins banal, c’est mon pouvoir. Voir plus loin que les autres, c’est drôle des fois et vraiment pratique ! Bien que ça me file des maux de tête terrible, le détail le plus embêtant. Il m’a fallu un moment pour réaliser qu’il s’agissait d’un pouvoir, non d’une chose normale alors que les yeux des autres ne voyaient qu’à une distance limité, que je pouvais franchir d’un simple mal de crane.
Ma passion de la photo et du journalisme, elle m’est venue depuis toute petite. De la curiosité au début, quand je voyais les gens à la télé, quand mes parents prenaient des photos de nous enfants. Une simple curiosité, qui m’a poussé à écrire ce que je voyais et qui m’intéressait, le tout à côté de photos plus ou moins bien faites de ma main, dans des carnets qui se remplissaient vite. C’était drôle à faire, pour moi, avec le temps j’ai même fini par écrire ce que je pensais des gens, ce que je savais sur eux et ce que je voulais apprendre. Et que je finissais par apprendre même, pour certains.
Pour combler un peu plus cette vie heureuse, j’ai même fini par rencontrer Lyria. Une gamine assez blasée enfant, c’est drôle de voir comment elle est devenue sociable depuis, même si je sais très bien que ce n’est qu’un genre qu’elle se donne. Il n’empêche que moi, j’ai réussis à faire d’elle ma meilleure amie, une des seules personnes qui sait comme elle est en vérité. Mais qu’importe le présent, ce qui compte pour le moment est le passé non ? Alors je l’ai rencontré, à l’école, tout simplement parce qu’on était toutes les deux à devoir attendre nos parents à cause de cours annulé à la dernière minute. On a parlé tout naturellement, et j’ai même eu le droit à une remarque sur mon prénom qui l’a fait rire, pas moi.
Ah oui, mon prénom. July, juillet, faut croire que mes parents n’avaient pas d’inspiration pour m'appeler par mon mois de naissance. Même si eux, ils m’ont dit que c’est uniquement parce que pour eux c’était le mois le plus important de leur vie, leur premier enfant qu’ils ont eu et dont ils seraient toujours fiers quoi qu’il arrive. Moi, ça me rendait heureuse de l’entendre. Alors oui, je n’étais qu’une gamine qui n’avait rien d’exceptionnel, qui à l’époque vivait de lumière et de bonheur.
C’est fou, j’ai l’impression que tout s'apparente à un vulgaire film sans intérêt, auquel je ne suis même plus attachée. Pourtant, si je le pouvais j'appuierais avec plaisir sur le bouton « pause » pour que tout s’arrête à cet instant précis.
Ma « vie », elle a « commencée » lors de ce drame. On avait quelqu’un pour nous garder, mon frère et moi, qui était gentil et qui prenait soin de nous quand nos parents n’étaient pas là, quand bien même je jouais à la fière qui voulait se débrouiller toute seule, chose ridicule en soi car même maintenant je suis incapable de me faire à manger. Mais je l’aimais bien, oui, il était adorable avec nous et ne paraissait pas du tout être pourvu de mauvaise attention, en une année passée avec nous. Peut-être que j’étais naïve, qu’il avait tout prévu dès le départ ? Ou que les choses ont sombrés pour lui au point qu’il ne pouvait plus raisonner sans dépasser la ligne rouge. Toujours est-il, que cette personne a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Le remercier pour ça ? Même moi, je ne sais pas si je dois le faire ou non.
A l’époque, je n’avais qu’une hâte : Celle d’atteindre mes 12 ans, qui devait arriver dans un peu moins de deux mois. Celui d’intégrer l’académie d’Astrophel aussi, avec Lyria, une promesse un peu ridicule peut être ? C’est aussi l’année où je prenais de plus en plus conscience de la richesse de ma famille. Après tout, mon père avait une belle carrière de procureur derrière lui, ma mère quant à elle était une psychologue reconnue. C’est là que je l’ai rencontré pour la première fois, quand bien même c’était un ami de longue date de mes parents, mais en tout cas malgré qu’avec papa il soit « rival » dans leur travail, cela ne l’empêchait pas d’être ami avec lui. Oui, j’ai rencontré Daisuke Nori bien avant qu’il ne m’adopte.
- Si jamais il arrive quelque chose appelle le July, d’accord ?
Papa avait confiance en lui, alors j’ai accepté. Et puis il est vrai qu’il m’a paru tout de suite agréable, la première fois que je l’ai rencontré. Gentil et poli, quand bien même je ne l’ai pas vu très long, plus préoccupé à l’époque à me rendre dans ma chambre pour lire les magazines qui m’attendaient ainsi que ma tranquillité. L’âge bête et ingrat ? Surement, mais je n’étais pourtant pas l’enfant la plus difficile à l’époque, me semble-il. Toujours est-il que oui, il inspirait la sympathie à l’époque. Et qu’il m’a aidé, ce soir devenu mon pire cauchemar.
C’était une journée normale, une journée sur le point d’être terminér alors que mes parents nous ont annoncé que le soir même qu’ils devaient nous laisser. Ce n’était pas la première fois, alors il n’y avait rien de bizarre à cela et avec mon frère nous avons été respectueux comme toujours auprès de l’homme qui nous gardait. Bien qu’en vrai, j’avais pris la décision de dormir bien plus tard qu’il nous l’avait demandé pour profiter de mon ordinateur dans mon lit, en discret. Peut-être que c’est cette « bêtise » qui a tout causé, parce que je ne dormais pas comme j’étais censée le faire ? Même si j’ai toujours eu le sommeil léger, qu’un rien me réveille souvent, peut être que si je n’étais pas réveillée dès le début les choses auraient été moins horribles.
Il n’y avait que des cris, au départ, tard dans la nuit. Des cris assez éloignés car ils venaient du l’étage en dessous, mais le fait que j’étais à moitié réveillé devant mon ordinateur m’a permis de les entendre. Alors je suis sortie de la chambre, légèrement effrayé et intriguée par ces voix que je reconnaissais un peu près. Je n’avais pas pensé un instant, qu’ouvrir la porte réveillerait mon petit frère qui dormait juste à côté de ma chambre.
- Grande sœur ?
J’ai frissonné un peu, me retournant vers lui qui ne paraissait pas du tout réveillé, alors d’un doigt sur ma bouche je lui ai ordonné de ne pas faire de bruit. Tous les deux, nous avons descendus le plus discrètement possible les escaliers, et nous nous sommes approchés du salon.
- Je vous ai dit de reculer ! RECULEZ !
Une voix que nous pouvions facilement reconnaitre, cela nous a tous les deux intrigués d’entendre notre nounou hurler. Puis il y avait d’autres voix demandant à ce qu’il se calme, qu’il pose l’arme qu’il tenait. La voix de mes parents, sans en douter un instant. J’ai fini par regarder par la porte, à moitié ouvert pour y distinguer rapidement les trois formes qui étaient tel que je le pensais, mais mon regard c’est agrandi à la vue de l’homme tenant une arme à feu dans sa main. Je crois que papa et maman essayaient de le calmer, mais la vision de mon frère entrant dans la pièce m’a surprise au point de ne pas faire attention au reste.
- Papa, maman ?!
Juste sa voix qui ne demandait qu’à comprendre, avant que je vois l’homme prendre peur de cette présence trop soudaine. Des coups de feu, avant que je vois mon cadet tomber devant moi, que j’entende ma mère crier. Puis, il y en a eu de nouveau, et cette fois-ci ce sont mes parents qui sont tombés devant mes yeux figés sur cette scène.
Je n’ai pas réussis à bouger, alors il a fini par me voir une fois que lui a réalisé ce que la panique l’a poussé à faire. J’ai eu peur, j’ai reculé et lui me regardait avec de gros yeux. Un murmure que je n’ai pas pu entendre, et il s’est approché rapidement de moi qui aie fini par m’enfuir dans un cri, car il pointait l’arme sur moi. Je courais, ne sachant où aller. Je crois qu’un instant, j’ai voulu aller à l’étage m’enfermer dans ma chambre incapable de réfléchir à quoi que ce soit. Je courais juste, montant à toute vitesse les escaliers.
Sauf que la peur m’a fait me prendre les pieds, et je suis tombé une fois les escaliers atteint tout en haut. J’ai voulu me relever au départ, sauf que les bruits de pas près à me rejoindre ne m’ont fait que reculer, un peu, devant l’homme qui a pointé de nouveau l’arme sur moi. Malgré l’horreur que je pouvais lire dans ses yeux, depuis le début.
- Je ne peux pas te laisser en vie, je ne dois pas finir en prison. Mes petits ont besoin de cet argent et de moi, pour guérir. J’ai besoin de cet argent, pour l’hôpital ! Je ne peux pas te laisser en vie !
- LAISSEZ-MOI !
Je ne réfléchissais pas non plus en lui donnant ce coup de pied, qui lui a fait lâcher son arme. Une chance, je m’en suis saisi sans la moindre hésitation en recommençant à reculer, le pointant.
- Partez ! Partez…
Il ne m’a pas écouté, il s’est approché de moi pour finir son travail. Alors j’ai tiré, de peur. En vrai je ne pourrais pas dire si j’ai réussis à le toucher vraiment, mais toujours est-il qu’il a reculé sur le coup de la surprise. Et puis, il a glissé dans l’escalier, dans un bruit sourd.
Il m’a fallu un moment, dans lequel j’étais figé sans pouvoir bouger, avant que je ne l’appelle en m’approchant un peu des marches. Mais le silence qui suivit m’a poussé à descendre lentement les escaliers, l’inquiétude au ventre. J’ai prononcé son nom une seconde fis, mais toujours rien. Puis, il m’a fallu peu de temps pour que je vois son corps tout en bas, la tête en sang. Il m’a fallu quelques secondes, sans que je remarque que j’ai fait tomber l’arme, pour que j’approche, que je le touche pour ainsi comprendre que sa chute lui a été fatale. Il m’a fallu quelques secondes, pour que les larmes montent tandis que son sang se trouvait sur mes mains, et que je m’entende hurler.
Je ne pourrais pas vraiment dire combien de temps je suis resté ainsi, blottit contre moi-même avec cette vision bien trop horrible devant les yeux. J’étais toute seule, sans personne à parler, demandant à l’aide car je n’arrivais rien à faire d’autres. Parce que j’allais trop mal, et qu’il m’a fallu un moment avant de me lever pour me décider à approcher le téléphone. Au départ, je voulais appeler la police, mais les conseils de mon père me sont revenus en tête. Alors j’ai fouillé le répertoire se trouvant à côté du téléphone, à la lettre N. Il était tard, mais j’ai quand même espérer intérieurement que quelqu’un réponde, de toute façon ce n’était pas un détail auquel je ne pouvais pas réfléchir, à ce moment précis.
- Allo ?
Une voix d’homme, qui un instant m’a rendu hésitante sur ce que je devais dire, quoi faire. J’ai commencé par essuyer mes larmes encore présente, pour laisser ma voix tremblante s’exprimer.
- Monsieur Nori….? Je… Je suis July Lewis, je… Ma famille… Ils sont tous……….
Je n’ai pas réussis à finir cette phrase, tremblante en sentant les larmes revenir. Il y a eu le silence, avant que « j’arrive tout de suite » ne sorte du téléphone suivit de tut qui sont resté longtemps, avant que j’arrive à raccrocher à mon tour. Le silence, tandis que j’ose approcher le salon et regarder les trois corps sans vie… Je suis restée silencieuse, tremblante au point de sentir mes jambes flancher pour finir à genoux en gémissant, incapable d’hurler de nouveau.
Je me suis vraiment demandé pourquoi j’étais la seule survivante, j’en ai même oublié l’homme que j’attendais au bout d’un moment, et mon regard c’est tourné vers celui que j’avais tué involontairement, sur l’arme près de lui. Alors je me suis approchée, tendant la main vers son pistolet. Décidé à les rejoindre, ne voulant pas être la seule. Etre toute seule, sans ma famille. Et j’y étais prête, vraiment, jusqu’à ce que la porte s’ouvre sans que j’y fasse attention.
- July ?
La même voix au téléphone, qui m’a fait ouvrir de gros yeux alors que j’avais l’arme braqué sur moi. Quelques secondes plus tard, il l’avaot entre les mains pour me retenir de mettre fin à ma vie, devant mes yeux apeurés. Alors que je voulais lui réclamer de me laisser, oubliant l’aide que je lui ai demandé. Dont j’avais besoin. Mais est-ce que je le voulais vraiment ? Non, je voulais papa et maman, et mon frère. Mais lui, il m’a sauvé même si une part de moi ne le voulait pas. Il m’a pris dans ses bras, moi qui étais paniquée et en larmes. Il m’a dit de ne pas faire cette bêtise, que je devais rester en vie.
Alors après ça, j’ai réussis à lui expliquer ce qui c’était passé, même si sur le coup ma voix était tremblante, même si je ne suis pas totalement sûr que tout soit bien clair autant que dans mes propos que dans mon esprit. Mais lui, il avait l’air de comprendre, et il s’est mis de nouveau à me frotter la tête.
- Je vais t’emmener chez moi, tu es d’accord ? Au moins pour cette nuit, que tu ne restes pas ici. Laisse-moi le temps de faire venir la police, avant.
Un hochement de tête, et je me suis laissé être relevé par lui avant qu’il ne s’occupe d’appeler la police pour ensuite m’emmène dans la cuisine, loin de ces corps. Je ne disais rien, même pendant qu’il a nettoyé l’arme, faisant disparaitre nos empreintes à tous les deux en silence. Puis la police est arrivée, posant des questions auxquelles je ne parvenais pas à répondre.
Ils ont fini par nous laisser, nous demandant de revenir le lendemain si possible. Au bout d’une demi-heure quasiment, j’ai fini devant cette grande maison qui est la leur, et il m’a fait dormir avec sa femme visiblement déjà au courant un peu près du problème.
C’est le lendemain, un lendemain dont j’aurais presque voulu ne pas voir le jour, que j’ai rencontré Shizu que je pouvais à peine regarder à ce moment précis. Elle ne devait surement pas s’y attendre, à voir une tête brune arriver pendant qu’elle dormait, mais ils lui ont dit qu’ils lui expliqueraient, plus tard. Moi je n’arrivais rien à dire, alors je me suis enfermé dans la chambre des parents.
Il le fallait pourtant, car en fin d’après-midi la police m’a demandé de faire ma déposition si j’en étais capable. Alors j’y suis allé, le regard baissé et les larmes qui sont venus rapidement. Une déposition que je n’ai pas pu faire, vraiment du moins. Alors ils m’ont laissés, ne sachant même pas un bout de la vérité sur ce qui c’est passé. Le soulagement de l’interrogatoire fini, j’ai regardé Daisuke qui s’approchait doucement de moi, s’accroupissant un peu.
- Dis July, je sais qu’à part eux tu n’as personne d’autre comme famille proche… Mais tu sais, je connaissais ton père, c’était un ami précieux. Alors, est-ce que tu accepterais que nous prenions soin de toi ? Je suis même persuadé que tu t’entendrais très bien avec notre fille Shizu. Je ne te demande pas d’oublier ta famille, mais au moins d’accepter pour quelques jours s’il le faut de venir chez nous. D’accord ?
Il était ma seule aide, à cet instant. J’ai pourtant hésité, rebaissant la tête en me mordant la lèvre car je n’étais pas certaine de pouvoir accepter son aide. Mais je n’ai rien dis, il a suffi que je me saisisse que son haut tandis que les larmes revenaient, pour qu’il comprenne que j’en avais besoin.
Shizu, elle m’a accueilli les bras ouverts dès le début. Comme si c’était naturel, peut-être qu’elle a compris que j’en avais besoin ? Pourtant j’avais cette peur, et je n’étais pas capable de vouloir de sa présence au tout début. Mais elle a « forcé » sans vraiment m’obliger à quoi que ce soit, et très vite j’ai fini par m’accrocher à elle. Trop vite peut être, car j’ai fini par devenir un membre de cette famille malgré les mois qui sont passé depuis, durement mais avec ces bras pour me soutenir.
J’ai fini par penser à Lyria, à ces mois d’été passé sans que je lui donne de nouvelle. La rentrée était même passée, depuis. Un instant je m’en suis voulu, regardant mon téléphone en voulant l’appeler pour tout lui expliquer. Mais à la place, je me suis levé de mon lit et j’ai avancé en direction de Daisuke, un court moment décider à reprendre une « vie normale ».
- Je veux retourner à l’école
C’était dur en vérité, d’y retourner. Mais j’avais envie de revoir Lyria, je ne voulais pas rester ainsi à me morfondre. Alors quelques jours plus tard, j’ai enfin intégré l’académie d’Astrophel et la classe de ma seule amie, de la chance ? Non, pas vraiment dans le fond. Mais qu’importe, j’étais si contente et soulagée de la revoir. Je pensais un instant que vivant tout simplement avec elle, en passant mes journées de cours, avec les années qui s’écoulaient tout irait bien. Mais non.
Il fallait l’avouer, que je ne savais pas encore comment me comporter avec tout ça. Et qu’il y avait trop de cauchemar les nuits, trop de nuits dans lesquelles je finissais dans le lit de Shizu, pour que papa me laisse ainsi. Alors il m’a emmené voir un psychologue, et j’ai accepté sans difficulté. Si cela pouvait m’aider, alors pourquoi pas ?
Ce ne fut pas le cas même si j’ai fini par dire l’inverse, peut être car je ne jouais pas le jeu ? Car je ne disais pas totalement à cette femme ce qui s’est passé, ce soir-là. Peur ? Oui, j’avais peur d’avoir à en reparler. Parce que ce n’était pas la mort de mes parents dont je rêvais vraiment la nuit, c’est du visage de cet homme tandis qu’il tombait dans les escaliers, puis son sang. Mais je ne voulais pas en parler, alors j’ai fini par dire que tout allait bien.
Comme tout était censé aller bien, j’ai arrêté de voir Shizu à chaque cauchemar.
Peut-être qu’ils devaient s’en douter, que c’était à moitié un mensonge ? En même temps, la mort de ma famille était encore bien trop fraiche pour que j’aille bien, et moi-même je ne pouvais pas m’empêcher d’en pleurer des fois. Décembre approchait à grand pas, en plus. Le premier noël sans eux… Ca faisait mal, rien que d’y songer. Je ne sais même pas si j’étais capable de passer un noël heureux, j’étais prête à rester cloitrée dans ma chambre en cette journée. Mais non, ils ont fait de ce noël un moment merveilleux. Il n’a suffi que d’un paquet cadeau, d’un carton, d’une boule de poil toute douce qui m’a regardé avec de grands yeux pour que j’en oublie la douleur.
Ma petite Manou, un adorable lapin nain tellement mignon. Je crois que sur le coup j’ai faillis pleurer de joie en la voyant, mais de tristesse également. Car après tout, ils m’avaient promis un jour de m’en offrir un, mais c’était tellement agréable de l’avoir, cette année-là.
Est-ce que la vie pouvait continuer, juste ainsi ?
Finalement, il n’y avait que ça dans le fond qui avait changé. Mes résultats en restaient les mêmes, mes amis aussi. Enfin, il n’y avait que Lyria qui restait, mais j’ai su me faire de nouvelles connaissances depuis. Puis j’ai eu une envie peut être étrange, peut être juste banal en vérité car c’est quelque chose « à la mode », celle de me teindre les cheveux. Je trouvais le rouge foncé joli, alors j’ai voulu essayer. Le résultat m’a plu, alors depuis j’ai continué, un style que je me donne histoire d’avoir au moins une touche à moi. Bien que depuis, je les laisse pousser.
Mais sinon non, rien n’a vraiment changé, mon caractère, mes goûts, ma passion pour la photo et le journalisme. Si, Shizu avait ce point commun avec moi, ça m’a fait plaisir de le savoir ça. Tout allait bien, en fait.
Shizu, c’était une star qui brillait de mille feux sur la scène. Je l’ai toujours encouragé depuis le début, même si la voir autant entouré d’hommes ne me plaisait pas forcément. Mais elle était heureuse, elle aussi. Elle était heureuse, avec cette lumière qui lui allait si bien.
Sauf que Shizu, elle a fini par sombrer. Il m’a fallu du temps avant de comprendre ce qui c’était passé, le temps que les journaux commence à être publié en fait. Car elle, elle ne disait rien sur ce qui s’est passé, ce soir-là. Elle est rentrée, mais pour moi elle n’était plus vraiment là, aussi lumineuse. Parce qu’une personne importante pour elle est morte, overdose d’après ce que j’ai pu en savoir. Et Shizu, elle n’était pas prête pour connaitre ça, je ne voulais même pas qu’elle puisse le faire un jour, quand bien même c’est inévitable.
Alors je l’ai suivi sans hésitation, quand elle a pris un appartement. Je n’avais pas envie de la laisser tomber, même si nos parents n’avaient pas l’air très rassurés, surtout pour Shizu. Pourtant la plupart du temps, il n’y avait que le silence quand on était toutes les deux, la distance qui commençait à venir car je ne pouvais rien faire dans le fond. Qu’est-ce qu’on peut faire après tout à part être présent, quand quelqu’un fait face à la mort d’un proche ? Moi je ne pouvais rien faire. Et ce n’est pas moi qui dans le fond l’a sauvé, c’est une pochette remplit de papier donné par son manageur qui a fait tout le travail.
- Et t'en penses quoi, toi ?
- Que tu devrais refuser.
Je sais que je ne devais pas lui dire, pas ainsi. J’avais peur après tout, quand j’ai lu ce projet qui s’offrait à elle et qui la pousserait à recommencer. Pourtant, c’était le rêve de Shizu, ça je le savais très bien. Alors j’ai détourné le regard, me donnant du courage pour ne pas laisser que la peur m’envahir.
- Non sérieusement, je n'ai pas envie que tu souffres une nouvelle fois en acceptant. Moi ça me fait peur, grande sœur. Mais... Tu es bien, là-bas. Enfin je sais que c'est ton rêve, et... Tu es resplendissante Shizu, quand tu es sur scène. Alors ça me fait peur, de savoir que tu pourrais resombrer. Pourtant, même si je n'en ai pas envie et que je dis que tu devrais refuser, j'aimerais te voir retourner là-bas. Pour que tu sois heureuse et resplendissante comme avant, grande sœur.
Je me suis demandée si j’avais bien fait quand même de la pousser ainsi à y revenir, mais je voulais juste la voir heureuse. C’est tout ce que je pouvais faire pour elle, non ? Alors elle y est retournée, sur le devant de la scène. Et une nouvelle fois, la lumière est revenue. Je me suis dit un instant, que c’était parfait. Je me suis dit que juste en la voyant ainsi, la vie pouvait continuer si simplement.
Sauf que les cauchemars étaient toujours là, à me faire réveiller en sursaut.
Je me suis toujours demandé comment faire, pour ne plus avoir à me réveiller violemment avec ce souvenir qui vient me faire du mal. Revoir le psy que j’ai vu quelques années plus tôt ? C’était peut être le mieux à faire, pour au moins avoir quelqu’un à qui en parler cette fois-ci et ne pas rester sous silence, ne voulant surtout pas montrer à Shizu que j’allais mal alors qu’elle venait tout juste de s’en sortir. Mais cette « solution », c’est Lyria qui me l’a apporté.
Blizzard. Un groupe prêt à être fondé, elle m’a présente à eux et m’a dit sans hésitation en faire partie. Quand j’ai entendu de quoi il s’agissait, sur le coup je ne voyais pas ça comme une véritable aubaine pour « aller mieux », mais j’ai accepté malgré tout. C’est après, que j’ai réalisé que leurs activités m’ont permis de faire de ces cauchemars une réalité, qui enfin me permettrait de dormir car il deviendrait mon quotidien. Depuis ? Ca fait environ deux ans, que j’y suis.
Bien sûr, Shizu n’en sait rien. Bien sûr, je vis dans le mensonge et dans le sang désormais sans soucis. Mais peut être que cela est très bien comme ça ? Ma vie semble bien, j’avance juste sans hésitation sur ce chemin qui est le mien. Un chemin bien sanglant, en vérité.
Mais tout va bien.