trust me, i've got a plan, when the lights go off you'll understand
Lentement, tout lui revient.
Pendant un bref instant, il ne sait plus où il est, qui il est – ne parvient plus à en faire sens. Son esprit court-circuite, tout n'est que images imprécises et flashs de lumière et couleur bien, bien trop vifs pour y voir quelque chose.
Il ferme les yeux.
Les rouvre. Et le monde autour de lui se redessine. Retrouve ses couleurs, ses contours. Peu à peu, le martèlement dans sa tête s'affaiblit, à l'instar des pulsations de son cœur, qui résonnent dans tout son être ; à l'instar de la respiration haletante, saccadée qui agite son torse. Il a l'impression de s'être noyé (ou de l'avoir été), d'avoir coulé loin, loin, au plus profond des abysses – mais l'air dans ses poumons est trop glacé pour s'y méprendre.
Une pause. Un instant, aussi fugace qu'éternel.
Il inspire.
Expire.Enfin, quelque chose
en lui s'éveille—se
réveille—, alors que le temps reprend son cours – que sa vie reprend un sens. L'espèce de voile, de brume qui l'habitait l'a désormais quitté, et tout, tout en lui lui paraît tellement intense, tellement
réel. Chacune de ses sensations lui parait décuplée – et chacune d'entre elles le dévore. Ses membres se crispent. Tandis que les pièces du puzzle paraissent revenir en place, il sentirait presque le moindre de ses nerfs hurler, sentirait presque son sang bouillonner dans ses veines, fuser jusqu'au bout de ses doigts, brûler l'intégralité de son corps.
Il le sent, tout aussi distinctement que cet espèce de liquide visqueux qui ruisselle le long de son visage.
Pause.
Il comprend, maintenant.C'est étrange. Il n'arrive toujours pas à se faire à ce ressenti, malgré l'avoir vécu tellement de fois. Il ne parvient toujours pas à réaliser quand sa conscience, en un claquement de doigts, l'abandonne et le laisse sombrer dans les ténèbres.
Il prend un moment pour revenir à la réalité.
Ses yeux se perdent dans l'obscurité qui l'entoure, là où même la lune trônant au dessus de lui ne lui ferait pas même grâce du moins de ses pâles éclats. Quelqu'un comme lui ne le mérite pas. Mais il parvient, en se concentrant, à discerner une silhouette, à en retracer les traits. Une simple addition lui suffit pour comprendre ce qu'il s'est passé, pendant que lui—
Rem—est tombé dans la plus profonde des torpeurs. Le sang répandu au sol et le corps inerte à ses pieds ne lui autorisent aucune méprise. Il déglutit, s'agenouille auprès de ce qui semblerait être
sa victime – et d'une de ses mains gantées, vient faire une simple vérification.
Le pouls est faible, mais présent.
Il n'a pas fait d'erreur cette fois-ci. Cette personne, peu importe qui elle est (il ne s'en rappelle pas, de toute façon) est simplement inconsciente. En plissant les yeux, il remarque un nez cassé, et comprend mieux la présence de sang sur son visage. Il exhale, soulagé.
Une main vient se poser sur son épaule – et il fait volte-face, la peur le saisissant par les tripes – avant de se retrouver face à face avec quelqu'un qu'il connait bien. Quelqu'un de qui il n'a pas à avoir peur. Il lui sourit, un peu maladroitement.
Tant qu'il est avec lui, il n'a rien à craindre, Rem.
« Zio... depuis combien de temps est-ce que je suis... parti ? »ft. orazio cortesidate // mi-décembre