Horus grimace en sortant de la voiture. Qu’est-ce qui lui a pris de vouloir grimper à un arbre pour aller récupérer seul le petit fauve qui s’était fait la malle du refuge… Celui-ci ne s’est évidemment pas laissé faire et s’est débattu, le gratifiant d’une belle griffure sur la main. Mais surtout, le déséquilibrant. Il a fini par chuter de l’échelle et a rencontré brutalement le sol sur le côté droit, se blessant sur le flanc. Il a désormais mal au bras, aux côtes et à l’aile. Au final, l’animal lui a échappé, et il a gagné un aller simple pour l’hôpital. C’est malin.

C’est sa mère qui l’y a conduit. Pour une fois, Kazuko n’était pas présente et il a pu éviter les urgences vétérinaires. Parce que sa meilleure amie panique chaque fois qu’il se blesse et appelle le docteur de leurs pensionnaires. En fait ça le fait beaucoup rire. C’est juste un peu gênant d’expliquer au vétérinaire que ce n’est pas son ara chloroptère qui s’est blessé, mais lui-même. La première fois, il leur avait fait des suppléments d’honoraires. Sa mère lui tend un bras pour l’aider à marcher jusqu’aux urgences. En soit, il ne sait pas si c’est nécessaire. Mais vous savez, l’amour d’une mère n’a pas de limite, et Allison O’Hara préfère être prudente. Elle n’a pas envie que son fils unique rencontre des complications.

Dès qu’il arrive, c’est la débandade, comme d’habitude. La secrétaire médicale le fixe avec des yeux ronds, enfin surtout son aile qui se traine un peu par terre. Elle prend son téléphone pour contacter un interne, visiblement un peu perturbée. Pourtant ce n’est pas la première fois qu’il vient à l’hôpital Eve Blackstench. Le personnel soignant devrait être habitué. Mais il faut croire qu’un jeune homme avec une paire d’ailes, ça soulève toujours beaucoup de questions. On lui demande de patienter un peu le temps qu’on vienne le prendre en charge. D’une patience d’or, malgré la douleur, Horus la remercie chaleureusement et va s’assoir sur un siège -même s’il en prend presque trois avec ses ailes.

Au bout de quelques temps, deux internes viennent le chercher. Mais en le voyant, ils comprennent tout le sens du mot « patient particulier ». Ils l’emmènent dans une salle de consultation tout en se demandant comment diable ils vont faire pour s’occuper de lui. C’est la première fois qu’ils doivent gérer une blessure à une aile chez un humain… Ils lui demandent finalement de patienter quelques minutes le temps qu’ils aillent chercher leur chef de service. Horus hausse les épaules -ce qui lui arrache une grimace- en souriant et patiente encore un instant.

Une femme en blouse blanche fait irruption dans la salle. Horus pose son regard bleu-gris sur elle et est aussi fasciné par ses saisissants yeux verts et ses longs cheveux auburn. Elle doit avoir la trentaine, elle ne doit donc pas en être à ses premières années en tant que docteur. Elle a dans son regard et dans son maintien une assurance presque intimidante, pourtant il note les cernes sous ses yeux. Une ombre sur son si beau visage, qui, étrangement, lui fait mal au cœur. Elle doit être du genre bourreau de travail et sacrifier des heures de sommeil pour ses patients, du moins il espère que ce n’est que ça. Horus est sous le charme. Il pose sa tête dans sa main et sourit.



Horus, dans toute sa splendeur. On peut dire assurément qu’il est au niveau de son patronyme.

Très digne et professionnelle, le docteur Grace -selon son badge – ne se laisse pas flatter par les belles paroles du jeune homme. Elle préfère se concentrer sur son cas. Le premier commentaire qu’elle fait lui arrache un soupir amusé. Eh bien, heureusement que Kazuko n’est pas là pour entendre ça. Combien de fois a-t-elle paniqué quand il s’est blessé, combien de fois a-t-elle contacté le vétérinaire, et combien de fois lui a-t-il répété qu’il pouvait aussi être soigné par un médecin ? Pour au final entendre dire de la part de l’un d’entre eux qu’il n’a pas les compétences pour s’occuper de lui-de son aile plutôt. Quelle ironie.



Quand elle lui demande de se déshabiller, il se fait violence pour ne pas sortir une réplique du style « Oh vous êtes bien précoce ». Elle risquerait de mal le prendre ; qui ne connait pas son humour légendaire pourrait se méprendre sur ses réelles intentions. Il retire donc son haut, en se contorsionnant pour retirer la fermeture éclair derrière. C’était l’idée de son père, à la base, de lui commander sur mesure toutes ses chemises, vestes, t-shirt, etc. Et il doit avouer que c’est une très bonne initiative. Il ne sait pas comment il ferait, autrement, pour s’habiller. Probablement ne porterait-il pas vraiment de haut tout court, pour le grand bonheur de ces dames.



Pendant qu’il parle, il frissonne en sentant les mains fraîches parcourir son torse à la recherche de lésions. Il grimace lorsqu’elle passe sur ce qui lui semble être une côte fêlée. Peut-être est-elle-même cassée, il a un peu mal quand il respire. Eh bien, décidément, dans quel état se met-il pour ses petits protégés ! Il devrait faire plus attention, Fergus va encore lui faire la morale, comme quoi il doit prendre plus soin de son corps, de son image auprès des fans, et blablabla. C’est sûr qu’il va devoir se passer de la scène pour quelques temps. Pour le plus grand bonheur de Luana, très certainement.

Des cas plus curieux, vraiment ? Voilà qui pique sa curiosité. Cependant, il la laisse l’ausculter en silence, soucieux de ne pas déranger son examen par des questions sans doute envahissantes. Après quelques frissons et des grimaces éparses, le verdict tombe ; il n’est guère surpris. Il hoche simplement la tête, se pliant à la radio avec bonne foi. Il se demande toutefois comment ça va se dérouler ; ses ailes risquent d’être embarrassantes. Quand elle lui propose un bandage, il opine sans hésitation.


Ses mésaventures se finiront donc toujours chez le Docteur Patterson… Il en rit de bon cœur, à force. Il a l’habitude que les médecins refusent de le soigner avec application. L’anatomie des ailes d’oiseau ne font, après tout, pas partie de leur cursus d’apprentissage. Puis, tandis qu’elle s’affaire, elle se renseigne sur sa vie. Horus se prête de bon cœur à la conversation, non sans bonne surprise. Ne connait-elle pas le nom d’O’Hara ? Ignore-t-elle les activités de son père, ou même sa propre identité en tant qu’Angel Heart ? A moins qu’elle ne feigne l’indifférence pour en savoir plus… Bah, quelle importance ? L’ange n’a rien à cacher.


Tandis qu’il pense au chaton, ses yeux se parent d’une sincère affection. Peut-être est-ce à cause de ses ailes, mais il a toujours témoigné de l’amour aux petites bêtes de la ville. On sent au ton de sa voix que son « métier » -si on puit l’appeler ainsi puisqu’il ne gagne pas d’argent- le passionne. Il n’aborde pas le sujet de son autre activité, en tant qu’Angel Heart. Elle le sait peut-être déjà ; après tout, sn visage est plutôt connu dans les réseaux sociaux. Ses ailes encore plus. Il grimace quand elle manipule son aile pour la soutenir avec un bandage soigné.


Plus curieux qu’un individu tenant à moitié d’un oiseau, oui, ça a de quoi l’intrigué. Ça lui fera en plus de la répartie, la prochaine fois qu’un scientifique se penchera sur son cas singulier.