Oz se demandait bien ce qu'il faisait là.

Ah. Oui. Cela tenait en un seul mot.

Shizu.

Pourquoi s'était-il laissé convaincre déjà ? Pourquoi avait-elle décidé de lui demander de participer à cette émission déjà ?

La première réponse était simple. Il n'avait jamais pu résister aux yeux de sa meilleure amie, dans le passé comme dans le présent et comme dans le futur. Elle demandait, il s'exécutait, tel un chevalier servant.

Il en avait d'ailleurs incontestablement l'allure en toute modestie.

Mais pourquoi au juste elle voulait qu'il participe à ce stupide show télévisé ?!

Pour qu'il trouve l'amour ?

Ah, l'ironie... L'amour était là, tout près de lui. Depuis la première fois où il avait posé les yeux sur elle.

Destin cruel. Douleur sans nom. Résignation amère.

Si ça lui faisait plaisir qu'il joue le jeu, qu'il garde le secret un peu plus longtemps alors soit.
La joue posée sur sa main, Oz attendait en essayant de ne pas montrer son ennui et son non-désir personnel de participer à cette comédie. L'avantage d'être habitué à la scène c'était qu'il n'avait pas besoin de trop forcer pour ça.

Sourire, distribuer des signes de mains à ses fans dans le public surexcité, observer les autres participants et remarquer avec crainte la majorité de garçons, les saluer poliment toujours avec le sourire, répondre aux questions du présentateur...

Oui, ce n'était qu'un rôle supplémentaire à jouer en fait. Facile pour une star comme lui, non ?

Et pourtant quand le présentateur prononça son nom et celui d'un autre garçon le cœur d'Oz manqua de s'arrêter.

Hein ?

Il devait y avoir une erreur, non ?

Et son orientation sexuelle dans toute cette histoire ?!

Sourire crispé aux lèvres, il rendit son sourire éblouissant au présentateur qui semblait très fier de lui et se tourna vers Jafar Salamâ dont il avait retenu le nom et l'apparence lors des présentations un peu plus tôt.

Il lui adressa un petit signe de main tout en pleurant et maudissant intérieurement.

Son truc c'était les filles ok ?  Et même pas " les " en fait.

Son truc c'était Shizu. Un point c'est tout.

Allez tous en enfer.  

Oz observa son désormais partenaire avancer vers lui avec une certaine curiosité malgré son absence de motivation. Le garçon semblait jeune, probablement encore étudiant, c'était bien sa veine.

Il ne faisait pas du détournement de mineur, merci bien !

Enfin, il devait y avoir des précautions prises par le staff de l'émission genre des papiers signés par les tuteurs ou des choses comme ça pour éviter les ennuis avec la justice. Car Oz ne tenait pas à passer devant le juge alors qu'il n'avait rien demandé à la base.

Maudite soit Shizu et ses yeux de cocker... Minute, pouvait-il vraiment maudire sa meilleure amie et son premier amour accessoirement ? Bien sûr que non, nous sommes d'accord. Zut alors.

Parce que s'il ne pouvait pas la maudire elle qui pouvait-il maudire pour sa participation à cette stupide émission ? Ah. Ceux qui l'avaient inventée et organisée bien sûr ! Voilà des coupables tout trouvés, des coupables parfaits !

Mais bref. Ce n'était pas ça l'important pour l'heure.

Le jeune homme rendit son sourire à son cadet et lui serra la main, décidant que le pauvre gamin n'y pouvait rien s'il participait contre son gré et n'était pas d'aussi bonne humeur que d'habitude.

- Oui, c'est moi. Enchanté, Jafar. J'espère aussi... Essayons de nous entendre au moins.

Ce gamin semblait complètement innocent avec son grand sourire et sa joie de vivre et Oz se demanda s'il avait vraiment conscience que ce show s'appelait la " Maison de l'Amour " et de ce que ça pouvait signifier.

... Probablement pas. Misère.

Parce que oui, Oz, aussi naïf qu'il pouvait paraître, ne l'était pas vraiment, hein. Et il devinait sans trop de mal ce qui pouvait se cacher sous ce nom. Enfin, peut-être qu'il se faisait des films et qu'ils allaient se contenter de se prendre dans les bras et de s'embrasser sur la joue, c'était possible, non ?

... Probablement pas. Soyez maudits.

La star se retint de justesse de plaquer sa main sur son visage de désespoir et retint également un soupir plein de lassitude qui l'aurait trahi. Tout comme de lancer un regard des plus noirs au présentateur beaucoup trop enthousiaste à son goût.

Non, Oz se contenta de sourire et de demander innocemment au jeune homme en espérant une réponse plus positive que celle qu'il attendait.

- Au fait, tu as quel âge Jafar ? Les apparences sont peut-être trompeuses, mais tu m'as l'air plus jeune que moi alors je suis curieux...

Pitié, sois majeur, pitié.

Oz fronça légèrement les sourcils à la réponse de Jafar et ouvrit la bouche pour donner sa réponse au sujet. D'accord, il avait quelques années de plus seulement, mais lui était majeur, là était toute la question...

Cependant, il n'eut pas le temps de parler vu que le présentateur leur demanda avec un sourire lumineux qui cachait sans aucun doute des choses - l'homme semblait trop s'amuser pour que ce soit honnête, après tout - d'emprunter une porte.

Une porte... Qu'y avait-il derrière ? Ils ne le savaient pas et le fils Star commença à stresser pour de bon. Sourire forcé aux lèvres pour répondre à l'enthousiasme du présentateur, il suivit Jafar qui semblait bien plus excité que lui.

Au moins, l'un d'eux semblait content d'être là, c'était déjà ça.

Des sueurs froides envahirent son corps tout entier alors que la phrase de son coéquipier résonnait devant lui. L'idole déglutit péniblement et se décida à entrer dans la pièce, sachant qu'attendre davantage ne ferait qu'augmenter son stress et les délires de son imagination.

Puis alors que le jeune homme contemplait les menottes fushia avec incrédulité, une part de son esprit se demanda si le stress et les délires de son imagination n'étaient pas préférables à la réalité pour le coup...

C'est une blague ?!

Avec un sourire plus que forcé le garçon s'avança jusqu'à la table pour lire le carton couleur crème posé sur le coussin de velours qu'il voyait de là où il était. Les instructions le firent rire nerveusement et il passa une main dans ses cheveux blanc.

Dans quoi s'était-il embarqué sérieusement ?

Shizu allait tellement rire de lui...

Oh, non.

Shizu.

Qu'allait-elle penser de lui ?!

Sa vie était finie, il ne pourrait jamais plus la regarder en face.

Et il avait terriblement envie d'enfouir son visage dans ses mains pour pleurer toutes les larmes de son cœur... Mais il était l'aîné et devait montrer l'exemple, n'est-ce pas ?

Alors avec un sourire forcé, il se tourna vers son camarade d'épreuve en brandissant d'une main un peu tremblante le carton.

- Faut qu'on s'attache. Je sens que ça va être... une expérience intéressante.

Ou pas. Qu'on le sorte de là misère.