a spoonful of sugar... ❞

« Je... ok. Je vais essayer, en tout cas. »

Un sourire satisfait s’esquissa sur les lippes de Cerise. Malgré l’hésitation dont il venait de faire preuve, il avait dit qu’il essaierait, et c’était tout ce qu’elle demandait ; Saul était connu pour dire ce qu’il pensait et faire ce qu’il disait, et elle lui faisait confiance les yeux fermés là-dessus.

« C’est un bon début, fit-elle, toujours avec un peu de sarcasme dans la voix mais aussi avec un ton plus chaud et sincère qui prouvait qu’elle le pensait vraiment. »

Un silence –le genre pas franchement dérangeant, quoiqu’un peu curieux– s’installa entre eux pendant un instant et il n’y avait plus que le son de la télé et des babillements de Solis en train de  jouer avec ses poupées sur le canapé qui se faisaient entendre ; Cerise comprit là que le sujet était clôt, et ne chercha pas à rompre ce moment de calme en en rajoutant une couche.

« En parlant de mes potes, je t'ai dit qu'on avait fini de retaper notre atelier avec les gars ?
— Votre vieux hangar à moitié moisi ? Ça aura mis le temps !
— J'dois y passer demain aprem pour déposer des affaires, ça te dirait de m'accompagner ? »

Cerise haussa un sourcil, un peu surprise par la proposition soudaine ; il lui était toujours apparu évident que pour Saul, tout ce qui touchait à sa créativité artistique et à son petit monde d’artiste relevait du privé, et elle se rendait compte petit à petit qu’il lui laissait la porte de son univers grande ouverte.

« Pourquoi pas ? fit-elle en haussant les épaules, un petit sourire amusé au coin des lèvres. J’ai un emploi du temps iiincroyablement chargé d’habitude, mais t’as de la chance je suis libre demain ! »

Elle s’était apprêtée à faire une blague supplémentaire, tout aussi cliché que la première, mais une petite main tirant sur le bas de son jean l’avait distraite et c’est uniquement lorsqu’elle baissa les yeux qu’elle réalisa que Solis avait quitté le canapé –laissé bien entendu dans un bazar monstrueux– pour se coller contre sa jambe, une figurine de Phœnix dans une main, une tétine dans la bouche, et une mine de bébé fatigué sur le visage.

« Qu’est que tu veux ‘ptite tête ?
— Les bras ! »

Cerise leva les yeux au ciel et se pencha pour prendre le petit garçon dans ses bras et l’asseoir sur le bord du comptoir juste à côté de Saul.

« Moi aussi je viens ! S’exclama-t-il en brandissant sa figurine sous le nez du jeune homme sur un ton qui, dans sa tête d’enfant, n’admettrait aucun refus —même lorsqu’il tombait subitement de fatigue, il trouvait l’énergie de dire des bêtises.
— Toi tu vas à l’école demain, lui rappela sa sœur d’un ton tout aussi intransigeant –avec Solis, c’était nécessaire de faire preuve d’autorité car il faisait ce qu’il voulait si on ne lui faisait pas comprendre très vite les limites à ne pas dépasser.
— Mais ! »

Cerise senti que la fatigue le poussait à devenir plus facilement irritable et jugea qu’il était temps d’aller le mettre au lit pour faire la sieste –il se mit à bailler en se frottant les yeux, ce qui fit tomber sa tétine au sol, et cela suffit pour le lui confirmer.

« Bon aller, dit au revoir à Saul, c’est l’heure de dormir, tu vas bientôt t’écrouler, fit-elle en ramassant ce qu’il venait de faire tomber.
— Veux pas dormir, fit l’enfant d’une voix ensommeillée. »

Cerise lui jeta un regard à la fois amusé et ferme, et Solis comprit qu’il devait arrêter les bêtises. Il se retourna vers Saul et agita sa petite main sous son nez.

« Au’voir ! »

Elle laissa au jeune homme le temps de lui répondre avant de le prendre dans ses bras pour l’emmener dans sa chambre.

« J’pense ça risque de prendre un p’tit moment pour l’endormir, fit-elle à Saul en se tournant vers lui. Si tu veux y aller claque la porte derrière toi, on se sms pour demain ? »