Mérida ne faisait plus attention aux alentours. Elle avait plus urgent à  faire.

A chaque cadavre qu'elle croisait, elle sentait son coeur se serrer. Mérida n'était pas horrifiée par cette vision, elle en avait vu d'autres dans sa vie. L'avantage de grandir à la dure c'est qu'on a l'estomac bien accroché après. Non, la jeune femme était plutôt peinée. Et enragée.
Si elle avait appris à supporter ce genre de vision, jamais elle n'était devenue insensible.  Actuellement un brasier brûlait dans sa poitrine, qui pleurait ses camarades et réclamait justice.

Mais pendant toutes ses années de galère, Mérida avait aussi appris que la vie est plus importante que tout. Alors elle ne s'attardait pas auprès des défunts, sinon pour fermer leurs yeux les saluer une dernière fois. Parce que Mérida préférait aider ceux qui en avaient besoin plutôt que de rester au chevet d'un corps inanimé.
Elle en oubliait le reste.

La rouquine venait de repartir au pas de course après avoir libéré une jeune femme des décombres, lorsqu'une main sur son épaule la stoppa dans son élan. Elle se retourna vivement, sa surprise dépeinte sur ses traits.
En croisant le regard de Max, elle sentit ses muscles se détendre d'un coup. Revoir son meilleur ami sain et sauf, là en face d'elle, était un soulagement puissant après avoir vu plus de charognes que de survivants.  

Cependant, la tête du patron l'inquiéta. Mérida s'essuya le front d'un revers du bras avant lui adresser un large sourire. “Yo vieille caille. Toujours en vie ?” Ce n'était peut-être pas le moment de faire de l'humour, mais elle ne pouvait non plus ignorer cette ombre dans les iris de Maxence. Alors elle voulait lui faire comprendre qu'il n'était pas seul.

Les deux roux furent rapidement rejoints par Dahlia, que Max venait d'interpeller. Le boss leur confia leur mission, avec une précision qui fit tiquer Mérida. Vivants, hein ? Elle essaierait de faire un effort.
Une fois seule avec le blond, celui-ci suggéra deux tactiques. Blaze se tourna  vers lui et réfléchit un instant en le jaugeant du regard. Il avait l'air en pleine forme, mais et s'il tombait sur une bombe et qu'elle explosait ? Ou même, si un mur lui tombait dessus ? Quelles seraient ses chances de survie ? “On reste ensemble” trancha-t-elle, parce que la réponse à ces questions lui faisait peur. Mérida préférait encore être là pour l'aider ou lui servir de bouclier, le cas échéant. Autant mettre sa résistance de diablesse à l'usage, elle n'était pas Antigone mais pouvait au moins se soigner. Cela dit, parce que son cadet faisait une tête affreuse aussi, elle ajouta "Tu ressembles à rien mon pauvre" -comme si elle pouvait parler -, puis lui adressa un grand sourire et une tape sur l'épaule. "Go ! T'en fais pas ça va aller."

Sans plus de cérémonies, ils se mirent en route.