Caractère
Y a un truc qui déconne dans ta tête ; c'est ce que tu penses, ce que tu lis dans certains regards – dans le tien.
Tu lis beaucoup trop de choses dans ton regard ; dans celui d'un gosse fragile, dans celui d'un gosse qui se voit plus de faiblesses que de forces, dans celui d'un
imbécile.
T'es toujours si lumineux Allen ; ce sourire de fouteur de trouble, ce rire franc et bruyant, ces gestes un peu brusques et surtout, permanents. Tu bouges tout le temps, c'est bien simple ;
tu ne peux pas faire autrement. Après tout, c'est ta
maladie ; un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité, le regard fuyant et l'esprit volatile. L'impatience, les tics nombreux, les « arrête », les « t'es pénible »,
les médicaments. L'incapacité d'être assis bien droit, le calvaire des soirées huppées et l'ivresse de vivre.
T'es ivre de vivre.Tu ne croques pas la vie à pleine dent ;
tu la dévores. Quitte à t'y brûler les ailes ; quitte à chuter et t'y briser. Aucun obstacle ne saurait te résister, tu as appris à les franchir si tu ne peux les traverser. Adepte du
free running, adepte des activités dangereuses qui requièrent toute ton attention, adepte de
l'adrénaline qui te donne l'impression de
vivre.
Tu veux vivre à en crever.Tu es excessif sans doute ; trop, trop, trop ; mais t'y peux rien si t'es
malade, après tout. Tu te déchaînes ; si ton esprit ne sait se fixer, alors tu veux l'épuiser, le vider jusqu'à sombrer. Courir à plusieurs mètres du sol,
frapper, c'est devenu ton oxygène.
Frapper des basses qui t'éclatent au grès du rythme, battre ton âme avec tes baguettes ;
oublier ton être fatigué dans la musique.T'es
fatigué, t'es
écorché, Allen.
On dirait pas ; tu as un si joli masque.
Un masque si vrai qu'il n'est plus un réel mensonge ; n'es-tu pas un gamin joyeux, un paladin idiot ? N'es-tu pas un vrai rayon de soleil, Allen ? Tu donnes le sourire – le tien est si communicatif. Tu tends la main et t'y écorches ; tu pisses le sang à tout donner, mais t'es incapable de t'arrêter –
tu es excessif, sans doute.Mais t'y peux rien ; toi, t'aimes d’un amour
déraisonné et peut-être fragile, avec ton cœur ébréché. Toi, t'aimes à en crever ; toi, tu peux dire « je t'aime » sans rougir, sans vaciller ; mais au fond, t'es inquiet, un peu, encore. T'as peur ; peur de l'abandon, peur de la solitude,
peur de l'oubli ; alors tu t'y tues, alors tu te donnes,
et tu t'y perds. Mais t'as
besoin d'autrui ; besoin d'être entouré d'attention, d'affection, de rires ; besoin de ne pas être
seul, alors que le silence te broie les côtes.
T'as trop de
besoins ; besoin d'amour, besoin d'agir, besoin de bouger, besoin de gueuler, besoin d'évacuer ; besoin d'aimer, besoin de bruit, besoin d'une attention que tu exiges. Et quand tu exiges, on s'en rend compte ; ça s'appelle la crise d'adolescence.
Oh ce que t'es chiant Allen.
Tu multiplies les conneries, multiplies les crises et multiplies les moyens de faire comprendre ton mécontentement. T'aimes plaisanter ; t'es pas prise de tête, t'as le sourire aux lèvres et même la vanne la plus naze est susceptible de t'arracher un rire. Mais c'est pas pour
plaisanter que tu déconnes ; c'est pour
provoquer. Tu veux exister ; exister pour ceux qui t'ont permis de voir le jour, et c'est un gouffre que tu as au fond des tripes. Tu veux leur regard, toujours plus,
tu es avide de leur attention. Mais t'as cette impression de ne pas exister à leur yeux ; cette impression injuste et ô combien erronée.
Ah, si tu savais.T'es aimé Allen ; malgré tes failles, tes regards vacillants, tes poings en sang ; t'es aimé, Allen. Tu pourrais envoyer chier l'univers entier qu'une main continuerait de serrer la tienne ;
ta mère crèverait pour toi. Et ton père ?
Si tu savais que t'es vivant parce qu'il t'aime, hein, Allen ?Mais t'es un petit con ; un petit con à qui on ne dit pas les choses, un petit con qui ne peut pas savoir.
C'est étrange, comme tu veux croire au genre humain, comme tu peux te montrer naïf, indulgent et attentif, et ne pas offrir tel traitement à tes parents. Et pourtant ; pourtant, tu aimerais tout leur donner, tu aimerais juste
les écouter. T'es contradictoire Allen ; douceur et violence se bousculent dans ton âme abîmée.
Tu saignes, tu saignes encore ; les sanglots roulent sur tes joues et la gorge te serre. T'as le droit d'être faible Allen ; le droit d'appeler à l'aide, aussi. Le droit de ne pas baisser les yeux, le droit de ne pas te mépriser. Tu n'y peux rien, pas vrai, Allen ? Rien si tu es
malade, si t'es
un gosse, si t'es
incapable de tout garder au dedans. La moindre douleur te met à terre ; la moindre insulte t'arraches un petit morceau de toi. Et les coups pleuvent plus vite que les songes – ah si tu pouvais y penser ! Si tu n'étais pas si spontané,
si écorché vif ; si tu n'avais pas le cœur si exposé, la chaire si écarlate.
Ah Allen, si tu n'étais pas si fragile, si tu acceptais et en faisais une force.
Ah Allen, si seulement tu pouvais t'aimer.RANDOM FACTS ;; – achète les gens avec de la bouffe ;
– morfale absolu, peut manger à
n'importe quelle heure ;
– a de très grosses tendances insomniaques, il a besoin de s'épuiser physiquement pour réellement dormir ;
– a besoin de 5h de sommeil pour être en pleine forme ;
– fan absolu du chocolat (noir), de la pistache et de la mangue ;
– les personnes qu'il aime le plus au monde sont ses parents et sa meilleure amie, qu'il voit plus comme une sœur ;
– quand il aime, prêt à crever et tuer pour ces personnes ;
– ce qui le rend assez facilement manipulable dans les faits ;
–
extrêmement rancunier ;
– violent qui essaie de se contrôler, mais peut avoir l'air très calme avant d'exploser ;
– ce qui fait qu'on ne s'y attend pas nécessairement toujours ;
– il est le premier à cracher sur son père, mais mieux vaut éviter d'en faire de même en sa présence ;
– susceptible de s'endormir n'importe où s'il est suffisamment crevé ;
– a peur du noir ;
– a parfois des migraines assez sévères dont il ne parle pas beaucoup, de peur de faire faire une crise de panique à sa mère (et de finir à l'hosto pendant une semaine) ;
– va tous les étés chez ses grands parents britanniques (et s'y fait clairement chier) ;
– a facilement chaud ;
– adore bouffer à mcdo ; au contraire, n'aime pas du tout les restaurants à plusieurs étoiles ;
– très tactile et câlin, adore le contact d'autrui et n'y fait pas nécessairement attention ;
– adepte des bagarres de rue et a longtemps fait de la boxe ;
– filme parfois des vidéos en haut des bâtiments d'Astrophel pour le vlog de sa meilleure amie, Charlie ;
– a des tendances autodestructrices et est assez inconscient ;
– peut être d'assez mauvaise foi quand il se sent un peu trop coupable ;
– a le permis et même un véhicule, mais il lui arrive de prendre les transports en commun ;
Histoire
Tu as toujours détesté les hôpitaux. Les médecins, aussi, et les médicaments ; tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à l'univers médicale, sans doute. Tu grimaces devant une aiguille sans en craindre la douleur, et ton sang te dégoûte autant qu'il t'indiffère. Mais rien ne te fais plus frissonner que le blanc éclatant.
Tu détestes les faux sourires compatissants, aussi. Sans doute est-ce pour cela que toi, quand tu ne ressens pas la moindre compassion, tu es incapable de
faire semblant.
Et aussi, tu hais l'indifférence, la froideur ; celle-là même dont ils se revêtent comme ils peuvent, afin de pas s'effondrer avec leurs patients, afin de tenir debout.
Tu hais tout ça.
Sans nul doute, tu as passé trop de temps dans ta vie confronté à toutes ces choses pour ne pas les exécrer.
Ce qui ne t'empêche pas de risquer ta peau. Tu crains les silences, crains les défaillances de ton propre corps depuis une énième erreur, te refermes plus que jamais sur toi-même en gardant la tête haute. Tu hurles dans le silence, comme tu hurlais jadis dans un brouillard d'une conscience brisée.
Tu hais les hôpitaux, eux qui te tendent les bras si souvent –
si longtemps. Chaque seconde s'y étirait en heures dans lesquelles tu te noyais. La voix brisée, on annonçait que tu ne ne parlerais plus jamais – cerveau gravement endommagée, plus rien à réparer. Mais à la biologie s'est mêlée l'acier, les millions de dollars se sont logés dans un crâne brisé. L'espoir se mélangeait à la crainte, alors que l'on a sans nul doute pensé qu'il en était fini de toi.
Les couleurs défilaient si vite devant tes yeux, quand tu chutais ; et pourtant, une simple boîte d'acier sur roulette t'avait cassé. Le vide ne t'avait, lui-même, jamais vaincu ; l'alcool dans les veines d'un autre aurait pu t'emporter.
Toi au goût du danger, toi qui fuyait le regard désapprobateur, le silence d'un amour que tu ne voyais pas ; l'indifférence perçue t'a froissé, plus que tout le reste, là-bas, entre ces quatre murs blancs. Et tu voulais crier ; mais la confusion te vrillait et tu t'y perdais.
Une petite puce de métal t'a rendu dépendant et la parole ; une petite puce de métal t'a changé à jamais en décodeur géant. Les machines avaient presque pété ; et les
MAMAN MAMAN MAMAN défilaient sur un écran d'ébène.
Tu contrôleras les machines, un jour, qu'ils disent.
T'as réappris à vivre ; avec tes mal-êtres exacerbés et ta rancœur multipliée. Maman n'était jamais assez là à tes yeux ; papa a toujours été trop inexistant. De ta renaissance naissait l'adolescence, celle à la grande gueule et aux provocations – celles aux conneries et à l'inconscience.
Celui qui avait vu la mort y semblait enchaîné.
MORE ;; – fils de Anastasie Eva Rose Blackburn, une riche femme d'affaire issue de la noblesse britannique, et Silvio Cosma Farfallina ;
– reconnaissance de son trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité quand il est enfant ;
– a étudié dans une école spécialisée jusqu'à son accident et l'implantation de la puce le rendant technopathe ;
– a gentiment demandé à sa mère de l'aider à se retrouver dans la classe de sa meilleure amie, qu'il connaissait de sa précédente école – puisqu'ils ont le même trouble ;
– son accident a lieu alors qu'il a 13 ans ;
– est à l'académie depuis 1 an seulement ;
– sa mère a fini par accepter qu'il se prenne un petit boulot afin de le pousser à faire autre chose que risquer sa peau ;
– baigne dans l'ignorance vis-à-vis de ses parents, ne sachant pas qui a financer la puce qu'il a dans le crâne, ni tout ce qui a été fait pour lui.