Quelle belle journée, les rayons du soleil étaient doux, réchauffant légèrement le teint de la blanche aux yeux gris, et la mettaient dans de bonnes conditions d'échanges avec les clients. Elle ouvrit donc la porte de sa boutique, faisant tinter la petite cloche discrètement, puis elle enfila son tablier par dessus son sous pull rayé jaune, noir et blanc, avant de mettre sur son nez une paire de lunettes de repos, elle lisait les commandes de ses derniers clients afin de confectionner un bouquet sans erreur d'inattention. Elle alluma le poste, passant des musiques douces mais actuelles, reposa ses lunettes et s'atela à la confection de quelques bouquets ronds, certains clients aimants venir tôt le matin. Elle se rendit vers ses glaïeuls, dont la saison aidait à l'épanouissement de ces dernières. On était en pleine saison d'été, et les fleurs à longue tige étaient préconisées pour les bouquets ronds. Elle y ajouta des delphiniums bleutés, ainsi que quelques roses pour agrémenter le bouquet riche en couleurs vives et tonifiantes. Elle les laça, enrubanna et y accrocha une étiquette. Quoi que cela ne fut pas forcément nécessaire car le client arriva bien vite.

«  Vous êtes venus tôt » signala la blanche, maquillant son visage d'un sourire bienveillant.

Ledit client se confonda en excuses timides, il était certain que le jeune homme était stressé et avait souhaité récupérer sa commande plus tôt que prévu pour être sûr d'être à temps à une fête ou autre. Boel n'aimait pas rentrer dans la vie privée des gens, elle détestait plus que tout l'intrusion mal placée. Elle tendit alors le bouquet et encaissa son client avant de s'ateler à la prochaine commande prévue quelques minutes plus tard.

Et elle continua comme ça jusqu'à la fermeture de la matinée.
Vers 11h55, elle commença à tourner la pancarte dans le sens fermé en affichant les horaires de l'après-midi. Elle rouvrait vers 14h.
Elle sortit de sa boutique, la fermant à clé, et se rendit dans les grandes rues commerciales pour se prendre à manger. Son ventre commençait à crier famine, et elle avait des envies particulières de Karelian pasties, une sorte de chausson scandinaves fourré au riz. Elle adorait quand sa mère les cuisinait, elle en faisait souvent quand Igor et Ada venaient le week-end, et ils se goinfraient de ces chaussons toute la journée en regardant des séries suédoises sur le gros canapé familial.

Happée par ses souvenirs familiaux, elle ne remarqua pas le jeune garçon qui la toisait avec intérêt, et malice. Ce ne fut que lorsqu'elle sentit une pression sur son poignet ainsi qu'un son de mécanisme qu'elle s'extirpa de ses pensées. Mais la pauvre, elle n'eut pas vraiment le temps de réagir car elle réalisa qu'elle n'était pas attachée toute seule, mais avec quelqu'un. Elle écarquilla ses grands yeux gris vers un jeune homme aux yeux bleu ciel. Il faisait une tête et demie de plus qu'elle, avait une carrure assez musclée pour ne pas dire saillante sur ses vêtements. Enfin, elle ne s'y attarda pas longtemps car elle revint bien vite sur la situation actuelle qui l'incombait.

«  Det är ett skämt, hoppas jag? (C'est une blague, j'espère ?) » songea-t-elle à voix haute.

« Attrapez moi si vous pouvez!! » s'exclama l'accusé, s'enfuyant tel un enfant.

Boel vit rouge, mais n'eut pas le temps de lancer son Hacking sur l'enfant qui avait déguerpi bien vite. Elle baissa sa tête vers les menottes, n'y voyant aucun bouton ou ouverture facile, elle ne savait même pas si la personne bloquée avec elle avait un pouvoir pouvant les sortir de cette impasse. Alors, elle essaya d'y déloger sa main, mais impossible.

« On n'a pas le choix il faut l'attraper » lança-t-elle au jeune homme, bien décidée à ce qu'ils sortent de ce piège, « je ne tiens pas à ouvrir ma boutique menottée avec quelqu'un ! »

L'enfant les nargua, tendant la clé vers eux. Vraiment ! Tu parles d'une bonne journée.