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Le PDG de la X-TREM Factory entretiendrait une relation des plus intenses avec sa vice-présidente. On espère que ce n’est pas cette affaire qui a distrait l’ancien Phoenix de son travail et qui a entraîné un manque de sécurité lors de la dernière conférence de presse de l’entreprise où à eu lieu une explosion causant la mort d’un de ses haut-gradés...
Le mystérieux « Mist » dont l’apparition soudaine a récemment secoué la ville serait en fait une association de trolls désoeuvrés voulant profiter de la panique des récents attentats pour gagner plus de popularité sur les réseaux sociaux.
Il paraîtrait que le fondateur de la ville Edward Astrophel aurait été le descendant direct de Diogène, le philosophe grec qui vivait dans un tonneau. Incroyable !
les rumeurs


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OLD FRIENDS {Heileen}
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Mist
Karen "Vesper" Smith
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MessageSujet: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyJeu 10 Nov 2016 - 20:58



Old friends

I thought I was alone for all this time, and now you show your face... Am I dreaming ?

Deux ans. Deux ans que t’étais coincée dans ce putain de fauteuil à cause de ces salopards de supers. Deux ans que tu t’étais échappée de ce foutu centre qui “fabriquait” des supers. Plus de 5 ans que t’avais été arraché de ton foyer. Qui s’était auto-détruit peu de temps après d’ailleurs. Donc 5 ans que t’étais orpheline, même si tu l’avais su seulement trois ans plus tard. Dix ans que ton frère était mort, tué dans l’explosion de l’usine où il travaillait pour aider les parents. ça t’arrivait souvent de faire le compte comme ça. Une brève mise au point de ta poisse ; de quoi nourrir ta haine contre le système. Te rappeler qui étaient les responsables, et combien ils paieraient. Ils avaient pris trop de vies. Ils t’avaient pris trop de choses qui te tenaient à coeur. Ta liberté. Ton humanité. Tes jambes. Tes rêves. Donc à eux aussi tu leur prendrais tout. Oui. C’est pour ça que t’avais rejoint Mist. S’unir pour accomplir le même objectif. Même si certains révolutionnaires te tapaient sur le système. Tu pourrais tout supporter pour arriver à tes fins. C’est comme ça que t’étais, depuis deux ans. Haineuse et incapable de faire le deuil de ce que tu étais avant. C’est toujours plus difficile de vivre avec un handicap quand on avait connu une autre vie avant, hein Vesper ? Toi t’avais trop de fierté pour l’accepter. Tu laisserais pas ta fierté de côté. C’était tout ce qui te restait.

Ta vie après ta sortie de l’hôpital, c’était ça. Ton quotidien, c’était ça. Travailler, rouler jusqu’à chez toi, chuter, te relever par la force de tes bras. Rager, pleurer parfois même. Toujours seule. C’est pas comme si t’aurais accepté de l’aide de toute façon. Parce que t’étais trop fier. Pourtant t’avais accepté une main tendue y’a deux ans. Celle de ton patron. Il t’avait aidé à te réinsérer ; il t’avait embauché ; il t’avait trouvé un appart ; il avait fait beaucoup de choses pour toi. T’avais trouvé ça débile. Aider la première gosse qui passait, simplement pour se donner bonne conscience en la voyant dans un fauteuil… Tu savais pas pourquoi il t’avais aidé. Tu savais pas pourquoi t’avais accepté -ou plutôt si ; parce que t’avais pas d’autre solution, et que t’en sortir te permettrait de parvenir à ton ultime objectif. T’étais ingrate et injuste ; parce qu’au fond tu lui avais jamais vraiment fait par de ta reconnaissance. Sans doute à cause de la fierté. Et cet imbécile heureux s’en contentait. Quand t’y penses, ça t’énervait d’être aussi crétin. Un jour il se ferait prendre au piège… Enfin c’est pas comme si tu t’inquiétais pour lui, hein Karen ?

Assise au fond de ton fauteuil, tu fumais ta clope, les mains enveloppées dans tes mitaines noires un peu usées. Les gens te regardaient ; ils te jettaient des regards en coin. Compassion, pitié, attendrissement, injustice. Tu voyais ça dans leurs yeux, et t’avais envie de les leur crever.

Karen — Vous inquiétez pas, c’est pas contagieux, t’avais lancé d’un ton amer et sarcastique à une femme qui t’observait trop.

Entre ta voix et ton regard sombre, tu savais pas ce qui l’avait fait fuir. Bon débarras. Tu détestais les gens ; toujours à compatir à ton sort. Ils te traitaient comme un bébé. Comme l’handicapée que tu étais, et ça, c’était inacceptable. Tu refusais d’admettre ton handicap, pourtant, ça ne changeait rien. Tes jambes ne répondaient toujours pas. T’aurais pas encore l’espoir de les récupérer, Kary ? Vesper Smith. Karen Nolan. Au fond t’étais qui ? Ptet simplement la jeune Kary de l’époque.

Quelqu’un te bouscula et tu sentis ta clope glisser de tes doigts. Tu fronças les sourcils et invectiva l’homme qui venait de te la chourrer. Un sale type, Marcus, que tu pouvais pas blairer. Il savait que tu refusais ton état ; il avait déjà peu de scrupule de base, donc faire chier une handicapée ça lui faisait que dalle. T’étais déjà rarement dans tes bons jours, mais là… il te suffisait de peu pour t’énerver. Et là, c’était suffisant.

Karen —Tu fous quoi sale con ?! Rends là !
Marcus —Sinon quoi ? Tu vas faire quoi ? Me courir après pour la reprendre ? Oh pardon c’est vrai, tu peux plus courir. Seulement rouler.
Karen — Ta gueule connard ! J’vais t’atomiser !
Marcus — J’aimerais bien voir ça. J’te rappelle que tu me dois un téléphone neuf, la dernière fois tu l’as balancé sur la chaussée. Tiens, j’vais prendre ton ordinateur en échange, t’en dis quoi ?
Karen — M’approche pas !

En dépit de tes vociférations et de tes coups de poing dans le vide, il te prit ton ordinateur. ça, la clope, et ses moqueries incessantes… il se payait ta tête… Il en profitait parce que t’étais pas capable de te défendre aussi bien que les autres. “Mais t’es pas une handicapée, d’après toi, donc c’est pas comme si je m’en prenais à une handicapée !” Tu vis rouge. Avec un cris de rage, tu sortis ton colt 47 de sa cachette, sous ton fauteuil, et tu le pointas sur lui. Il n’y avait que vous deux aux alentours. Un cadavre de plus ou de moins…

Karen — T’atomiser comme ça. Ah, on fait point le malin, le bouseux, hein ?
Marcus — Oh tu fous quoi ? T’es pas sérieuse là ?

Pour toute réponse tu tiras pile entre ses deux jambes. Il devint aussitôt blême comme un linge. Il bafouilla. Tu lui fis signe de reposer l’ordinateur sur tes genoux, sans tenter de connerie. Mais était-ce suffisant ? Tu voulais régler tes comptes.

Karen — Donne moi une seule bonne raison pour pas t’exploser le crâne tout d'suite.

Ton regard froid et déterminé ne laissait planer aucun doute ; t’avais bien envie de le buter, tout de suite. Mais en fait, tu jubilais de le voir sur le point de se pisser dessus.

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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyLun 27 Mar 2017 - 23:41

Old Friends


Une patrouille jointe pour renforcer les liens unissant les commissariats de chaque district.
Mon oeil, ouais.

Bras croisés sous le buste, l’uniforme impeccable et les cheveux tirés en tresse, Heileen observait la grande place. Le coeur de Haylen district, sinon l’un des poumons d’Astrophel ; cet endroit était réputé pour sa bonne ambiance. Les touristes affluaient de tout le pays pour photographier la statue du fondateur et monter dans la grande roue, qui offrait une vue sans pareille sur la ville. Sans parler de toutes les activités qui étaient organisées ici : spectacles, concerts, défilés, des dizaines d’événements s’y succédaient tout au long de l’année, et il y en avait pour tous les goûts.
Si l’on réunissait tous ces facteurs et qu’on y rajoutait la taille - l’immensité - de l’endroit, il était évident que la grande place était un théâtre de choix pour les combats programmés des sponsors. Ça, tous les habitants d’Astrophel y étaient habitués.
Mais ;
mais.

Du visage grave de monsieur le fondateur, ses iris glissèrent sur l’immense amoncellement de métal situé un peu plus loin. Et elle ne put retenir une légère grimace.
Défigurée, voilà ce qu’était la grande place - Astrophel avait été agressée. Des bombes avaient explosé à plusieurs endroits stratégiques, des hauts lieux de la ville.

Cette histoire ne lui plaisait pas, à la lieutenant ; pour elle c’était clair comme de l’eau de roche que ces détonations n’étaient que le prélude d’une période difficile. Parce que c’est un groupe terroriste qu’ils avaient en face - un putain de rassemblement géant de psychopathes -, et qu’ils n’allaient sans doute pas en rester là. Ils allaient frapper encore, et encore, et encore ; ils allaient faire couler le sang d’innocents au nom d’une quête insensée. Les caniveaux seraient débordés, les drapeaux seraient en berne, les cimetières se rempliraient ; et Heileen, elle n’aimait pas ça.
Ce n’est pas ce qu’elle souhaitait pour Astrophel.

Non pas qu’elle trouvait la ville ou ses habitants parfaits, mais elle était tout de même attachée à la première. Quant à ce qui concernait l’humain, sa famille et ses amis habitaient la ville. Et elle refusait que leurs vies soient mises en danger par qui que ce soit. Bien sûr, elle était aussi bien placée pour savoir quel genre de pourriture pouvait habiter dans le coin ; mais ce n’est pas pour autant qu’elle aurait l’idée de faire exploser les bureaux où ces personnes travaillent - quoi que, elle y a peut-être pensé une fois. A l’époque il ne lui manquait que la bombe.
Mais là n’est pas le sujet.
Car désormais, peu importe les excuses que ces poseurs de bombe pourraient sortir, ce qu’ils faisaient n’était qu’une barbarie digne d’animaux à ses yeux - en plus d’être un crime que les forces de l’ordre, dont elle était l’une des représentantes, se devaient de sanctionner.

Lieutenant !

C’est une voix d’homme, une voix qui l’interpelle ; elle sort de ses pensées en tressaillant, avant de tourner un regard autoritaire vers son collègue. Quelques mots échangés, puis les voilà qui se remettaient en route.

Elle n’avait pas l’habitude du secteur, mais son chef l’avait informée la semaine précédente qu’une patrouille jointe serait organisée ; ce n’était qu’une excuse, évidemment. La brunette ne comprenait même pas pourquoi ils ne jouaient pas franc-jeu. C’était si difficile que cela, d’admettre que les effectifs à Haylen n’étaient pas suffisants dans le contexte ? Que les citoyens avaient besoin d’être rassurés par une présence forte sur les lieux des attentats, mais que pour cela il fallait dispatcher les unités différemment ?
M’enfin, voilà plusieurs années qu’elle avait abandonné l’idée de comprendre ses supérieurs. Elle faisait son travail en s’appliquant au maximum, point ; c’était la meilleure manière de procéder si elle voulait un jour prendre leur place.

En attendant, elle devait suivre les ordres. Qui consistaient aujourd’hui à déambuler dans les rues, sous les regards - parfois curieux, parfois effrayés, quelques-uns désintéressés - des habitants. Voilà plusieurs heures qu’ils se livraient à leur tâche, mais toujours rien à signaler. La demoiselle ne s’en plaignait pas, loin de là : c’était une preuve qu’une paix relative était revenue - accompagnée par une sourde inquiétude, stigmate dans l’âme des habitants.
Si seulement ça pouvait durer.

Mais la paix, le calme, toutes ces belles choses ; faut croire que ça ne durait jamais.
C’est ce qu’elle se dit quand elle entend le coup de feu résonner deux rues plus loin.

Elle court, évidemment. C’était son devoir - qu’elle aurait accompli avec ou sans l’uniforme, parce qu’elle se l’imposait tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Si une vie était en danger, Heileen ne pouvait pas l’ignorer.
Quand elle arrive, suivie de près par son acolyte, c’est d’abord un homme qu’elle voit. Il gardait les mains en l’air et semblait sur le point de se pisser dessus.
Et l’assaillant ?
Elle baisse légèrement le regard, jusqu’à trouver l’arme, puis le bras tendu. Son visage lui reste invisible ; elle arrive presque dans son dos.
Et puis y’a ce fauteuil. Une paraplégique, pense vaguement la Blauereiss ; mais pour elle ça ne change pas grand chose. Elle n’a jamais été du genre à s’émouvoir des éventuels handicaps physiques. Tout ce qu’elle avait besoin de savoir, c’est que cette personne tenait un fichu flingue - et avait envie de s’en servir, si on en croyait ses paroles.
Une bonne raison ? Elle allait en avoir une, tiens.

D’un geste rapide, acquis à force d’entraînement, la policière dégaine son arme de fonction et le braque.
Moi, j’vais t’en donner. Si tu tires, je crève le pneu de ton bolide et j’te jette en prison sur le champ. Si t’as compris le message, baisse ton arme tout de suite et tourne-toi par ici.
Sa voix était aussi assurée que son bras ; elle n’hésitait pas. Heileen n’avait jamais peur de l’action, elle serait plutôt du genre à avoir peur de regretter si elle n’agissait pas.
Mais surtout, Heileen ne laissait pas le choix à cette personne en fauteuil ; ça se sentait à son ton. Si tu crois être la seule à être déterminée, tu te fourres le doigt dans l’œil.


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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyLun 3 Juil 2017 - 10:58



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T’imaginais déjà à quoi ressemblerait sa tête de rat avec un trou gros comme un pouce. Sa cervelle lui serait probablement plus utile en passoire. L’idée de tuer ne te révulsait pas plus que ça ; c’était un moyen définitif pour te débarrasser d’un nuisible. Nul doute que la ville t’en serait reconnaissante, limite. Ce qui te ferait rire jaune, vu que tu veux tout sauf rendre service à ses dirigeants. Non, détruire leur monde, c’était mieux. Il faisait moins le malin, ce fils de petit poney. La seule chose qui te retenait d’appuyer sur la détente, pour l’instant, c’était l’intense sentiment de satisfaction que t’éprouvait à le voir blanc de terreur, prêt à pisser dans son froc. C’était jouissif. D’ailleurs un rictus satisfait assombrit ton visage. S’il se pissait effectivement dessus, ptet que tu l’épargnerais. Juste pour qu’il vive toute sa vie l’humiliation d’avoir fléchi devant une fille, qui plus est une handicapée. Tu pourrais presque sortir ton téléphone pour prendre une vidéo et rendre la ville témoin de cet événement spectaculaire. Oui, c’était une autre possibilité…

Tes rêves sinistres de vengeance et d’humiliation méritée furent abruptement interrompus par le son très reconnaissable d’une arme dégainée et armée, prête à faire feu, presque derrière toi. Puis une voix féminine tout aussi déterminée que ta volonté s’éleva, te donnant une raison de ne pas trouer la cervelle inutile de Marcus. Cette voix, elle résonna en toi comme un écho. Comme si elle cherchait son chemin, pour quelle destination, ça… Ton rictus se transforma en une grimace frustrée. Pourquoi cette chienne de vie mettait encore un obstacle sur ton chemin ? Un flic, putain. Non, une fliquette. Elle n’avait toutefois pas l’air d’une taffiole. De ce que t’avais pu entendre du moins. Finir en tôle… ça te faisait pas plus peur que ça. Seulement, tu servirais plus à rien entre quatre murs, sans ordinateur. Et tu pourrais plus œuvrer à la destruction certaine de ce système pourri jusqu’à la moelle. Donc tirer sur Marcus te desservirait plus qu’autre chose. Et tu détestais avoir tort, tout autant que donner raison à quelqu’un d’autre.

Mais, rebelle dans l’âme, tu ne baissas pas immédiatement ton arme. Tu fixais toujours Marcus de ton regard dur et froid, tranchant comme l’acier. Celui-ci regardait alternativement la femme policière et ton air déterminé. Il doutait sérieusement de l’efficacité de l’ordre, à en juger son visage qui s’était décomposé. Il te connaissait suffisamment pour savoir que te donner des ordres avait en général l’effet inverse de celui escompté. Parce que t’étais une putain de rebelle, et que t’avais l’esprit de contradiction. Ce même esprit qui te murmurait « vas-y, fais-le, on verra bien sa tête de fliquette après ! Ha, elle en mènerait pas large ! » Mais, le ton de sa voix avait remué quelque chose enfoui profondément en toi. Ça avait perturbé ta détermination habituelle, et tu savais fichtrement pas pourquoi. Ce fut peut-être ce qui te persuada, pour une fois, d’obtempérer. A ta manière, cela dit.


Karen — Pan ! fis-tu en faisant semblant de tirer.

Marcus étouffa un cri misérable qui t’arracha un ricanement. Il était pathétique. Tu le méprisais tellement, ce bouseux à face de rat –pardon, amis rongeurs. Sans baisser ton arme, tu toisas une dernière fois ce pitoyable ennemi.


Karen — On dirait que les flics te sauvent ta peau, pour une fois, Marcus. Rêve pas ; la prochaine fois que j’te croise, j’transforme ta cervelle en passoire, elle servira enfin à quelque chose.

Après ce venin éructé, tu abaissas légèrement le canon de ton arme. Ta main libre se posa sur la manette de ton fauteuil et le fit pivoter lentement. Tu voulais voir le visage de cette pétasse qui te privait de ta vengeance. Et puis, quelque chose te disait que c’était en daignant lui obéir que tu trouverais le pourquoi du comment ; la raison pour laquelle sa voix avait sapé ta détermination. La mine sombre, le regard froid, tu notas d’abord la présence d’un co-équipier. A lui tu n’accordas qu’un regard dédaigneux. C’est elle que tu voulais fusiller de tes prunelles d’acier. Cependant, quand celles-ci se posèrent sur son visage, ce fut comme si c’était toi qu’on avait abattue en plein cœur.

Tes yeux s’écarquillèrent. La main qui tenait encore ton arme se mit à trembler. Puis, au bout d’une dizaine de secondes, elle retomba mollement sur tes genoux, coupée de toute énergie. Ton air sombre et frustré s’effaça pour laisser la place à une expression choquée. L’écart se creusa légèrement entre tes lèvres, mais aucun son n’en sortit. Tout sentiment de rage et de frustration s’était évaporé. Ton corps et ton esprit étaient paralysés de stupeur. Cette femme qui avait brisé ton rêve, cette femme qui te faisait face, c’était la version plus âgée de celle qui t’avait servi de baby-sitter, qui t’avait emmené au dojo, qui t’avait fait rêver de liberté. La seule qui t’avait jamais comprise.


Karen — Hei-Heileen ?...

Ta voix cassée se brisa sur la dernière syllabe. Ton état de choc fit ensuite place à un profond malaise. Elle était la seule personne encore en vie qui t’avait appréciée dans le temps. Pourquoi paraissais-tu aussi surprise ? Elle n’était pas morte, elle, jusqu’à nouvel ordre. Mais c’est comme si t’avais occulté son souvenir, rongée par la haine et le désir de vengeance, car il représentait un obstacle. Cependant, elle se rappelait à toi désormais. Elle, qui devait te croire morte comme tous les autres, depuis tout ce temps. Mais ce n’était pas ce qui te faisait le plus mal. Ce n’était pas ce qui te coupait le souffle, te paralysait, et étouffait ta voix. Non. Le plus dur, c’était qu’elle sût. Qu’elle te vît, toi, l’oiseau noir aux ailes brisées, affaissé dans ce trône dont tu serais la seule et unique souveraine. La dernière personne au monde que tu souhaitais découvrir ce que t’étais devenue : une pauvre orpheline hargneuse, brisée corps et âme.

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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyMer 2 Aoû 2017 - 20:35

Old Friends


Son avertissement donné, Heileen se retrouva à attendre une réaction quelconque.
Attendre.
C’était pour elle une torture. D'une part parce qu’elle n'avait jamais été d'une patience folle, de l'autre parce qu'elle avait l'impression d'être passive, inutile presque. La brunette préférait largement agir - se dire qu’elle pouvait influencer le cours des choses en se bougeant les fesses. Mais dans la situation actuelle, tout geste irréfléchi pourrait bien coûter la vie à quelqu’un.

Tout s'était immobilisé dans cette ruelle, à l'exception du regard de l'inconnu - il voguait entre les visages, terrifié et perdu. Heileen ne lui prêtait aucune attention, pour le moment. Elle était concentrée sur ce fauteuil retournée, cette arme braquée. Son corps entier était paré à la moindre éventualité.
Résonne finalement une détonation articulée qui la fit tressaillir. Puis la jeune femme commença à se détendre, en comprenant que l’inconnue n’avait plus l’intention de tirer - elle ne se serait pas contenté d’imiter le bruit d’un coup de feu, sinon.
Précaution oblige, elle garda tout de même son arme braquée jusqu’à ce que la terreur en fauteuil roulant n’abaisse la sienne.

Vint ensuite le moment du roulement de tambours.
Le siège qui se tourne.
La silhouette qui se dévoile progressivement.
Un visage aux traits sévères, qui se décompose à sa vue.
Deux billes de tempête, d’abord farouches, qui la fixent ensuite avec stupeur.

Lorsque Heileen vit ces yeux à la couleur si singulière, elle eut déjà une drôle d’impression - un effet de déjà-vu. Elle la connaissait.
Puis elle entendit sa voix se briser sur son prénom, l’appeler avec ce qui semblait être un restant d’innocence - ou un espoir oublié.
Un quelque chose de douloureux et précieux à la fois. Un passé retrouvé.
Là, un souvenir lui revint ; celui d’une gamine dont elle s’était occupée, d’une petite soeur disparue.
Elle ressemblait indéniablement à cette enfant d’antan.

Les temps se mélangent - passé, présent ? Heileen ne sait plus. Plusieurs images se superposent devant ses yeux, le sépia, le mirage.
Et sa voix tremble légèrement lorsqu’elle nomme enfin ce souvenir.

Karen… ?

Non. Non.
Avant que qui que ce soit n’ait réagi à son instant d’égarement, la lieutenant secoua la tête et reprit rapidement le dessus. Elle rangea son arme tout en faisant signe à son collègue de passer les menottes à cette fille qui la perturbait tant. Puis elle posa les mains sur les hanches. “Désolée mais il va falloir qu’on t’embarque au poste. Ton nom et ton prénom ?
Ses doigts se crispèrent légèrement. Heileen dut faire un effort incroyable pour ne pas trembler en posant cette question - trembler devant un et si qui lui comprimait la poitrine.
Karen était morte.
Pourtant, une partie de son être le lui hurlait - y croyais-tu ?


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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyMar 15 Aoû 2017 - 1:25



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I just wanted you to be there

Celle qui t’avait baby-sitté après la mort de ton frère, quand tes parents s’absentaient. Celle qui t’avait fait découvrir le dojo et les arts martiaux. Celle qui t’avait donné l’envie de vivre pour un but bien précis, après la tragédie qui t’avait pris ton frère. Celle, enfin, qui avait été ta seule amie. Elle était là aujourd’hui, devant toi. Cette chienne de vie avait décidé de vous réunir finalement, pour le meilleur et pour le pire. Tu l’avais reconnu tout de suite, car son visage était gravé dans ta mémoire depuis cette fameuse nuit, où tu avais eu besoin de la voir, et où t’avais seulement rencontré une porte fermée. Absente. T’aurais tellement voulu qu’elle soit là.

A son regard, tu sus. Elle t’avais reconnue. Ton ancien prénom prononcé avec ce trémolo dans la voix en témoignait. Du moins, tu voulais le croire. Autant que ça te révulsait, car elle saurait alors ce que tu étais devenue. Un oiseau aux ailes brisées. Une ex-cobaye orpheline. Une handicapée. L’idée qu’elle te reconnaisse t’était autant nécessaire qu’insupportable. Un paradoxe source d’ironie. Qui aurait cru, alors que t’avais tant souhaité la voir un soir, qu’à présent, tu voudrais que ce ne soit pas elle ? L’ironie du sort. La vie poussait le vice jusque dans ses moindres recoins. Ce conflit te bouffait de l’intérieur.

Et puis non. Ce hochement négatif de la tête. Ce regard qui se faisait plus ferme. Son aplomb qui revenait à la charge. T’avais espéré, un moment, qu’elle te reconnaisse. Cet espoir était à présent étouffé dans l’œuf. Tu croyais quoi, au juste ? Karen Nolan n’existait plus pour personne. T’étais morte y’a 5 ans et personne n’avait jamais retrouvé ton corps. C’était logique. C’était ce qu’une part de toi souhaitait. Et pourtant ça te fit encore plus mal que l’idée qu’elle te voit dans ce corps mutilé. Tu baissas le regard, brisée. Non, elle ne croyait plus à ton existence. T’étais morte et enterrée pour Heileen. C’était peut-être mieux ainsi, non ?

Tu ne réagis même pas quand elle t’annonça ton arrestation. Toute ta combattivité était soufflée. Pourquoi ça comptait autant pour toi ? Puis elle te demanda ton nom. Tu dus lever la tête bien haut pour la regarder dans les yeux. Une question pourtant si habituelle, mais aujourd’hui si douloureuse. Tu butas sur le prénom, restant bloquée sur le k. Non. Karen Nolan était officiellement morte depuis cinq ans, et officieusement depuis deux ans, pour tes geôliers. Que feraient-ils s’ils prenaient conscience que tu avais survécue ? Ils te chercheraient, ils te trouveraient, et ils t’achèveraient. Et tu refusais de mourir avant d’avoir accompli ta vengeance. Tu ne pouvais pas dévoiler ta véritable identité. Pas devant cet officier que tu ne connaissais pas. Tu détournas le regard.

Karen — Vesper… Smith. t’articulais avec difficulté.

T’avais envie de hurler. De frapper. De rage, de frustration, de chagrin. Mais tu te contenais. T’étais pas une pleurnicheuse. T’étais une rebelle dans l’âme. Une révolutionnaire. Certains se battaient pour leur idéaux alors que toi, c’était juste par pure vengeance. Une personne en quête de vengeance retenait ses larmes. Ton apathie soudaine fut brutalement chassée quand le collègue de ton ancienne amie te toucha. Aussitôt tu te dégageas l’air sauvage.

Karen — Me touche pas sale flic ! Dégage !

Tu te débattis des bras comme une tigresse, mais t’étais trop mince et ta force te faisait défaut. Et puis tu n’avais pas tes jambes pour donner des coups ; elles restaient inertes sur ton fauteuil alors que ton corps se tortillait sur ton siège. De toute façon, si t’avais tes jambes, tu te serais enfuie depuis longtemps. Alors tu fus vite maîtrisée, en dépit de tes protestations, tes hurlements éraillés et ton torrent d’injures. Une fois les menottes aux poignets, une fois que t’eus réalisé qu’il ne servait plus à rien de se débattre, tu levas tes yeux gris, sombres comme un ciel orageux.

Karen — Pourquoi vous m’emmenez ? J’ai rien fait ! Je me suis défendue. Ce fils de pute m’avait volé mon ordi.

Ce furent tes paroles, pourtant tes yeux, eux, posaient une toute autre question. Tes yeux, dans lesquels brillaient cette leur de reproche, cette flamme indignée, ce voile offusqué. Ce regard de bête blessée, trahie par un proche. Pourquoi toi ?  

W H Y ?
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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyLun 11 Sep 2017 - 14:47

Old Friends


Une chose est sûre, elles ont l’air aussi paumée l’une que l’autre.

Heileen ne comprend pas très bien pourquoi l’inconnue est passée du stade de dangereuse furie à celui de légume. Elle ne comprend pas non plus comment son prénom a pu franchir ses lèvres. Mais ce qu’elle s’expliquait le moins, c’est ce pincement au coeur : Heileen n’avait jamais été du genre à larmoyer sur le sort de qui que ce soit, alors pourquoi fallait-il qu’elle ait mal en la regardant ?
Inconsciemment, elle le savait déjà. Ca fait mal parce que ça compte. Parce qu’elle compte à ses yeux. Et qu’importe si finalement, elle décidait de suivre sa tête plutôt que son instinct. Jamais la jeune femme ne pourrait se mentir au point de renier l’image de Karen.
Image qui se fit d’autant plus nette lorsque sa vis à vis leva un regard confus vers elle.

Du haut de son fauteuil, la plus jeune n’était pas plus grande que Karen il fut un temps - avant que le destin ne se joue d’elle. Mais elle avait dans ses prunelles la fissure de ceux qui n’ont connu que la perte et les fracas, des aléas vécus trop tôt par une âme ô combien innocente.
On l’avait brisée.
Un vieux réflexe, de ceux qu’elle avait avec sa sœur de cœur, poussa la brunette à faire un pas en avant - pour faire quoi ? Elle aurait pu la prendre dans ses bras, lui tirer les joues, lui prendre la main. Oui, Heileen aurait pu faire tout ça ; elle était encore égarée entre deux lignes de temps.

Heureusement, l’inconnue se reprit avant qu’elle n’ait cédé. Notre lieutenant se stoppa net en l’entendant se présenter.
Vesper Smith.
Elle s’appellait Vesper Smith, pas Karen Nolan.
Le sort était levé.

Heileen eut tout juste le temps de cligner deux fois des yeux, de revenir à la réalité. Puis la voilà de nouveau face à une teigne en fauteuil roulant qui résistait à un policier tout en l’insultant. Pendant une fraction de seconde, elle se demanda si ce qu’il venait de se produire n’était pas simplement le fruit d’une imagination rendue incontrôlable par la fatigue. Puis elle soupira face aux protestations et aux vaines tentatives pour échapper à l’arrestation.
La première chose à faire serait de calmer un peu cette fameuse Vesper. La demoiselle hésita un instant à lui décoller une baffe pour voir si cela fonctionnait, mais d’une elle ne pouvait pas se le permettre tant qu’elle portait son uniforme, et de deux elle avait peur que cela ait l’effet inverse. Autant ne pas prendre le risque d’envenimer les choses, hein.

Cependant, Heileen ne put s’empêcher de lui adresser un regard dur - non pas froid, mais autoritaire. De ceux qui calmaient les enfants trop turbulents au dojo parce qu’ils comprenaient tout de suite qu’ils avaient fait une bêtise.
Il paraît qu’elle leur faisait peur, aussi. Mais là n’était pas la question.

T’inquiètes pas, ton ami aussi va nous suivre au poste.” Elle se tourne vers ledit homme, qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis tout à l’heure. Et la Blauereiss eut de nouveau envie de distribuer des baffes. C’était typiquement le genre de type qui embête les plus faibles que lui pour se sentir fort, mais est tétanisé dès que les événements le dépassent.
L’avantage, c’est qu’il leur offrirait beaucoup moins de résistance.
Heileen s’adressa ensuite à son subordonné. “Menotte-le aussi et prends-le avec toi. Je me charge de la fille.” Puis elle se plaça derrière le fauteuil roulant et se mit à pousser.



Une fois arrivés au poste de police, tout le monde s’installa autour d’une table. L’officière plaça les coudes dessus et joignit les mains de manière à pouvoir y appuyer le menton. Son regard s’ancra d’abord dans celui de la fille - son collègue, à côté, se chargeait de tout noter. “Bien. On va reprendre depuis le début. Vous dites qu’il a essayé de voler votre ordinateur.” Elle se tourna ensuite vers l’homme. “C’est vrai ?
Comment rester calme et sereine ? Faire son boulot, tout simplement. Fallait y penser.


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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyDim 29 Oct 2017 - 0:22



Old friends

I just wanted you to be there

Soit elle ignora le regard que tu portais sur elle, soit elle ne le sentit même pas. Alors que tes yeux exigeaient une explication, alors que la question te brûlait les lèvres et que, assise sur ton trône, tu attendais ton sort, vaincue mais indomptée, elle se contenta de poser sur toi un regard dur. De ceux qu’elle te lançait au début ; ce regard qui ne souffrait aucune réplique, qui exigeait le silence quand tu gueulais trop et qui imposait le respect quand tu faisais des caprices. En cet instant tu te sentis 5 ans plus jeune, comme si t’étais toujours au district Hiawatha et qu’elle te grondait pour une de tes bêtises. A une différence près… tes jambes. Ça t’énerva autant que ça te rendit nostalgique. Alors t’avais détourné le regard sans prononcer un traître mot jusqu’à ton arrivée au poste de police. Même si ton silence rebelle eut probablement plus d’impact que tes habituels mots hargneux.

Ta seule satisfaction dans l’histoire fut de voir Marcus avec les bracelets ; il croyait quoi, ce p’tit con ? Qu’il s’en sortirait mieux que toi ? ça lui faisait une belle jambe maintenant -quel jeu de mot ironique hein ? Ce fut la mine renfrognée, boudeuse, que tu fus installée devant une table avec ton némésis. Tu lui lanças un regard meurtrier ; c’était de sa faute si t’étais là aujourd’hui ! Il te pourrissait déjà bien assez la vie comme ça, et maintenant tu te retrouvais chez les flics… Et, ironie du sort, dans le camp opposé à celui de ton ex baby-sitter. Qui ne savait même pas qui t’étais. Au final, c’était pas sa faute… T’avais les cheveux longs à l’époque, aujourd’hui ils étaient coupés au carré. T’avais le regard fougueux, plein de vie et de colère, aujourd’hui on y voyait plus de haine apathique qu’autre chose. T’étais encore entière à l’époque, aujourd’hui tu n’avais plus l’usage de tes jambes. En fait, la Karen d’avant était vraiment morte… Il ne restait plus que Vesper, au final, non ? Vesper qui était née des cendres de Karen l’enfant, Karen l’innocente, Karen la malheureuse.

Quand ton ancienne amie récapitula, tu te contentas d’un bref hochement de tête pour confirmer tes dires. Dire que tout avait commencé à cause de ce crétin qui voulait faire son malin. Peuh, il avait l’air malin maintenant !

Marcus — Mais non, j’lui ai pas volé son ordi ! Elle raconte n’importe quoi !

… visiblement il se croyait encore assez malin pour s’en sortir comme ça. Ton sang ne fit qu’un tour. Ton regard lança des éclairs imaginaires puis tu t’appuyas sur la table prête à lui sauter à la gorge.

Karen — Espèce de pourriture, fils de pute, ordure, tapette ! Si j’pouvais me lever je t’arracherais les dents une par une ! T’es même pas cap’ d’assumer ! Couilles-molles !

Couilles-molles, c’était une insulte bon enfant que ton frère t’avait apprise. Sous le torrent d’invectives et la menace assurément fondée -si t’avais pu marcher tu lui aurais effectivement refait sa dentition… enfin probablement que les flics vous auraient séparés avant- il se ramassa un peu sur lui-même, avant de céder sous l’intensité de ton regard furieux.

Marcus — Enfin non pas volé, c’était pour rire quoi, j’allais pas lui prendre vraiment !
Karen — Pour rire ?! J’vais t’en donner moi, des raisons de rire !

Si personne n’avait été là pour te calmer, peut-être que par la force de tes bras t’aurais réussi à te traîner jusqu’à lui pour lui faire passer l’envie de se foutre de ta gueule. Malheureusement vous n’étiez pas seuls. Une fois la tempête passée, tu t’enfonças dans ton siège sans quitter Marcus des yeux. A la façon dont il te regardait, il doutait que tes jambes fussent vraiment paralysées. Tu dégageais une telle colère qu’on te croyait effectivement prête à lui sauter à la gorge d’un moment à l’autre. Tu décidas d’ignorer cet avorton sur patte pour poser ton regard sur Heileen.

Karen — Vous allez me rendre mon flingue après ? C’est tout c’que j’ai pour me défendre.

Tu n’abordas pas le sujet de ton « état », mais il était fortement insinué. Tu ne supportais pas d’en parler ; le simple fait d’entendre « handicap » te révulsait, et toi-même tu ne prononçais jamais ce mot. Tu ne l’acceptais même pas. T’avais que 17 ans, bordel. Personne ne mérite de se retrouver en fauteuil aussi jeune, et surtout pas toi. A ta demande, Marcus perdit le peu d’assurance qui lui restait.

Marcus — Hey non, lui rendez pas son arme, elle est complètement folle cette fille ! c’est un danger ambulant ! Enfin roulant plutôt…
Karen — P’tit merdeux !

Même si son but n’était pas de se moquer d’elle, il en avait trop dit. C’était LE sujet tabou avec toi, le meilleur moyen de s’attirer tes foudres si ce n’était déjà fait. Puisque t’avais déjà pas mal déballé d’insultes, tu ne trouvas pas mieux que de lui faire don d’un peu de ta salive en lui crachant rageusement dessus.

W H Y ?
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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyLun 5 Fév 2018 - 12:18

Old Friends


Pour le moment, Heileen s’était autorisée à ne pas penser au passé.
Ou plutôt elle s’y forçait.

Et pour se rendre la tâche plus facile, la jeune femme s’était glissée dans son rôle de flic. Le boulot avait toujours été son meilleur refuge : pour ne pas penser à ce qui la tracassait, il suffisait de s’occuper l’esprit et le corps avec une affaire épineuse - ou à défaut, la première qui lui tombait sous la main.
Quoi qu’en l'occurrence, ce qu’elle avait sous la main ressemblait plus à une dispute qu’à autre chose. Mais ne jouons pas sur les mots maintenant.

Dans un premier temps Heileen observa donc les deux jeunes gens se prendre le bec, l’un à coup de mauvaise foi et l’autre à coup d’insultes et de menaces fleuries. C’était du haut niveau, dites donc. Tellement qu’elle s’était laissée aller au fond de son siège, avait croisé les bras et tapait du pied avec agacement sous la table. Cela dit à force d’expérience, la jeune femme avait appris à laisser les autres vider leur sac quand ils en avaient envie. Ou du moins à attendre avant de les interrompre. Elle se contenta donc de prendre son mal en patience en- couilles molles.

Heileen se figea. Était-ce encore une coïncidence ? Cette Vesper venait d’utiliser l’une des insultes phares d’un garçon qui avait été l’un de ses meilleurs amis, mais aussi le grand frère de Karen.
Encore une fois, des échos du passé résonnèrent en elle et la plongèrent dans ses pensées. Elle n’entendit rien de ce qui se passa durant les secondes qui suivirent. Et quand elle revint enfin au présent ce fut sur une question de l’autre brune à laquelle elle n’eut pas le temps de répondre, puisque Marcus s’en chargea. Provoquant au passage une énième insulte.
Là, notre lieutenant craqua.

Elle abattit sèchement la paume de sa main contre son bureau en lâchant un “ça suffit !” qui ne souffrait aucune rébellion ; on y sentait toute sa contrariété. Ensuite Heileen regarda tour à tour le jeune homme et l’adolescente, avec des éclairs dans les yeux. “Vous êtes pas dans une cour de récré, ici. Si vous n’êtes pas capables de vous calmer je vous colle au trou pour vingt-quatre heures. Compris ?” Une fois sûre et certaine que le message était bien passé, elle soupira doucement puis se tourna vers son collègue. “Prends le garçon avec toi et emmène-le dans une autre salle. Interroge-le et prends ses empreintes, qu’on les compare à celles présentes sur l’ordi. Je vais rester avec la fille.” Ensuite, la demoiselle attendit que son subordonné ait disparu avec Marcus pour se tourner vers Vesper. “Bien, à nous deux. D’abord on va te prendre tes empreintes aussi.
Ce serait un bon début.
N’empêche, un peu de calme ne faisait pas de mal.


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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyLun 19 Fév 2018 - 22:47



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See what i have become...


Cette fois, vous aviez usé les nerfs de la lieutenante. Ton ultime insulte à l’encontre de ton rival fut la goutte de trop. Heileen frappa la table de sa paume, te faisant sursauter. Tu lui jetas un regard à la fois rebelle et craintif. L’espace d’un instant, tu te revis des années auparavant, quand elle te baby-sittait et que tu lui désobéissais. Elle avait toujours su comment se comporter avec toi, et pas seulement parce qu’elle était amie avec ton frère aîné. Il y avait toujours eu un feeling entre vous deux ; des atomes crochus, un courant qui passait bien, on peut appeler ça comme on veut. Alors, tu baissas le regard, fixant les bracelets qui t’entravaient les mains. T’haussais les épaules. T’avais subi 3 ans d’emprisonnement, alors franchement, 24h de trou, qu’est-ce que ça pouvait bien te faire dans le fond ?

Tu dressas une oreille intéressée quand elle parla de vous séparer. Là pour le coup, t’étais partante. Sa face de rat te donnait des boutons. Tu suivis l’autre policier du regard alors qu’il emmenait l’origine de ta présence ici. Rapidement, tu fus seule avec ta vieille amie. Tu posas sur elle tes iris couleur d’acier, guettant ses réactions. Que ferait-elle maintenant ? Vous n’étiez plus que toutes les deux, comme au bon vieux temps. Sauf que pour elle, t’étais morte. «  D’abord on va te prendre tes empreintes aussi. » Tu te mis à ricaner. Tes empruntes. Elle était bien bonne celle-là. Bon, à sa décharge, elle ne pouvait pas savoir. Tu lui jetas un regard insolent.

Karen — J’voudrais bien voir ça, tiens.

Tu fis glisser lentement le gant de ta senestre, quelque peu gênée par les menottes qui t’entravaient les poignets, puis tu réitéras avec la dextre. Tu posas ensuite tes mains sur la table, paume vers le ciel. Sur chaque extrémité, la peau avait été rongée par l’acide, punition écopée suite à ta première tentative d’évasion. Tu jettes de nouveau un regard mi-figue mi-raisin à la flic.

Karen — J’vous souhaite bien du courage.

Etait-elle stupéfaite ? Intriguée ? Horrifiée ? C’était pas coutume de ne pas avoir d’emprunte. Il existait, parait-il, une maladie génétique qui faisait des paumes toutes lisses, dénuées d’identité digitale. Au moins, les malades n’en avaient pas souffert, eux. Tu guettais sa réaction, une mèche rebelle masquant tes yeux. Tu voyais déjà la question arriver, aussi tu pris les devant en observant tes paumes meurtries.

Karen — Ils avaient peur qu’on puisse m’identifier. Alors après ma tentative d’évasion ratée, ils ont pris leurs précautions. Ils m’ont forcé à regarder, histoire de me donner une leçon.

Tu passas sur le détail des cheveux, qu’ils t’avaient coupé au ras du cuir chevelu, raison pour laquelle tu les avais si courts aujourd’hui. Ton regard revint chercher le sien, guettant sa réaction. Tu jetas un œil derrière toi, en direction du reste de la station de police. Histoire de s’assurer que personne ne risquait d’entendre la suite. Car tu tenais plus que tout à ton anonymat ; ils ne devaient jamais te retrouver.

Karen — Me faire passer pour morte, c’était visiblement pas suffisant. Ça a plutôt bien marché pourtant, à c’que j’vois.

Tu jetas à Heileen un regard lourd de sous-entendus. Allait-elle comprendre où tu voulais en venir ? Saurait-elle seulement de quoi, ou plutôt de qui tu parlais, alors que ton amie s’obstinait à te croire six pieds sous terre ? Mais tu ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Tu retournas tes mains pour plaquer tes paumes contre le meuble, cherchant un semblant de vraies sensations. Mais hélas, ça faisait un moment que ton sens du toucher était erroné à cet endroit.

Karen — Quoique. Dans un sens, ils m’ont vraiment tuée ce jour-là.

Tu te mis à frotter la table avec ta dextre, plongée dans tes souvenirs. Le visage de ce médecin n’avait jamais quitté ton esprit, et te hantait jusque dans tes songes, chaque nuit.

Karen — Ça fait longtemps que Karen n’existe plus… tu ajoutas dans un souffle, sans oser quitter des yeux ces mains qui te rappelaient chaque jour de ta misérable existence, en plus de ton fauteuil, quel calvaire tu avais traversé.


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MessageSujet: Re: OLD FRIENDS {Heileen}   OLD FRIENDS {Heileen} EmptyDim 15 Juil 2018 - 0:48

Old Friends


Maintenant que les deux énergumènes étaient séparés, Heileen pensait pouvoir retrouver un peu de calme ; le ricanement de Vesper lui assura bien vite que non.

Elle haussa un sourcil sans piper mot, laissant sa vis à vis s’expliquer comme une grande. Ses yeux descendirent finalement vers ces mains progressivement dévoilées. Puis c’est une stupeur incrédule qui recouvrit son visage malgré elle, devant cette vision aussi rare que perturbante : a l'extrémité de ses doigts, aucun sillon distinctif. Seulement un tissu organique parfaitement lisse. C'était si surréaliste qu’Heileen les contempla malgré elle quelques secondes sans vraiment y croire.
Après quoi elle fixa de nouveau ce visage apathique, avec une expression plus sérieuse. Parce qu'il ne fallait pas s'appeler Einstein pour comprendre que ce n'était pas naturel et que pour avoir subi ce genre de traitement, l'adolescente avait dû se retrouver entre les mains de monstres.

Ses craintes furent rapidement confirmées par la plus jeune ; ses vagues explications lui donnaient déjà une idée de l'enfer qu'elle avait vécu. Tout en  l'écoutant attentivement, l’officière serra les poings à s'en blanchir les jointures sur la table. Ce n'était pas normal. Personne ne devrait avoir à subir ce genre de chose. Pour elle qui défendait et aimait la justice et travaillait au service de son prochain, de telles  déviances ne devraient pas exister - et ceux qui s'y livraient méritaient qu'on leur coupe les mains. Être flic n'empêche pas d'imaginer de telles sanctions.

Heileen allait interroger Vesper en espérant en apprendre plus sur ses bourreaux - s'ils étaient encore en activité elle leur ferait payer -, lorsque celle-ci lâcha une réflexion qui l'interpella. Ses azurs intrigués plongèrent dans ces mystérieuses billes de granit, qui semblaient avoir des secrets à lui dévoiler mais la fuirent quand elle les interrogea. A la place ce furent encore des mots lâchés sur un ton badin, qui la lacérèrent cependant douloureusement. Parce que ces mots étaient en fait lourds d’un sens que la jeune femme comprit rapidement, que tout se recoupait trop facilement pour nier l’évidence ; ils la laissèrent tremblante sur son siège, assaillie par une foule d’émotions - incrédulité, confusion, peur, culpabilité, mélancolie.
Il était trop tôt pour se réjouir, trop tôt pour qu’elle n’ose y croire vraiment, trop tôt pour effacer cinq longues années de mensonge. Et qui lui en aurait voulu, aussi forte soit-elle, que sa voix soit si ténue lorsqu’elle répondit enfin après un silence fracassant. “Alors j’ai qui en face de moi ?Confusion.

La brunette joignit les mains puis appose son front dessus en fermant les yeux. Elle se concentra un instant sur sa respiration - rester calme. Ce n’est qu’une fois certaine de s’être raffermie qu’elle leva de nouveau le regard vers sa vis à vis - Heileen n’est pas de ceux qui fuient facilement le contact visuel, elle a besoin de voir pour le croire. En retrouvant ces abîmes de solitude elle lâcha un “Il t’es arrivé quoi ?” consterné, blessé.

Parce que Karen avait souffert loin de tout soutien, entre les mains d’adultes cruels ; qu’elle n’en avait rien su, qu’elle ne lui avait été d’aucune aide. Parce qu’Heileen se sentait responsable de la gamine que Vesper avait un jour été, qu’elle s’en voulait toujours lorsqu’il arrivait malheur à ses proches, qu’elle craignait à son regard que sa cadette ne se soit définitivement exilée. Heileen ne pouvait pas sauver tout le monde mais essayait quand même, bêtement, obstinément.
Encore une fois elle réalisait que ses efforts ne payaient pas autant qu’elle l’espérait.
Et si une rage sourde grondait en son for intérieur, la demoiselle était aussi désolée de voir son ancienne protégée dans cet état. Seulement elle était bien placée pour savoir qu’être désolée ne suffit jamais, ne sert jamais ; Heileen ne le dirait donc pas.
A la place elle espérait qu’il n’était pas trop tard pour aider Karen.


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