Les gens étaient simples, ennuyeux, Alys, tu l’avais appris depuis quelques années. Franchement, tu te demandais est-ce que cette utopie d’avoir un travail fixe, une belle vie amoureuse, des enfants, était quelque chose de si incroyable ? Tu ne pouvais pas comprendre, n’arrivais pas à comprendre. Avoir une maison ? Trop compliqué. Des enfants ? Trop bruyants et dépendants. Tu dois bouger, faire des choses, t’amuser ! Certains te disent que tu es encore une gamine. Ce qui n’est en soit pas totalement faux. Mais tu leur réponds surtout qu’ils ne savent pas profiter de leur liberté. Souvent on t’a prise pour une folle, mais tu n’en tiens même plus rigueur, trop occupée à te distraire l’esprit. Et pourtant, tu souris. Oh que oui, ton sourire est devenu ta signature. Mal vue par certains, tu étais d’autant appréciée par d’autres. On te compare souvent à un rayon de soleil venant réchauffer ne serait-ce qu’un minimum la vie d’autrui. Toujours à sautiller, courir dans tous les sens, jouer avec une balle. Il semblait que ton rythme de vie suffisait à raviver tout le monde.

Tu ne pourrais jamais refuser une quelconque demande d’aide. Ce n’est pas dans ta nature. Aider te faisait plaisir, que ce soit pour n’importe quelle raison, positive ou négative. Tu es naïve. Et qu’est-ce que on t’en as fait baver de cette naïveté. Mais tu t’est toujours relevée, ton sourire scotché aux lèvres, prête à repartir. Tu pourrais perdre ton honneur, ta confiance ou même y laisser ta vie, et pourtant rien ne te feras reculer.

Car une plus grande peur t’engloutis petit à petit.

Le néant. Une obscurité absolue. Ce masque de pierre que tu utilises quotidiennement pour garder au plus profond de ton être, les cauchemars d’une vie seule et risible. Ce cauchemar, où tu t’observes, existant tel un fantôme dans ce monde horrible. Tu ne veux, PEUX, te faire abandonner. Comme si ton rythme cardiaque dépendait de l’affection qu’on lui renvoyait. Le doute régnait constamment sur tes pensées les plus enfouies et tu t’étais prise à plusieurs fois, en te posant la même question encore et encore.

« Pourquoi suis-je comme ça ? »

Pour quelle raison étais-tu si différente des autres ? Et la même réponse t’étais survenue à répétition. Ton père et ta mère, qui n’avaient pas pu faire leur boulot et élever leur famille correctement avant de mourir lâchement sans même n’avoir pu s’excuser de leur comportement ! Plusieurs fois que tu avais craché sur leur nom, plusieurs fois tu as frappé dans tout ce que tu trouvais dans ta chambre, laissant des traces visibles sur ton corps et pourtant jamais rien ne s’était arrangé. Tes pleurs et cris embrasés par le souffle d’une brise nocturne. Mais alors Alys, plusieurs fois tu t’es posée la question. A force de tout ce désespoir et cette rancune gardés au plus profond de tes entrailles, ne serais-tu pas toi-même, celle qui te mènera à ta perte ?

Identité du patient :

Nom : Grace.
Prénom : Alys.
Âge : 12 ans, 18 ans
Origine : Britannique.
Allergies : Aucunes.
Parents et leur statut : Luna Grace, décédée.
                                   Michael Klaus Grace, décédé.
Raison d’hospitalisation, si existante : Blessures dues à un accident de voiture.

Statut psychologique et physique :

[12 ans | 04.11.20XX] / Le patient ne réagit plus, ni aux communications ou douleurs. Yeux vides, trouble de la parole depuis le réveil de son accident. Choc psychologique deviné, à développer une fois possibilité de contact avec la patiente.
Blessures superficielles sur le haut des jambes et ensembles des bras. Perforation de l’épaule à suivre et fracture des deux poignets. Pouls faible et rythme cardiaque plutôt lent, à suivre et à prendre en charge si ne s’en suit pas une amélioration.

[12 ans | 28.11.20XX] / La patiente adopte un comportement agressif et violent envers tout employé de l’hôpital. Ne se laisse pas approcher et se déchaine sur les murs et duvets du lit. A nécessité plusieurs utilisations de la force pour éviter une suite plus dangereuse. Cauchemars enregistrés ainsi que troubles du sommeil.

Signes de troubles du comportement, maladies :

[12 ans | 04/11/20XX] / Rien à signaler pour l'instant, à suivre dans le futur pour quelconque complication possible.

[18 ans | 21/03/20XX] / Diagnostic démontre la présence du syndrome de Peter-Pan. A compléter au fur et à mesures des consultations et observations.