Dans la foule d'un monde hystérique et pompeux, bruyant et sourd, sa présence s'était timidement fait une place. Quelques nervosités se débattaient au bout de ses doigts et au fond de ses yeux, angoissée par les autres, si nombreux autour d'elle. Il y avait peu de choses qui la faisait sortir de son isolation perpétuelle. Parmi la faim et l'ennui, il y avait la soif ; celle d'apprendre, d'évoluer, de mieux réunir ses chances d'abattre ses ennemis sans avoir à combattre. Sous aucun prétexte elle aurait manqué une conférence pareille.

Autumn n'avait pourtant aucun désir à devenir criminologue, mais il lui fallait au moins ça pour traquer celui qui avait assassiné son père. Elle avait tant de fois remué le sujet. Elle avait tant de fois refusé de comprendre ; c'était bien trop dur d'imaginer l'assassin comme un humain ; sauf qu'elle décida qu'il était temps pour elle de se réveiller, d'ouvrir les yeux.

Elle qui avait plongé dans le déni se sentait fissurée par le discours de l'homme qui faisait face à la foule.

« Excusez-moi .. »

Le monde se retourna sur l'étudiante dans son fauteuil roulant. Les regards braqués sur elle lui donnaient l'impression d'être piégée. Elle serra les dents et malgré la fièvre qui doucement montait en elle, elle parvint à garder sa constance.

Elle n'allait pas très bien.

« A comprendre et à ressentir, grâce à cette empathie dont vous parlez, les raisons et émotions qui auraient poussé notre criminel à en devenir un, ne finissez-vous pas par l'aimer ? »

Des murmures avaient commencé à l'intimider. Avait-elle dit quelque chose de mal ? Elle lança un regard autour d'elle avant de porter à nouveau son attention sur celui devant.

Elle ne perdrait pas pieds. Elle était assise de toute façon.

« Et si c'est le cas, comment faites-vous pour continuer à exercer votre devoir, la justice, et à encore vous regarder dans un miroir ? »

Peut-être que les autres autour n'avaient pas saisi, mais dans son regard à lui, elle vit qu'il avait compris.