parfois, elle se rappelait encore la douceur de la bruyère  dans les champs d'angleterre - et sa petite banlieue paisible qu'elle n'aurait pas imaginé mieux que dans ses rêves de petite princesse.
elle avait trouvé la tendresse dans des étendues trop vastes pour être décrites et des parfums trop aériens pour qu'elle puisse en parler.
et ces rares fois, les alentours londoniens lui manquaient - on le lui demandait rien là-bas, à peine être femme de.

aucune responsabilité trop lourde pour son corps frêle, ni horaires à respecter pour la mettre en état de nervosité permanent - le seul rythme était celui qu'elle s'imposait à elle-même depuis qu'elle était revenue à Astrophel.

et une fois par semaine, plus si la chance lui souriait, elle retrouvait cette douceur dans des lippes rieuses -
des cils noirs -
le rire clair - un peu de repos dans les tourments.

Le White Horse encore clos, alors qu'elle trônait majesté sur le bar à rédiger les formalités administratives qu'on lui demandait, elle posa le stylo d'argent - l'une des reliques de sa vie d'avant - et s'échoua hors du tabouret pour marcher avec vivacité vers la porte, encore décoré du panneau de fermeture.

» je ne pensais plus te voir cette semaine. je me serais presque inquiétée. ceux qui n'avaient pas connu la vice-présidente aurait pu jurer qu'elle n'avait rien à voir avec la sculpturale glaciale et stoïque - elle se contentait de sourire, de cette expression franche, un peu d'allègement sur ses épaules.

Je te sers un verre ?

avec une légèreté nouvelle, elle fit entrer Min-Soo dans l'enceinte du White Horse, avant de refermer à clé la porte derrière lui - et elle savait qu'il ne s'en affolerait pas, c'était comme ça depuis trois semaines déjà. elle se plaça derrière le bar, comme souvent même au début du service, et sortit une bouteille de vin blanc - son préféré en fait. Tu es de repos aujourd'hui ?

un peu de douceur dans ce monde en colère.

son cœur n’était qu’une tempête
Un paysage ravagé par les heurts intérieurs, le bruit permanent, le désordre perpétuel.
Elle ne prenait plus la peine de savoir si elle s’y était habituée ou si parfois elle dénichait encore un peu de force pour se battre.
Tout remettre à sa place encore une fois ; comme si elle était la seule à avoir changé – une illusion glanée dès son retour, à laquelle elle s’accrochait encore.

» Comment t’es-tu fait ça ?

Ses mains se portent sur le bras bandé, ses yeux transpirent l’anxiété – pourtant ses traits restent imperturbables.

Ça t’est arrivé au boulot ? Rassure-moi.

Son rythme cardiaque ralentissait en la présence du coréen – puisqu’il semblait imperturbable au milieu des horreurs.
Le ton chantant.
Le sourire serein.
Les paumes de ses mains enveloppantes.

Elle se tourne après quelques instants pour sortir les sachets de thé – toujours les meilleurs du marché – met l’eau à chauffer et sort une tasse en porcelaine pour la placer sur le bar.
Elle commence à servir le contenu de la bouilloire sans lever les yeux vers Min-Soo.

J’ai revu beaucoup de monde cette semaine.

Le bruit de l’eau s’écoulant dans la tasse lui fit perdre le fil de ses idées – presque.

Maxence est passé même. Une réunion d’XTF je crois.

Devant l’air dubitatif de Min-Soo, elle s’interroge un instant – son retour faussement anonyme avait tellement été raté qu’elle s’étonnait maintenant quand on ne la reconnaissait pas.

Tu sais, X-Trem Factory, l’entreprise de sponsors. Mon ancienne  boîte.