End n’était jamais seul.

Ayant la solitude en horreur, il faisait son possible pour toujours avoir quelqu’un avec lui. De simples inconnus faisaient l’affaire. Il n’avait même pas besoin de leur parler directement. La présence d’un autre était suffisant pour lui. Un peu de chaleur humaine, un regard échangé. Bien sûr, il préférait l’ambiance des bars: le brouhaha ambiant, les rires gras qui s’élevaient de temps en temps. Il pouvait parler à n’importe qui. Ce n’était jamais la vérité évidemment, mais ce n’était pas nécessaire. Parler du temps dehors, se plaindre des impôts, des gens de la ville, des femmes qui conduisent, rire de quelques mésaventures, débattre de la qualité d’un film ou de la bière. Tout ça, ça ne l’engageait pas et c’était très bien.

Des fois, End ne trouvait personne. Personne à qui parler, personne à écouter. Personne à côté de lui pour s’asseoir. Mais même alors, il n’était pas seul. Il ne l’était jamais. Partout où il allait, les images de sa mère et de sa soeur l’accompagnaient et lui tenaient compagnie, comme deux spectres tristes.

Tu as tort Mérida. Tu as tort de t’attacher à moi, de m’apprécier, de m’aimer. Tu ne sais pas ce que je suis, ce que j’ai fait. Je ne mérite pas de t’avoir à mes côtés, comme tu mérites d’avoir mieux comme gardien. Tu as tort de t’accrocher à moi, tu vas finir par en souffrir. Tous ceux qui se sont accrochés à moi ont finit par souffrir. Je ne veux pas ça pour toi. Tu as déjà assez souffert comme ça. Tu dis que tu es heureuse ainsi, que ça te convient, que tu n’as besoin de rien ni de personne d’autre. Et quand je te vois sourire de plus en plus, j’ai envie de te croire. Je me prend parfois à espérer pouvoir rester ici, avec toi. On pourrait vivre tranquillement. Personne ne te ferait plus de mal. Personne ne viendrait me chercher. Mais j’ai tort d’y croire. J’ai tort de vouloir te garder près de moi, d’imaginer que tout pourrait aller bien pour moi. J’ai tort d’espérer que tu ne sois pas prise dans mes problèmes, de penser que tu puisses rester à l’écart de tout ça. Je m’en rend compte. Je peux t’aider un peu Mérida, mais je ne peux pas te rendre heureuse. J’ai tort de partir sans un mot, mais c’est ce que je vais faire.