»Ne fais rien que tu regretteras demain... »  sous le suspens de sa voix, il avait laissé une Aelys brûlante de passion, d'envie, d'excitation - d'amour au sens pur et entier du terme, tout ce que son corps criait perpétuellement quand leurs peaux se frôlaient, au contact qu'elle adorait et pour lequel elle tremblait encore nuit et jour. son souffle se fit court, un peu plus encore, mais elle ne répliqua rien, laissant son propre regard vagabonder sous les traits houleux, si délicatement bruts de Maxence, ceux dont elle ne se lassait plus mais qu'elle rêvait encore dans ses nuits voluptueuses.

sa main délicate, frêle, passa le long de son visage, y dessinant de ses doigts fins des lignes infinies, marquant sur son épiderme ses fantasmes les plus fous - ceux qu'elle ne se serait jamais autorisé, à moins d'une nuit comme celle-ci. alors elle resta là, interdite, jusqu'aux syllabes doucereuses de Maxence qui vinrent cueillir les dernières bribes d'hésitation.

» alors aime-moi.
même pour une nuit.
même si demain, tout ça sera fini.

sa voix qui soudain s'était rallumée entre les bras de Maxence, appuyant sur chacune des syllabes de cette phrase qu'elle avait maintes fois rêver prononcer - entendre de temps à autres. elle ferma les yeux, comme si cette demande avait été la pire de toutes, celle qui ferait tout basculer mais pour laquelle elle en aurait tué bien d'autres.

Elle se redressa, de toute sa splendeur retrouvée, mêlant les lippes désormais rieuses aux restes de larmes salées qui avait roulé sur ses joues quelques minutes auparavant, et vint arracher un nouveau baiser à son aimé, celui qu'elle n'avait jamais cédé à personne avant, le genre de baiser qu'on n'avouait jamais mais qui décelait bien des choses chez celui qui l'offrait. »  Juste pour cette nuit, s'il te plait. elle articulait peu, entre deux soupirs saccadés des contacts quui n'étaient plus imaginaires, ses doigts entremêlés dans les cheveux de Maxence, quelques-uns se perdant sur sa peau et la musculature qu'elle avait deviné depuis longtemps.»  Aime-moi comme moi je t'aime.

Ce n'était plus un tabou - elle l'assumait bien plus désormais, et elle ne pouvait plus simplement mettre son audace sur le compte de la vodka - puisqu'elle savait pertinemment que ses appels ne resteraient pas sans réponse si seulement elle avait eu le courage de les formuler à haute voix. Il n'avait jamais été question d'attendre que Maxence se décide - simplement d'affronter sa propre lâcheté, celle de se cacher derrière des excuses pour trouver le moyen de fuir - oh dieu comme elle l'aimait, entièrement, passionnément, constamment - depuis trop longtemps.

Et si ce soir - cette nuit seulement - ils s'autorisaient à tout se donner, elle lui prendrait tout. Autant que ce qu'elle voulait lui offrir, depuis des années. Alors elle se mettait à nu, au propre comme au figuré, et pour se donner un peu plus de courage, revenait régulièrement chercher le contact de sa peau avec la sienne, retrouver cette incendie qui n'appartenait qu'à eux, chaque fois qu'ils étaient ensemble.

Chaque mouvement, chaque étreinte, chaque baiser qu'ils s'offraient sans la moindre retenue, elle les vivait comme si elle mourrait à la fin, comme si elle prenait le risque de s'éteindre si seulement il avait eu l'idée de la lâcher - elle ne sut plus vraiment combien de fois elle l'avait aimé, ni même si elle le lui avait dit - à combien de reprises lui avait-elle confessé tout cet amour.

un rire léger s'échappa de ses lèvres entrouvertes, le souffle encore court de leurs amours passés. comme un moment de légèreté, d'insouciance, auquel elle ne trouvait que son sourire malicieux comme seule réponse ; et elle en rit aussi.
et pourtant.
sa main entremêlée avec les doigts de Maxence, elle se complaisait dans l'illusion de cette nuit, la leur, celle où ils n'était plus qu'eux deux, sans le reste autour qui s'effondrait, partant en fumée entre deux explosions et quelques cris. » Je ne sais pas... ailleurs ? »

une large part d'elle s'extasiait d'être entre ces bras qu'elle avait trop longtemps désirés ; arracher un baiser à cette bouche si souvent fantasmée ; croiser encore une fois son regard si unique, celui qui l'avait maintes fois fait frémir au plus profond de son être ; l'aimer encore un peu, juste un peu plus longtemps, sans les conséquences qu'elle savait si bien, celles qui lui reviendraient en pleine gueule au petit matin.

et pourtant.

elle se redressa, rompit tout contact physique avec son amant - aimé, et posa son regard céruléen sur lui, la tendresse débordante et l'envie de tout recommencer si c'était possible. » Si je sais, en fait. Je suis surprise. » elle voulait son rire qui suivait plein d'innocence, d'insouciance, comme s'ils avaient quinze ans - mais ils avaient tous les deux dépassé l'âge de raison, et cumulé les responsabilités qui allaient avec. » Je te trouve différent, de l'homme que j'ai laissé en quittant la ville. Tu es plus... responsable ? » et elle se mordit les lèvres instantanément, puisque la force des choses plus que tout le reste, elle le savait, avait poussé Maxence à assumer davantage de responsabilités - celles qu'elle avait fuies, il y a plusieurs mois de cela.

» Je... Tu m'impressionnes, je veux dire.   elle passa une main indolente dans sa chevelure, et, après quelques secondes d'hésitation presque imperceptibles, se pencha vers lui pour capturer ses lèvres, et ne plus simplement attendre qu'il prenne les choses en main. Elle aurait pu s'attarder des heures, et réitérer la sensualité qu'elle voulait plus que le reste, si elle continuait à appuyer tout son corps sur le sien, pour rallumer toute sa passion pour lui, si ses mains ne se décrochaient pas de sa peau pour y cueillir tout ce qu'elle venait de comprendre, tout ce qu'elle lui inspirait mais qu'elle n'avait pas vu assez tôt.  

»  Je suis fière de toi.

Un murmure, un secret dans leur intimité, qu'elle soupira entre leurs souffles mêlés, avant de s'accrocher encore un peu plus à cette nuit où ils s'autorisaient d'ores et déjà tout. Un peu plus, et elle lui disait je t'aime. Mais elle n'avait plus quinze ans, et elle n'avait pas besoin de le dire - il le savait bien assez.

et pourtant.

Elle le regardait, plusieurs minutes durant, sans rien dire, avant de tourner ses yeux vers la fenêtre de la chambre. Les premières lueurs du soleil lui inspirant l'inquiétude des jours passés, elle prit le téléphone de Maxence sur la table de chevet. » 6h12. Le soleil ne va pas tarder à se lever. et dans une pointe de culpabilité qu'elle refoulait toujours, le désaveu dans le timbre de sa voix, elle se perdit dans son regard, y cherchant une quelconque réponse, un instant, avant de se rappeler qu'elle n'en voulait pas. Encore paralysée par ses inhibitions, elle s'échoua sur son torse nu, et entoura tant qu'elle le pouvait son corps de ses bras fins ; encore quelques minutes à l'aimer sans questions.  

» Bientôt, tout ça sera terminé.