l'enveloppe était parfumée d'une essence de jasmin, une touche de bergamote - elle aimait les signes subliminaux. le noeud de satin impeccablement noué. la première feuille parfaitement lisse, sans la moindre bavure. le ton était donné.

 « Monsieur Holmes,

Je vous informe par la présente de ma volonté de démissionner du poste de vice-présidente que j'occupe actuellement.

... »

la suite était sans intérêt. des mots conventionnels et copiés-collés pour toute lettre de démission en bonne et due forme. il n'y avait ni explications, ni signe explicite de marche arrière possible. encore moins d'excuses.

 « Maxence et comme toujours, l'ordre établi était respecté jusque dans la mise en forme
 « Tu trouveras un exemplaire de ma lettre de démission que tu pourras publier pour expliquer mon départ et éviter les questions gênantes. Cela sera mieux pour l'entreprise, son image, et ton autorité.

Je ne peux plus rester à tes côtés, je n'y arrive plus. Je me fais du mal, je t'en fais par ricochet
bref
on se fait trop de mal.

Ça ne sert plus à rien. Je pensais pouvoir te soutenir jusqu'au bout et assurer les responsabilités que tu m'as demandées, mais j'en suis incapable
je ne suis pas assez forte

Je me suis perdue au milieu de tout ça, et tu n'as pas besoin de ce genre de vice-présidente.

Je te demande s'il te plait de garder cette seconde lettre pour toi. ou fais la lire à qui tu veux en fait, je m'en fous. de toute façon tout le monde sait pourquoi j'étais ici, pourquoi je restais là. alors ma crédibilité, c'est pas ça qui risque grand chose.

Si je reste, ce sera pire
Je ne suis plus assez forte pour rester impassible et voir ma vie partir en éclats
enfin plutôt n'aboutir à rien. j'ai besoin d'exister autrement que par ma fonction.
Autrement que grâce à toi en fait.

T'y arriveras bien mieux sans moi et sans l'espèce de tension ridicule qui s'accroît dès qu'on est dans la même pièce toi et moi.

Je quitte la ville bientôt. Ce sera mieux pour moi. Et plus facile aussi. Considère ça comme de la lâcheté si tu veux.

J'aurai voulu te dire beaucoup de choses.
Des choses que tu sais déjà.
Que t'as toujours su.
Mais même moi je sais plus. Je ne sais plus rien te dire.

Même cette lettre, c'est du n'importe quoi, et elle veut pas dire grand chose. Pourtant j'en ai fait, des brouillons.
Plein.
Un carnet entier presque.
Peut-être même que celui en est un. Mais de toute façon, comme je te l'ai dit, je n'arrive pas à tout te dire.

Fais de ton mieux pour garder X-Trem Factory là où elle est actuellement. Je sais que tu en es capable, comme tu l'es depuis le début. Sinon je n'aurai pas été là. Prends soin de cette entreprise, et de Jude. Il a besoin de toi.

Moi j'ai besoin de vivre, loin de tout ça.

Ne lâche pas.

Fais pas comme moi. Sois solide, je t'en prie.



 « je t' » les traces d'effaceur évidentes « embrasse »

et ce papier froissé qui a souffert des heures passées à combler le vide