HEROINE

(( GARANCE X ADAM ))

Extase.
Je me laisse tomber sur le dos, la tête renversée en arrière sur l’oreiller, le souffle court, et c’est un sourire narquois qui étire mes lippes lorsque tu t’écroules contre ma poitrine. Tes cheveux me chatouillent le cou et lorsque j’esquisse une brève caresse du bout des ongle sur ton épaule nue, je croirais presque te sentir frémir sous mes doigts –on s’avoue vaincu Adam ?

C’est pas la première fois que je m’invite sous tes draps et c’est vrai que dans d’autres circonstances, je me serais surprise moi-même d’être revenue après la première nuit –c’est pas dans mes habitudes de coucher régulièrement avec des mecs comme toi, qui viennent d’un autre monde que moi ; une nuit, pas deux, c’est mon mantra avec ceux de la haute parce qu’ils ont trop l’habitude de tout prendre pour acquis et c’est mon plaisir personnel de les faire redescendre sur Terre.
Mais il est vrai qu’au-delà des vraies raisons qui m’ont poussée à te rencontrer, j’étais plutôt surprise –dans le bon sens du terme ; comme quoi, les aprioris, hein– de te trouver différent.
Je ne sais pas si c’est vrai ou si c’est juste moi qui me ramolli –dans le doute on va rester sur ses gardes.

Tes mains remontent le long de mes bras et je ferme les yeux le temps de savourer les dernières sensations de plaisir déjà évanescentes, mais quand elles s’enroulent autour des miennes dans une douceur qu’on n’a encore trop rarement partagé je les rouvre aussitôt pour te fixer dans les yeux, sans trop savoir s’il est plus approprié de me moquer de ta tendresse soudaine ou de m’inquiéter pour de bon de ton état. Mais tu ne me laisses pas le temps de choisir et tu t’écartes, avant de me tendre une cigarette que j’attrape du bout des doigts pour la coincer entre mes lèvres en hochant la tête en guise de remerciement tacite.

« Je crois que tu es un peu trop belle. »

Je ricane, avant de tendre la tête vers toi pour que tu m’allumes ma clope et c’est une fois la première taffe soufflée que je m’approche pour te dérober un baiser rapide au coin des lèvres –je te laisse en choisir la signification, qu’il soit remerciement pour ton compliment, pour la clope ou pour le reste.

« Tu peux dormir ici, si tu veux. »

Sourire charmeur et je te prends au mots ; je m’installe plus confortablement contre le matelas en me tournant sur le côté pour te faire face, et je me contente de détailler tes traits en silence.
J’ai délibérément laissé mon téléphone dans la poche de mon jean par terre ; j’ai remarqué que les gens avec qui je couche ont tendance à se faire plus bavards qu’à l’accoutumée quand je n’ai rien sous la main pour communiquer autrement qu’en mimes et hochements de tête, et c’est précisément ce que je cherche à obtenir de toi Adam.
À toi de jouer.

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HEROINE

(( GARANCE X ADAM ))

Je me laisse faire lorsque tu reviens te positionner au-dessus de moi, et je me surprends moi-même de ma lasciveté. D’ordinaire, je cherche toujours à avoir le dessus, dans la vie et dans le lit, et je me rends bien compte qu’il n’y a pas seulement le fait que j’ai besoin de t’amadouer pour avoir ce que je veux de toi qui vient jouer.
Peut-être que ce soir, je veux bien me prêter à la danse des amoureux, aux baisers tendres et aux confessions sur l’oreiller –peut-être que c’est parce que tout est faux que je veux bien jouer.
Je ferme les yeux quand tu viens faire glisser mes cheveux entre tes doigts ; je t’écoute et je te ressens, je frissonnerai presque lorsque ton rire s’échoue dans mon oreille et que tu déposes un baiser sur mon front.
J’ai fait ça avec bien des hommes, mais avec toi Adam, il y a quelque chose de différent.

« Je suis curieux de savoir ce que tu cherches, et jusqu'à quel point tu vas tenir. »

J’ouvre les yeux et vient les planter dans ton regard, mes lèvres fendues dans un sourire complice –je ne vais pas te faire l’affront de jouer les innocentes car je sais très bien que tu sais, que nous savons tous les deux.

« Tu serais bien emmerdée, si je tombais amoureux de toi. T'imagines ? »

Un rire inaudible m’échappe, et je craque. Je me lève et fait le tour du lit pour récupérer mon téléphone dans la poche de mon jean qui gît au sol, et en prenant mon temps pour écrire tout en savourant le poison volatile de la nicotine, je rédige une réponse à la hauteur de ton audace avant de m’approcher de toi et te montrer l’écran du cellulaire.

« Tu serais le plus emmerdé des deux si ça arrivait. »

Je ne souhaite à personne de tomber amoureux de moi, sincèrement.
Ce qu’on me donne, je le prends, sans donner en retour car je n’ai rien dans le cœur à offrir à qui que ce soit ; le peu d’amour dont j’ai été pourvue à la naissance, je l’ai épuisé pour ma jolie, mon horrible Dahlia, et pour celui que je devrais légalement appeler « Papa ».
Je n’ai pas le cœur assez grand pour quelqu’un autre, y compris toi.

« Je crois qu’en toute honnêteté, je m’en ficherai. »

Je m’approche encore, suffisamment pour retrouver ta chaleur contre mon corps, et je croise les bras autour de ton cou en y glissant plusieurs baisers enfumés ; à travers le voile éphémère, je continue d’écrire dans ton dos.

« Qu’est-ce que tu cherches quand tu es avec moi, Adam ? »

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