Il savait bien qu’il avait eu tort de s’inscrire à cette chose-là. Rien que l’annonce des règles l’avait fatigué. Il avait sérieusement envisagé d’abandonner ouvertement, d’ailleurs. Après tout, il avait honoré sa part du paris en s’inscrivant à ce jeu, non ? Heileen serait satisfaite, non ? Ledit pari n’instaurait pas de devoir rester une semaine ici après tout, pas vrai ?

Soupir. Lourd, très lourd soupir.

Il eut tout de même une pensée pour la personne qui s’était retrouvé avec lui. Il ne pouvait pas se défiler maintenant, peut-être que la demoiselle voulait vraiment gagner, elle. Et dans ce cas de figure, la laisser se planter par forfait n’était ni sport, ni très correct.

Il eut une pensée pour Titus, espérant que pendants sa semaine d’absence, Killian s’occuperait bien de lui. Pas de raison, normalement. Jonathan avait été très ferme à ce propos.

Ainsi donc, se tournant vers sa partenaire pour la semaine à venir, il essaya d’être un minimum… aimable. « Bonjour. Moi c’est Jonathan. » Comme ça, au moins, les présentations sommaires étaient faite. De son côté, du moins.

Je ne m'attendais à rien en particulier, et j'étais quand même déçue. Offrir une grande quantité de thunes et des vacances dans un show s'appelant "La maison de l'amour" semblait être un mauvais coup de communication. Mais, qui plus est, le fait de former les couples de façon complètement aléatoire sans prendre en compte les caractéristiques de chacun des candidats allait sensiblement réduire leurs chances d'avoir de véritables couples se former.

People are gay, Steven.

J'aurais dù m'en douter, lorsque les seules informations nécessaires pour l'inscription furent les noms, prénoms et adresse.
Je n'en avais que faire de l'argent. Les primes de l'armée, l'assurance invalidité et le salaire de professeur à l'Académie couvrait largement, très largement mes frais en plus de me laisser assez d'argent afin de cotiser pour une retraite que je n'attendrai surement jamais. Les vacances m'importaient peu, j'étais de toute manière dans une période où je n'arrivais pas faire ne serait-ce qu'une pause de 10 minutes sans me causer de début de crise de panique. Pourquoi j'irais m'infliger une semaine complète de repos ?

- Bonjour. Moi c’est Jonathan.

Mais il était hors de question de se défiler. Pas pour l'argent. Pas pour les prix. Pas pour l'audimat.

- Salut, moi c'est Kacey.

Pour le plaisir du travail d'équipe, je suppose.

- Une semaine dans une maison financée par les Sponsors, je dis pas non. A quel moment est ce qu'on pourrit les autres ? Je souriai.

« Euh… » Il avait bien saisi la valeur du jeu en équipe, à cela, rien à redire. Et puis au moins ça le faisait bouger et voir du monde. Morgan essayait de voir le positif dans cette histoire. D’autant que sa binôme à l’air plutôt sympa.

« Je sais pas. » Il essayait d’être plus loquace qu’il l’était d’ordinaire – ce qui était en soit à la fois peu étonnant vu le peu de mots qu’il prononçait dans une journée et dans le même temps une épreuve certaine en elle-même pour lui. « Je sais pas comment faire pour les autres… En fait j’ai pas bien compris le principe, j’crois. »

Ce n’était pas vraiment étonnant, en soi. Il n’avait pas été plus loin que cette histoire de défi émergé d’Heileen. Et il réalisait maintenant qu’il avait peut-être -ou plutôt sans aucun doute – commis une grossière erreur en ne se renseignant pas suffisamment.

Pour essayer de meubler une conversation qu’il avait bien conscience de ne pas aider à se développer, Morgan se frictionna la nuque. « Comment t’es arrivée là, toi ? » Ça commençait bien cette histoire… Quelque chose lui disait que les emmerdements étaient déjà en marche alors que tout ça venait de débuter. Quelle joie… La prochaine fois il ne prendrait pas de paris.

« Je sais pas comment faire pour les autres… En fait j’ai pas bien compris le principe, j’crois. »

Si le but de ce show était de nous embrouiller, il avait au moins réussi pour nous deux. Peut être que le principe de binomes fonctionnait comme celui des wingmans, et qu'on allait devoir s'aider mutuellement pour trouver quelqu'un. Ou peut être pas, je n'avais litéralement jamais regardé un seul épisode de la maison de l'amour auparavant.

- Merde. Je comptais sur toi pour m'expliquer le but du jeu. Je commentai, regardant le plateau et ses environs. Combien de personnes nous regardaient actuellement ?

- Comment t’es arrivée là, toi ?

La première fois que j'avais bu à en rouler sous la table, je m'étais reveillée chez quelqu'un d'autre. La deuxième fois, je m'étais reveillée à l'hopital. La troisième fois, j'étais inscrite dans une émission de télé-réalité. Peut être était ce là un signe du destin pour me signifier qu'il fallait que j'arrête.

- Euh... Je crois que je me suis inscrit par erreur en pensant que c'était juste une newsletter. Et toi ? Laisse-moi deviner... Un pari perdu ?

Ah. Bon. Visiblement sa nouvelle partenaire était dans le même bateau que lui. Aussi largués l’un que l’autre, il allait aller loin, sans aucun doute. Toute ironie sortie, évidemment.

Jonathan fit un simple ‘oui’ de la tête pour répondre à la dernière question. Oui, un pari perdu, pas besoin de souligner davantage son échec, après tout. Il soupira alors que la marche à suivre était lancée, de nouveau. Ils devaient avancer. Haussant les épaules, l’ex-flic s’avança alors, les mains dans les poches de son jean, vers la salle arrière de là où ils se trouvaient jusqu’alors.

Arrivés devant le coussin en fourrure et les menottes puis l’annonce de passer la soirée dans un hôtel de luxe, il fit mine de réfléchir. Lui était un ancien du milieu de l’arrestation. Peut-être que ça avait un lien ? Il ne savait pas trop, mais les choses étaient déjà tordues alors, pourquoi pas ?
Prenant les menottes dans sa main, il jeta un regard vers Kacey. « On doit trouver le métier de l’autre avec des indices ? » Il se sentait stupide d’avoir posé la question. Mais bon…

Ah. Bon. Visiblement ce n’était pas la bonne réponse. Mais Morgan n’avait jamais été très doué aux jeux d’énigmes – ironique pour un ex-flic plutôt très efficace dans sa profession d’antan. Du coup il observa un instant, comme s’il réfléchissait profondément – ce qui n’était en réalité pas le cas du tout -, la paire de menottes en fourrure rose dont l’un des cercles était tendus vers lui. Qui diable avait pu avoir un idée si saugrenue ? Mettre de l’accessoirement sur quelque chose de la sorte… Il ne comprenait pas.

Un truc de jeune, peut-être. Sans doute.

Mais s’il n’entama pas de recherches plus poussées, il comprit ce qu’il devait faire maintenant. Après tout, ça n’avait jamais tué personne de porter des menottes. Et puis qu’ils étaient vraisemblablement dans la même galère…

L’arceau resserré comme il se devait de l’être, il lança ensuite un regard vers sa camarade d’infortune. « Et du coup, maintenant, on doit juste rester là, c’est ça ? Ou j’ai encore mal compris quelque chose ? » Non parce que ça allait un peu trop vite pour lui ces idioties…