Ton regard se serait figé sur elle quoiqu’il advienne.
Même sans l’absence d’attractivité de la soirée. Sans les effluves d’alcool qui viennent heurter tes veines et embrumer tes neurones, pour étouffer toute ton inhibition qui te paralysait à chacun de tes pas de tous les jours.

Peu importe que tu sois heureuse ou pas ce soir. Peu importe si t’étais écorchée vive ou à rire aux éclats. Qu’importe les sons et les images que tu te repaissais en boucle dans ta cervelle.

Il n’y avait qu’elle.

Tu étais belle toi aussi. D’une beauté froide et figée - et souvent on te l’avait dit, les plus téméraires qui n’avaient pas peur de franchir les frontières de ta pudeur.
Mais tu avais trouvé en Angleterre l’humilité de reconnaître celle des autres femmes
Cette beauté différente de la tienne. Chaude et brûlante. Piquante et acide. Éblouissante. Vivante aussi.

Elle s’approche - tu te figes.
Tu avais confiance en toi pourtant, d’habitude. Tu entends des murmures près de toi et captes l’information qui saura te sauver d’une situation qui s’annonçait gênante - à croire que tu avais perdu tes moyens depuis quelques jours.

» Bonsoir. "Mia", si je ne me trompe pas ?

La voix se fait murmure et ta main droite fait jouer la paille dans ton verre de margarita. Et tes yeux qui se plissent, pour distinguer des détails qui te semblaient familiers quand ils étaient sur papier glacé.

Le bruit des verres qui tintent l’un contre l’autre et ses iris qui sombrent dans le regard incendiaire de Mia - elle ne s’y était pas préparée, à un tel magnétisme. Quand bien même cela venait d’une idole habituée à tous les yeux tournés sur elle - et comment ne pourrait-on y résister ?

Aelys lui décoche un sourire, tout en confirmant son prénom à sa nouvelle compagnie d’un soir. Elle boit une gorgée, deux, avant de reposer son verre et de reporter son attention sur l’idole.

Il n’y avait vraiment qu’elle.

» Non, pas vraiment. elle lui adresse un clin d’oeil et se penche vers elle pour adopter le ton des secrets.  » A vrai dire, c’est davantage pour éviter d’être seule et de paraître ridicule.

L’ancienne vice-présidente termine son cocktail d’une traite, lui arrachant une sensation piquante au fond de la gorge, avant de recommander la même chose que Mia au serveur, sur lequel elle attarda son regard - elle n’avait aucune envie d’entre raisonnable ce soir.

 » Toi, par contre, tu m’as l’air d’être une habituée. Je suppose que tout le monde te connaît ici. Et rêverait d’être à ma place à l’heure actuelle.
Et ses lippes qui se réchauffent au même tempo que son sang à l’éthanol.