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Le PDG de la X-TREM Factory entretiendrait une relation des plus intenses avec sa vice-présidente. On espère que ce n’est pas cette affaire qui a distrait l’ancien Phoenix de son travail et qui a entraîné un manque de sécurité lors de la dernière conférence de presse de l’entreprise où à eu lieu une explosion causant la mort d’un de ses haut-gradés...
Le mystérieux « Mist » dont l’apparition soudaine a récemment secoué la ville serait en fait une association de trolls désoeuvrés voulant profiter de la panique des récents attentats pour gagner plus de popularité sur les réseaux sociaux.
Il paraîtrait que le fondateur de la ville Edward Astrophel aurait été le descendant direct de Diogène, le philosophe grec qui vivait dans un tonneau. Incroyable !
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
« Trente minutes de marche, quelque chose comme ça, même pas dix en voiture. Il fait un aller retour visuel entre ta caisse et ta carcasse, et probablement que ton taux d’alcoolémie lui revient en tête car il enchaîne. C’la dit… Avec ou sans moi, j’préfère autant ne pas te laisser prendre le volant. Donc tu m’laisses prendre la relève ou bien on y va à pattes, fais ton choix bébé. »
Tu le fixe sans ciller pendant une ou deux secondes, comme l’air de peser le pour et le contre. Ta fierté a envie de le railler pour t’avoir appelé bébé et de l’envoyer paître mais le peu de raison qu’il te reste te supplie de le laisser conduire. Étrange que ce soit toujours elle qui gagne. Tu hausses les épaules, un rire au fond de la gorge.
« Si tu me la rayes j’t’encule à sec. — ’gaffe, j’serais capable d’prendre mon pied. —Ah ouais, t’es comme ça toi ? Tu t’marres de plus belle. — Mais t’en fais pas, va, j’aime pas plus écorcher les belles bagnoles que les belles gueules. »
Tu roules des yeux, rouvres le coffre pour reposer ta gratte et le laisser y ranger la sienne, et tu lui balances les clés avant de t’installer lourdement sur le siège passager. Une fois entré à son tour dans l’habitacle, tu le vois jeter un oeil à la décoration très raffinée de ta voiture avec un petit sourire en coin, comme s’il aimait bien ce qu’il avait sous les yeux. Faut croire qu’il aime bien tout ce qui vaut pas un clou. Toi t’évites de faire comme lui parce que tu sais tout ce qui s’planque dans cette bagnole et c’est pas reluisant. Dans la boîte à gants y’a tes cartes, des clopes, ton canif, tes poings américains et sûrement un paquet de capotes déjà bien entamé, dans la petite trappe secrète sous le tapis à tes pieds y’a une flasque de whisky vide et un pochtard d’herbe qu’on ta refilé y’a quelques semaines et que t’as pas fini parce que t’es souvent trop bourré pour te souvenir où tu l’as planqué. Et puis à la vue de tout le monde, accroché au rétroviseur, y’a un collier tout fin d’or rouillé –que de la camelote, l’or vrai ça rouille pas– avec comme pendentif une petite croix chrétienne joliment ciselée pour du toc. T’es loin d’être croyant, mais c’était à Daisy qui te l’avait refilé une fois en te disant que ça te protègerait, à l’époque où les cauchemars écourtaient tes nuits à l’orphelinat. Elle aurait dû le garder, ça marche pas sur toi ces conneries là.
« Donc, la banlieue de Bristol, c’est ça ? Tu clignes des yeux parce que sa voix te sort encore de tes pensées et tu réalises que le moteur ronronne déjà. C’est si merdique, pour qu’tu sois venu vendre ton âme dans une ville pareille ? Rêve américain version TV-show grandeur nature, effets spéciaux cent pour cent réalistes et tout l’bordel sans assurance vie, bonus tronches de Supers sur boîtes de céréales au p’tit déj’ ? — Ouais on va dire ça, tu soupires avec un rictus presque amer. Disons qu’y'a trois ans on m’a proposé un job qui paye bien et un moyen pour contrôler mon don à la con alors que j’étais dans la merde alors j’ai pas refusé hein. »
C’est surtout l’issue de secours qui t’as attiré.
« Et toi ? Immigré comme moi ou natif du coin ? »
Évitons d’avoir à en dire plus sur les raisons de ton arrivée à Astrophel, veux-tu ?
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
« Ouais on va dire ça. Disons qu’y'a trois ans on m’a proposé un job qui paye bien et un moyen pour contrôler mon don à la con alors que j’étais dans la merde alors j’ai pas refusé hein. »
Trois ans. Y’a trois ans, on t’offrait une échappatoire ; y’a trois ans je m’enfilais des rails de coke et des p’tits culs blancs trémoussant dans les salons des hôtes des rave dans lesquelles je traînais ma carcasse. L’échappatoire, je l’attends toujours — le groupe en est une ; éphémère pour l’instant, l’esprit déraille trop vite encore pour que ça tienne la route bien longtemps. Quelques heures à tout casser à chaque fois — mais un jour j’espère, j’espère que ça sera pour de bon.
« Et toi ? Immigré comme moi ou natif du coin ? »
Je jette un oeil en direction de la midinette qui traverse — retour de bar elle aussi, j’crois bien l’avoir vue au premier rang. Assez jolie, fringuée court mais pas trop vulgaire, tignasse brune bouclée épaisse et tâches de rousseur sur le nez que les phares font ressortir sur la peau fine pâle qui paraît n’avoir jamais vu le soleil d’ici — natif ou immigré ? J’en sais foutrement rien. Mon dossier, à l’orphelinat, n’était pourtant pas tenu secret. Il aurait suffit que je pose des questions ((il suffirait que je demande à mes pères)) et j’aurais su, tout, tout ce que je voulais — j’aurais pu lire mon acte de naissance, savoir pourquoi on m’avait laissé à la porte d’une résidence passagère ((huit ans de ma vie ; c’est long pour du passager, quand même)), connaître le nom de ceux dont je partage le sang, aussi. Savoir d’où je viens — qui sait, p’t’être que ça expliquerait certaines choses. C’est juste que demander ne m’a jamais traversé l’esprit — peut-être par peur, je ne sais pas. La vérité vaut quelquefois mieux planquée sous l’tapis.
« J’sais pas si j’suis vraiment natif d’ici, je lâche dans un haussement d’épaules, en embrayant quelques secondes après que le feu des piétons ait viré rouge. J’ai jamais demandé à savoir. Mais j’ai passé dix années d’ma vie à Astrophel, et c’est déjà la moitié de ma piètre existence. Désolé, pas d’exotisme, j’suis fade et banal. »
Les couleurs criardes des bars sur tous les flans, les gamins canettes de bière à la main qui chahutent se bousculent se retournent sur les groupes de filles dans la rue en s’imaginant les choses sales les choses vraies — il y a de l’humiliation à avoir été Homme sans avoir connu la chose humaine entre toutes qu’il disait, l’autre ((Wedekind, je crois)) dans sa satire enfantine scandaleuse ((dixit les ménagères effarouchées, trois siècles avant les nôtres — aujourd'hui les mêmes prudes en moins naturelles, mieux conservées)). Pas envie de m’étaler — y’aurait de toute façon pas grand chose à dire, sinon que je n’suis l’enfant de personne mais le fils et le coeur de deux hommes, et qu’ils sont assez —, je relance la balle de son côté.
« Alors comme ça, t’as un don… J’espère qu’il est plus classe que le mien quand même, je raille en m’engageant sur une route moins fréquentée, détour qui fait perdre tout au plus une minute trente sur l’itinéraire initial — à condition de respecter les limitations de vitesse ; mais quel intérêt alors d’emprunter une route déserte qui n’appartient qu’à moi si ce n’est pas pour en griller quelques unes ? J’imagine que le moyen offert, c’était les belles enseignes reluisantes de crasse des sponsors, hein ? »
Ça sonne comme une évidence ; rares sont les dotés de ma connaissance qui ne se soient pas laissés enrôler par les entreprises, réduits à l’état de clowns et saltimbanques pour quelques billets verts — moi-même, j’suis bien loin de cracher dessus, j’ai besoin de ce putain de fric. Faut dire, ça tente, et ils savent se vendre ces enfoirés — et faut croire qu’ils aiment bien les éclopés qui feraient beaucoup de vagues pour une petite liasse, juste de quoi arrondir les fins de mois, prolonger de quelques heures les Paradis Artificiels.
« Et donc, du coup, tu sauves les innocents en danger ou tu fais trembler les foules, bébé ? »
Quand bien même à c’niveau-là, c’est tout le monde à la même enseigne, Héros ou Vilain, jamais rien d’autre qu’un bon con, qu’un bon pantin.
Sujet: Re: reflection × (romeo & ronan) Mar 2 Jan 2018 - 22:49
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« J’sais pas si j’suis vraiment natif d’ici, tu arques un sourcil en lui jetant un regard en coin –à ta connaissance, y’a pas dix mille façons de pas savoir d’où l’on vient, et c’est soit l’amnésie soit les rangs de l’orphelinat la plupart du temps. J’ai jamais demandé à savoir. Mais j’ai passé dix années d’ma vie à Astrophel, et c’est déjà la moitié de ma piètre existence. Désolé, pas d’exotisme, j’suis fade et banal. — J’ai bien passé presque vingt ans d’la mienne dans le même trou à rats donc question banalité j’suis pire que toi, tu railles à moitié en évitant de trop penser aux murs sales et ternes de l’orphelinat. »
Tu sens néanmoins qu’il a pas spécialement envie de s’aventurer plus que ça sur le sujet –il te relance la balle comme pour te le prouver davantage.
« Alors comme ça, t’as un don… J’espère qu’il est plus classe que le mien quand même. — Ça dépend, y’a de sales effets secondaires des fois —du genre devenir aveugle ou sourd pendant un jour ou deux après avoir trop forcé. — J’imagine que le moyen offert, c’était les belles enseignes reluisantes de crasse des sponsors, hein ? »
Y’a comme de l’amertume dans sa voix –à croire qu’il est de ceux que le système répugne et qui honnit les sponsor et leur invulnérabilité. En vérité, dans le fond ça te dérange aussi ; mais t’es un étranger ici, c’est pas ta ville, c’est pas ton pays –tu te fous presque de ce que cause le système tant que tu n’as pas commis de tragédie par tes propres mains. Et dieu sait que t’es souvent trop à l’ouest pour ça.
« Bien vu. »
Y’a pas de raillerie dans ta voix cette fois. Juste du désintérêt.
« Et donc, du coup, tu sauves les innocents en danger ou tu fais trembler les foules, bébé ? — À ton avis ? tu réponds avec un sourire narquois et une oeillade en coin dans sa direction. »
C’est vrai que t’as pas vraiment la gueule d’un super-héros –ça vient peut-être de ta haine des collants et des couleurs flashy, ou peut-être juste de ta gueule de sombre enculé, ça dépend. Pourtant c’était important pour toi au début d’intégrer les rangs des « gentils » ; comme si ça t’aidait à prouver aux autres que t’es pas qu’un connard. La vérité, c’est que c’était plus pour te convaincre toi-même.
Quelques minutes plus tard, la voiture s’immobilise et il t’indique d’un hochement de tête le bâtiment où il habite. Vous sortes de la caisse, tu récupères les clés et tu t’affaires à sortir vos affaires avant te verrouiller le véhicule plutôt deux fois qu’une –elle te sert à moitié de maison donc ça te ferait vraiment chier qu’on te la pique.
« Et la voilà, la belle tour de bitume fade banale et sans exotisme où crèche l'artiste fade banal et sans exotisme, s’exclame Romeo avec un rictus que tu imites dans la seconde qui suit. — Un vrai palace, tu railles –quoique si tu comparais avec ta pauvre chambre d’hôtel, ce serait un peu vrai. »
Et sans plus t’en soucier, tu lui emboîtes le pas dans le hall d’entrée, avec l’alcool qu’il y aura chez lui pour toute perspective.
Romeo R. Eastwood
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À sa question j’rétorque que d’un silence ; j’lui lance un regard en biais mais sans un mot — parce que j’sais pas, parce que j’veux pas m’avancer, et parce que d’toute façon, ça change pas grand chose. Il pourrait être un Héros, un Vilain, quelle différence ? Il n’est qu’une marionnette, comme moi, comme les autres ; les gestes chronométrés, mesurés à la cadence de la chorégraphie à laquelle on nous force. A la fin, on a tous un chèque qui nous attend — de quoi arrondir les fins de mois, subsister, faire couler l’alcool et l’héroïne à flots dans le sang. Les dénominations n’sont pas grand chose, y’a pas tellement d’idées à revendiquer ; j’suis du côté des méchants parce qu’ils sont les premiers à m’avoir trouvé, parce que j’avais besoin de thunes, et que c’était toute réflexion faite finalement p’t’être mieux que de vendre mon corps — j’peux pas nier, y’a quelque chose de dégradant rien que dans l’idée, ça écorche rien que d’se dire j’aurais pu.
Un dernier virage pour s’engager sur le gravier du parking de mon immeuble qui crisse sous les pneus, et j’interromps les ronronnements du moteur, m’extirpe de la caisse et balance à l'autre ses clefs par dessus le toit du véhicule. Dans l’air frais je frissonne, remonte par réflexe la fermeture éclair de mon blouson, enfonce mes mains dans mes poches après avoir passé la lanière de mon étui de guitare sur mon épaule.
« Et la voilà, la belle tour de bitume fade banale et sans exotisme où crèche l'artiste fade banal et sans exotisme, j’lâche avec un rictus narquois en avisant les murs pourris d’humidité, tagués, les boîtes aux lettres défoncées sur le mur de la façade, les trois carreaux brisés de la porte d’entrée — il y a bientôt cinq mois, le proprio’ nous a promis de les faire changer ; on attend toujours les ouvriers qui n’aiment pas s’aventurer dans le coin. — Un vrai palace. »
Je lève les yeux au ciel une seconde, m’enfonce dans le hall d’entrée et gravis les marches deux par deux ; habitude — j’jette un coup d’oeil par dessus mon épaule sur le premier palier pour m’assurer que l’autre se casse par la gueule entre deux marches.
« Evite de t’péter le nez, ‘kay ? »
Troisième étage, j’enfonce la clef dans la serrure, force deux fois pour la faire tourner avant de pousser la porte. Je fais glisser ma main contre le mur jusqu’à l’interrupteur et, sitôt que la lumière blafarde éclate sur les murs, un miaulement plaintif s’élève à trois pas de là.
« Désolé du réveil brusque, princesse. »
Guitare posée dans un coin, je m’affale sur un des sièges du canapé et attrape la petite boule de poils rousse pour la blottir contre moi ; elle me mordille les doigts, pas méchante mais agacée. Elle s’échappe et s’étire, grimpe sur le dossier du sofa et, depuis sa — petite — hauteur, avise l’inconnu qui vient empiéter sur son territoire — genré masculin qui plus est et, ceux-là, elle les apprécie moins. Je la regarde faire en me marrant, relève les yeux vers Ronan.
« Fais comme chez toi… Dans les limites de la volonté d’la p’tite. Si elle t’aime pas tu dors par terre, j’te préviens, elle te cèdera pas la place. »
Une caresse sur le bout des pattes plus tard, je me lève et retire mon blouson — il a toujours fait étrangement bon, pour un de ces appartements miteux des quartiers craignos —, le balance sur le paravent — aussi loin des griffes que faire se peut — puis tire deux bières fraîches du frigo, les pose décapsulées sur la table basse du salon. Télévision allumée, par défaut sur une chaîne qui diffuse des clips quasiment en non-stop — et des téléréalités débiles aux heures où j’suis en répèt’ avec les Devils ou déjà ivre-mort dans un bar quelconque en bas de chez moi — je reprends ma place sur le canapé, tête penchée, regard en direction de l’écran sans vraiment y prêter attention — j’ai l’esprit qui dérive sur les fantasmes, faute à la proximité retrouvée.
« Si jamais, les chiottes sont là-bas, j’fais en indiquant la porte d’un geste sans entrain. J’te saurais gré d’pas gerber n’importe où. »
J’fais genre mec bien, mec droit, quasi-nitouche, mais j’sais que c’te bière bon marché n’s’ra pas assez, qu’viendra bien un moment où faudra qu’j’m’enfile autre chose, un truc plus fort, un truc qui pourra m’déchirer la gueule — j’ai jamais su m’démonter à la bière, dommage.
En attendant ; en attendant, on donne juste le change.
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C’est un peu crade chez lui. L’immeuble est sale, semble en mauvais état, pas très sécurisé –sûrement le prix qui l’a attiré plus que le confort, tu connais bien ça car tu l’as déjà fait avant de venir à Astrophel. C’est un peu mieux lorsque tu rentres dans son appartement néanmoins. Quand il allume la lumière, tu clignes des yeux le temps de t’y habituer, et tu bloques deux secondes sans répondre quand il parle de réveil brusque et de princesse –c’est au chat qu’il parle, pas à toi ducon.
« Fais comme chez toi… Dans les limites de la volonté d’la p’tite. Si elle t’aime pas tu dors par terre, j’te préviens, elle te cèdera pas la place. — J’comptais pas m’éterniser ici toute la nuit, tu peux la rassurer, tu fais en avisant l’animal d’un regard mauvais –les bêtes et toi c’est pas vraiment l’amour fou entre vous. »
Tu poses ton blouson sur le dossier du sofa avant de balayer la pièce du regard –à peine plus grand que ta piaule à l’hôtel cet appart. Tu prends place dessus, le plus possible du chat, et remercies Romeo d’un hochement de tête lorsqu’il t’apporte la bière fraîche et décapsulée. Tu l’aurais vidée d’un trait si ça n’aurait pas été malpoli.
« Si jamais, les chiottes sont là-bas. J’te saurais gré d’pas gerber n’importe où. — T’es gentil mais j’ai pour principe de ne jamais vomir chez les autres alors détends-toi. J’garantis pas l’état de ton paillasson demain ceci dit, tu rajoutes avec un ricanement rauque, assez fier de ta vanne nulle. »
il s’affale dans le sofa, et tu fais de même en fixant l’écran de la télévision sans trop y faire attention, la main toujours agrippée autour de la bouteille fraîche –t’es plutôt bien, tu pourrais t’endormir comme ça s’il te laissait faire. Un silence s’installe et tu ne sais pas trop quoi dire ; t’as jamais été doué pour parler pour ne rien dire, et t’es du genre qui préférer fermer sa gueule au lieu de gaspiller sa salive pour parler de la pluie et du beau temps. Alors tu te tais, et tu remercies l’alcool et les publicités –à cette heure, elles sont nombreuses à parler de sujets graveleux qui te donneraient pourtant l’occasion de poursuivre la vanne– de te permettre de ne ressasser tes idées noires sans arrêt.
Romeo R. Eastwood
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Paris-Brest crémeux
Sujet: Re: reflection × (romeo & ronan) Dim 13 Mai 2018 - 21:18
C’est le silence qui suit — à la télévision les publicités pour quelque nana chaude près de chez toi et autre tchat en direct avec des filles très joueuses qui défilent en boucle, les mêmes numéros à contacter, les mêmes sites à visiter. Je me demande toujours si certains se laissent vraiment prendre à ce genre d’attrape-puceau — mais si la publicité n’a toujours pas été retirée, c’est qu’elle paye la chaîne, et si elle paye la chaîne, c’est qu’elle gagne des thunes. Si elle gagne des thunes, alors on peut supposer qu’il y a bien deux-trois pigeons qui se sont branlés au téléphone — en leur vidant le forfait, les couilles et le compte en banque pour des suppléments. À ce niveau-là, autant s’payer une pute. Frisson glacé qui remonte le long de l’échine — des images qui reviennent par vagues ; la nuit, une voiture rutilante sous les réverbères blafards, une main proche d’elle, trop proche d’elle, une robe trop riche, un parfum capiteux, du reste, j’aurais juré des billets, à un moment ou à un autre. J’en sais rien, c’est trouble, j’étais déchiré — je maudis le fil de mes pensées, les associations qui se font et se défont à mesure. Des preuves sous les yeux mais ce pourrait être autre chose — pas elle, pas vrai ? Pas elle.
Sans m’en rendre trop compte, je descends quasi toute la canette de bière d’un seul trait, léger regret que ça ne soit pas quelque chose de plus fort qui m’extermine la moindre parcelle d’idée claire pour ce soir. À défaut, conscience extrême de la présence à côté de moi ; si je bouge rien qu’un peu nos coudes se frôlent, l’instant d’après nos genoux — mes pensées dérivent ailleurs, et j’sais pas si ça vaut vraiment mieux. J’me demande jusqu’où faudrait que j’aille pour m’en prendre une, et si j’suis prêt à prendre le risque pour c’que ça vaut — est-ce que j’compte me servir de lui pour détourner mes idées en clair-obscur ? Y a autre chose, ouais, il m’plaît ; genre baisable coché d’office — couché, par contre, j’en sais toujours trop rien, ce con laisse zéro indice, mais c’est peut-être aussi que j’tourne autour du pot au lieu d’être franc, que j’attends que ça vienne de lui alors que c’est moi qui veut. Au pire, j’m’excuserai en prétextant un quiproquo, j’me dis.
Morsure légère sur la lèvre inférieure ; dernière hésitation pendant que j’termine ma bière — puis, canette posée sur la table basse, j’me tourne de biais dans sa direction, souffle un « hey » léger pour attirer son attention. J’pose ma main sur sa cuisse, là où la décence n’est pas encore mise trop à mal ; j’me penche vers lui, sans me laisser le temps de tergiverser — ma bouche contre la sienne, baiser presque chaste s’il n’était pas aussi affamé. J’ai pas honte de profiter de l’effet de surprise pour violer le barrage de ses lèvres et goûter les relents de tout l’alcool enfilé à même sa langue — lentement, ma main remonte contre sa hanche, s’invite du bout des doigts sous le haut, contre la peau que j’effleure d’un rien, un peu plus au fil des secondes, avec plus d’insistance, plus d’empressement. L'attente d'un signal pour me dire encore, ou pour me dire dégage.
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
Le silence qui s’installe te pousse à te relaxer un peu. Tes muscles se décrispent, et pour un peu tu pourrais t’endormir avec l’alcool qui pulse dans ton sang et la télé pour berceuse de fond. Tu fermes les yeux un instant ; celui d’après, tu sens un frôlement contre ta cuisse, une voix non loin mais tu ne saisis pas la mono-syllabe prononcée, et le temps que tu ouvres péniblement tes yeux dont les paupières se font lourdes, tu sens une paire de lèvres chaudes collées contre les tiennes, une main qui se faufile lentement mais sûrement sous ton haut, et une langue étrangère qui s’invite dans ta bouche. Ton sang ne fait qu’un tour.
Ce n’est pas parce que c’est un homme qui t’embrasse que tu réagis violemment –c’est parce qu’il l’a fait par surprise, et que tu déteste ça. Pour une raison qui t’échappes, tout contact sexuel auquel tu ne t’attends pas, même venant de la part de quelqu’un que tu apprécies, voire avec qui tu as déjà couché, ça te révulse, tous tes poils se hérissent sur ta peau comme si tu te mettais en état d’alerte, et la violence est ta première réaction. Quand ça arrive, tu repenses systématiquement au monstre aux longues griffes de tes cauchemars ; t’as l’impression qu’il est devant toi à te lacérer la peau. Ta respiration se coupe, tu paniques, tu trembles.
Le temps que tu reprennes tes esprits, t’es au-dessus de Romeo, lequel est dos contre le tissu du canapé, la main fermement serrée autour de sa gorge. Tu réalises ton souffle saccadé, la sueur froide dans ton dos, ta main sur son cou et les traces qu’elle y a laissé. Tu le lâches, tu t’écarte aussi violemment que tu t’es jeté sur lui sans t’en rendre compte.
« Putain de merde, tu marmonnes en passant une main sur ton visage comme pour te réveiller. »
En t’éloignant de lui –pour son bien, pas pour le tien– tu te cognes la jambe contre la table basse ; plus perturbé tu meurs. On pourrait mettre ton état de confusion sur le compte de l’alcool –ce ne serait pas tout à fait une erreur d’ailleurs– mais il n’y a pas que ça, ça se voit dans ton regard affolé, ça se sent dans ton attitude d’enfant fou. Qu’on te pardonne de ne pas savoir comment réagir quand tu ne sais même pas d’où te viennent tes peurs et tes traumatismes.
« Pardon, je… –je voulais pas. »
Tu prends un longue inspiration pour essayer de te calmer –en vain. Un instant tu cherches son regard, pensant y trouver de la colère, l’instant d’après tu le fuies en feignant de chercher tes affaires.
« J’crois qu’il vaut mieux que j’rentre. »
Tu gagnerais pas grand-chose à m’avoir dans ta vie, crois-moi.
Romeo R. Eastwood
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Quand je le sens qui se crispe sous mes doigts, je sais que j’ai merdé — je m’attends à des coups puis des insultes, le genre acéré venant de lui. Je m’attends à son poing dans ma gueule — mais ce qui vient est encore plus violent.
Ça va vite, trop, j’saisis pas ; ça tourne et ça me fige un vertige — il est sur moi et mon souffle se coupe, un noeud dans la gorge non non c’est différent j’comprends pas j’suffoque j’essaie de tousser d’inspirer le filet d’air n’est pas assez l’angoisse s’en mêle et j’me débats sa masse au dessus de moi clair obscur sur l’ampoule du plafond et y a un truc qui déconne
y a un truc qui déconne
j’suis en train de crever ?
L’air emplit mes poumons d’un seul coup — une brûlure vive, un haut le coeur qui me plie en deux sur le flanc, je tousse et la bile acide envahit ma bouche. Je ferme les yeux, le crâne plein d’un vertige qui peine à se dissiper, une douleur aiguë et cotonneuse dans les tempes, un sifflement qui doucement s’apaise et puis se tait — mon corps entier tremble encore d’une angoisse qui m’échappe.
J’comprends pas. Y’a un truc qui déconne un putain de truc qui disjoncte.
« Pardon, je… »
J’rouvre les yeux en entendant sa voix — dénoue lentement mes muscles tendus à l’extrême et douloureux pour me redresser. Je tousse encore, grimace, porte ma main à mon cou dans un geste inconscient — l’impression de sentir encore sa main sa main ? qui serrait quoi ? Je — Non — merde, putain.
Il a vraiment fait ça ?
Je le cherche d’un regard trouble dans la pièce qui paraît tout à coup assombrie — croise le sien, une seconde, avant qu’il se détourne. Merde, non, j’comprends pas, merde, quoi ? Je secoue la tête, lentement, sans le lâcher des yeux — comme s’il fallait refaire disjoncter les neurones au dedans pour saisir. Pourquoi ?
« J’crois qu’il vaut mieux que j’rentre. — Non, j’lâche d’une voix plus rauque que d’habitude, et sans lui laisser tout à fait le temps de finir. J’vais pas te laisser te barrer comme ça, putain, Ronan. »
J’voudrais lui en vouloir et lui cracher à la gueule — mais j’en suis pas capable, quoiqu’il arrive j’suis en tort, j’sais depuis longtemps que ces gestes-là me coûteront cher un jour. Et j’vois bien dans ses gestes à lui, pressés et désemparés, dans son regard qui esquive le mien qu’il ne comprend pas non plus — il a plus vraiment l’air du type grande gueule qui s’marrait au comptoir et congédiait la gamine dont le nom m’a déjà échappé. À l'instant, il tient plutôt du gosse bouleversé.
Alors non, c’est pas d’la colère — j’en suis pas foutu ; c’est de l’incompréhension et un vague élan de peur pour lequel j’me déteste.
« Merde, je… C’est moi qui suis désolé, j’ai… Merde, c'est tout, désolé. »
J’étouffe une quinte de toux au creux de mon coude. L’instant d’après j’esquisse un geste pour me lever, m’approcher, me ravise dans la seconde — j’ai peur qu’au moindre pas dans sa direction il se brise pour de bon, j’vais pas mentir cette fois j’ai peur des éclats de verre qui pourraient me blesser en revers.
« Putain, merde, Ronan, c’est quoi ce… bordel ? »
Ce bordel, c’te connerie — c’est quoi qui tourne pas rond chez toi ? — non, merde, c’est pas ça c’est pas comme ça qu’on dit
mais putain, c’est quoi ton problème, c’est quoi ce démon en toi qui te pousse à l’extrême ?
Sujet: Re: reflection × (romeo & ronan) Jeu 14 Juin 2018 - 20:55
MIRROR, MIRROR ON THE WALL
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« J’crois qu’il vaut mieux que je rentre. »
Tu savais que c’était pas une bonne idée, Ronan, t’aurais pas du venir, t’aurais pas du rester ; déchiré ou non t’es un danger public et personne devrait avoir à être seul avec toi plus de quelques minutes. C’est la taule ou la tombe qui t’irait le mieux Ronan, ça fait des années qu’on te le répète et tu n’en prends conscience que maintenant. La taule ou la tombe. Toi t’as déjà fais ton choix, hein ?
« Non. J’vais pas te laisser te barrer comme ça, putain, Ronan. »
Tu grinces des dents, serres le poing ; t’aimerais bien qu’il te foute à la porte au lieu d’essayer de comprendre, ça t’arrangerait plutôt bien.
« Merde, je… C’est moi qui suis désolé, j’ai… Merde, c'est tout, désolé. »
Tu trembles et tes sourcils se froncent –pourquoi c’est lui qui s’excuse alors que c’est toi qui a bien faillit l’envoyer six pieds sous terre ? Il tousse, esquisse un mouvement vers toi et par automatisme, tu fais un pas en arrière ; ça te soulages autant que ça te peine qu’il se ravise au dernier moment.
« Putain, merde, Ronan, c’est quoi ce… bordel ? »
C’est quoi ton problème Ronan ? Pourquoi t’es comme ça ? Si seulement tu le savais, si seulement tu savais pourquoi faut toujours que tu brises tout ce que tu touches, tu serais peut-être moins déglingué.
« Ce…bordel ? »
Un rire éteint et las s’échappe de ta gorge et la seconde d’après tu t’en veux de réagir comme ça, quand bien même il n’y a que la nonchalance et l’ironie qui puisse te servir de carapace désormais.
« J’aimerais bien l’savoir aussi… »
Tu fixes le sol sans broncher, ta respiration est saccadée et tu continues de trembler. Dès que tu fermes les yeux tu revois le monstre de tes cauchemars et ça te fait frissonner. Tu secoues la tête, renverse du dos de la main tous tes doutes, tes peurs et tes anxiétés.
« J’aime pas qu’on me touche quand je m’y attends pas, c’est tout, tu lâches en haussant des épaules comme si ça pouvait justifier ne serait-ce qu’une seconde ta réaction énorme. Désolé si je t’ai fait mal ou peur… j’ai trop bu. »
Ton mensonge tient à peine la route car tu n’y crois pas toi-même, mais c’est tout ce que t’as alors tant pis.
« J’vais rentrer, tu lâches d’une voix éteinte en te penchant pour récupérer ta veste, encore désolé. »
Désolé d’être comme ça.
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
Et il a ce rire qui me déchire, qui me fait regretter chacun de mes gestes ; comme l’impression d’avoir pressé le détonateur d’une dirty bomb avant de savoir de quoi il s’agissait, sans avoir pu en prédire les dommages.
« J’aimerais bien l’savoir aussi… »
J’effacerais tout, si je pouvais ; je reviendrais trois minutes en arrière, j’aurais pas ces gestes-là, pas les mains qui s’aventurent sans permission, pas l’audace sans accord clair en face ((culpabilité dévorante)).
« J’aime pas qu’on me touche quand je m’y attends pas, c’est tout. Désolé si je t’ai fait mal ou peur… j’ai trop bu. »
Sans déconner ? J’ai le droit qu’à ça ? Une explication facile et toute trouvée, bateau comme on n’en fait plus, que même moi j’aurais pu inventer en trois secondes ? Je comprends pas, les éléments s’agencent pas comme il faut, du point A au point B trop de pièces manquantes au puzzle, j’voudrais lui demander, rien qu’un peu, comprendre le geste qui me dépasse, mais j’me sens pas légitime — c’est de ma faute, moi qui ai frôlé la corde sensible ((pas vrai ?)) quelle qu’elle soit. J’en démords pas, y’a un truc derrière une violence pareille et dans ces circonstances, l’alcool a beau dos mais j’y crois pas, sa réaction parle trop pour ça mais pas assez pour le reste.
« J’vais rentrer. Encore désolé. »
Cette fois, j’hésite pas, j’me lève et j’me glisse contre la porte, m’y appuie en barrage clair entre lui et la sortie. J’attends qu’il me regarde franchement, j’attends de croiser son regard, qu’il ait les couilles d’arrêter de fuir le mien — c’est beau l’ego si ça s’effondre à chaque pas de côté ((qu’on me jette la première pierre)). Bras croisés sur le buste, j’inspire, soupire, ferme les yeux le temps d’un instant.
« Deux choses… La première, excuse-toi encore une fois et j’te jure je… Je sais pas encore c’que je fais, mais j’le fais. »
Quelle menace ! Sûr qu’il doit trembler.
« Deuxio, tu bouges pas d’ici. Tu vas sagement dormir sur ce putain de canapé, j’te laisse pas le choix, tu feras ce que tu veux demain matin, mais dans cet état-là c’est hors de question que tu passes cette porte en sens inverse, pigé ? »
Une hésitation, légère — est-ce que j’ai vraiment le droit ? Le retenir ici, après ce que j’ai déclenché ? Mais j’peux pas me résoudre à le laisser partir, à ce qu’il se risque à prendre la route, même si ce serait peut-être pas une première — j’devine sans mal le pilier de bar, pas difficile quand on en est soi-même un bel exemple — mais j’veux pas de cette peur-là — de cette culpabilité-là, si ça devait mal tourner ; même si je l’apprendrais peut-être jamais, si ça arrivait. La parano joue son rôle — hors de question que j’y déroge.
« Et j’sais j’avais dit deux, mais troisième chose… j’entame, avant de m’interrompre — j’hésite à me taire, flanche quand même ((foutu pour foutu)). Pourquoi il a fallu qu’on en arrive là, genre, maintenant ? J’veux dire, au bar aussi, j’t’ai touché, tu m’en as même pas collé une. »