avatars manga ☆ rp libre ☆ combats au rendez-vous ☆ venez participer ! on est gentils (⦿ ‿ ⦿)
Le PDG de la X-TREM Factory entretiendrait une relation des plus intenses avec sa vice-présidente. On espère que ce n’est pas cette affaire qui a distrait l’ancien Phoenix de son travail et qui a entraîné un manque de sécurité lors de la dernière conférence de presse de l’entreprise où à eu lieu une explosion causant la mort d’un de ses haut-gradés...
Le mystérieux « Mist » dont l’apparition soudaine a récemment secoué la ville serait en fait une association de trolls désoeuvrés voulant profiter de la panique des récents attentats pour gagner plus de popularité sur les réseaux sociaux.
Il paraîtrait que le fondateur de la ville Edward Astrophel aurait été le descendant direct de Diogène, le philosophe grec qui vivait dans un tonneau. Incroyable !
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
« J’sais pas… P’t’être qu’une de mes admiratrices viendra te l’apprendre à ma place, Ronan. »
Il a le ton railleur, le regard plongé dans le tien, et c’est une drôle de sensation qui t’envahit car si ses mots et son culot te font doucement rigoler, ses yeux ont quelque chose de pénétrant qui te met mal à l’aise. Comme s’il pouvait se faufiler du regard entre les crevasses. Une ombre furtive vient brièvement obscurcir tes iris quand tu réponds à son oeillade ; la seconde d’après, tu hausses un sourcil et esquisses un rictus amusé, silencieux –navré mais tes admiratrices, si je les approche de trop près, c’est pas ton nom que je leur ferais gémir au clair de lune.
« Romeo, il enchaîne, et parce qu’il a dû remarquer la lueur de surprise dans tes yeux, il continue, et non c’est pas pour déconner, marre-toi et j’te cogne. »
Tu ricanes malgré tout –esprit de contradiction ? ou alors tu te fous complètement de sa pseudo-menace– et malgré ton esprit troublé tu parviens à te remémorer l’époque du lycée, quand tu avais eu à lire la pièce pour un devoir. Tu te souviens qu’outre les nombreux innuendos de Shakespeare qui t’avaient bien fait marrer, la fin non plus ne t’avait pas laissé tout à fait de marbre –probablement parce que t’as connu ça, l’amour foudroyant pour lequel on pourrait se laisser crever. Quand elle est partie, t’y avais sérieusement songé ; va savoir pourquoi tu n’as jamais franchi le pas… Parce que la mort t’effraie, parce que t’es pas certain que le geste signera à coup sûr la fin, parce que tu préfères te complaire lâchement dans la douleur pour avoir l’impression d’expier tes fautes plutôt qu’avoir les couilles de te faire sauter la cervelle pour de bon.
« S’cuse, tu fais en suivant, disons que t’as pas vraiment la dégaine appropriée –toi non plus imbécile, et pourtant… Tu jettes un oeil en biais en direction de son verre dont il doit rester une gorgée à tout casser, et sans plus de cérémonie tu tends le bras pour t’en saisir et le vider d’une traite, sans rien dire mais avec l’oeil railleur qui crie “vengeance”. Une fois le verre à sec tu le reposes sur le comptoir dans un bruit sourd. M’enfin, qu’est-ce qu’un nom ? tu me diras, tu cites en te remémorant le célèbre vers, avec un regard moqueur dans sa direction –et il faut l’avouer, toi aussi tu pousses un peu le vice car tu sais le pouvoir de ta voix et de ton accent sur certains, et vu comme il te cherche depuis tout à l’heure, tu ne te prives pas de te venger en y mettant la forme. »
T’aurais peut-être pas dû. Lui aussi n’en démord pas.
« Au passage, ôte-moi d’un doute… Pour avoir frissonné comme une adolescente amourachée tout à l’heure, t’as pas vraiment l’habitude d’être approché de si près par un mec, hein ? — Désolé si je brise tes rêves, tu rétorques aussitôt, sans broncher, mais de là d’où je viens quand un autre mec s’approche aussi près c’est soit pour te faire les poches, soit pour t’planter le foie et mieux te racketter après –la cicatrice qui orne ton flanc droit peut en témoigner. Instinct de survie, j’sais pas si tu connais. »
Plutôt ironique sorti de ta bouche, enfoiré.
Tu jettes un oeil à la rangée de shooters vides qui gisent sur le bar –Gladys en a déjà ramassé deux pour les nettoyer. Y’a ton estomac qui te tiraille parce que t’en recommanderais bien une autre série mais ton porte-monnaie est à sec et tu sais pertinemment que quand bien même elle puisse être relativement sympa avec toi, la barmaid ne te fera pas crédit ce soir. Tu lui as déjà fait le coup de promettre de la payer le lendemain et d’oublier de le faire pendant une semaine, et elle t’as bien fait comprendre que ce serait la seule et unique fois. Maintenant que t’as rien à boire, tu te sens plus nerveux dans ce bar. Comme si t’étais plus tout à fait à ta place. T’essayes de te remettre les idées à l’endroit, de te rappeler où sont tes affaires –ta veste, avec tes clés dans la poche, est certainement toujours là où tu l’a laissée, quand tu t’es débarrassé de la compagnie de ta première conquête de la soirée– mais quand tu commences à t’agiter pour quitter ton siège sans t’effondrer, un éclat bleu vif et un mouvement devant toi te pousse à te rasseoir gentiment. Ce sont les filles de tout à l’heure, celles qui ont attiré ton regard pendant qu’elles dansaient parce que l’une d’entre elle à les cheveux teints et pas très discrets, et qu’elle a le même genre de fossettes que Daisy. Nonchalamment tu les regarde se frayer un chemin jusqu’à vous –ou plutôt jusqu’à lui– et tu te contentes de les observer de biais, en silence, quand elles commencent à lui parler. Les fameuses admiratrices ?
« Bon Rom’, lance la brune aux airs revêche et mal luné, nous on va y aller vu que Mee’ bosse demain, t’as pas intérêt à déconner ce soir sinon je t’en colle une, vu ? – le ton qu’elle utilise ne te laisse plus de doute quant à son éventuel statut d’admiratrice. Les instruments qui pendent à leurs épaules non plus d’ailleurs. — Je serais toi je l’écouterais, elle s’est prise une main au cul y’a une heure et elle décolère pas alors vaut mieux pas en rajouter, enchaîne l’autre avec un rire dans la voix. — Mais j’te jure ! Si je trouve l’enfoiré qui a fait ça je lui fais bouffer mon exemplaire de La Cause des Femmes, et pas en format poche ! s’indigne-t-elle encore, et elle a le don de te tirer un ricanement discret –en voilà une que t’auras bien fait de ne pas draguer ce soir. — Si tu veux, mais si ça peut attendre demain ça m’arrangerait parce que je voudrais pas louper le dernier métro ! »
Pour changer, ton attention se fait capricieuse et tu perds le fil de leur conversation pendant quelques instants, juste assez pour ne te ressaisir que lorsque la brune salue son ami et s’enfonce dans la foule pour quitter le bar. Le regard un peu hagard, tu finis par le poser sur Romeo au moment où l’autre nana se penche pour l’embrasser sur la joue ; et t’as beau être déchiré, tu sais reconnaître les embrassades entre potes de celles qui cachent des vérités plus profondes : de ce que t’en juge, ce qui se passe sous tes yeux n’appartient définitivement pas à la première catégorie. Elle s’écarte ensuite –tu crois l’entendre souffler un « fais attention quand même, hein ? » mais t’es pas certain de ça– et quand elle se retourne pour s’éclipser tu croises son regard et elle t’adresse un léger sourire –du genre poli, mais t’es pas habitué à ce qu’on soit poli avec toi, surtout dans un tel endroit, alors t’as un léger temps de retard quand tu hoches la tête pour lui répondre plus ou moins.
Quand elle s’est suffisamment éloignée, tu lâches un ricanement et tourne la tête vers Romeo.
« Elles sont marrantes tes admiratrices dis-moi, tu railles avec l’ironie suintant dans chaque mot, elle est au courant ta meuf, que tu t’amuses à lécher le cou des inconnus ? »
Il faut croire Ronan que la raillerie et la seule chose après l’alcool qui parvienne à te tenir d’attaque (à peu près) dans ce genre de soirée.
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
C’est comme de vouloir jouer avec le feu ; c’est d’abord observer les flammes de loin, puis s’en approcher, embrasser la chaleur même lorsqu’elle devient suffocante, s’approcher du brasier pour tenter de l’enlacer sans s’y brûler, prendre le risque, sans sourciller, par habitude. Se laisser consumer, si jamais ; espérer trouver l’étincelle qui deviendra celle de l’intérieur — le genre qui redonne la foi, qui redonne la vie. Mais pour ça, j’me dis, y’a p’t’être Meera.
« Désolé si je brise tes rêves, mais de là d’où je viens quand un autre mec s’approche aussi près c’est soit pour te faire les poches, soit pour t’planter le foie et mieux te racketter après. »
Je plisse les yeux, à peine ; j’essaie de comprendre, où c’est, ce que c’est, de là où il vient. Les milieux miteux comme Scitlali, peut-être, mais loin des Etats-Unis — son anglais est parfait, mais son léger accent le trahit d’ailleurs ; si j’ai eu des doutes les cinq premières minutes, ils se sont dissipés depuis un bon moment. J’en ai connues, des teignes, des fils à papa qui, non contents d’obtenir déjà tout ce qu’ils pouvaient bien vouloir sur la carte bleue des parents, s’en prenaient aux gosses, pour une belle montre en toc un peu brillante ou un téléphone portable passé de six mois. Mais des vrais, capables d’un coup de couteau pour un regard en croix ou le malheur de porter quoique ce soit qui aurait attiré leur convoitise ? Pas vraiment. J’admets, j’ai longtemps été préservé de ces choses-là. Mais je ne suis pas surpris — des contrats auxquels je me plie en échange d’argent, les raisons qui poussent des Hommes à faire assassiner d’autres Hommes ne trouvent jamais vraiment grâce à mes yeux. Des rancunes, des dettes, un silence craint d’être brisé.
« Instinct de survie, j’sais pas si tu connais. »
Pour être honnête, pas vraiment.
Je me contente de hausser les épaules, fixe mon verre qu’il a terminé à ma place deux minutes plus tôt — j’aurais bien voulu le lui reprocher, mais c’est de bonne guerre, alors je me tiens tranquille ; j’en commande un autre, que je prends soin de garder dans ma main cette fois, histoire que ne lui vienne pas trop vite l’envie de réitérer. Je bois, laisse la brûlure de ma gorge se diffuser dans tout mon corps, chaleur qui n’atteint pas encore l’esprit. Du coin de l’oeil, je le devine qui s’agite, comme avec l’air de vouloir se lever. Sourcil levé, je le regarde faire, mise intérieurement sur ses chances d’atteindre son objectif — inconnu — sans perdre salement l’équilibre — parce que le trouble de son regard et les railleries de sa voix ne laissent que peu de doutes quant à son état d’ébriété franchement plus avancé que le mien. Cela dit, avant que j’aie eu le temps de parier, il se rassied, le regard porté derrière nous ; je me tourne à moitié, esquisse l’ombre d’un rictus en devinant le regard furibond d’Olympe, rassuré de ne le savoir pas fixé sur moi — jamais bon de s’attirer les foudres de l’inséparable.
« Bon Rom’, nous on va y aller vu que Mee’ bosse demain, t’as pas intérêt à déconner ce soir sinon je t’en colle une, vu ? — Chef, oui, chef, j’lance sur le ton de la vanne, l’envie de me marrer ; dans le fond j’ai presque pitié de celui ou celle qui a su si bien la mettre en rogne. — Je serais toi je l’écouterais, elle s’est prise une main au cul y’a une heure et elle décolère pas alors vaut mieux pas en rajouter. »
J’roule les yeux, lance un sourire complice à Meera pendant qu’Olympe fulmine encore — à juste titre, j’imagine, mais c’est toujours amusant, quand je ne suis pas l’objet de ses remontrances.
« Courage, essaie d’pas la laisser bouffer le premier type craignos qu’elle croise, ok ? C’est pas bon pour l’image du groupe. »
Dis-je si bien, quand j’suis peut-être à l’heure actuelle le plus susceptible de la ternir, ladite image. Olympe finit par s’éclipser, après quelques remarques encore bien senties qui m’arrachent des ricanements ténus ; reste Meera, Meera et ses lèvres contre ma joue, Meera et ma main contre sa hanche, qui la retient vers moi un instant de trop. Je voudrais lui dire reste, j’voudrais lui dire on passe la nuit ensemble, mais je me résigne, bon gré, mal gré.
« Fais attention quand même, hein ? — Promis. Tu m’envoies un message pour me dire que t’es bien rentrée, d’accord ? Et dis à Olympe de faire la même, s’teuplaît. »
Parce que je ne suis jamais rassuré, de les savoir seules dans les rues et les métros, la nuit, à la merci de n’importe quel enfoiré dont regorge la ville. Je suis presque tenté de planter Ronan, de les suivre pour être la présence masculine qui dissuade, celle qui dit t’approches, je cogne, mais je me retiens, la laisse filer elle aussi et l’observe jusqu’à ce qu’elle s’échappe de ma vue. Après, encore ; comme si elle allait revenir, tout à coup.
« Elles sont marrantes tes admiratrices dis-moi. — Hm, s’tu l’dis, j’lâche du bout des lèvres, en m’enfilant trois ou quatre gorgées d’alcool — on fait passer l’inquiétude comme on peut. — Elle est au courant ta meuf, que tu t’amuses à lécher le cou des inconnus ? »
Je reporte enfin mon attention sur lui, sourcils froncés, le temps de saisir ce qu’il raconte, de quoi il parle ; le temps de comprendre qu’il était là, pendant que j’me grillais tout seul avec Meera, parce que je crois que je suis flag’ quand elle est près de moi.
« C’pas ma meuf, de un, j’maugrée, toujours hésitant quant aux mots à employer lorsqu’il s’agit de parler sentiments. Plutôt relation compliquée. Et de deux… »
Je bois encore, j’fais passer, j’essaie de m’abrutir mais ça n’est toujours pas assez ; cul sec pour faire monter un peu plus vite — pourquoi faut-il que j’sois si habitué que j’aie du mal à me rendre ivre ?
« De deux, non, elle est pas au courant que je m’amuse à lécher le cou des mecs rencontrés au comptoir d’un bar cinq minutes plus tôt. Sacré scoop. »
Je termine mon verre, me tâte — troisième, pas troisième ? Quatrième, si l’on compte le shoot volé à mon compagnon d’infortune. Je le toise, de biais, tape des ongles sur le comptoir de marbre rayé, finis par lever les yeux en direction de Gladys, comme saisi d’un élan de générosité — ou bien en recherche d’une excuse pour qu’il ne s’en aille pas tout de suite.
« Refile une tournée, s'teuplaît, et mets sur ma note, puis, je lance un regard un peu plus franc à mon voisin de verre. Ça te dit de prendre l’air, après ? Ou bien tu comptes te bourrer la gueule jusqu’à la fermeture ? Cela dit, si tu veux profiter de la boisson que je te paie gentiment, j’te propose d’accepter ma première offre. »
Le tout avec un rictus, pour faire bonne mesure ; tu m’plais un peu trop pour que j’tente rien, ce soir, désolé.
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
Finalement, c’était peut-être fait exprès cette fois, ton attention qui se perd encore et encore sur la foule. T’en sais trop rien ; il est là à côté de toi, y’a cette fille dans ses bras et tu sens que t’es de trop, que c’est eux deux et personne d’autre –ça te mets mal à l’aise, ça fait remonter des souvenirs amers, toutes les heures que tu passais à bouffer ta belle des yeux tout en essayant d’ignorer le fait que c’était ton meilleur ami qui avait la main posée nonchalamment sur sa hanche. T’as toujours été de trop Ronan, même pour tes propres parents.
Alors tu l’avoues, quand elle s’éclipse en promettant à Romeo de le prévenir –le prévenir de quoi, t’as pas écouté– t’es un peu soulagé, tu te permets de vanner pour masquer ton trouble parce que les souvenirs qui affluent en vrac t’ont filé la gerbe pendant une seconde de trop. Elle t’étouffais, tu respires mieux maintenant qu’elle est partie.
« C’pas ma meuf, de un, fait l’autre comme pour se justifier, tu sais pas trop de quoi. Plutôt relation compliquée. Tu ne te gêne pas de lâcher un ricanement railleur parce que c’est trop facile de caser les gens dans des « relations compliquées ». Si tu devais le faire, toutes tes relations le seraient ; compliquées. Et de deux… –il boit dans le verre qu’il a commandé après que tu lui aies terminé le premier– De deux, non, elle est pas au courant que je m’amuse à lécher le cou des mecs rencontrés au comptoir d’un bar cinq minutes plus tôt. Sacré scoop. »
T’as une minute de trouble avant de comprendre pourquoi il a accentué le mot « mecs » plus que les autres.
« Oh, tu lâches bêtement avant de reprendre ton ironie habituelle, t’es pas dans la merde toi. »
Quand il termine son verre, t’as presque un tiraillement de jalousie –t’as plus de tunes pour cette nuit, t’as fait l’erreur de payer quelques verres à la nana de tout à l’heure et maintenant tu les regrette.
« Refile une tournée, s'teuplaît, et mets sur ma note. Tu grinces des dents, mais quand il te regarde plus franchement tu fronces les sourcils en une question muette –t’as ta réponse dans la seconde qui suit. Ça te dit de prendre l’air, après ? Ou bien tu comptes te bourrer la gueule jusqu’à la fermeture ? Cela dit, si tu veux profiter de la boisson que je te paie gentiment, j’te propose d’accepter ma première offre. »
Tu pèses le pour et le contre –pendant un centième de seconde. Tu commences à deviner où il veut en venir –peut-être ?– et t’es moyen chaud pour te mettre dans une situation pareille en étant complètement bourré parce que t’es jamais certain de tes réactions et tu voudrais pas faire quoi que ce soit qui puisse le blesser –mentalement ou physiquement, peu importe. Mais il y a l’alcool. La promesse de la boisson gratuite à ses frais, de ce poison que t’avales à grandes goulées de peur de ne plus savoir respirer sans alors que c’est bien ce qui te pourris de l’intérieur –t’as mal alors tu bois, et quand tu bois plus ça te fait mal, alors tu bois encore ; cercle vicieux qui n’aura de fin que lorsque tu tombera raide.
« Ça marche, tu lâches après une seconde d’hésitation. »
Tu devrais pas, tu le sais bien. C’est précisément pour ça que tu le fais.
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
Il a comme un moment d’hésitation, de flottement, de doute — j’ai comme l’impression d’avoir fait une erreur, d’en avoir trop dit en avouant à demi-mot les tendances divergentes de mes affaires sous les draps. Peut-être a-t-il compris, je ne sais pas — peut-être a-t-il peur, mais de quoi ? J’esquisse l’ombre d’un sourire, c’est plus fort que moi ; l’instant de trouble est bref mais je l’ai capté, c’est terminé — peur de tomber dans les bras de l’inconnu du comptoir, chéri ?
« Ça marche. »
J’acquiesce, simplement, puis adresse un léger signe de tête à la barmaid, le tout sans me défaire de mon rictus. J’ai presque honte, de le soutenir dans sa quête de défonce mentale, alors qu’il a déjà l’air dans un état dans lequel je ne lui laisserais pas le volant d’une voiture — même sans être passager à bord, parce qu’il ne s’agit pas de moi, mais de lui pour cette fois. Et il a beau être plus vieux, ça n’en fait pas moins mal, ce reflet, comme de se prendre dans la gueule ce que je suis, d’avoir l’honneur d’admirer l’image que je renvoie — et le tableau n’est pas fameux. J’sais même pas ce qui peut bien plaire aux filles, ce qui peut plaire à Meera, à cette gamine, Ariel ; qu’est-ce qui peut bien les attirer sur nos gueules ravagées, sur nos bras entaillés, qu’est-ce qui peut bien les attirer dans nos carcasses bouffées par l’alcool et les autres merdes qu’on ((je ?)) ingère ?
Comme de par réflexe, je masse la pliure de mon coude, là où, si l’on ôtait le tissu, se verrait nettement le tracé que les seringues ont laissé à force de percer ma peau, toujours au même endroit — quelques unes s’étendent aussi à gauche, varier pour ne pas laisser l’occasion à la cocaïne des mélanges de brûler les veines à force de trop s’écouler dans la même, mais la majorité sont à droite, question de praticité de gaucher pour tenir le piston.
Gladys pose nos verres sur la table, derniers fonds d’éthanol à s’enfiler pour s’enliser l’esprit — pas assez, et sans after je finirai chez moi à vider une énième bouteille de Jack dans la nuit —, je lève le mien en direction de Ronan, dont j’accroche le regard une seconde.
« Santé, je lâche, et y’a comme du sarcasme dans le ton employé. »
Pas comme si c’était vraiment quelque chose qui comptait, suffit d’voir mes bras, suffit d’voir ma gueule, puis faudrait le voir le masque, l’arracher pour jeter un oeil au coulisses, émietter les murs comme les cendres d’une cigarette qu’on fait se disperser d’un petit coup anodin faudrait voir comme c’est sale et glauque à l’intérieur.
Je renverse la tête, cul-sec pour le dernier, je me sens à peine ciller, la chaleur ambiante qui me pousse à ventiler mon haut, mouvement répété du poignet pour espérer le courant d’air ; le mieux serait de retirer pour de bon la chemise, mais je pense blessures, je pense fêlures, qu’il ait les mêmes je m’en moque, qu’il les voie je ne veux pas. Contradictoire avec mes intentions toujours la même rengaine.
Comme un élan de nervosité, le verre vide posé sur le comptoir, la monnaie tirée du porte-feuilles pas bien garni et tendue à Gladys, « garde la monnaie » habituel que je finis toujours par regretter quand ce sont les quelques dollars de plus qui font la différence en fin de mois. Peu importe.
« J’vais fumer, j’t’attends dehors, je lui lance en me levant, avant de ricaner, de me pencher à son oreille par dessus son épaule, histoire d’être certain qu’il m’entende au dessus de la cacophonie ambiante. C’est l’occasion d’voir si t’es du genre enflure ou réglo, remarque. »
Et j’m’éclipse, blouson de cuir usé sur les épaules, l'étui de la guitare en bandoulière ; la clope entre les lèvres avant même d’avoir franchi la porte, la première bouffée assassine quand elle n’est pas encore refermée dans mon dos.
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
Il acquiesce, hoche la tête en direction de la barmaid ; tu sais même pas ce qu’il y a dans le verre qu’il te tends mais t’en as vraiment rien à foutre –tant que ça peut te mettre minable, que ça peut limiter les tremblements de tes mains et le vacarme sous ton crâne, tu prends.
« Santé, il lâche d’un ton railleur en faisant tinter son shooter contre le tiens. — C’est ça ouais, tu réponds, la bouche un peu pâteuse. »
Santé, mon cul oui. Quand t’avales le contenu du verre en une gorgée sans même prendre le temps de laisser le goût de l’alcool s’attarder sur ton palais pour en deviner le nom, ça te soulages autant que ça t’écorches. Tu l’entends dire à Gladys de garder la monnaie –monsieur joue les grands seigneurs ce soir faut croire ?– puis il se lève, et se penche sur ton épaule pour approcher ses lèvres de ton oreille. Pendant un instant tu crois qu’il va recommencer comme tout à l’heure, mais ton corps réagissant trois heures après ton esprit lorsqu’il est lourd de mélanges alcoolisés comme ce soir, tu ne bronches pas. Heureusement, il n’en fait rien, se contente de parler –tu galères pour tout saisir, mais dans l’ensemble, t’as compris l’idée.
« C’est l’occasion d’voir si t’es du genre enflure ou réglo, remarque. — Pff, tu ricanes, me dis pas que t’a des doutes quand même, tu vas m’vexer. »
Pourtant tu sais que tu serais capable de le planter sans un seul regret. Quoique. Y’a cette espèce de résonance étrange avec lui, comme s’il savait à peu près ce que c’est que de se trouver dans tes pompes. Tu l’connais pas, et pourtant t’as un peu l’impression d’en savoir plus sur lui que d’autres plus proches n’en savent –pourquoi, comment, t’en sais rien du tout et t’es pas sûr d’avoir envie de trouver la raison. Peut-être que lui tu ne le planterais pas sans un regard en arrière quand même.
Tu le suis du regard se diriger vers la sortie, et quand il est hors de vue tu te décides de te lever –doucement, car ton équilibre est loin d’être parfait.
« Fais attention à toi, fait la voix de Gladys derrière, j’ai pas envie d’avoir des ennuis parce que j’t’ai laissé sortir d’ici sans surveillance ok ? »
Tu ne lui réponds pas, te contentes d’un geste vague pour la saluer avec un sourire en coin qui veut dire « te bile pas cousine » mais qu’on pourrait interpréter à l’opposé, et puis tu t’écartes du bar pour retourner là où tu as laissé tes affaires plus tôt. La fille de tout à l’heure est là aussi –charogne, elle attendait que tu lui reviennes sans doute. Tu l’ignores quand elle passe ses bras autour de ton cou et qu’elle y laisse une grosse trace de rouge à lèvre, mais tu la repousses sans autre forme de cérémonie une fois tes bricoles récupérées sur le canapé. Tu ne lui décoches pas un regard, ne lui dis pas un mot –elle n’aurait pas été là qu’il en aurait été de même. Pourtant quand tu l’entends te traiter d’enculé dans ton dos, t’as un sourire railleur –t’as deviné ça toute seule Einstein ?
Dehors, le froid de la nuit te saisit mais te soulage par la même occasion –tu respires beaucoup mieux. Tu attends que la température de ton corps descende un peu avant d’enfiler ta veste, et tu te sers dans ton paquet de clopes pour imiter ton compagnon de la soirée –t’as toujours besoin d’avoir un truc entre les mains, entre les lèvres, verre ou cigarette, pour avoir l’impression d’être normal, d’être plus apaisé.
« Et maintenant, c’est quoi le plan ? »
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
Appuyé contre le mur, je fixe les allées et venues des passants, nombreuses malgré l’heure — pas si tardive en vérité — et le quartier. Faut dire, c’est encore proche du centre ville, pas trop à l’écart, moins proche de Scitlali que d’autres recoins d’Hiawatha ; les gens n’ont pas trop peur, ici. Ce sont des rues dans lesquelles les flics veillent encore, où la justice a encore un tant soit peu d’emprise — quoiqu’elle me fasse bien rire, la notion de justice, dans une ville comme Astrophel. Allez, faites-moi rire : de combien dédommage-t-on les familles des dommages collatéraux ? Mieux, dites-moi : de combien dédommagera-t-on Saul et Meera, quand il se réveillera ; de combien l’a-t-on dédommagée elle, pour les blessures, le danger, la peur, la douleur, la cicatrice en reste ? Combien en faudra-t-il encore, des comme eux, et des pires, pour qu’enfin tout s’arrête ? Dites-moi, putain, qu’est-ce que je fous encore dans le système ?
C’est la porte qui s’ouvre sur ma gauche et les pas qui viennent dans ma direction qui m’arrachent à mes pensées, me forcent à baisser la tête que j’avais levée vers le ciel piqué d’étoiles — difficile de les apercevoir au beau milieu de la ville lumière, mais ici passe encore. Je fais tomber la cendre de la cigarette que j’ai laissé se consumer au fil de mes dérives, tire une taffe en l’observant du coin de l’oeil — ma taille à peu près, assis je l’avais cru légèrement plus grand. Il tire une clope de son paquet, lui aussi, j’ai comme un rictus au bord des lèvres — non pas que je doutais d’une quelconque addiction à la nicotine, ça colle à la dégaine, mais chaque fois ce sont autant de points communs qui m’font une sensation étrange. Le genre que j’hésite à décrire en les termes de marrant ou de malheureux. Y’a de ces choses qu’on ne souhaiterait même pas à son pire ennemi ; beaucoup trop de celles que l’on semble partager en sont.
« Et maintenant, c’est quoi le plan ? »
J’avale une bouffée, la recrache en cercles dans l’air frais de la soirée, parce que j’aime bien, parce qu’à partir du jour où j’ai su le faire, avec les potes c’était à qui fait les plus beaux, en somme qui a la plus grosse façon poumons goudron.
« Ça dépend… je lâche, avec comme un rire rauque au fond de la gorge. Si j’te propose de v’nir chez moi, genre trois rues d’ici… J’imagine que c’est trop flag’ ? Ou trop louche, au choix. »
A juste titre, sans doute, va savoir.
« J’t’aurais bien proposé d’acheter un pack de bières et de le descendre à deux en traînant dans les rues, mais j’vais éviter d’me rendre coupable d’un coma éthylique, si tu veux bien. Alors j’vais rester sur l’idée d’aller chez moi. »
Et puis, j’ajoute, après une seconde d’hésitation — j’lui laisse une chance de changer d’avis, de prendre la fuite, de remballer ses couilles et d’me planter là.
« Sauf si t’as un meilleur plan… Ou qu’tu t’dégonfles. »
Provocation lâche — p’t’être que j’lui laisse pas tellement l’choix, en fait, si tant est qu’il ait un honneur à sauver.
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
« Ça dépend… son rire se fait de gorge, t’arrives pas trop à saisir l’émotion qui se cache derrière. J’imagine que c’est trop flag’ ? Ou trop louche, au choix. »
Tu ne réponds pas, te contentes de l’observer tête penchée et clope au bec en attendant qu’il développe son idée. T’es pas trop con non plus, tu le vois venir un peu, mais les sous-entendus et les non-dits te frustrent, et t’aimerais bien le pousser à dire les choses pour de bon.
« J’t’aurais bien proposé d’acheter un pack de bières et de le descendre à deux en traînant dans les rues, mais j’vais éviter d’me rendre coupable d’un coma éthylique, si tu veux bien. Tu peux pas t’empêcher de ricaner à l’idée de te prendre une telle cuite –t’as oublié de quand date la dernière, tu sais même plus qui t’avais déposé à l’hôpital cette fois là pour dire vrai ; t’aurais p’têt préféré qu’il ou elle s'en abstienne d’ailleurs…Alors j’vais rester sur l’idée d’aller chez moi. »
Il hésite encore une seconde avant d’en rajouter une couche.
« Sauf si t’as un meilleur plan… Ou qu’tu t’dégonfles. »
La provocation te fait doucement rigoler –il y tiens on dirait– mais tu prends ton temps avant de lui répondre. Le temps d’une taffe, le temps de te passer une main dans le cou, de te gratter la nuque nerveusement. Tu sais pas trop sur quel pied danser ; venir avec lui c’est envoyer le mauvais signal peut-être mais venir avec lui c’est la promesse de quelques verres en plus, encore quelques uns pour faire une nuit si lourde que les cauchemars se tiendront à carreaux. Tes cauchemars ; ta peur éternelle. Tu sais toujours pas d’où ils viennent, tu sais juste qu’ils te rendent fous. C’était déjà le cas avant la mort de tes amis. C’est pire maintenant que leurs mains fraîches ne viennent plus éponger ton front en sueur en murmurant des mots apaisants pour chasser tes démons de la nuit. Le simple fait d’y songer suffit à te faire frissonner, fait vaciller tes pupilles l’espace d’un instant et t’espères qu’il n’a rien vu. T’as pas vraiment le choix pas vrai ? –à d’autres.
« Va pour bières chez toi ? –tu coupe la poire en deux, tu prends pas trop de risque à choisir l’un ou l’autre pour changer. »
Y’a ni honneur ni désir de provoquer dans ta réponse –juste misère et dépendance.
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
Silence. Il hésite, réfléchit, tergiverse, puis dans les mots qu’il tait d’un seul coup y’a comme un trouble — ça se reflète dans ses yeux, ça émane de lui tout entier. Je plisse les yeux une seconde, me reprend celle d’après. Je me retiens, ne dis rien, je ne relève pas ; je garde pour plus tard, peut-être, pour les heures souterraines, paraît qu’à trois heures du matin les langues se délient, paraît qu’au beau milieu de la nuit on est plus seuls, paraît qu’on est plus fragiles. J’suis pas certain de l’alcool arrange grand chose.
« Va pour bières chez toi ? »
Légère grimace ; c’est plus fort que moi. J’étais franc, en affirmant que je me passerais bien d’être complice d’un coma éthylique, et je sais qu’une bière n’est pas grand chose, mais je n’ai aucune putain d’idée de tout ce qu’il a pu avaler avant que je ne me ramène au comptoir. Il est déjà dans un état qui le ferait arrêter en deux-deux pour ivresse sur voie publique, et y’a comme une part de moi qui flippe que ce soit le verre de trop — quand me concernant c’est souvent celui que je veux, que je cherche, celui qui me fera sombrer et me coupera de toute sensation, le vide béant sous les pieds quand la dernière limite du corps est franchie.
Je détourne le regard, fixe une trace de peinture à la bombe bleue sur le pneau d’un vieux tacot garé sur deux places à cinq mètres de là, tire sur ma clope comme un fou furieux, jusqu’à ce que le goût se fasse plus immonde encore qu’habituellement quand j’approche trop près du filtre. Alors, je crache la dernière bouffée, écrase le mégot sous mon talon. Du même coup, je relève les yeux vers Ronan, hausse les épaules — comme si de rien n’était, comme si y’avait pas une angoisse sourde entre mes côtes et contre mes tempes. L’autodestruction du mental à toujours se projeter dans le pire.
« Dans c’cas tu chopes ta gratte. J’veux t’entendre. »
M’regarde pas comme ça, c’est Gladys qui t’a vendu, et moi j’suis plutôt opportuniste — sinon profiteur. Je me glisse dans l’entrée du parking, nouvelle clope fraîchement allumée entre les lèvres — j’l’invente pas, le paquet par jour —, et je le fixe, sans essayer de m’en cacher, et je m’en fous d’avoir l’air de le bouffer des yeux de toutes les façons que ce soit — le genre salace, scabreux, le genre je me vois bien entre tes reins, comme le genre qui essaie de lire en lui, de déchiffrer ses gestes et d’en tirer des conclusions maladroites. Le genre qui veut comprendre, comprendre les flottements, les regards dans le vague, saisir les cicatrices et les plaies à vif que les lignes blanchies dissimulent, deviner l’esprit et les démons qu’on tente vainement de noyer dans l’éthanol — ces enculés savent nager.
« J’te préviens, j’entame sur le ton de la vanne, rictus accroché aux lèvres. Si tu t’casses la gueule j’veux bien essayer d’te rattraper, mais si j’étais toi j’parierais quand même pas trop sur mes réflexes. »
J’lui cède la place entre le mur et moi, quitte à descendre du trottoir quand il se fait trop étroit ou qu’ces abrutis se garent sur des places qui n’en sont pas histoire de bien emmerder les piétons pour qui ils n’entretiennent que peu de considération. Le réflexe à la con des deux soutiens, d’un côté comme de l’autre de quoi se rattraper, l’habitude des fins de soirées, les Sam qui entourent ceux qui en ont trop fait.
« Sinon… Tu m’as dit qu’tu v’nais d’un coin pas très réglo, je tâte le terrain, du bout des lèvres, un peu hésitant ; goulée de nicotine trois secondes plus tard relâchée. Tu viens d’où ? »
Et puis, cette façon qu’il a de retenir les lettres que je laisse traîner, d’accentuer les syllabes qui se chevauchent et se bousculent chez moi, comme ses mots en plus nets, ses phrases en mieux calibrées, comme de l’anglais à contre-temps, c’est ma façon de faire et celle de ceux qui m’entourent qui me paraît banale et ennuyante — trop commune à mon oreille pour que je sache encore en apprécier les sonorités.
« A ce propos, j’aime bien ton accent. »
Y’a ce rictus, mi-narquois, mi-sincère, ça sonne comme une vieille drague obsolète, histoire de dire que le naturel revient au galop quand bien même ça n’était pas mesuré, cette fois.
(ft. romeo) × tell me yours and i'll tell you mine
Tu remarques sa grimace, et t’as un drôle de rictus –un peu narquois, mais aussi un peu désolé. Tu réalises plus ou moins qu’il était sérieux avec cette histoire de coma éthylique, et ça te fait toujours bizarre de te dire qu’un inconnu peut s’inquiéter comme ça pour ta gueule ; tu peux pas en dire de même pour tes propres parents après tout, et depuis que t’as quitté l’Angleterre il est vrai que t’as perdu l’habitude d’avoir quelqu’un qui s’inquiète pour toi. Tu l’observes regarder ailleurs et tirer sur sa clope comme un asthmatique sur sa ventoline avant de finir le mégot sous sa pompe.
« Dans c’cas tu chopes ta gratte. J’veux t’entendre. »
Tu aspires la fumée de travers sous la surprise et tu te vois pris d’une quinte de toux ridicule le temps d’un instant ; celui d’après, t’as un rire rauque qui vibre dans la gorge, un peu désabusé mais pas ironique pour une fois.
« Si tu veux mais tu risques d’être déçu, tu vannes –quoique, t’as jamais vraiment eu l’impression d’être un as en la matière, il est vrai– j’te préviens chez moi c’est satisfait ou pas remboursé, j’ai plus une thune. »
Et tu te détends. L’ébriété te rend lunatique et une phrase suffit à te ramener à tes idées sombres comme à te faire éclater de rire –parfois les deux en même temps.
« J’te préviens, si tu t’casses la gueule j’veux bien essayer d’te rattraper, mais si j’étais toi j’parierais quand même pas trop sur mes réflexes. — T’inquiète, j’suis bien là j’ai connu pire, tu lâches dans un reniflement narquois –la caricature parfaite du mec déchiré qui crie à torts et à travers qu’il n’est pas bourré. »
Tu commences à te diriger vers ta voiture, Romeo à tes côtés –et navré pour lui mais t’es trop allumé pour noter la délicate attention qu’il a eu à ton égard en te laissant longer le mur des fois que ton sens de l’équilibre ne fasse grève. Pourtant, l’air froid te dégrise un peu, pas de beaucoup mais suffisamment pour pouvoir marcher à peu près droit sans risquer de t’étaler –tu crois, t’espères en tout cas.
« Sinon… Tu m’as dit qu’tu v’nais d’un coin pas très réglo. Tu viens d’où ? –il tire sur sa nouvelle clope tandis que toi tu termines la tienne– À ce propos, j’aime bien ton accent. Bel Anglais mélangé à la plèbe Américaine ? — Pff, elles disent toutes ça, tu te marres en lui glissant une oeillade en coin bien salée comme tu sais y faire ; tu t’arrêtes un instant pour écraser ton mégot sous ta chaussure avant de reprendre ta route. Mais ouais bien vu, j’suis de Bristol. Enfin, d’sa banlieue la plus merdique plutôt. »
Tu t’arrêtes devant ta caisse –une Chevrolet Impala 1967 à la carrosserie plus noire que noir ; un peu à ton image d’ailleurs, belle à l’extérieur mais complètement retapé à l’arrache à l’intérieur– et t’ouvres le coffre pour sortir ta gratte, la première qui te passe sous la main. Tu la cales sur ton épaule avant de tout fermer et te retourner devant ton acolyte du soir.
« Au fait j’espère que t’habites pas loin ? J’m’en fous de devoir prendre la voiture mais ça m’ferait de la peine de faire un carton avec toi dedans. »
Rictus narquois.
Romeo R. Eastwood
Date d'inscription : 24/12/2015 Messages : 599 Dollars : 970 Crédits : bibi pour cette fois Localisation : Hiawatha
Je lui rends son regard, et dans le mien on lit « crevard ». Pourtant ça m’fait rire, j’ricane, c’est qu’ça me plaît, la tacle facile, le naturel cassant, au moins ça ne suinte pas l’hypocrisie, ça fait plus franc et sans détour — quand bien même y’a ce truc dans son regard et sa façon d’être qui me font me dire que d’un côté, c’est peut-être un peu ce jeu du sarcasme comme échappatoire, l’ironie comme rempart. J’ai du mal à savoir quoi penser quand je le regarde, la crainte de faire fausse route, de me faire des films à projeter ce que je suis, ce que je fais sur lui, par désir inconscient de me sentir moins seul, l’impression de mal interpréter ce que je vois tout en songeant que non, quand même, c’est trop flagrant. J’en ai marre d’avoir mille pensées à la seconde, et qu’aucune ne fasse sens, que toutes se contredisent mutuellement comme pour m’inciter à me prendre le mur que je vois d’ici.
« Mais ouais bien vu, j’suis de Bristol. Enfin, d’sa banlieue la plus merdique plutôt. — J’t’avoue que j’connais que d’nom. »
Il s’immobilise et je fais de même, en avisant l'engin qu’il déverrouille, sourcil haussé, sifflement approbateur qui s’échappe d’entre mes lèvres, « belle caisse » lâché d’un ton mi-admiratif, mi-railleur. L’instant d’après, c’est sur sa guitare que mon attention se porte — celle sur son épaule, puis celle dans le coffre qu’il referme tout juste — et j’sens ce sourire léger que je ne sais pas retenir, c’est débile, je pense musique, je pense passion, c’est une action - réaction que je ne sais pas réprimer, comme un aimant qui agit par nature au contact d’un autre.
« Au fait j’espère que t’habites pas loin ? J’m’en fous de devoir prendre la voiture mais ça m’ferait de la peine de faire un carton avec toi dedans. — Trente minutes de marche, quelque chose comme ça, même pas dix en voiture, je lâche en haussant les épaules. »
Je fixe la caisse quelques instants, puis Ronan ; je me souviens son équilibre un peu bancal lorsqu’il a voulu se lever avant que Meera et Olympe n’arrivent, les troubles de son regard et de sa voix, et j’ai ce rictus aux lèvres malgré moi.
« C’la dit… Avec ou sans moi, j’préfère autant ne pas te laisser prendre le volant. Donc tu m’laisses prendre la relève ou bien on y va à pattes, fais ton choix bébé. »
J’soutiens le regard qu’il me lance, tête penchée, rictus aux lèvres ; j’suis quasi sobre et c’est rare, profite, j’t’évite de finir encastré dans un lampadaire. Il finit par se marrer, et j’sens venir la vanne bien salée — ça n’manque pas.
« Tu me la rayes j’t’encule à sec. — ’gaffe, j’serais capable d’prendre mon pied, j’lâche, hilare — ce mec est trash, de quoi offusquer les nonnes et les midinettes, ça vend du rêve. Mais t’en fais pas, va, j’aime pas plus écorcher les belles bagnoles que les belles gueules. »
Je le laisse rouvrir le coffre, histoire d’y poser nos grattes, je récupère la clef et m’installe derrière le volant. Autant dire que je ne me gêne pas pour détailler l’intérieur, retapé façon budget limité, mais j’aime bien. Paraît que la façon dont les gens décorent leur chambre et leur salon reflète leur personnalité, j’ai l’impression que le concernant, c’est dans l’espace limité de la berline que ledit reflet se devine, de çà, de là.
Je néglige l’étape ceinture — j’ai bien essayé, mais la légère pression a suffit à me rappeler que ma côte n’est pas complètement remise ; léger tiraillement mais la parano joue le beau rôle dans l’affaire — pour démarrer, marche arrière puis je m’engage sur la chaussée ; j’imagine qu’on sent moins le conducteur des routes citadines que celui des courses à pleine vitesse sur des chemins de poussière — faut dire j’ai encore jamais passé mon permis ; mon code de ce que j’en sais sera à repasser —, pour autant je prends garde aux limitations de vitesse, ce serait con de prendre un manche, ou d’être celui qui nous jette contre un lampadaire, finalement.
« Donc, la banlieue de Bristol, c’est ça ? je lance au premier feu rouge, quelques mètres plus loin, en lui jetant un regard en biais. C’est si merdique, pour qu’tu sois venu vendre ton âme dans une ville pareille ? Rêve américain version TV-show grandeur nature, effets spéciaux cent pour cent réalistes et tout l’bordel sans assurance vie, bonus tronches de Supers sur boîtes de céréales au p’tit déj’ ? »
Ricanement mauvais ; à chaque fois que j’me souviens faire partie du système, j’me demande pourquoi j’vais pas plutôt me prostituer, ça rapporterait tout autant et j’n’en sortirai pas plus écorché.