Caractère
la majoritée survolée, ton regard ne se baisse jamais. au dessus des gens, le menton haut, le regard droit, la tête posée sur les épaules.
((forteresse))une vitre qui ne se brise pas, une casserole qui boue mais ne déborde pas ; la maîtrise de toi, le sentiment de savoir qui tu es, de savoir ce que tu fais.
ariana.
le sang rouge feu brûle, ardent dans le creux de tes veines. rivière, qui coule en se laissant porter, se laissant glisser.
une feuille portée par le vent.
((liberté))tu n'es pas méchante, tu n'es pas violente, mais tu te protèges, tu te construis de grands airs ; en permanance tu t'ériges de grands murs.
tu te penses solide.
tu te penses stable.
les gens le pensent aussi.
la vérité, c'est que l'orage va t'emporter.
((verre brisé))la toile se brouille, le serpent mue - tu n'es peut-être pas aussi forte que tu le prétends. tu sais que tu as des points faibles, des endroits qui font mal, des souvenirs douloureux.
protégée derrière un voile d'orgueil ;
un claquement de doigt, un mot qui échappe, et te voilà sans défense.
((virevolte))sans besoin de personne, tu avances. tu te laisses porter là où tu te sens le mieux, tu t'adaptes, caméléon dans la ville.
les yeux fixés sur l'arrivée, tu y cours. tu sautes, tu tournes, tu
vis. tu ne laisses personne entraver ta route ; tu le clames, tu le dis.
tu n'as pas peur d'hausser le ton, de rappeler quelle place te revient.
lionne, tu te bats pour ton territoire.
((orbite))la jalousie consumme ta cendre. elle te pousse à t'éteindre. lasse, tu la balayes d'un revers de main, mais elle ne part jamais bien loin.
elle revient ; le naturel au galop.
((peur))et s'il revenait.
et si tout recommençait.
tu psychotes, tu angoisses.
et si tu étais faible à nouveau,
manipulée,
observée,
sous
son emprise,
prisonnière,
enfermée,
paniquée,
impuissante,
bloquée.
((rugissement))ça n'arrivera plus. tu te battras. les griffes sorties. le coeur qui tambourine. la vitalité au plus haut.
droite sur tes jambes,
en équilibre précaire,
mais droite.
le verre est à moitié vide,
peut-être,
mais il se remplit.
bats-toi, ariana.
Histoire
ce sont des mots perdus. des phrases lointaines. t'as essayé de tout effacer de ta mémoire, ariana. en vain.
t'as eu espoir de ne plus te souvenir de ses mains qui se baladaient sur ton corps. t'as eu espoir de ne plus te souvenir de sa bouche perdue sur ton visage.
t'as eu espoir de ne plus te souvenir.
mais chaque fois, ça revient.
chaque fois,
tu ne peux y échapper.
((utilisée))la vie dure, le manche d'un couteau qui entaille ta main qui s'use. tu t'entraînes, tu combats ; tu vis dans une arène, dans l'inscurité, dans la violence constante.
tu rêves d'une vie ailleurs, d'une vie calme. d'une famille aimante. d'un autre frère. quelqu'un qui serait bien. quelqu'un qui ne te toucherait pas.
un frère qui te protégerait autrement qu'en faisant de toi son objet.
tu n'as plus d'identité.
la soeur de dario,
la frangine,
la hermana.
des patronymes que tu ne veux plus entendre,
que tu ne peux plus entendre.
ils sont restés parmis la poussière des rues du mexique. tu les décolles de ta peau, progressivement - tu apprends à t'en défaire.
((lumière))il y a eu valentino. il est arrivé.
une bougie dans une pièce sombre, le soleil après la nuit.
la chaleur, la vie, la retenue, le respect, la candeur. il était tellement de choses. il n'était pas comme
eux.
elle ne l'avait pas remarqué, au début, elle pensait qu'il était une copie des autres garçons. ce n'était pas la vérité. il était tout autre chose.
elle trouvait une poésie dans ses gestes, elle trouvait de la danse dans ses yeux, elle entendait de la musique dans sa voix.
((secret))le temps passe et les tourteraux se cachent. ils vivent dans l'ombre, ils s'aiment à couvert d'un voile, ils s'épanouissent dans la nuit.
valentino et toi,
ce sont des baisers rapides,
des romances à la volée,
des mots doux balancés,
valentino et toi,
c'est dario qui ne doit pas vous surprendre.
((éclat))le verre se brise. quand tes iris ont croisé le regard de ton frère ce soir là, il s'est brisé. tu étais terrifiée, tu voulais fuir. mais tu n'as pas réussi à bouger ; une statue grecque, belle de marbre figée dans l'horreur.
tu te rappelles de sa dureté, de l'intonation de sa voix, de la crudité de ses mots.
ce soir là, tu aurais presque souhaité qu'il te touche à nouveau. tu ne voulais pas qu'il te fasse saigner, la vue de ton sang t'ordonnait de vomir, alors tu voulais qu'il fasse comme toujours.
qu'il te mordille l'oreille.
qu'il frôle tes cuisses.
ce soir là, tu aurais préféré qu'il ne jette jamais son objet contre le sol. tu voulais retrouver sa chambre que tu avais si longtemps haïe, tu voulais sentir ses draps que tu t'étais empêchée de toucher.
ce soir là, tu aurais préféré qu'il t'utilise, plutôt qu'il ne te brise.
ce soir là, contre le sol froid, une de tes larmes a glissé, et ta vue s'est brouillée.
((envolé))valentino est parti.
il a emmené dario avec lui.
tu ne sais plus quoi penser. toi qui avais toujours caché ce que tu ressentais. tu te retrouves vulnérable, allongée dans un lit d'hôpital, sans frère, sans ton romeo.
juliette au balcon, agite un mouchoir, seule, et personne ne vient.
seule. tu te sens terriblement seule.
abandonnée, regretée.
tu te rends compte de l'emprise que dario avait sur toi quand même arpès ce qu'il a fait, tu te surprends à penser qu'il te manque. c'est comme une addiction, une vilaine addiction qui ne s'en va pas. la fumée d'une cigarette un peu trop persistante dans l'air.
tu lui parles encore. à valentino. mais tu ne sais pas.
tu ne sais plus.
tes sentiments perdus. tes sentiments encore là?
tes sentiments morts. tes sentiments survivants?
tu n'étais pas consciente quand c'est arrivée, mais quand tu fermes les yeux, tu jurerais entendre le coup de feu qui a emporté ton frère. en plein dans le coeur. il t'avait dit.
((rassurée))une chanson qui te serre aux tripes. mia. elle égayait tes journées de solitude, elle chassait tes plaintes ; tu aurais même cru qu'elle saurait guérir tes jambes rien qu'au son de sa voix.
tu y as passé longtemps, à l'hôpital, à te remettre de tes séquelles des représailles. tu as finalement réussi par en sortir, enchaînée seulement à l'établissement de séances de réeducation.
tu allais pouvoir reprendre une vie normale.
mais quelle vie? tu n'en avais plus vraiment. tu ne peux plus compter sur ta famille, tu ne peux plus compte sur ton frère.
tu es seule. alors tu relèves la tête, et tu fermes les yeux.
tu respires.
tu es ariana. tu étais morte, tu n'existais pas, maintenant tu es née, et tu vis.
le décor change, et tu te retrouves isolée dans tes pensées. un endroit calme, une bulle de couleur. tu retrouves des éléments qui te définissent, des coins de tes réflexions que tu pensais avoir chassés.
et alors, une ampoule s'allume. tu n'es pas sans pouvoir. tu as un endroit qui t'attend.
tu as un but à poursuivre.
valentino à rejoindre.