Haylen district, début d’après-midi. Grand soleil et température agréable. Par une si belle journée, la place centrale aurait dû être noire de monde. Pourtant lorsqu’il y pose les pieds il n’y a qu’une poignée de silhouettes pour offrir un peu de vie au lieu, et seulement des visages fermés pour le saluer. Un silence crépitant, des coeurs alourdis ; les souffles sont suspendus, depuis la déclaration de Mist. Depuis leur déclaration.
Et ce calme relatif était la preuve que le changement s’opérait.
Leo s’en réjouissait.

Cependant qu’importe à quel point le monde vacille, certaines choses restent les mêmes.
Comme cette tignasse vive qui attira son regard.
Ou ces ridicules solaires qui cachaient le regard d’une reine.
Ou sa mauvaise habitude de taquiner sa majesté lorsqu’elle s’égarait là où ses parures rutilantes faisaient tache.
Autant tuer l’ennui lorsqu’il nous assaille.
Alors sans se soucier d’éventuels paparazzis ou caméras - au mieux il s’en foutait puisque ce serait coupé au montage, au pire elle n’hésiterait pas à lui faire comprendre que sa présence était indésirable -, Leo s’approche les mains dans les poches.
Une fois à portée de voix, il la salue d’un de ces traits d’humour qui sont devenus le ciment de leurs conversations.

Un sourire, un murmure ; il attendit de recevoir son accord pour tirer la chaise et s’affaler face à elle. Ses yeux rencontrent un titre célèbre et des cendres éparpillées, avant de remonter vers ceux de sa vis-à-vis lorsqu’elle reprend la parole. Une esquisse de sourire soulève la commissure de ses lèvres à la référence - souvenir de leur rencontre. “Pas cette fois. Par contre, une Van der Rohe doit bien avoir de quoi m’offrir un café ?”
Et c’est un homme qui demande ça à une femme sans de s’il te plait plus explicite que son ton interrogatif. Ce qui était déjà un effort pour lui. Mais pour la galanterie on repassera. M’enfin, c’est pas comme si Leo était très axé conventions sociales.
Cela dit il n’était pas non plus idiot ou félon, il avait veillé à ce que personne d’autre ne pourrait l’entendre prononcer le nom de famille de Roxane. Le but n’était pas de ruiner son aprem.