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Il paraîtrait que le fondateur de la ville Edward Astrophel aurait été le descendant direct de Diogène, le philosophe grec qui vivait dans un tonneau. Incroyable !
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(duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback)
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Serah G. Ziegler
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MessageSujet: (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback)   (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback) EmptyDim 26 Mar 2017 - 17:01

these childhood stories burnt down into ashes
« can you feel my scars ? can you feel my heart ?
this is all of me for all of the world to see »

L’âme errante, le cœur en peine ;
la pluie tombe — fine, glaciale ; il est tard, il fait nuit depuis longtemps, mais elle n’a pas eu le temps, encore moins la force de s’en aller avant. Chez elle, elle étouffe, ça pue la mort et le trop-plein de compassion, elle croise les regards débordants de pitié et les exècre. Elle rêve qu’ils ferment tous les yeux et cessent de la regarder — elle voudrait qu’il se taise et cesse de s’excuser.
Sortir, ce soir, c’est respirer. Qu’importe les raisons, qui lui déchirent le cœur — elle voudrait faire demi-tour, n’avoir pas à faire ça, c’est trop cruel d’être celle qui donne de la consistance à la réalité lorsqu’on la voudrait autre — rien ne sera pire qu’à l’intérieur, qu’entre les murs de son chez elle qui a perdu toute identité, toute chaleur, s’est empli de vide et de froid quand la faucheuse a frappé.
Garce.

Ses talons claquent sur le pavé des allées piétonnes de Saten lorsqu’elle abandonne sa voiture sur un parking payant — dont elle paie l’accès pour douze heures —, elle avance d’une flaque de lumière jetée au sol par les réverbères à l’autre sans s’arrêter, sans l’ombre d’une hésitation, ses mains gantées accrochées à son parapluie.
Les jambes nues malgré la fraîcheur de la soirée, apprêtée d’une jupe couleur bon bordeaux à peine plus longue que le manteau crème cintré à la taille qui lui arrive à mi-cuisse, le poids du deuil sur les épaules, elle a la tête haute et la démarche d’une reine. Le visage impassible, les cernes camouflées sous le maquillage — fond de teint, paupières en dégradé de brun et lèvres carmin —, il n’y a que cet éclat à peine brisé dans ses yeux clairs relevés d’un trait de khôl pour la trahir. Une faiblesse dissimulée, une enfance volée en morceaux dont elle soustrait les débris à la vue du monde.
Depuis qu’elle a repris connaissance, elle n’a pas pleuré.

Elle ne se souvient toujours pas — elle les suivait, son père, Daemon, elle le sait, elle se revoit, et puis, tout à coup, plus rien. Le vide, le flou, comme un bourdonnement, une vague angoisse un peu sourde. Elle ne se souvient pas, elle ne comprend pas — elle acquiesce à ce qu’on lui raconte, parce qu’il n’y a plus rien d’autre que ça qui fait sens.
Elle accepte ce qu’on lui ment, en attendant que la vérité la heurte et l’ébranle, plus sûrement encore que tous les doutes qui la dévorent.
Elle fuit, elle s’évade dans la nuit parce qu’elle se sent brûler, se consumer de l’intérieur, elle se sent écorchée et ça lui file la nausée, ça fait bouillonner comme un semblant de rage en elle — elle se déteste d’être blessée au dedans.

C’est l’enfant au cœur abîmé qui s’éveille lorsqu’elle devine l’assemblage de lettres familier, le nom si bien connu qui se dessine en capitales sur le panneau de l’interphone. C’est la petite fille capricieuse, la gamine aux grands airs ce soir terrorisée qui reprend place sous le feu des projecteurs fatigués lorsque, de l’autre côté, la voix résonne — toujours la même, rassurante pour elle, avec tout juste ce qu’il faut de désinvolture et d’assurance.
« Duncan, c’est Serah. »
Le déclic de la porte qu’on déverrouille résonne, elle s’avance dans le hall en fermant son parapluie qu’elle secoue à l’extérieur avant de grimper les étages, saisie d’un empressement qu’elle ne parvient pas à refréner.
Lorsqu’elle atteint le palier, peut-être parce que la détresse a percé dans sa voix un instant plus tôt, la porte est déjà ouverte, et il se tient dans l’embrasure. Elle est incapable de savoir à quand remonte la dernière fois qu’elle l’a vu ; ils ont emprunté des chemins différents lorsqu’il a quitté l’affaire, se sont chacun de leur côté occupés à construire quelque chose de stable de leurs deux vies — et c’était sans doute plus facile pour elle, qui avait tout, que pour lui, parti de rien.

Mais ce soir, c’est comme si la dernière fois datait d’hier ; comme si le temps n’avait pas passé, comme si elle ne lui en avait pas voulu d’être parti, de l’avoir laissée.
Ce soir, c’est comme si plus rien ne comptait, comme si elle avait de nouveau quinze ans et les ailes brûlées ; ce soir elle s’effondre, elle le voit et vacille, souffle un « Duncan » à peine audible, murmure tremblant. Elle se réfugie contre lui, dans une impulsion, sans réfléchir, sans même y songer, sans s’interroger. Elle l’enlace et dissimule son visage au monde dans les plis de ses vêtements, elle inspire le parfum familier, note un relent encore frais de cigarette qui ne la fait même pas grimacer.

Ce soir, Serah s’en fout
ce soir, elle a vingt ans
en paraît quinze
peut-être treize
ce soir, Serah s’en fout
ce soir, elle est une enfant
comme blessée
le mal du monde à l’âme
la symphonie en fausses notes
et des maux d’adultes
plein le cœur
et au bord des lèvres.
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Duncan W. D.-Hodgkin
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MessageSujet: Re: (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback)   (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback) EmptyDim 26 Mar 2017 - 22:16

these childhood stories burnt down into ashes ❞
Aujourd’hui est une putain de journée creuse comme toutes les autres. Une journée à observer le plafond, une journée à laisser l’appartement devenir irrespirable sous les vapeurs de la clope, une journée à passer de chaîne en chaîne pour couvrir un silence devenu trop douloureux. Il était pourtant un habitué du silence, Duncan ; mais elle avait fini par le lui rendre douloureux. Et c’est son silence qui fait si mal ; lui qui ne peut plus vivre que dans un vacarme assourdissant, lui qui a besoin de boucan pour oublier combien l’absence fait mal. Alors aujourd’hui est une putain de journée creuse comme toutes les autres ; une journée à passer à tourner en rond, une journée à ne rien faire.

Être de repos s’apparente presque à un supplice tant plus rien n’a de sens. Quand il est occupé, au moins ne pense-t-il pas. Son esprit est monopolisé par sa tâche et il ne prête plus attention à rien d’autre, pas même aux souvenirs encore trop prégnants. Et dire que cela fait six mois qu’elle est partie. “Partie”, mais pas loin de lui. Pas juste loin de lui ; elle est morte, morte, sa tendre Imogen, et il est plus rien, n’a plus rien. Il n’arrive même pas à savoir si son ancienne vie, celle qu’il avait avant elle, lui manque. Il n’arrive pas à savoir si toutes ces choses là sont d’autres impacts de chevrotine dans son poitrail, ou s’il n’y a juste plus de place à cause du trou béant qu’elle a laissé. Pas que le crime lui manque ; Serah à la limite, mais ce n’est pas cela qu’il dessine. C’était son état d’esprit, quand il n’était pas heureux, quand il était vide mais n’avait jamais été plein, jamais entier ; alors il ne connaissait pas la douleur d’un membre amputé - d’un organe, de son putain de coeur. Maintenant, il n’y avait plus que cela ; il n’y avait plus que l’absence.

Changement de chaîne ; encore. Une nouvelle clope ; encore. Le regard vitreux et le son de la pluie contre les carreaux ; encore. Duncan songe vaguement à ouvrir la fenêtre, laisser le froid mordant de la soirée lui bouffer la peau, histoire de ressentir un truc, n’importe quoi. Mais les secondes s’égrènent, les minutes défilent et il ne daigne pas bouger. Son regard dérive vers la fenêtre aux rideaux tirés, le minuscule carré visible entre les pans couleurs crème, la lumière qui brouille tout contour et la pluie qui dessine des formes absurdes. Il a le regard aussi morne que l’âme quand il finit par se lever, enfin, pour tirer un rideau et ouvrir la fenêtre. C’est un vent glacé en comparaison avec la morosité douceâtre de son appartement qui s’engouffre tandis que la fumée se dissipe lentement. Il reste là un instant, à contempler un ciel dont les nuages et l’heure avancée noient toute visibilité. Et puis un bruit, une sonnerie le sort de son état de végétation, et c’est mécaniquement qu’il referme le battant de la fenêtre avant de s’avancer vers la porte et l’interphone ; distraitement, qu’il appuie sur le bouton et demande qui s’est dérangé pour la loque qu’il est devenu.
Et puis la claque, le réveil.
« Duncan, c’est Serah. »
Serah. La princesse tordue, la gamine capricieuse, la sociopathe en puissance pour qui il tuerait - a tué - sans ciller.
Serah. Cette image du passé, cette partie là qu’il avait chéri plus qu’il ne l’aurait jamais avoué - surtout pas à la concernée.
Serah. Serah et son timbre calme, princier, mais dans lequel il devinait une fêlure, comme une hésitation, une crainte.
Et alors elle grandissait dans sa poitrine.
C’était avide, avide et calme, comme si elle se battait dans une dualité qu’il ne lui reconnaissait pas. Il aurait pu dire la connaître par coeur - il en doutait cependant. Pourtant cette Serah là, il ne la connaissait pas ; cette voix-là, dénuée de ce petit timbre prétentieux et victorieux, il ne la connaissait pas.
Alors il s’empresse de débarrasser sa table et se dirige vers la porte. C’est mécaniquement qu’il ouvre la porte ; sa présence résonne dans la cage d’escalier, tandis qu’il lance un regard en arrière ; la fumée semble s’être dissipée. Et puis elle apparaît, pas aussi volcanique qu’à l’accoutumée, le regard fragile mais la démarche aussi assurée. Pourtant quand leurs regards se croisent, tout se brise ; elle vacille, Serah, et sans réfléchir il avance, alors que son faible poids - il l’a toujours trouvée si menue - échoue contre lui, alors qu’elle s’accroche comme si plus rien n’était stable autour d’elle, comme s’il était son unique point d’attache.
Et ça lui fait peur.

Serah est forte, Serah se tient droite et Serah est incroyablement agaçante. Serah est obstinée, Serah est décidée et Serah ne vacille jamais. Jamais. Alors quand un faible « Duncan » lui échappe de cette voix brisée qu’il est incapable de reconnaître, Duncan a peur. Il ne sait pas ce qui doit l’inquiéter, ne sait pas ce qu’il peut arriver ; il a une seule certitude, Serah a besoin de lui, et le voilà de nouveau son fidèle serviteur prêt à tuer - à crever - pour elle. Comme s’il n’était jamais parti. « Ouais », qu’il souffle. Il reste un instant ainsi, à attendre qu’elle n’arrive à se relever, qu’elle n’arrive à marcher sans vaciller. Il attend Duncan, il est prêt à attendre des heures si elle le demande, jusqu’à pouvoir tenir seule. Et alors il ajoute un léger « viens à l’intérieur, tu veux » avant de relâcher tendrement sa prise et de la pousser avec toute la délicatesse dont il sait faire preuve - et qu’on ne pourrait imaginer - avant de se pencher légèrement vers elle, de chercher ses yeux du regard pour y plonger le sien. « Je suis là, Serah ». Regarde, je pars plus.
Alors il se pousse légèrement tandis qu’elle pénètre les lieux et qu’il ferme la porte dans son dos. Il lui indique d’un mouvement distrait le porte manteau à la droite quasi immédiate de la porte, s’avance dans le salon qui jouxte l’entrée. « Tu veux un café, un thé…? » C’est ce qu’ordonne la politesse, alors il s’exécute. « Assieds-toi tu veux, t’as tendance à m’inquiéter à pas réussir à tenir debout. Tu sais que j’te rattraperai quoiqu’il arrive, mais quand même. »
Ouais.
Qu’importe de quelle hauteur tu tombes, Serah.
Duncan, il sautera avec toi pour te rattraper.
Will you take my soul in the midnight rain ?
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Serah G. Ziegler
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MessageSujet: Re: (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback)   (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback) EmptyLun 27 Mar 2017 - 13:39

these childhood stories burnt down into ashes
« can you feel my scars ? can you feel my heart ?
this is all of me for all of the world to see »

« Ouais »
C’est simple, banal, un peu maladroit — un ouais facile, sans prétention ; un souffle qui signifie rien et pourtant tellement. C’est moi, je suis là, t’as pas fait fausse route en débarquant ici. Alors, parce qu’il ne la repousse pas — qu’elle sait, au fond d’elle, et même s’il ne l’admettra peut-être pas de vive voix, qu’il ne la repoussera jamais — elle reste contre lui, persuadée que, si elle ne bouge pas, alors le monde ne peut plus l’atteindre. Qu’elle, si petite, si menue, presque frêle en face de Duncan, l’est tant qu’elle en est indiscernable, intouchable.
C’est qu’il a toujours été un rempart, Duncan, un branque un peu, capable de trop pour préserver l’innocence d'une gamine qui n’en avait déjà plus aucune, la vie d'une môme qui se plaisait à la miser sur tous les prix, pour le simple plaisir du jeu.
C’est qu’il en a toujours tellement fait, Duncan, pour l’enfant qui n’a jamais semblé avoir plus besoin de lui que lorsqu’il n’était tout à coup plus là.


Elle retrouve l’équilibre, peu à peu. Elle recompose son masque inébranlable et recouvre son attitude de reine. Le dos plus droit, la tête plus haute et les mains moins tremblantes — elle s’efforce de ne plus avoir l’air si fragile qu’auparavant ; elle essaie de sauver les apparences Serah. Ou peut-être que cette fois-ci, c’est elle qui essaie de le préserver lui, d’être suffisamment forte pour qu’il n’ait pas à l'être pour deux.
C’est qu’il s’est tellement usé Ducan, elle en est persuadée, que cette fois-ci elle veut changer la donne ; c’est quand elle voudrait le plus d’affection, pas du respect, encore moins de la crainte, de la douceur et de la compassion qu’elle se refuse le droit d’en profiter de trop.
Elle esquisse un pas, puis deux quand il l’y invite, un « viens à l’intérieur, tu veux » contre lequel elle ne lutte pas. Sauf qu’il se penche sur elle et leurs regard se croisent — c’est tout ce qu’elle n’a pas su reforger autrement, tout ce qui la fait mentir encore.
Elle ne va pas bien, sa jeunesse est morte,
la gamine a crevé
pour une histoire de blason
de nom
triste monde qu’il est
à tuer les enfants de la sorte.


« Je suis là, Serah »
Elle soutient le regard familier, piqué de ce quelque chose d'inquiétude qui lui retourne l’estomac — parce qu’elle n’arrive pas à mentir, qu’elle s’est trahie et qu’il lit de toute façon trop bien en elle. Et que s'il s’inquiète tant, c’est qu’il y a quelque chose, forcément ; alors ce quelque chose devient trop réel, et elle en aurait presque des vertiges tant la tête lui tourne.
Ça lui rappelle ces fois où elle a utilisé son don, et que son corps répondait aux abonnés absents, détaché de son esprit ; ces fois où elle sentait le monte tanguer et des sueurs froides lui remonter le long de l’échine.
C’étaient encore d'autres moments de faiblesse, mais ceux-là étaient différents, étrangement supportables, doux presque, parce qu’ils ne lui lassaient pas un telle amertume sur le palais, un tel sentiment d’inachevé ni la sensation d’avoir passé vingt ans de sa vie à mille lieux d’elle-même.

Elle enlève ses gants et les fourre dans le manteau qu’elle retire, dévoile un haut sombre à col rond, manches trois-quart, plutôt sage ; près du corps mais qui n’en dévoile pas de trop. Classique — Serah se respecte, ne s'offre qu’à un seul homme, et c’est celui qui l’a trahi, mais sa mémoire, sa rancoeur, sa chance de le faire tomber, il lui a tout pris, tout volé, et elle n’en sait rien encore. Son vêtement à peine humide abandonné sur le porte-manteau, elle s’avance dans la pièce, laisse son regard glisser sur l’ameublement sans trop s’y attarder.
Elle a l’esprit ailleurs ; ce soir, elle a du mal avec les banalités.
« Tu veux un café, un thé…? »
Elle se tourne vers lui, un trouble dans le regard, un hésitation au bout des lèvres ; l’espace d’un instant, elle a oublié que les questions attendent réponses, que les conversations sont des dialogues plutôt que des monologues. Elle cille un peu, acquiesce vaguement. « Si tu as du thé à la menthe, je veux bien, s’il-te-plait. Sinon, un café au lait ira très bien aussi, te prends pas la tête. »
Elle se surprend elle-même d’avoir tant parlé. Sa voix sonne lasse, fatiguée, les politesses du quotidien ont ce quelque chose de faux et désabusé — comme une pièce de théâtre un peu mal jouée. Elle est bonne actrice, pourtant, Serah ; comédienne depuis toujours, c’est dans ses veines, elle respire le mensonge — mais pas ce soir, non, pas ce soir.

Elle reste debout au milieu de la pièce, les bras ballants qu’elle croise finalement, comme un besoin imperceptible de se réchauffer — parce qu’elle a froid, Serah ; mais pas de ce froid qu’on chasse au coin du feu ou sous un plaid, une tasse chaude entre les mains. Elle a froid de ce souffle glacial qui lui emplit l’être entier, inonde et balaie tout, de ce froid de l’intérieur qui reste toujours un peu, qui ne part jamais vraiment, que le temps n’autorise pas à s’en aller — ce froid terrible qui sonne la fin d’une vie.
« Assieds-toi tu veux, t’as tendance à m’inquiéter à pas réussir à tenir debout. Tu sais que j’te rattraperai quoiqu’il arrive, mais quand même. »
Il la rattrapera, quoiqu’il arrive.
Il l’a déjà fait ; d’autres façons — en la sauvant quelquefois, en préférant sa vie à celle d’un autre ; en étant ce frère capable de la raisonner, rare capable d’apaiser ses colères et ses folies. Il l’a rattrapée, sauvée du monde, empêchée de se faire avaler, dévorer par ces rapaces du dehors — ce soir, encore, c’est différent.
Ce soir, c’est d’elle-même qu’il doit la sauver ;
d’elle, de ses reproches intérieurs
de cette rancœur
qu’elle ne sait contre qui
retourner.

Elle s’exécute, s’assied en bout de sofa et patiente en silence, se saisit de la tasse qu’il lui tend lorsqu’il revient vers elle. Lentement, elle fait tourner la cuillère sans qu’elle se heurte jamais aux rebords. Elle avale une gorgée, se brûle les lèvres, la langue et le gosier, sans ciller — il lui faut au moins ça pour reprendre contenance et sentir son corps moins insensible aux bousculades extérieures.
Alors, elle se demande, elle hésite ; maintenant, plus tard ? Doit-elle prendre des nouvelles d’abord, simuler un peu plus longtemps, ou bien lâcher la bombe tout de suite ? Et, comment ?
Lui dire seulement que c’est grave, ou lui dire tout court ?
Mesurer ses mots et leur poids, tempérer la déflagration qui le secouera forcément.
Soigner la première phrase — ne pas être trop directe ; peut-être que si ?
Ne pas le surprendre, laisser l’idée monter doucement — mais il n’a pas de marche à rater, pas de route à traverser sans regarder.
Peu importe : choisir soigneusement les mots qui le déchireront.
La mort, c’en est assez.
Transformer l'indicible en sujet, verbe, complément — méticuleusement, rendre le tout intelligible.
S’octroyer le droit d’y mettre des mots — planter le décor funèbre.

« Duncan » elle commence, et sa voix est enrouée, se brise au beau milieu de ce nom. Elle tousse, doucement, boit une autre gorgée brûlante. « Duncan, » elle recommence, et ça sonne un peu plus clair tout à coup. « il est arrivé quelque chose. »
Elle lève enfin les yeux vers lui, et ses prunelles ont la couleur d’un ciel triste d’hiver, couvert de nuages chargés de pluie ; un bleu terne presque gris — un brouillard les a envahis.
« Duncan, c’est Salvatore, c’est mon père. »
Elle hésite, tergiverse ; quel mot employer ? Pas celui-là, non, non, surtout pas celui-là — ça fait trop mal, c’est trop tangible. Tourner les choses différemment pour les rendre audibles ; faire de la réalité un euphémisme pour ne pas se briser.
Ses paupières se closent, une seconde, et puis deux ;
quand elle les rouvre, un instant, fugace, on pourrait jurer avoir vu son regard briller de larmes aussitôt refoulées.
« Ils l’ont tué. »
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Duncan W. D.-Hodgkin
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MessageSujet: Re: (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback)   (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback) EmptyLun 27 Mar 2017 - 23:23

these childhood stories burnt down into ashes ❞
Elle est fébrile sa reine, fragile, celle qu’il ne sait plus reconnaître. L’inquiétude grossit dans son poitrail à longueur de minute, et il ne sait pas de quoi ; de ce qui la met dans cet état, ou de l’état lui-même ? Car assurément, le drame est grand pour voir ainsi son regard brisé, et ce regard en est un. Il aimerait faire mal à quelqu’un, là tout de suite. Derrière sa nonchalance et son indifférence, derrière ses petites piques et son apparent manque d’affection, il y a un brasier - un brasier de douleur, de rancoeur, d’attention et de douceur. Ouais ; si Duncan a toujours eu l’air si peu affecté par la jeune fille, cela n’a toujours été qu’un air. Et c’est sa violence et son désir de protection qu’elle éveille, alors même qu’ils n’ont jamais été que peu sollicité jusqu’à présent - même lorsqu’il travaillait encore pour les Ziegler. Mais elle n’avait jamais chû, Serah.

Elle pénètre dans l’appartement, et d’un coup d’oeil il la voit, telle une petite fille dans un monde trop grand pour elle. Étrange ; jamais ne lui a-t-elle fait pareil effet, pourtant. C’est normal, quand on est cassé ?
Cassée.
Serah, elle avait pas le droit de l’être, cassée. Il le sait bien ; elle évolue dans un monde où la vie ne tient qu’à un fil et s’en régale, elle aime cet univers délabré qui emporte tout - qui détruit tout - si aisément. Pourtant, c’est comme si les autres n’étaient que peu de choses, pas même le danger qu’ils représentaient ; impératrice des bousillés du haut de sa fierté armée. Serah, elle est invincible ; et même s’il ne l’avouerait jamais - même si le songer le blesse - elle est tellement, tellement plus forte que lui.
Plus forte et plus timbrée, sans doute.
Mais cela relève du détail.
Alors non, Serah, elle avait pas le droit d’être cassée. Et il aimerait réellement faire mal à quelqu’un, là tout de suite. Sans doute cet imbécile de petit ami qui n’a pas su la protéger du monde, pour commencer. Pas que Duncan n’ait jamais ressenti la moindre animosité à son encontre ; Salvatore faisant confiance à Daemon, il avait décidé de faire de même. Il avait juste toujours ressenti une profonde indifférence - une irritation aussi, peut être - à son égard, voilà tout. Sauf que cet abruti n’avait pas su préserver Serah de ce visage, alors il méritait au moins qu’on lui pète une côte ou deux.
Plus tard.
Il avait d’autres priorités, dans l’immédiat.
Il y a Serah ; Serah qui n’est pas vraiment là. Elle papillonne, se souvient de sa question, et Duncan patiente. Il a tout son temps. Puis sa voix rauque, fatiguée, mécanique. « Si tu as du thé à la menthe, je veux bien, s’il-te-plait. Sinon, un café au lait ira très bien aussi, te prends pas la tête. » Va pour un café. Ca fait un moment qu’il n’a plus de thé à la menthe dans ses placards. Il se dirige vers la petite cuisine jouxtant le salon, lance un nouveau regard ; elle est recroquevillée sur elle-même, et cela non plus, cela ne lui ressemble pas.
Il commence a en avoir assez, de se répéter.
Assez, de ne pas la reconnaître.
Assez, de ces sentiments douloureux qui bouillonnent dans son bide.
Assieds-toi, tu veux. Chute, je te suis.
Elle s’exécute, la reine ; et Duncan pénètre la cuisine, ouvre le placard au dessus du plan de travail, s’empare de sa boîte de café. Il s’affaire machinalement, posément, comme pour trouver un rythme cardiaque plus normal, pour retrouver une plastique au moins sereine - Serah a besoin qu’il soit fort. Pas qu’il n’ait jamais été le contraire face à elle ; mais maintenant plus que jamais, il veut se montrer aussi inébranlable qu’un roc. Alors quand sa tasse est prête et le lait de nouveau dans la porte du réfrigérateur, il revient pour la lui tendre. Elle est absente, loin, ô loin de ce canapé un peu fatigué et de ce petit appartement bien différent de son standing habituel. Et alors il s’installe sur le fauteuil à côté d’elle, se saisit de la télécommande et éteint la télé ; elle l’agace. Elle avale une gorgée, indifférente et silencieuse, alors qu’il sait le liquide brûlant ; il se demande vaguement pourquoi il ne s’est pas préparé un café noir. Cela lui aurait au moins permis de reprendre contenance, qu’il n’en ai envie ou non d’ailleurs. Il sait attendre, Duncan, ce n’est pas le problème ; et en réalité, il songe subitement qu’il n’y a pas de réel problème à ce qu’il reste là, les bras ballants. Appuyé sur ses coudes, il lance un regard à la fenêtre. Il pourrait se contenter de la fixer, il est persuadé qu’elle ne réaliserait pas ; elle n’est plus là. A moins qu’elle ne l’ait jamais été, pour commencer. Son esprit est resté là d’où elle vient, là-bas où son âme s’est brisée. Quoiqu’elle ait à lui dire - si elle veut le dire -, il devra patienter. Il ne sait pas combien de temps s’écoule, tandis que la pluie bat les carreaux de la fenêtre et que le ciel commence à gronder. « Duncan » Sa voix est enrouée, elle peine à articuler son prénom. Il tourne le regard, le plante sur son visage tandis qu’elle boit une nouvelle gorgée. Il croise les mains sous son menton, et quand elle répète son prénom, de façon plus assurée cette fois, c’est un « Oui ? » qui lui répond ; encourageant cette tentative maladroite de sortir quelque chose, d’évacuer des paroles et des vérités sans doute trop crues, trop violentes. « Il est arrivé quelque chose. » S’il avait été d’humeur à faire dans l’humour - si la situation ne semblait pas si pesante - il aurait sans doute fait une remarque sur l’évidence de cette réplique. Et alors elle relève la tête - enfin - et plante ce regard si triste dans le sien ; triste, Serah n’est jamais triste. « Duncan, c’est Salvatore, c’est mon père. »

Il a compris.
A l’instant même où son regard s’est levé, à l’instant même où elle a prononcé ce prénom, il a compris.
Ce n’est pas nouveau, pas inédit ; le nombre de têtes qui tombent dans le milieu n’est pas un secret. Alors il sait, il sait ce qui lui ait si difficile à admettre, à lui annoncer ; il sait ce qui est brisé dans ce regard là, dans cette âme là.
C’est la fille à son papa, qui pleure.
C’est l’enfant qui est désormais toute seule.
Ses paupières se ferment ; inspire, expire, tiens bon, Serah. Ca lui brûle la gorge, il a comme le tournis ; mais il attend, attend qu’elle confirme, attend qu’elle ne dise ces mots qu’il se doutait entendre un jour, mais dont il ne ressentait pas réellement l’envie.
Et ses yeux se rouvrent, brillants ; une seconde, rien qu’une seconde, la petite fille pleurait.
Et puis elle s’est envolée
loin, derrière son mur, barricadée
elle s’est protégée - elle a essayé.
« Ils l’ont tué. »

Ils ? Qui, ils ?
Inspire, expire.
Qui ? Qui l’a tué ?
Inspire, expire.
Qui a fait ça, qui ?
INSPIRE, PUTAIN !
Son regard dérive, une seconde, deux. Il vient se planter sur l’écran éteint, et ce sont toutes ses plaies qui se rouvrent.
Il commence à en avoir assez, de perdre ceux qui l’entourent, ceux qui lui sont précieux.
Il ne sait pas combien de temps s’écoule ainsi, avant que finalement il ne se lève. Mécaniquement, presque, il la contourne pour s’asseoir à côté d’elle ; et c’est ce geste qu’il n’a jamais eu avec elle, alors que son bras passe dans son dos, alors qu’il s’avance légèrement et ne la tire contre lui. Son bras libre vient l’entourer, et il emmène la tête rousse contre son épaule ; son regard continue de se poser une seconde, deux, sur le mur, et puis il les ferme. Incapable de parler, il reste un instant comme ça, alors qu’il sent son souffle irrégulier, qu’il sent son coeur ne plus se calmer. Il ne pleurera pas, parce qu’il n’a plus aucune larme en réserve. Ce ne sont pas des sanglots qui lui échapperont ; juste une petite partie de lui, alors que cet homme qui lui avait sauvé la vie - sorti de cette rue sale où il serait mort la gueule ouverte, donné un toit, une raison d’avancer - a perdu la sienne.
Et il n’était même pas là.
Suite à la douleur, c’est la culpabilité ; il aurait être là, faire quelque chose, n’importe quoi ; mais il ne l’était pas ; et il est mort.
Et Serah a perdu son père ;
Duncan, son allié,
son roi.
Et alors dans un soupire, c’est l’âme du chevalier en peine qui se dessine, celui qu’il n’avait jamais cessé d’être en fin de compte.
Et une simple question un simple mot, une simple syllabe.
« Qui ? »
Will you take my soul in the midnight rain ?
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Serah G. Ziegler
Serah G. Ziegler
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MessageSujet: Re: (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback)   (duncerah) ; these childhood stories burnt down into ashes (flashback) EmptySam 29 Juil 2017 - 15:14

these childhood stories burnt down into ashes
« can you feel my scars ? can you feel my heart ?
this is all of me for all of the world to see »

Ils l’ont tué.
Elle distingue la scène comme à la troisième personne ; c’est une étrangère qui vient de prononcer ces mots, une femme dont elle ne sait rien, dont elle ignore tout et qui lance ça dans le vide, dans le vague, une inconnue qui semble ciller, vaciller devant elle.
Une enfance assassinée
qui pleure — sans larmes
et qui hurle — sans voix
et qui s’effondre — sans bouger.
Ils l’ont tué.
Elle a soufflé, murmuré, lâché la sentence irrévocable, le regard déjà éteint, le coeur déjà déchiré.

Et c’est le silence qui lui répond — elle savait, ô, ciel, qu’elle savait ; elle voulait ne pas être celle qui le lui annoncerait, tout en même temps qu’elle avait refusé que quiconque lui vole cette responsabilité qui était la sienne.
Duncan avait été l’un des meilleurs éléments de son père, l’un de ces hommes de main en qui il avait une confiance inébranlable — preuve en était qu’il lui confia la vie de sa fille à maintes reprises — et, pour Serah, si leurs rapports avaient longtemps été conflictuels, il était devenu un ami, un frère, un pilier, un repère, comme une valeur sûre, infaillible de son monde dont elle croyait l’ordre et les règles inaltérables.
Salvatore, Duncan, Meredith, Daemon et elle-même — comme un pentacle immuable, sphère privée dont elle était persuadée de contrôler le moindre des sursauts.
Maintenant que son père est mort, demeure l’étoile blême et la nuit —
les doutes, les peurs
Serah n’est qu’une enfant — le crime l’a rendue adulte avant l’heure, les épaules lourdes d’un poids qui n’aurait pas dû être le sien.

Ils l’ont tué.
Il n’y a que le silence — il faut comprendre, réaliser, il faut encaisser, un jour il faudra accepter. Pardonner ne sera jamais une option.
Il n’y a que le silence, non, l’orage ; l’ouragan qui rugit, bouillonne au creux d’elle — puis les tissus qui se froissent, les pas sur le sol de l’étage ; c’est un bras dans son dos, l’autre autour de ses épaules. Il sent le tabac froid, le café, les épices. Il y a comme un trouble, un sursaut de douleur dans sa poitrine — une larme qu’elle sent rouler sur sa joue, et elle s’offre à l’étreinte, inhabituelle, sinon inédite, d’un homme qui sait sa douleur, la comprend, la ressent, la partage.
Ses mains tremblent — non, elle tremble toute entière —, ses ongles écorcheraient sa paume s’il n’y avait pas le tissu de sa jupe en étau. Elle se sent défaillir, elle se sent faiblir, flancher, elle se sent s’écrouler.

« Qui ? »

Elle tremble encore, en perd la raison ; qu’importe, ce soir elle n’est plus une reine, ce soir elle n’est plus une guerrière, ce soir elle est une gamine ; ce soir, elle est une enfant qu’on a rendue orpheline. Elle enlace Duncan, un bras derrière sa nuque, le poing serré sur l’épaule, le visage au creux du cou.
C’est elle, cette fois-ci, qui laisse le silence envahir la pièce, le vide les emplir tous les deux, infuser la douleur juste comme il faut — le temps de reprendre contenance, d’autres larmes sont venues faire couler son maquillage, rougir le blanc de ses yeux pour que détonne mieux encore l’azurin de ses prunelles.

Elle s’écarte, inspire, refuse de le regarder lui — comme par pudeur, embarras, peut-être ; les larmes et l’embrassade paraissent déjà de trop, sans qu’elle ne puisse les regretter. C’est ainsi que les choses sont, lorsque l’on est blessé, les barrières tombent, la douleur trahit des limites qui n’ont plus lieu d’être. La mort est égalitaire, et le deuil aussi.

« Je ne sais pas. »

Les mots lui écorchent les lèvres, le palais — elle ne sait pas, elle qui croyait tout contrôler, tout posséder depuis son trône, elle ne sait pas, elle ne sait rien.
On lui a raconté, mais on pourrait tout lui dire, tout lui mentir, elle ne se souvient de rien, on pourrait tout aussi bien la berner, la trahir.
Son regard accroche le café qui tiédit dans la tasse ; elle se risque à en boire une gorgée, comme pour justifier son silence.

« Je ne sais pas, elle répète, avec comme l’impression de n’être capable de répéter que le peu de certitudes qu’elle ait encore, ce soir — Duncan, et sa propre ignorance. Il paraît que j’étais là quand c’est arrivé. Je ne me souviens de rien. »

Elle se souvient s’être réveillée, dans sa chambre, dans ses draps, nauséeuse, malade comme d’un mauvais pressentiment qu’elle ne saisissait pas — elle a appris la mort de son père comme si elle la connaissait déjà.
Son dernier souvenir, avant ça, est celui d’une gosse capricieuse, qui refuse d’être laissée pour compte lorsque son père et son petit ami se retrouve seul à seul pour converser d’elle — elle les suivait, dans le dédale du jardin.
Et puis, c’est l’obscurité.
Forcer les souvenirs lui donne la migraine, et pourtant elle s’acharne, elle essaie, angoissée de se voir raconter par d’autres ce qu’elle devrait savoir, ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a vu.

« Mon père avait bon nombre d’ennemis, elle reprend, la voix de nouveau mesurée ; le visage toujours ravagé, mais sans prêter attention aux larmes qui ont coulé jusque dans son cou. Les suspecter tous revient à suspecter le corps criminel de l’état tout entier. A ton avis, pourquoi craignait-il tant que l’on s’en prenne à moi qu’il t’a demandé de me couvrir à chaque escapade ? »

Elle a un rire, éteint, brisé ; un rire creux, qui n’est là que pour la forme, que pour combler les vides, comme un rire poli, comme s’il fallait rire à une blague qui n’amuse personne. Et puis, elle se lève ; elle contourne les meubles, s’avance vers la fenêtre au rideau ouvert contre le montant de laquelle elle s’appuie, d’une épaule, le regard perdu sur les bâtiments éclairés plus bas dans la rue, le feu orange qui clignote avant de passer au rouge pour des engins qui ne circulent pas. Bientôt, elle s’en désintéresse, pour suivre des yeux le trajet des gouttes qui glissent le long de la vitre lorsqu’elles viennent s’éclater contre.

« Je croyais ne jamais avoir à dire une chose pareille…  Mais je hais ce monde dans lequel la vie n’a qu’une valeur marchande et où l’on tue pour la gloire, l’honneur ou la dette. »

Ce soir, cette nuit, peut-être pour le restant de mes jours,
je hais ce monde qui m'a tout appris.
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