is it too late now to say 'sorry' ? ❞

Cerise devait l’avouer, ça n’était pas seulement pour satisfaire son envie de café qu’elle s’était proposée pour aller en chercher ; rester à l’écart et éviter Antigone encore un moment en étaient quelques raisons supplémentaires.
Les yeux fixé sur la boisson qui s’écoulait bruyamment de la machine dans le gobelet en plastique, elle tentait de faire le point sur ses émotions afin d’avoir un comportement digne en face de la princesse –et bien entendu, cela n’avait rien à voir avec son statut royal, et tout à voir avec la place importante qu’elle prenait encore dans son cœur.
Quelle était la meilleure chose à faire pour que les tensions entre elles s’apaisent ? S’excuser encore ? Elle l’avait fait mille et unes fois en vain auparavant. Faire comme si de rien n’était ? On faisait rarement pire en terme de manque de respect envers quelqu’un que l’on a aimé aussi fort que Cerise aimait Antigone.
Alors quoi ?
Rester comme ça à attendre que ça passe en se fuyant et se cherchant du regard tout à la fois ?

Cerise laissa échapper un soupir abattu, dépitée de ne pas savoir quoi faire, elle qui avait d’ordinaire le don de toujours savoir quoi faire ou dire au moment opportun.
Une boisson dans chaque main, elle remonta le couloir en direction de l’espace de pause où elle avait laissé Antigone un peu plus tôt –naturellement, quand cette dernière manqua de lui rentrer dedans au détour d’un couloir, elle sursauta brusquement, manquant presque de renverser les cafés par terre.

« Bon sang, tu m’as fait peur ! Arrête de surgir dans ma vie comme ça quand je ne sais jamais si c’est pour en partir de nouveau.
— Oh, pardon. Laisse moi… Elle récupéra son cappuccino vanille en lui effleurant les doigts et un nœud se noua au fond de la gorge de Cerise à ce contact. Je voulais marcher un peu. C'est pas très grand, on se serait retrouvées.
— Ouais, répondit-elle dans un réflexe de société. Perso, je serais bien sortie me griller une clope mais j’essaye de me limiter dessus alors… »

Elle eu un sourire résigné et leva maladroitement son gobelet en plastique vers Antigone, comme si elle portait un toast, avant de boire une gorgée brûlante de son espresso dans l’espoir que la morsure de la chaleur ne fasse fondre le nœud dans sa gorge.
Dans sa poche, son téléphone vibra, brisant le silence lourd qui s’était installé entre les deux jeune femmes, et Ceris fronça les sourcils en lisant sur l’écran le numéro de la baby-sitter qu’elle avait engagée pour garder Solis le week-end prochain –elle avait décroché un très bon contrat mais n’avait pas eu d’autre choix que de travailler le samedi.

« Excuse-moi, je dois décrocher, fit-elle à Antigone avant de placer le téléphone contre son oreille en s’éloignant légèrement pour discuter en faisant les cents pas. Allô Maya ? Oui qu’est-ce qu’il y a ? Mince, c’est vrai ? Elle se mordit la lèvre inférieure, visiblement frustrée. Non, ne t’excuses pas, ça arrive, prend soin de toi j’espère que ça s’arrangera vite. T’en fais pas, je vais me débrouiller, ne te prends pas la tête avec ça et soigne toi surtout. Ça marche, au revoir ! »

En raccrochant, Cerise ne put s’empêcher de lever la tête en arrière dans un geste de frustration en soupirant un « eh merde » significatif. Du coin de l’œil, elle remarqua le regard inquisiteur d’Antigone, et se senti le devoir de lui expliquer.

« Ma baby-sitter s’est cassé la jambe au skate-park, fit-elle avec un sourire dépité. Enfin, celle de Solis. Elle devait le garder samedi prochain pendant quelques heures le temps d’un shooting important et si je ne trouve personne pour le garder j’ai peur d’être obligée de devoir l’emmener avec moi –ou annuler la séance mais Hector me fera la peau personnellement si je fais ça haha. »

Elle avait quelques personnes en tête –Nedjma et Saul en premiers sur sa liste– mais elle craignait que ni l’un ni l’autre ne soit disponible ce jour là et ne voulait pas confier Solis à quelqu’un en qui elle n’avait pas une confiance aveugle.

« J’vais me débrouiller, répéta-t-elle en agitant la main, l’air de dire que ce n’était rien. On va voir si les autres sont arrivées ? »