Ptdr j'veux mourir.
J'me reconnais pas dans la glace, c'est trop bizarre. C'est Setsuna cette fille-là, jolie, maquillée, lumineuse, dans une robe élégante et de jolis petits talons. C'est pas… C'est pas moi. J'me reconnais pas, et j'me sens moyennement à l'aise. En fait j'me sens pas à l'aise mais j'vais faire genre que si. Surtout quand maman me regarde, je joue à un deux trois soleil. Pourquoi Setsuna semble parfaitement à l'aise ? J'me sens abandonnée ! Ô désespoir ! Pourquoi ces soirées existent-elles ? Pourquoi la vie pourquoi la mort ??
(ça n'a. aucun sens.)
Je regarde les invités et me racle une énième fois la gorge, lance des sourires crispés et maladroits quand on m'adresse une parole ou deux, ou un sourire. Je suis la fille des Gotô après tout, d'où je suis nerveuse ? Ah j'ai horreur de ça ! C'est trop cool de pas avoir à s'impliquer dans les affaires familiales ; j'en suis à un point où j'ignore absolument tout de ce qu'ils font, en fait. Setsuna aussi évidemment, et Tsubaki n'en parlons pas ; et bien sûr, elle n'est pas invitée aujourd'hui. La base. J'aurais bien aimé qu'on switch elle et moi ; je suis tellement pas à l'aise, bordel. Trop pleins de gens riches (et sans doute louches), coincés et puissants, aidez-moi. Je lance un regard à ma mère (une vraie inquisitrice) et lui indique vaguement les toilettes ; sauf qu'évidemment, dès que je sais qu'elle est trop occupée pour me surveiller, je file à l'anglaise.
Sans le moindre respect.
LA SURVIE AVANT TOUT BORDEL.
Arrivée dehors j'inhale l'air frais un bon coup, bien contente d'avoir pu échapper à tout ça, même pour quelques instants. Je sais que dans quelques minutes quelqu'un va se pointer pour me ramener fissa à l'intérieur, évidemment, et j'en exalte déjà de joie (non). Je tourne un peu rond, là non loin de l'entrée, et comme j'ai pas mes affaires j'peux même pas essayer de (fuir) rentrer ; j'suis une bête en cage aidez-moi.
ARGH J'AI DIT AIDEZ MOI, PAS BOUSCULEZ MO-
“Hé ! Faut faire a...”
…
Oh merde.
(j'avais dit aidez-moi)
Lui semble pas percuter vu comment il plisse les yeux, mais moi j'capte tout de suite ; oh merde. Mon faciès doit bien exprimer mon état (j'ai dû devenir très pâle) et je sais pas trop… non en fait j'panique. Pourquoi. Lui. Ici. Maintenant.
Pourquoi lui tout court en fait. Non vraiment, pourquoi je dois rencontrer… la seule personne que j'ai un jour essayé de buter dans ma vie (j'sais pas si c'est très habituel d'essayer de buter quelqu'un un jour tiens) ? Pourquoi il existe encore, déjà ??
Argh.
“JUNKO ?!”
Argh. Il a réalisé (et moi jsuis tellement paniquée que j'ai toujours pas ouvert ma grande gueule). Je fais une grimace, du genre constipée avec les yeux plissés là, et j'suis sûre que ça nique agréablement mon joli apparat. Après quant à savoir si c'est ma gueule ou mon apparence qui le fait rire, ça, j'en sais rien. Les deux maybe. Argh. (j'le dis beaucoup aujourd'hui)(argh)
“C’est quoi cette tenue, franchement ! Ca ne te ressemble tellement pas !”
“MDR SANS DECONNER”
Ah ça y est j'me débloque. J'lui lance un regard noir, j'sens toute ma frustration accumulée sur le point d'exploser, et un vague goût amer dans la gorge ; celui des souvenirs.
“OUAIS OK CA ME RESSEMBLE PAS ! J'AIMERAIS PAS ETRE LA MOI OK.”
Il y est pour rien lui à cette situation, mais honnêtement, j'm'en fous. Il peut être innocent de tous les maux du monde que j'l'en rendrais coupable quand même. J'ai même envie de continuer de pousser la gueulante - lui demander ce qu'il fout là, ça arrivera plus tard, c'pas une priorité - quand j'entends le bruit distinctif des talons haut qui s'approche vers notre position. Avant même de me tourner, je devine ce qu'il est en train de se passer ; je me redresse lentement et, tout aussi lentement, tourne la tête vers la silhouette qui s'approche, l'air d'une Terminator en talons aiguilles et robe de luxe. Adieu.
“Et bien ma chérie, tu nous fais faux bon ?”
Je me racle la gorge (encore) et lance un regard irrité en présence de mon acolyte surprise (et empoisonné), puis j'oublie de réfléchir un instant. Je m'empresse de l'attraper par le bras et lance un immense sourire à ma radieuse mère (radieuse, comme une bombe nucléaire).
“Désolée mère, mon ami a oublié sa carte d'identité, il ne pouvait pas rentrer, tu vois… J'ai du aller le chercher.”
BORDEL QU'EST-CE QUE JE FABRIQUE EST-CE QUE JE VIENS DE PRENDRE LE BRAS DE CET ENCU*LE ET LE DESIGNER COMME MON AMI A MA MERE AAAH AIDEZ MOI MA SURVIE EST EN PELRILE (oui je panique, un peu). Maman hausse un sourcil et immédiatement, un sourire radieux et compréhensif vient poindre sur ses lèvres, bien qu'elle soit un peu méfiante j'la connaît (et elle me connait aussi).
“Oh, mais il fallait le dire plus tôt ! Entrez maintenant, et, hm… Votre nom très cher ?”
Je vis. un cauchemar. (et c'est un peu ma faute)

J'ai paniqué. J'ai totalement paniqué. Mais en même temps, qui ne paniquerait pas face à ma mère ?? Pas moi. J'admets être une totale carpette face à maman (pire que devant papa limite) ; hé, fallait bien que Setsuna hérite de quelqu'un…
Sauf que maman te lapide d'un seul regard, quand Setsuna reste une boule de douceur. La différence est considérable.
Alors ouais, j'ai totalement paniqué. Assez pour utiliser Iekazu comme prétexte - même si c'est le prétexte le moins réaliste de l'univers. Le jour où ce mec et moi on devient ami… Il pleut des vaches.
Ou des PS4 Pro.
Or il ne pleut pas encore de PS4 Pro (tristement), et les météorologues ont jamais tenu des prédictions allant en ce sens.
Il n'empêche que je viens de le désigner comme mon ami à maman, et je sais déjà qu'il va m'en faire voir de toutes les couleurs. Le problème principal de cette situation (qui en comprend pourtant un nombre impressionnant) étant que je ne pourrais pas le tabasser derrière une machine à sous s'il me tape trop sur le système. Ca risquerait de manquer de discrétion. En gros je vais devoir encaisser…
Argh.
Inspire, fige ce joli (non) sourire sur ton faciès, tout va bien se passer. Maman l'inspecte de son regard d'inquisitrice (elle a des rayons X à la place des yeux et ce sans avoir de pouvoir, merveilleux) sans se démunir de son sourire, chaleureux mais qui ne trompe personne. Pas même Iekazu qui semble ne pas avoir envie de faire de vague… Enfin j'sais pas s'il a peur d'elle (rare intelligence) ou s'il a besoin de faire bonne figure pour une raison ou une autre…
Nan.
Il a peur de maman.
C'est l'explication la plus simple, logique et cohérente.
“C’est gentil à vous… Je m’appelle Iekazu Nagai, enchanté Madame.”
Evidemment, ce nom ne doit rien dire à maman qui lui offre juste un nouveau sourire ponctué d'un onctueux “enchantée, Iekazu.”. J'attends les remarques du genre "vous supportez ma fille, incroyable !" avec une impatience croissante (non) et sens la situation complètement partir en vrilles. Surtout quand je me retrouve - toujours accrochée au bras de mon pire ennemi, détails non négligeables - à accompagner la matriarche à l'intérieur, le tout sans essayer de tuer personne, un Iekazu me glissant sans doute des regards moqueurs.
J'le connais. J'suis sûre qu'il se fout de ma gueule là tout de suite. Faut pas que je regarde sinon j'vais griller ma couverture (et lui en coller une). Faut que je reste calme… Que je rentre dans le casino… Que j'éveille pas d'avantage la méfiance de ma daronne… Que je- “J’ai vraiment de la chance de t’avoir en ami, Junko” … Que j'avale ma salive, serre la mâchoire. Ok, restons chill. Je persifle - en espérant qu'il sera le seul à m'entendre - “Me cherche pas ou la prochaine fois que j'te croise je t'achève.” Ah bah la menace peut être qu'en application différée, hein, vu la situation… Tout de suite moins inquiétant, mais je suis persuadée qu'il a pas oublié notre dernier accrochage. Sauf si c'est normal pour lui de se faire étrangler (auquel cas, il cherche trop de gens pour survivre).
Sur ses paroles pleines de douceur, on entre dans le casino ; au vu de qui nous guide, Iekazu ne souffre même pas d'un contrôle d'identité et on se retrouve bien vite à arpenter les couloirs jusqu'à une grande salle - un salon privé dans lequel pleins de personnes charmantes sont réunies. Wow merci maman pour la confiance- attendez.
J'ai un très mauvais pressentiment. Je sais pas pourquoi, mais j'ai un très mauvais pressentiment. Je lance un regard à Iekazu, et on voit très clairement que je commence à paniquer. Je sais pas pourquoi mais vraiment, vraiment, j'ai un mauvais, teeellement mauvais pressentiment. Pourquoi maman me laisserait inviter un ami lambda… Dont elle a jamais entendu parler… A une réunion pareille ? Y a un truc qui cloche. Soit elle est ravie de constater que j'ai des amis, soit elle veut se foutre de ma gueule parce qu'elle a senti le bobard (peu probable, l'image publique avant tout), soit… soit elle va vendre Iekazu ?? (je sais pas si elle fait dans le trafic humain ok)(mais si c'est le cas, aucune raison d'avoir un mauvais pressentiment)
Et toute à ma panique, je glisse un “j'le sens mal” à l'intention de mon pire allié en ce bas monde. A peine ces paroles soufflées que je dois me rhabiller d'un sourire (un poil bancal) tandis que maman nous guide jusqu'à mon père.
Pourquoi… attendez. “Mon chéri, je te présente Iekazu, l'ami de ta fille.”
…
AH
DANS CE SENS LA
OH NON
ERREUR SUR LA MARCHANDISE
PAPA NON C'EST PAS-

C’est la fin. C’est fini. J’veux mourir, maintenant. J’tiens plus à la vie, adieu.
Elle était nulle ma vie de toute façon.
J’ouvre bêtement la bouche et j’ai juré, j’ai dû changer de couleur. Mon père analyse celui qu’il croit être mon petit-ami tandis que ma mère me fixe moi. J’crois qu’elle a parfaitement compris la douille - en même temps je tombe trop des nues pour jouer le jeu.
Et puis pourquoi je jouerais le jeu de toute façon ?? J’ai jamais eu envie d’avoir de petit-ami, j’laisse les guimauve et tout l’bordel à Setsuna. Mais alors en plus, avec lui… Juste. Non.
Plutôt mourir.
C’est mon intention là d’ailleurs. Mourir. Le pire, c’est que j’allais corriger la méprise quasi tout de suite hein - passé le choc - mais j’ai croisé le regard de Setsuna…
Argh. Elle est trop émue, j’fais comment pour lui dire qu’elle se trompe ?? Que ce type est qu’un gros connard et que sa soeur sera célibataire à vie ? Enfin pas que ça me dérange personnellement hein, mais elle a l’air vraiment heureuse.
C’est très rageant qu’elle ait l’air vraiment heureuse.
Ou juste agréablement surprise mais j’dirais heureuse quand même.
Alors il me faut prendre mon courage pour les corriger - désolée Setsu’ - sauf que c’est pas ma voix qui brise le silence en premier. Et honnêtement, ça me coupe très clairement dans mon élan.
“C’est.. C’est exactement ça, je suis avec votre fille.”
PARDON ?
J’crois que j’serais au courant si j’étais avec ce type ! Non mais non ! D’où il décide d’un tel bobard tout seul ? D’où il … NON MAIS NON ! J’veux devenir nonne à partir de maintenant.
Enfin non mais-- jveux qu’il disparaisse pour cet affront aidez moi. J’ai un rire nerveux, et mon père hausse un sourcil. Ils échangent un regard avec ma mère, et j’admets ne pas comprendre ce qu’il signifie, mais cela suffit pour que Iekazu s’approche de moi.
“Je te revaudrais ce service comme tu veux, mais s’il te plait joue le jeu pour cette fois.”
“Hein ?”
J’ai été un peu moins discrète que lui. Papa me fixe de nouveau et je sens mes jambes presque se dérober sous mon poids.
“Junko ?”
“P-père, enfin…” qu’est-ce qu’il a ? J’dois être prise d’un élan de curiosité morbide, j’en sais rien. “J’osais pas trop euh en parler. Désolée.”
J’veux mourir c’est bon. Ma vie n’a plus aucun sens. Elle est juste nulle. Ma main se perd un instant et agrippe celle de Iekazu ; c’est discret et mes parents pensent un instant que je cherche juste du courage
(heureusement qu’ils ne voient pas que j’suis juste en train de lui broyer la main.)
Je finis par lâcher sa main et j’écoute que d’une oreille ce qu’ils me disent ; par chance, la discussion est vite écourtée par un tiers qui vient quémander l’attention de papa. J’atrappe Iekazu par le bras et le tire en arrière, lance un regard nerveux et gêné à ma jumelle puis emmène le brun un peu plus loin.
“Maintenant.”
Je me tourne vers lui après un rapide coup d’oeil autour de nous ; aucune oreille ne semble traîner dans le coin, tout le monde est bien trop occupé, et sans être caché des autres, on est suffisamment à l’écart pour discuter en paix (pas assez pour le tuer et planquer son corps malheureusement…)
“J’la veux maintenant ton explication.”
J’suis furieuse, furieuse et embarrassée, et vraiment, vraiment
qu’ai-je fait dans ma vie pour mériter ça (toi).

“Haha le bonheur d’être en couple avec moi, ça te suffis pas ?”
“Lol.”
Je crois que j’avais pas besoin de l’ouvrir, mon regard est assez équivoque comme ça. Le… bonheur… d’être en couple… avec ce truc… plutôt mourir. (ce que je souhaite depuis environ cinq à dix minutes -qui pourraient en être trente tellement c’est un enfer). J’ai au moins le plaisir de le voir détourner le regard -le plaisir ou pas, puisque ça m’énerve aussi bien que ça me réjouis. Premièrement parce qu’il ferme enfin sa gueule, deuxièmement parce qu’il a conscience de sa position (soit, mauvaise), mais troisièmement parce que sa lâcheté m’exaspère au plus haut point, là tout de suite immédiatement.
Si je voulais pas si ardemment des réponses, j’irais lui exploser les rotules dans un coin. “Il y a… Quelqu’un ici, que je souhaite voir. C’est une des seules chances que j’ai, sauf que tout seul je n’aurais pas pu rentrer.” Oh poor boy. “Ta vraie copine peut-être ?” Lmao j’y crois pas moi-même. Qui voudrait de ce type, sérieux ? J’ai un léger sourire sardonique ; zéro compassion, là tout de suite. Quand bien-même il ait l’air moins chiant que d’habitude pendant un instant. Plus abattu, aussi ; mais, oh, qu’est-ce que j’en sais moi ? Peut-être qu’il ferme sa gueule et qu’il a l’air “triste” parce qu’il réfléchit juste -ou qu’il veut se jouer de moi, ou que j’interprète juste bizarrement les choses. J’ai plus confiance de toute façon (que ce soit en lui, ou en mon interprétation). Enfin en tout cas j’suis pas sûre qu’il m’ait entendue, il secoue la tête et me regarde enfin de nouveau (ah, je vais peut-être pas le taper de suite) “J’aurais pu être honnête, démentir sur « notre couple », c’est vrai, surtout que ça me coûte autant qu’à toi de devoir jouer à ça hein. Mais sérieusement, tes parents m’ont fait paniquer.” Et pour la première fois depuis, oh… Qu’on se connaît ? Je pars dans un grand rire
parfaitement spontané, naturel et bienveillant.
Genre, il m’a vraiment faite rire. Pour de vrai. Qui l’eût cru. “Ils font paniquer tout le monde.” Oh que oui… Ou à peu près. Je ris un peu puis je capte avec qui je le fais et je me reprends rapidement ; raclement de gorge, je reprends mon air sévère et énervé (c’est pas bien compliqué)(surtout quand ça le concerne). “Ce qui veut pas dire que j’ai digéré hein. Et j’irai leur dire la vérité dès que tu, euh…” dès que tu quoi ? Qu’est-ce que j’attends, maintenant que je sais ce que je voulais savoir ? “C’est qui ? J’peux peut-être t’aider.” Je hausse les épaules ; on dirait pas, mais j’connais pas mal de monde ici (bon, pas la majorité non plus, faut pas déconner). Je peux toujours être utile… Wait. “Te leurre pas j’te propose pas mon aide par bonté d’âme, mais plus vite ce sera fait, plus vite tu dégageras de ma vue. Puis disons que j’ai pu m’écarter dix minutes de mes tortio- euuuh parents, donc j’te rends juste la pareille.” Ouais, ils font vraiment paniquer tout le monde. Même moi.