Old friends
drew & roger
Drew était fatigué. Fatigué de son travail, de son combat, de sa course acharnée contre les monstres qui avaient détruit sa vie. Il était fatigué, car il n'arrêtait pas, et n'arrêterait jamais, pas avant d'avoir accompli son devoir.
Ce jour-là, il était profondément triste, et le soleil, timide, ne l'avait pas aidé à se sentir mieux. En se réveillant dans les ruines de son existence, dans son appartement trop propre et trop bien rangé, il s'était dirigé à la fenêtre sans se précipiter pour s'habiller. Il avait fumé une, puis deux clopes, et avait constaté avec dépit que toute les cendres consumées n'avaient pas suffi à remplir, même en surface, les béances de son âme.
Il s'était retourné dans un mouvement de flemme, et avait regardé avec dégoût la boîte qui trônait sur la commode à l'entrée depuis des années. Il avait jeté ses mégots et s'était habillé, était sorti alors que c'était son jour de congé.
Pas de vacances pour les braves.
Il était entré dans le premier café avec sa mauvaise tête ; celle qui demandait au serveur de pas l'emmerder. Il le connaissait bien, il venait souvent là, le matin, boire son noir et partir après avoir laissé le pourboire. Il s'approchait du comptoir lorsqu'un visage, seul à une table, attira son attention.
Il lui fallut plus d'une minute entière avant de hausser les sourcils, surpris. Un sourire glissa sur ses lèvres, le premier depuis longtemps, et il se sentit réellement heureux de retrouver cet homme, celui-là précisément.
Il adressa un signe au garçon pour qu'il apporte un café à sa table, et partit s'installer face à Roger.
Si je m'attendais à ça, Roger, tu illumines ma journée.Il était sincère, et c'était rare que de la joie sonne dans sa voix d'habitude froide, grave et brisée.
Qu'est-ce que tu viens faire à Astrophel ? L'inspiration manquait, dans les bureaux en Irlande ?Il se mit à rire, dans un souffle pratiquement imperceptible.
Je suis content de te voir.