Caractère
Rien n'est suffisamment précis, juste, droit, parfait. Olivia, sensible, a toujours eu le sentiment que quelque chose allait de travers dans le monde des Hommes absurdes et inconsidérés. Ses sentiments amers et accusateurs, nés d'une trop grande lucidité puis d'une trop grande frustration, ont créé en elle le combat acharné que, aveuglément et depuis des années, elle mène sans s'épuiser. Débordante d'une énergie forte et dévastatrice, elle n'a de cesse de confronter et se fait avocate de la vérité, écœurée par les jeux hypocrites des gens petits et pathétiques. Partisane d'un monde beau, elle s'acharne, plein d'espoir et de bonne volonté, dans une lutte désespérée.
A ses exigences frustrées et à ses reproches hurlés, Olivia accuse et ne peut rester sur des informulés. Elle a besoin de transparence et d'honnêteté pour s'épanouir et exister, car elle a les yeux et le cœur trop ouverts et en a trop souffert. Son combat d'abord lancé pour se protéger est devenu son mode de vie et de pensée.
Dans la recherche désespérée de la reconnaissance de son père, Olivia s'est rencontrée ; confrontée à trop de silences qui ont ouvert ses plaies, elle a, très jeune, appris à contacter son monde intérieur et à y évoluer. Ainsi dans un développement perpétuel d'elle-même, elle n'a cessé de s'écouter et de chercher sa propre vérité et a fait de son bonheur et de sa tranquillité l'objet d'une véritable quête.
Au fond, et même si elle s'en défend, Olivia n'a jamais perdu son âme d'enfant. Il y a quelque chose de naïf, innocent, qui perdure dans sa démarche spontanée, sa joie amusée. Mais Olivia est fière, a trop peur d'être blessée et pour se protéger elle se rend destructrice, invasive pour ne pas être celle qui se fait envahir, agressive pour ne pas être celle qui subit.
Olivia est d'une rage inépuisable, d'une rancune mauvaise et se fait vengeresse imbattable une fois qu'elle a été trahie, choquée. Véritable démon une fois face à l'ennemi, ses mots sont tranchants et ses manières ignobles et tout en conscience, elle abat et achève sans aucun égard ou culpabilité ceux qui, selon son propre jugement, ont mérité d'être traités en bâtards.
Olivia ne cherche comme finalité qu'à être aimée et entendue, à aimer et à être reconnue, à pouvoir se regarder dans un miroir sans détourner le regard. Sa loyauté, sa bienveillance et sa reconnaissance sont sans failles, illimités, pour quiconque (rares) à qui elle a offert sa confiance. Elle aime d'un amour sincère et sans failles, sans faux et sans laid.
— Romantique et fleur bleue, mais ne l'avouerait jamais.
— S'est beaucoup embourbée dans des relations (amoureuses) toxiques dans son adolescence.
— A eu énormément de petits amis de courte durée (elle se cherchait beaucoup).
— Ne fume pas, n'a jamais fumé.
— Sorteuse et aime faire la fête.
— Quand elle était petite elle donnait des noms aux araignées sur les murs de sa chambre.
— Des trois soeurs Chase elle a toujours été considérée comme la plus solide (autant physiquement que moralement) et a eu le sentiment d'être abandonnée par ses parents car moins protégée que ses soeurs qu'elle voyait comme les "préférées".
— A traversé une sordide dépression de laquelle elle avait honte (justement car elle était la "solide" des trois). Elle n'en a jamais parlé qu'à Sansa qui fut son seul soutien. Elle avait le sentiment d'avoir failli.
Histoire
— Et à la santé du colonel, tout particulièrement !Ils avaient tous levé leur verre et dans l'euphorie générale, les rires, les cris, le bruit, les maux noyés sous l'alcool avaient perdu pied.
Hé, Liv, je t'ai toujours - tu sais - trouvée super jolie et- Et dans l'euphorie, les rire, le bruit.
Liv, tu m'écoutes ?Et dans l'euphorie, les cris, les maux.
Liv ?Et dans l'alcool.
Liv ?!***Des douleurs tambourinaient sous son crâne. Dans sa bouche - contre sa langue - elle pouvait encore sentir le goût du sang. Ses oreilles bourdonnaient. Ils avaient piqué dans son bras pour l'approvisionner de tout ce qu'elle n'avait pas - dans son cynisme, elle espéra qu'ils lui insufflaient un peu de joie.
Évidemment, Sansa était là.
— Papa et Maman ? — Ils ne savent pas. — Tant mieux.— Tu peux pas continuer comme ça, Olivia.Elle avait raison, elle le savait. Et elle aimait pas vraiment ça, Olivia. Se foutre en l'air c'était plus un besoin qu'un passe temps. Elle se sentait coupable, défaillante, sale. Elle se sentait un tas de choses, sans savoir pourquoi. Elle avait honte, Olivia.
— Qu'est-ce qui va pas chez moi, Sansa ? Je comprends pas, je te jure, je comprends pas.Elle avait tout l'amour du monde et ne s'en satisfaisait pas. Il n'y avait rien qui remplissait les béances de son âme.
— Tu dois être suivie, Olivia. — Non, je veux pas. Des psychiatres, elle en avait vu plein, et ils avaient jamais su la soigner comme le faisait Sansa.
***11 08AM jeremy | Liv, tu n'as pas rappelé depuis hier, comment tu vas ? Appelle-moi. |
11 24AM cassie | Olivia, je sais que t'as chauffé Jerem à la soirée hier. Ce qui t'arrive c'est bien fait pour toi. J'espère que tu crèveras. |
09 56PM jeremy | Liv, ça fait deux jours. Je t'ai vue te connecter au PC, s'il te plait, rappelle-moi. |
11 44PM cassie | Olivia, je suis désolée j'étais en colère, je voulais pas dire ça, appelle-moi, je m'inquiète. |
La vitre du téléphone était explosée au sol. Ses jambes contre sa poitrine, son dos contre le mur, sa tête entre les mains, ses larmes le long de ses joues, des plaies le long de ses bras et Sansa. Sansa qui l'avait prise au creux d'elle et qui lui murmurait.
— Tout va bien, je suis là.***— Et à la santé du colonel, tout particulièrement !Et aux transfusions à son bras mutilé.
Encore une fois.
04 23AM camelia | Olivia, Lukas m'a dit que ça a mal tourné la soirée, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je te rappellerai, d'accord ? |
11 00AM lukas | Liv, c'est Lukas, je voulais prendre de tes nouvelles mais tu réponds pas alors.. euh.. voilà haha. |
06 56PM lizzie | Olivia, je vois le genre de personnes que tu es. Ne t'approche plus ni de moi ni de Lukas. Tu me dégoûtes. |
Et à Sansa qui lui murmurait.
— Tout va bien, je suis là.06 43AM elisa | Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Guillaume ? Je croyais que vous étiez plus ensemble, t'étais avec lui samedi ? Et pourquoi tu réponds pas au téléphone tu m'énerves. Rappelle-moi. |
06 46AM guillaume | Liv t'es une fille super, mais tu sais Elisa est importante pour moi, alors lui raconte pas ce qu'il s'est passé samedi, d'accord ? Ca reste entre toi et moi, hein ? |
02 01PM elisa | Je croyais qu'on était amies mais tu réponds même pas au téléphone. T'es vraiment pitoyable. C'est pas la peine de me rappeler je répondrai pas. |
Et à Sansa qui lui murmurait.
— Tout va bien, je suis là.***— Et à la santé du colonelOlivia avait levé son verre, et dans l'euphorie, les cris, les rires.
Elle avait souri à Matteo de l'autre côté du bar, cet autre bâtard, ce connard qui l'aurait trahi de toutes façons. Elle allait jouer encore, parce que c'est ce qu'elle faisait de mieux. Elle allait se détruire ; séduire ; détruire ; séduire ; détruire.
Et dans l'euphorie, les cris, les rires.
Elle avait déposé son verre.
Elle avait pleuré, et s'était enfuie, elle était sortie, et dans la lumière des lampadaires, Matteo l'avait suivie. Puis sa main sur sa joue le heurta, le bruit résonna dans la rue.
Olivia avait ouvert les yeux, et la claque lui fit le même effet que si elle se l'était assénée à elle-même. En vagabondant dans les rues, une voiture la faucha.
— Olivia !C'était la voix de Matteo, qui devait se sentir fort coupable. Ca lui était égal. Olivia s'était relevée sans mal, et avait respiré comme si c'était la première fois, avait pleuré comme si elle venait de naître.
Elle avait envie de vivre.
Elle avait trouvé sa foi.
Et ce soir-là, à l'hôpital, alors que Sansa était à son chevet.
— Papa et maman ?— Olivia.— Je suis d'accord. Je veux bien me faire suivre. Mais je ne veux pas qu'ils sachent.Et ce soir là, Sansa murmurait.
— Tout va bien, je suis là.***— Liv, le patron veut te voir.Olivia avait accroché son imperméable trempé au porte-manteaux, et avait accordé un regard intrigué à Marc qui avait ricané dans sa direction. Le petit chéri de la boîte lui donnait envie de vomir. Les fouines, ça ne l'avait jamais vraiment dérangée. En revanche, elle n'aimait ni les hypocrites ni les lèches-culs.
— Vous vouliez me voir, Monsieur ?Elle était entrée dans le bureau trop grand de Charles en essuyant précautionneusement les quelques gouttes de pluies qui avaient sali l'objectif de l'appareil à son cou. Le bout de ses cheveux encore humides tachaient le dos de sa chemise blanche.
— Pas de ça entre nous, Olivia, appelle-moi Charles.Elle était loin, l'époque où elle courait les bars pour se chercher du réconfort entre les bras. Elle était loin, l'époque où elle avait besoin des hommes pour se sentir femme.
Une semaine plus tard, la boîte avait coulé sous le scandale du patron qui faisait des avances à son employée.
***— Vous partez ?Elle avait l'impression qu'une partie de son enfance venait de s'écrouler. Ses deux sœurs allaient la quitter. Et du jour au lendemain - tout s'était passé trop vite - elles avaient disparu.
Olivia n'avait plus arrêté de travailler ; elle avait comblé le vide qu'elles avaient laissé avec les sensations fades des scoops et des scandales. Elle avait détruit des vies de bâtards ; elle avait fait éclater en morceaux des affaires jusque là inavouées ; mais qu'importe, rien ne pouvait la consoler.
***— Et à la santé du colonel, tout particulièrement !Et à sa nouvelle proie de l'autre côté du comptoir.
Et à sa toux caverneuse, à sa peau trop blanche, à ses migraines, qui lui hurlaient d'arrêter.
Ce soir-là, un nouveau scandale avait éclaté sous l'objectif curieux et assassin de Olivia Chase, qui avait fait de sa faiblesse une arme.
Une arme dangereuse, cependant, car ce soir-là, l'homme qui se faisait photographier n'avait guère apprécié son manège.
Il l'avait tabassée.
A l'hôpital, elle imaginait Sansa qui lui murmurait.
Sauf qu'elle n'était pas là, elle était seule, Olivia.
***— Liv c'est toi qui as fini le lait ?— Tais-toi.Plantée au milieu de leur salon, le bol de céréales en main, Olivia s'était figée devant l'écran de la télévision.
— Qu'est-ce qu'il y a ? — Tais-toi, Ezra !Elle avait augmenté le volume. Elle avait attendu plusieurs secondes avant de mettre pause, et de s'approcher rapidement, tapant son doigt contre l'image.
— Là !— Là, quoi ? Tu vas m'expliquer, à la fin ?Elle était restée là, en silence, soucieuse.
— C'est ma soeur. — Sansa ? — Claire. — Arrête tes bêtises, on voit rien, sur cette image. — C'est elle, je te dis.Elle avait été si froide qu'il n'argumenta pas plus. Il s'était braqué, et elle avait soupiré. Encore un qui allait la pleurer ; ça lui était égal.
— Je te quitte. — Quoi ?Elle avait déjà préparé son sac, avait tout prémédité. Il lui fallait juste une raison de s'en aller. Et comme un fantôme, elle avait quitté l'appartement, quitté l'homme qui, pleurant, n'avait pas compris pourquoi elle était partie.
Son appareil photo au cou, ses valises dans l'avion, elle s'était envolée pour Astrophel City.